Biden

Près d’un an après le retrait des dernières troupes américaines du sol afghan et l’effondrement du pays, les questionnements gravitent autour du maintien de la présence des États-Unis aux Proche et Moyen-Orient. Et ce, en particulier après un été marqué par la tournée de Joe Biden au Moyen-Orient. Retour sur les indicateurs de la présence américaine dans la région.

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Les États-Unis : l’arbitre du conflit israélo-palestinien

Les États-Unis apparaissent au Moyen-Orient comme la caisse de résonance des revendications palestiniennes et israéliennes. De fait dans une position délicate, la puissance américaine a un rôle à jouer dans le conflit israélo-palestinien. Cet été en est l’illustration.

D’abord, en mai dernier, alors que des heurts surviennent entre Israéliens et Palestiniens, la journaliste de la chaîne Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, est tuée en couvrant une opération militaire israélienne à Jénine, en Cisjordanie occupée. En réponse à cet incident, de nombreuses protestations contre l’armée israélienne apparaissent.

Ensuite, le 2 juillet, l’Autorité palestinienne remet aux Américains la balle ayant tué la journaliste américano-palestinienne pour la réalisation d’une expertise. Car, alors que le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme conclut que la journaliste a été tuée par un tir israélien, l’État hébreu continue à nier toute responsabilité.

Un parti pris qui semble évident

Les États-Unis se retrouvent donc dans une situation complexe, d’autant que l’Autorité palestinienne attend beaucoup d’eux dans leur rôle de médiateur. La déception de cette dernière est alors grande lorsque des experts américains statuent que la journaliste a « vraisemblablement » été victime d’un tir depuis une position israélienne, mais qu’il n’y a « aucune raison » de croire qu’il s’agissait d’un tir intentionnel. Les Palestiniens, se sentant par conséquent floués par une telle décision, accusent les États-Unis de « cacher la vérité ».

Pourtant, les relations entre Israël et Palestine se réchauffent pour partie à la veille de la visite de Joe Biden. En effet, le 7 juillet, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, se rend à la Mouqata’a, le siège de l’exécutif palestinien à Ramallah, pour une rencontre avec le chef de l’Autorité palestinienne. Cette visite est ainsi l’occasion de demander une période de calme à l’Autorité palestinienne, au moins pendant la visite du président américain prévue pour la semaine suivante.

À son arrivée en Israël le 13 juillet, le président américain défend l’« intégration d’Israël » au Moyen-Orient et réaffirme l’engagement « inébranlable » des États-Unis à ce pays allié. En particulier, Joe Biden évoque un partenariat concernant les systèmes de défense.

Répétant l’engagement des Américains « pour la sécurité d’Israël », il indique que les États-Unis soutiennent le système antimissile « Iron Dome », mais aussi un nouveau dispositif de riposte laser contre les drones, le « Iron Beam ».

Par la suite, Joe Biden déclare que, selon lui, « la solution à deux États reste la meilleure », tout en reconnaissant qu’elle demeure une perspective lointaine. Et pourtant, au lendemain de la visite du président américain, les tensions entre Palestiniens et Israéliens ressurgissent. Comme en témoignent des tirs de roquettes depuis Gaza, suivis de frappes aériennes effectuées par l’armée israélienne.

Un ennemi commun : l’Iran

Les États-Unis apparaissent dans la région comme le centralisateur d’une alliance encore pusillanime contre l’Iran.

Depuis 2018 et le sabordage de l’accord de Vienne ( 2015 ) par Donald Trump, Israël tente d’empêcher les puissances occidentales, dont les États-Unis, de relancer un pacte international encadrant le programme nucléaire de l’Iran. Avec une éventuelle levée des sanctions américaines contre l’Iran, Israël redoute qu’un accord ne fasse gonfler l’aide fournie par Téhéran à des alliés comme le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien.

De fait, Israël compte également sur les États-Unis pour mettre en évidence le lien qui pourrait le rapprocher de l’Arabie saoudite, à savoir la menace iranienne. En effet, le gouvernement israélien cherche à agiter le spectre d’un ennemi commun pour développer une alliance avec le royaume saoudien.

Les Israéliens redoutent que la République islamique ne développe des armes atomiques, alors que les négociations sur le nucléaire iranien entre les grandes puissances et Téhéran semblent dans l’impasse. Face à une telle menace, l’État hébreu souhaite développer une coalition militaire régionale qui regrouperait les principaux alliés des États-Unis au Moyen-Orient, à savoir les monarchies pétrolières du Golfe et l’Arabie saoudite, mais aussi les voisins directs tels que la Jordanie et l’Égypte.

Empêcher à tout prix que l’Iran ne développe l’arme nucléaire

À cet égard, Joe Biden affirme début août que les États-Unis utiliseront tous les moyens diplomatiques à leur disposition pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Téhéran ne tarde pas à réagir. Dans un discours télévisé, le président iranien, Ebrahim Raïssi, met en garde Washington et ses alliés au Moyen-Orient contre toute tentative de déstabilisation dans la région.

Et pourtant, cela n’empêche pas les États-Unis d’enjoindre l’Arabie saoudite à ouvrir son espace aérien à Israël, signe d’une normalisation potentielle des relations diplomatiques entre Riyad et Jérusalem. Cette ouverture apparaît peu avant que Joe Biden n’effectue un vol inédit entre Tel-Aviv et Jeddah dans le cadre de sa tournée.

La relance des discussions sur le nucléaire iranien

Après des mois de blocage, l’ensemble des négociateurs sur le nucléaire iranien se retrouvent le 4 août à Vienne pour tenter de réactiver le dialogue et relancer l’accord de 2015 qui vise à empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique.

Par la suite, l’Iran envoie sa réponse sur le dossier nucléaire à Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, tout en posant ses conditions. Ceci alors que l’UE avait affirmé que le texte présenté était « définitif ». Téhéran exige notamment de nouvelles concessions de la part des États-Unis et davantage de garanties quant à un engagement par traité.

Mais Israël entend bien faire obstacle à la relance des négociations. Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, se rend aux États-Unis fin août pour s’opposer à la signature d’un nouvel accord sur le nucléaire iranien. Par la suite, c’est le chef du Mossad, David Barnea, qui se rend à Washington pour plaider en faveur d’un boycott des négociations sur le nucléaire iranien.

« No boots on the ground »

Alors que les effectifs de l’armée américaine diminuent au Moyen-Orient, les interventions lourdes continuent d’être engagées. Plusieurs événements sont survenus cet été attestant de l’impact américain dans la région.

Le 12 juillet, le Pentagone annonce que le chef du groupe État islamique en Syrie, Maher al-Agal, a été tué dans une frappe de drone américain dans le nord-ouest du pays. Présenté comme l’un des cinq plus hauts dirigeants, Maher al-Agal était supposément chargé de développer le réseau de l’État islamique hors de l’Irak et de la Syrie.

Le 30 juillet, les États-Unis éliminent, grâce à une frappe de drone, le chef d’Al-Qaïda en plein Kaboul. C’est un message fort de la puissance américaine, démontrant ainsi qu’elle a toujours les moyens et la volonté d’intervenir contre le fondamentalisme islamique dans la région. Mais la mort d’Ayman Al-Zawahiri ne signe pas pour autant la fin d’Al-Qaïda en Afghanistan.

Bien plus, les liens entre le régime taliban et les nombreux groupes djihadistes sont souvent très ténus, contrairement à ce que de nombreux talibans affirment. La présence du numéro un d’Al-Qaïda était loin d’être une surprise pour Sirajuddin Haqqani, ministre de l’Intérieur du régime taliban à la tête du réseau du même nom, qui cultive de longue date des liens étroits avec Al-Qaïda.

De même en Syrie, les États-Unis continuent d’effectuer des frappes aériennes. Par exemple, le 23 août, Joe Biden ordonne des frappes aériennes visant des bases de milices pro-iraniennes dans l’est de la Syrie. Le bombardement américain n’est pas immédiatement confirmé par les médias d’État syriens. Dans le même temps, des centaines de soldats américains continuent d’être déployés dans le nord-est de la Syrie dans le cadre de la coalition antijihadiste chargée de combattre, avec leurs alliés kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), les restes du groupe État islamique (EI).

L’Arabie saoudite, un allié de longue date

Pour les États-Unis, l’enjeu est toujours de maintenir une certaine proximité avec l’Arabie saoudite. Même si certains éléments sont, dans la période contemporaine, de nature à fragiliser les liens entre les deux pays.

La présidence de Donald Trump a été marquée par un soutien affirmé au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Pourtant, après son élection, Joe Biden a décidé de prendre le contrepied de son adversaire en reniant les liens entretenus avec l’Arabie saoudite, et ce, en raison du rôle de son dirigeant dans l’assassinat de Jamal Khashoggi.

La visite du président américain à la mi-juillet marque ainsi un rapprochement avec Riyad, malgré les efforts de la Maison-Blanche pour diminuer la portée de cette étape. L’une des raisons perceptibles de cette visite est la flambée des prix de l’énergie en raison de la guerre en Ukraine. En effet, à un mois des élections de mi-mandat aux États-Unis, Joe Biden entend répondre aux préoccupations des consommateurs au sujet de l’inflation.

Cette visite a aussi été l’occasion de raviver les liens entre les deux pays. L’Arabie saoudite et les États-Unis ont notamment conclu 18 accords de coopération dans des domaines très variés (spatial, finance, énergie, santé), selon un communiqué de la monarchie du Golfe.

Un soutien à la région réaffirmé

Alors que sa visite au Moyen-Orient s’achevait le 16 juillet en Arabie saoudite, Joe Biden en profitait pour assister à un sommet réunissant les six membres du Conseil de coopération du Golfe. L’instance regroupe le pays hôte, le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar et les Émirats arabes unis.

Le président américain, Joe Biden, et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, se sont rencontrés pour la première fois en marge du sommet américano-arabe de Riyad pour discuter de sujets liés à la sécurité alimentaire, à l’énergie et à la coopération stratégique et militaire. Joe Biden a notamment promis 50 millions de dollars pour la sécurité alimentaire de l’Égypte. De quoi financer un peu moins de 2 % des importations annuelles de blé du pays.

Sources : RFI, La Croix