Bienvenue dans cet article « spécial études de cas » pour approfondir tes connaissances sur trois pays d’Afrique : le Botswana, Djibouti et l’Éthiopie.
Le Botswana
Fait d’actualité
En octobre 2023, Okavango Diamond Company (ODC), entreprise publique du Botswana, a pris la décision temporaire de suspendre ses ventes de diamants bruts pour la première fois. Cela s’inscrit dans le cadre d’une initiative de l’industrie visant à résoudre le problème des stocks excessifs et résultant de la diminution de la demande mondiale de bijoux.
« Pour la première fois, nous avons dû constituer des stocks, car nous ne voulons pas mettre en vente de manière irresponsable des produits sur un marché qui est déjà en surabondance » (Mmetla Masire, directeur général).
Le Botswana quitte la liste des PMA en 1994
Il est le deuxième producteur mondial de diamants en 2022, et cette bonne gestion des ressources diamantaires a permis d’investir dans les domaines de la santé et de l’éducation. La consolidation du système démocratique, la diversification économique et la meilleure répartition des richesses ont ainsi été favorisées.
D’après l’ONG Transparency International, le Botswana réalise les meilleures performances du continent en matière de bonne gouvernance, avec des transitions politiques sans heurts.
Un exemple concret de cette dynamique est le transfert en 2013 des opérations de tri et de vente de la compagnie sud-africaine De Beers de Londres à Gaborone, capitale du Botswana. L’entreprise consolide alors sa position sur le marché local qu’elle contrôle à 40 %. Ainsi, la « malédiction des ressources » (Philippe Chalmin) envisagée pour certains pays du continent n’est sans doute pas un déterminisme, l’essentiel reposant dans les choix politiques.
Djibouti
Malgré sa superficie de 23 200 km2, qui en fait l’un des plus petits pays d’Afrique, Djibouti n’en reste pas moins une plaque tournante à usage largement militaire. Les présences sont essentiellement françaises, américaines, chinoises, japonaises et italiennes.
L’emplacement stratégique de ce territoire permet aux armées de mener des opérations concrètes dans le voisinage proche de Djibouti (frontière avec la Somalie, notamment). C’est en effet un pays stable qui jouxte des zones ravagées. Ce point stratégique permet de projeter sa puissance, avec des points de passage maritimes tels que le détroit de Bab el-Mandeb, ou le canal de Suez dont le contrôle est toujours convoité.
Djibouti, en tant que tel, fait face à de nombreux handicaps
Pas de ressources naturelles, une jeunesse nombreuse et touchée par le chômage, des services publics peu performants et un pouvoir politique empêchant toute relève d’un Président qui se maintient depuis 1999 (Ismaïl Omar Guelleh). Les baux payés par les locataires des bases militaires sont ainsi très précieux. Djibouti cherche également à augmenter les IDE.
Si autant de puissances stationnent à Djibouti à travers leurs bases, c’est également car elles sont en compétition. Le maintien de l’équilibre entre les grandes puissances est ainsi déterminant. « La France est un acteur clé pour nous, du fait de l’histoire. Mais nous devons diversifier nos partenariats » (membre du gouvernement sous anonymat). Pendant longtemps, la France était effectivement en tête-à-tête avec Djibouti, puis d’autres puissances ont commencé à courtiser ce petit État en fonction du contexte géopolitique. C’est une position clé pour suivre les événements au Yémen ou en Somalie, un axe de migration, un front ouvert sur les eaux marquées par la piraterie, etc.
Pour les Français, Djibouti est un terrain d’entraînement militaire exceptionnel. Les Américains sont présents pour lutter contre le terrorisme. La Chine, présente depuis 2017, reste floue sur le rôle et les capacités de sa base. Elle construit un immense port avec une zone franche (zone économique spéciale), censée devenir l’un des carrefours des nouvelles routes de la soie. Cette nouvelle base mystérieuse inquiète les grandes puissances.
L’Éthiopie
Fait d’actualité
Le 14 novembre 2023, L’Éthiopie a réitéré son engagement en faveur d’un accès à la mer Rouge, sans avoir des intentions agressives envers ses voisins. Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a ainsi mis fin aux inquiétudes nées le 13 octobre, lorsqu’il avait annoncé que la paix dans la région dépendait d’un accès à la mer Rouge pour son pays, justifié par son enclavement et sa population de 120 millions d’habitants.
Le gouvernement souhaite faire entrer dans l’ère industrielle et écologique l’un des pays les plus pauvres du monde et le deuxième plus peuplé du continent. La population devrait passer de 120 à 190 millions d’habitants d’ici 2050. Les projets industriels se multiplient : routes, voies ferrées, parcs éoliens, barrage de la Renaissance (le plus grand d’Afrique) en construction sur le Nil bleu, malgré un conflit d’usage pour l’appropriation de l’eau. Le pays dispose de main-d’œuvre et d’électricité bon marché, capables d’attirer les investisseurs, essentiellement chinois. Outre les avantages fiscaux, les salaires sont huit à dix fois moins élevés qu’en Chine.
Selon Le Monde en 2017, le pays devient la « nouvelle usine du monde »
En réalité, cela désigne la nouvelle destination low cost des grandes marques du textile. Par exemple, H&M a délocalisé en Éthiopie sa sous-traitance après l’effondrement d’un immeuble de confection textile au Bangladesh en 2013. L’Éthiopie est justement considérée comme le nouveau Bangladesh.
Derrière ce nouveau statut se cachent des conditions de travail extrêmes et alarmantes, comme à Dukem, où l’usine de chaussures chinoise Huajian emploie 5 000 personnes avec des journées de 14 heures sans jour de repos. En outre, les salaires au Bangladesh valent environ le double des salaires éthiopiens.
L’Éthiopie traverse une période de transformation
Elle passe d’une histoire marquée par des guerres avec ses voisins (Somalie, Érythrée), des conflits ethniques et des famines récurrentes (dans un pays au potentiel agricole pourtant fort) à une voie de pacification. La croissance poursuit sa route avec une croissance du PIB de 5,3 % en 2022 (supérieure à 5 % tous les ans depuis 2004).
Le FDRPE, autrefois autoritaire, a nommé Abiy Ahmed Premier ministre en 2018 et prix Nobel de la paix un an plus tard. La police et l’armée sont rendues moins violentes, la liberté de la presse est renforcée et le pays fait la paix avec l’Érythrée. La politique d’Abiy Ahmed priorise le développement économique, base du nouveau modèle éthiopien. La paix avec l’Érythrée désenclave le pays et libère le budget.
L’Éthiopie se rapproche de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, investisseurs dans le pays aux côtés de la Chine, et construit la voie ferrée Addis-Abeba-Djibouti, puis l’inaugure en 2016. Toutefois, cet apaisement est relatif, car il soulève à nouveau le sujet des nationalités : les 80 ethnies reconnues officiellement étant autorisées par la Constitution à faire sécession. Des pogroms se multiplient ces dernières années.
Le secteur agricole
Le pays et l’économie sont encore très agricoles, avec une spécialité dans l’horticulture qui porte le modèle éthiopien. Le secteur agricole représente 80 % de l’emploi, 39 % du PIB et 70 % des exportations (café, fleurs…). L’ambition de l’Éthiopie réside toutefois dans l’industrie, avec pour objectif d’attirer les investissements grâce à une main-d’œuvre massive (120 millions d’habitants) à bas coût, des infrastructures qui s’améliorent et un pouvoir demeurant ferme.
Ce sont effectivement des « avantages comparatifs » (Ricardo) de nature à attirer.
Pour compléter cet article, n’hésite pas à découvrir celui sur les défis de l’agriculture en Afrique subsaharienne ou celui-ci sur les influences étrangères en Afrique depuis la décolonisation.