Moyen-Orient

Le Moyen-Orient représente près de la moitié des exportations d’hydrocarbures (pétrole et gaz) dans le monde. C’est une région clairement « façonnée par le pétrole », pour reprendre les mots de Keyvan Piram, qui tire de cette ressource une rente économique majeure et des atouts géopolitiques conséquents. Toutefois, avoir un modèle économique et social qui repose essentiellement sur une ressource non renouvelable et aux réserves limitées fait courir un risque à certains pays. Ceux-ci tentent donc de diversifier leur économie. 

Une région dépendante aux hydrocarbures

Première région productrice et exportatrice

Le Moyen-Orient est tout d’abord une région qui regorge de réserves pétrolières et gazières. L’Arabie saoudite, l’Iran, l’Irak, le Koweït, les Émirats arabes unis ou encore le Qatar font partie des 12 pays détenant le plus de réserves prouvées de pétrole dans le monde.

Par conséquent, le Moyen-Orient est la première région mondiale productrice d’hydrocarbures. On retrouve par exemple dans le top 10 mondial des plus grands exportateurs de pétrole en 2023 : l’Arabie saoudite (3e), l’Irak (6e), les Émirats arabes unis (8e), le Koweït (9e) et l’Iran (10e).

Le constat est le même en ce qui concerne la production de gaz, avec dans le top 10 mondial des principaux producteurs : l’Iran, le Qatar et l’Arabie saoudite. Par ailleurs, ces pays produisent beaucoup plus qu’ils ne consomment, et exportent ainsi beaucoup (environ 80 % de leur production). À titre illustratif, le Moyen-Orient représente environ 48 % des exportations mondiales de pétrole.

À retenir : le Moyen-Orient détient le plus d’hydrocarbures, produit le plus et exporte le plus.

Des hydrocarbures qui permettent le développement

Cette manne pétrolière et gazière a permis aux pays du Moyen-Orient (plus précisément du golfe Persique) de se développer massivement. On peut prendre l’exemple de l’Arabie saoudite, dont l’État a investi massivement dans l’éducation en proposant un accès gratuit aux citoyens saoudiens.

Les frais de certains soins sont également pris en charge par l’État. Bilan : l’Arabie saoudite a un IDH de 0,875, classant le pays à la 35e position. On peut également prendre l’exemple du Qatar, qui a un PIB/habitant de 110 000 dollars (selon la Banque mondiale en 2022) et qui a un IDH de 0,855. Le Koweït, Bahreïn ou encore les Émirats arabes unis présentent un IDH et un PIB/habitant élevés. Ce développement est en grande partie dû à la rente pétrolière et gazière.

Mais une dépendance économique trop forte 

Cependant, la rente pétrolière est parfois prépondérante dans l’économie de ces pays. Par exemple, en 2022, 87 % des exportations du Qatar étaient gazières (le gaz représentant environ 35 % de son PIB). Et une telle dépendance aux hydrocarbures rend le modèle de développement non pérenne. Le pétrole et le gaz sont des énergies fossiles non renouvelables, aux réserves épuisables.

Dans son rapport 2023 sur le marché du pétrole à moyen terme, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que le pic pétrolier devrait être atteint en 2028. Le pic pétrolier, aussi appelé le « Peak oil », représente le moment où l’extraction mondiale de pétrole atteindra son maximum avant de connaître un déclin en raison de l’épuisement progressif des réserves de pétrole.

Les pays du Golfe l’ont bien compris : leur dépendance aux hydrocarbures doit progressivement s’atténuer pour ne pas en souffrir dans quelques années. C’est pourquoi des plans massifs ont été développés pour diversifier leur économie. 

Se diversifier par les fonds souverains, la finance islamique et l’industrie

Les fonds souverains du Moyen-Orient

Tout d’abord, les pays du Golfe ont une particularité : ils possèdent des fonds souverains très puissants. Ces fonds sont des fonds d’État qui reprennent en grande partie le surplus des bénéfices réalisés grâce aux hydrocarbures. On peut retrouver le Qatar Investment Authority (QIA), créé en 2005, ou encore l’Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), fondé en 1977.

Ces fonds détiennent des centaines de milliards de dollars d’actifs financiers (QIA en détient environ 460 milliards, et ADIA plus de 700 milliards), ainsi que les parts de grandes entreprises mondiales. Par exemple, en 2021, QIA possédait 3 % des parts de TotalEnergies, 7 % des parts de Vinci, ou encore 12 % des parts du groupe Lagardère. Ces fonds souverains, à travers les actifs détenus, représentent une alternative économique importante à la rente pétrolière. 

La finance islamique

La finance islamique est une spécialité financière du Moyen-Orient. Elle fonde son essence sur l’application de règles religieuses à la finance, qui doivent l’emporter sur la logique des bénéfices économiques. Dans les années 1970, la finance islamique se développe, notamment à Bahreïn, qui devient alors le cœur de ce système.

Dans la finance islamique, il est interdit de pratiquer l’intérêt, de spéculer et d’investir dans des activités jugées illicites (alcool, tabac, jeux, prostitution). Un principe fondamental est également appliqué : le partage des pertes et des profits. La finance islamique permet ainsi d’avoir une certaine influence positive dans le monde, dans la mesure où elle est le symbole d’une finance propre et honnête.

Investir dans d’autres secteurs

Les économies des pays du Golfe peuvent aussi compter sur d’autres activités pour créer de la richesse. On peut d’abord citer l’activité industrielle, dans laquelle certains États investissent pour rééquilibrer leur économie.

Par exemple, SABIC est une entreprise saoudienne majeure (fondée dans les années 1970) et qui est aujourd’hui l’une des dix premières compagnies mondiales du secteur chimique. Par ailleurs, les compagnies nationales aériennes sont un autre exemple de diversification économique (tout en constituant un atout de soft power). On peut citer la compagnie Emirates pour les Émirats arabes unis, ou Qatar Airways pour le Qatar.

Le tourisme : une activité qui se développe et se diversifie

Le tourisme représente un des grands piliers de l’économie moderne des pays pétroliers du Moyen-Orient. Il peut prendre différentes formes (culturel, balnéaire, sportif).

Plusieurs pays ont par ailleurs affiché des objectifs élevés, comme l’Arabie saoudite qui revendique vouloir accueillir à l’horizon 2030 plus de 150 millions de touristes par an. 

Le tourisme balnéaire à Dubaï

Le tourisme balnéaire est la forme de tourisme la plus connue, qui s’articule autour de la mer et du soleil.

Prenons le cas de Dubaï qui constitue un excellent exemple. Dans les années 1990, la famille Al Maktoum (qui règne sur l’émirat de Dubaï) commence à développer activement son secteur touristique. La ville de Dubaï s’est dotée de structures devenues emblématiques : le Burj Khalifa, qui est la tour la plus haute du monde (828 mètres), l’hôtel de luxe sept étoiles Burj al-Arab, des centres commerciaux gigantesques, comme le Dubaï Mall, ou encore des espaces de loisirs, comme le parc d’attractions Dubaïland, une piste de ski et, enfin, les nombreuses plages artificielles.

Dubaï possède surtout un des aéroports les plus importants du monde qui est un hub international majeur. L’émirat se fixe pour objectif d’être la ville la plus visitée du monde en 2025 avec 25 millions de visiteurs annuels. 

Le tourisme culturel en Arabie saoudite et à Abu Dhabi

Le tourisme culturel constitue une forme de tourisme de plus en plus développée. En Arabie saoudite, dans le cadre de la stratégie Vision 2030 de Mohammed ben Salmane (MBS), de vastes projets visant à développer le tourisme culturel sont en cours de développement. MBS ambitionne de développer le tourisme dans la région Al-Ula en créant un parc naturel touristique, archéologique et culturel, d’une surface équivalente à celle de la Belgique.

Ce parc s’articulerait autour du site Madain Saleh, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Point intéressant : à la suite d’un accord passé entre MBS et Emmanuel Macron en 2018, la conception et la réalisation du projet sont confiées à la France.

Si tu veux enrichir ta copie, tu peux aussi évoquer le tourisme culturel développé aux Émirats, avec l’ouverture du Louvre d’Abu Dhabi en 2017. 

Le tourisme du sport au Qatar et en Arabie saoudite

En 2022, le Qatar était le premier pays du Moyen-Orient à accueillir une Coupe du monde de football. L’organisation de cette compétition n’est que le début d’une stratégie de grande ampleur visant à faire des pays du Golfe les futurs hôtes des compétitions sportives internationales.

En Arabie saoudite, la stratégie Vision 2030 établit clairement la volonté du royaume d’augmenter la contribution du secteur sportif à 2 % du PIB. Les stratégies menées par l’Arabie saoudite sont multiples et les investissements se chiffrent à plusieurs centaines de milliards de dollars.

Le pays affirme tout d’abord sa position de futur hub sportif international en attirant des sportifs de renommée (comme Cristiano Ronaldo ou Karim Benzema, par exemple). Mais le royaume conforte surtout sa position par l’accueil de compétitions sportives internationales : la troisième édition du Grand prix de Formule 1 à Djeddah en 2024, les Jeux asiatiques d’hiver en 2029 ou encore la Coupe du monde de football 2034.

Tu peux retrouver un article intéressant sur les ambitions géopolitiques du Qatar.

En définitive, les pays du Golfe ont bien compris que leur modèle économique dépendant des hydrocarbures n’était pas durable. Ces pays investissent massivement dans d’autres secteurs de l’économie (finance et tourisme), à l’image de la stratégie Vision 2030 de l’Arabie saoudite. Il est important de noter que cette situation de dépendance à la rente pétrolière ne touche pas tous les pays du Moyen-Orient (mais essentiellement les pays du golfe Persique) et qu’elle ne les touche pas de la même manière.

J’espère que tu as aimé cet article. Les exemples détaillés te permettront de gagner de précieux points dans tes dissertations sur le Moyen-Orient. N’hésite pas à consulter toutes nos ressources en géopolitique.