Trump

« Il faut qu’il revienne et termine ce qu’il a commencé », confiait Lois, une supportrice de Donald Trump à Franceinfo, en février dernier. En novembre se tiendront les prochaines élections présidentielles aux États-Unis. Du côté démocrate, de nombreuses incertitudes continuent de planer sur l’éventuelle candidature de Joe Biden. Ce dernier faisant l’objet de nombreuses critiques en raison de ses récentes confusions à l’antenne. Pour les républicains, la course à la primaire a connu des rebondissements. Le dernier en date est l’abandon de Nikki Haley.

Au fur et à mesure de la campagne, les concurrents de Donald Trump se sont retirés, à l’instar de Ron DeSantis, gouverneur de Floride. Ce dernier avait retiré sa candidature le 21 janvier après des problèmes de communication et a annoncé soutenir Donald Trump. Quant à Nikki Haley, ex-ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, elle misait sur un programme plus libéral que celui de Trump. Elle soutenait la poursuite de l’aide militaire à l’Ukraine, proposait de repousser l’âge de la retraite et s’opposait aux réglementations sur les émissions de gaz à effet de serre.

Bilan du mandat précédent de Donald Trump

D’un point de vue économique, le mandat de Donald Trump avait notamment été marqué par la dérégulation dans le secteur bancaire. Il avait notamment presque effacé les progrès de régulation mis en place par la loi Dodd-Frank au lendemain de la crise de 2008. Globalement, les chiffres de la croissance et du chômage étaient plutôt positifs. En effet, le marché du travail était presque à l’état de plein emploi, avec un taux de chômage de près de 3,5 %. Le taux de croissance quant à lui avoisinait les 2,9 %.

Au niveau climatique, les progrès ont été moindres, voire négatifs. Le climatoscepticisme de Trump avait conduit les États-Unis à se retirer des Accords de Paris (avant d’y revenir sous la présidence de Joe Biden).

L’un des points principaux du mandat de Trump est aussi la nomination de trois juges à la Cour suprême. Portant ainsi le nombre total de juges conservateurs à six sur les neuf siégeant au sein de l’institution. Ces nominations ont notamment conduit à l’annulation en 2022 de l’arrêt Roe v. Wade qui protégeait le droit à l’avortement sur l’ensemble du territoire. La décision de justice avait fait scandale dans l’opinion publique, en particulier chez les « pro-choice », renforçant le clivage au sein de la société américaine.

Dénouement des affaires judiciaires et conséquences politiques

Après son mandat présidentiel, Donald Trump a été inculpé à de nombreuses reprises pour différentes affaires, outre la question de son implication dans l’assaut du Capitole en 2021. Par exemple, en janvier, il avait été condamné par la justice américaine à verser 83,3 millions de dollars en réparation à E. Jean Carroll qui l’avait accusé d’agression sexuelle. Le 16 février dernier, la décision de justice l’a condamné à payer 364 millions de dollars pour avoir commis des fraudes financières.

Pourtant, ces affaires ne semblent pas affecter la candidature de l’ancien Président, mais plutôt la conforter. D’abord, la fortune de Donald Trump est estimée à plus de trois milliards de dollars. Elle est principalement constituée d’investissements immobiliers à New York. De plus, les multiples procès de Donald Trump ont déclenché un élan de sympathie pour le candidat. Ses partisans continuent d’être convaincus qu’il est victime d’un complot politique. Trump poursuit ses accusations, prétendant que les États-Unis sont en train de devenir « un pays communiste à bien des égards ».

La division du pays entre défenseurs et opposants du candidat se renforce à mesure que le candidat affiche sa détermination à remporter les prochaines élections. Notamment auprès de ses supporters sur son réseau Truth Social.

Et pour 2024 ?

Pour 2024, Donald Trump souhaite renforcer la législation sur l’avortement. Il propose d’instaurer une interdiction fédérale d’avorter après 16 semaines, même si ce souhait demeure modéré face aux propositions des « pro-life ».

Selon Solveig Godeluck, dans un article publié dans Les Echos, un nouveau mandat de Trump pourrait s’avérer encore plus radical que le précédent. Cela s’explique par un Parti républicain très favorable à l’ancien candidat, du fait, en partie, de la non-réélection des conservateurs qui s’y étaient opposés. Aussi, ses propos sont plus virulents que jamais. Il continue de décrier les conséquences de l’immigration et de critiquer ses opposants (en premier lieu Joe Biden). Inspiré par ses précédents résultats économiques, il risque également d’intensifier les taxes sur les produits importés, par exemple.

Concernant les relations internationales, Donald Trump risque d’intensifier ses critiques à l’encontre des alliés historiques des États-Unis. En effet, durant son premier mandat, il avait notamment pointé du doigt les pays de l’OTAN en raison, selon lui, d’un déséquilibre dans le financement de l’alliance. Lors d’un meeting en Caroline du Sud, il a affirmé qu’il « encouragerait » même la Russie à faire ce que bon lui semble si un pays de l’OTAN était amené à ne plus payer ses cotisations.

Finalement, la candidature de Donald Trump est aussi renforcée par l’état de santé préoccupant de son opposant démocrate Joe Biden. Sa popularité a été affectée par la hausse de l’inflation, par le renforcement migratoire, mais aussi par des critiques internes sur le soutien sans faille affiché à Israël, après la reprise du conflit en octobre 2023.

Conclusion

Donald Trump est donc bel et bien déterminé à remporter cette élection. En janvier 2024, alors en campagne dans l’Iowa, il annonçait vouloir « sauver l’Amérique ». Il s’affiche en tant que l’homme capable de réussir là où Biden continue d’échouer, en résolvant les conflits en Ukraine, à Gaza ainsi que les tensions avec la Chine.

Malgré toutes ses difficultés judiciaires, la Cour suprême semble avoir écarté la piste de l’inéligibilité qui avait été pensée par la justice du Colorado. Pourtant, la campagne est loin d’être achevée et le manque de certitude quant au candidat démocrate rend caduque toute tentative de prédiction du résultat.

Cet article a été rédigé par Antoine Dufaure, en collaboration avec Call’ONU, l’association de géopolitique de l’ESCP.