On te propose ici une correction de colle sur l’agriculture américaine comme fruit d’une longue et glorieuse histoire, mais surtout comme un outil au service de la puissance américaine et au cœur des thématiques de souveraineté.
Une puissance acquise dès la fin du XIXe siècle grâce à une division régionale favorable
Une agriculture historiquement productiviste
Dès le XIXe siècle, 40 % du territoire américain est consacré à l’agriculture (valorisation du land power de Morgenthau). Le recours massif à l’irrigation s’installe à l’ouest du 100e méridien. McCormick et John Deere existent depuis les années 1830.
Le Homestead Act de 1862 permet de développer rapidement l’agriculture en attribuant 160 acres de terre à tous les Américains ou immigrants légaux n’ayant jamais fait preuve de rébellion et s’engageant à cultiver la terre pendant cinq ans.
Une intégration précoce à l’économie de marché
L’abolition des Corn Laws, l’ouverture des marchés européens, la constitution d’un réseau fluvial (Érié, Missouri), le développement d’institutions de crédit et la structuration en « belts » favorisent cette intégration à l’économie de marché.
Mais un besoin d’État se fait sentir face à certaines fragilités
Toutefois, la fin de la Première Guerre mondiale marque la fin d’un âge d’or pour l’agriculture américaine (fermeture progressive des marchés européens et hausse des prix des biens industriels) avec une crise des ciseaux dès 1920.
La crise de 1929 conduit à une baisse des prix de 54 % des prix agricoles entre 1929 et 1932, ce à quoi il faut ajouter le phénomène de destruction climatique de Dust Bowl.
Face à ces crises, le gouvernement encadre partiellement l’activité agricole avec l’Agricultural Adjustment Act (AAA) du New Deal.
Une agriculture intensive source de rayonnement extérieur
Le développement d’un complexe agroalimentaire puissant
Après 1945, l’agriculture se mécanise au détriment du modèle des propriétés familiales indépendantes, la productivité augmente et on voit germer les premiers feed-lots.
Une agriculture parfois tournée vers l’extérieur au service d’un food power
En plein développement des institutions internationales onusiennes et dans un contexte de Guerre froide, le food power américain prend tout son sens, comme avec le canal PL480 du Food For Peace Program.
La question agricole devient rapidement un sujet épineux au sein du GATT. L’agriculture américaine est même une source d’humiliation pour l’URSS, qui achète des céréales aux États-Unis en signant un accord en 1972, et permet de rayonner dans le cadre du plan Marshall, puis dans tout le tiers-monde.
Une agriculture durablement inscrite comme la plus puissante au monde
Avec des réserves d’espaces encore de l’ordre de 30 %, une forte productivité, une production agronomique variée, une forte capacité d’innovation et un marché intérieur résilient, les États-Unis disposent d’une confortable avance dans leur place de premier exportateur et de deuxième producteur agricole.
La Chine est le premier client de ces produits issus de l’agriculture américaine depuis 2011.
Mais un visage fragile de l’agriculture américaine à la fois aux États-Unis et dans le monde
Un nouveau monde agricole remet en cause certains fondamentaux
En 2023, les salaires américains dans le monde agricole sont en baisse de 10 % par rapport aux niveaux de 2008. Pour expliquer cela, il faut regarder du côté de la concurrence brésilienne et asiatique croissante, avec des problèmes de surproduction persistants depuis les années 1980 (par exemple, la surproduction de lait dans le Wisconsin s’accentue dans les années 2010).
Un autre élément pointant vers cette remise en cause d’une idylle agricole réside dans la concentration de la propriété des terres agricoles : Bill Gates est le plus grand détenteur de ces terres avec plus de 100 000 hectares, dans les Grandes Plaines principalement.
Un système sous perfusion étatique
Apparus sous une forme incomplète en 1914, institutionnalisés en 1933 et fréquents depuis les années 1980, les Farm Bills du gouvernement américain restent une condition nécessaire au maintien des activités les plus fragiles.
867 milliards de dollars ont été alloués de 2019 à 2023 sous la forme d’aides aux producteurs, au profit de nouvelles technologies de nutrition et de conservation.
De nouveaux infléchissements cherchent à corriger cette pseudo-déchéance
Le protectionnisme se renforce sur le plan agricole, les États-Unis cherchent à se protéger dans des mécanismes régionaux, comme l’USMCA. La pénurie de main-d’œuvre fut également un problème, notamment durant les années Trump, avec une restriction des visas de travail.
Les États-Unis ont donc investi massivement dans l’éthanol, cherchent à développer le bio dans la mesure du possible et développent des alternatives à la viande.
Conclusion
Le modèle agricole américain, bien que renforcé par une révolution numérique en cours, doit s’adapter aux impératifs de durabilité et de biodiversité, car la planète ne peut supporter la généralisation de ce modèle productiviste en déclin. Face à la montée de concurrents, comme la Chine, le Brésil et la Russie, les États-Unis doivent décider via le prochain Farm Bill (2024-2028) comment restaurer leur puissance agricole en équilibrant innovation, food power et soutien à une agriculture plus durable et résiliente face au changement climatique.
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