On te propose ici d’analyser un sujet de colle sur le commerce équitable qui mobilise des éléments sur le développement durable, l’agriculture et le clivage Nord/Sud.
Analyse des termes du sujet
Avenir : futur, perspectives d’évolution pour les acteurs, potentiel à s’ancrer plus qu’à rester une tendance ?
Quel avenir ? Un avenir prometteur, radieux ou menacé, compromis et incertain ?
Commerce équitable (Fairtrade) : échange commercial entre des grands distributeurs du Nord et des petits producteurs du Sud cherchant à maximiser les intérêts de ces derniers (revenu décent avec un juste prix et des prix garantis supérieurs aux cours mondiaux, conditions de travail saines, garanties de traçabilité et de transparence pour le consommateur).
Petite histoire du commerce équitable
Né dans les années 1950, le commerce équitable est soutenu par des ONG d’ascendance tiers-mondiste, politique et anticapitaliste. Les Pays-Bas, puis le Royaume-Uni et l’Allemagne en deviennent les principaux acteurs. Le Fairtrade, descendant de l’idéologie du « Trade not aid » connaît une véritable révolution en 1988 avec la création de Max Havelaar par un prêtre néerlandais, d’abord sous la forme de coopératives, puis d’un véritable empire et label regroupant 1,5 million de producteurs dans 75 pays.
Problématique : Comment expliquer que le commerce équitable ait changé de principe, alors même qu’il aurait pu apparaître comme une alternative crédible et appréciée face au modèle consumériste porté par la mondialisation libérale ?
Une évolution cohérente vis-à-vis des évolutions des exigences de consommation des pays radieux pourrait destiner un avenir radieux au commerce équitable
1. Le commerce équitable est compatible avec une démarche nouvelle des consommateurs
Le Fairtrade répond à un besoin des populations des pays du Nord de devenir des « alter-consommateurs » en payant un juste prix assurant de bonnes conditions de travail des producteurs et une traçabilité. Cette tendance correspond à des populations jeunes, urbaines et des CSP+.
2. Le commerce équitable s’est renforcé par la diversification
Centré sur les bananes, le café, le sucre, le coton et la vanille qui représentent encore 2/3 des échanges du commerce équitable, on note aussi l’extension du marché aux produits artisanaux, à l’exploitation forestière et au Made in France plus récemment.
Des acteurs comme Max Havelaar (membre d’une World Fair Trade Organization, avec des centaines d’associations adjointes) et des labels (Transfair, Bio Équitable, Artisans du Monde) constituent désormais un véritable écosystème.
3. De nouveaux marchés s’ouvrent au commerce équitable
Des pays comme le Vietnam, la Thaïlande et l’Indonésie ont une demande locale croissante de produits certifiés équitables (café, thé et riz). Au Pérou, les supermarchés urbains proposent tous des produits locaux équitables et les consommateurs sont sensibilisés aux bénéfices sociaux et environnementaux.
Du côté des producteurs, des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Burkina Faso ambitionnent de devenir des centres de production importants pour le commerce équitable, notamment dans le secteur du cacao, du karité et du coton.
Toutefois, le commerce équitable est en cours de transformation et est de moins en moins fidèle à ses principes originels
1. Le pragmatisme a rattrapé l’idéalisme dans l’expansion du commerce équitable
L’objectif a bien changé depuis 2000. L’ambition n’est plus de révolutionner les rapports de force géopolitiques, mais de chercher à bonifier le système. Les grandes institutions libérales l’ont repris à leur compte (McDonald’s, Starbucks) et les labels du Fairtrade sont devenus de véritables marques.
2. Le commerce équitable a évolué vers une définition plus floue et grandement débattue
Le flou juridique autour des certifications donne lieu à de véritables scandales. Une pâtisserie peut par exemple être certifiée équitable par Max Havelaar si la vanille utilisée l’est, mais que tous les autres ingrédients sont industriels.
La confusion avec le bio et le manque de règles autour des certifications (autolabellisation) ainsi que des scandales de dumping social dans des plantations dites équitables ont achevé de ruiner les fondations réputationnelles du Fairtrade.
3. Ces évolutions se font donc au détriment des acteurs que le commerce équitable entendait sauver
Vécu par certains comme une véritable trahison, ce revirement du commerce équitable n’a fait que l’éloigner des circuits courts et des productions réduites. La solidarité internationale n’est plus au cœur des objectifs et l’agriculture vivrière en pâtit bien souvent.
De nombreux obstacles gênent encore l’avenir du commerce équitable
1. Le commerce équitable est un marché en pleine stagnation
Le commerce équitable peine à dépasser la barre des 0,1 % du commerce international depuis la fin des années 1990. Il ne concerne pas les produits de première nécessité (bien souvent du café en grains, alors que la demande des pays développés se concentre sur les dosettes) et souffre des différentes crises d’inflation à travers le monde.
2. Le commerce équitable n’a pas su sortir de son positionnement de niche
Le commerce équitable est un commerce de niche (sept milliards d’euros de chiffres d’affaires pour Max Havelaar), mais qui n’a pas la même dynamique que celui du bio. Le bio repose sur une labellisation rigoureuse et est pris comme référence dans des textes de loi, comme EGalim, ce qui n’est pas le cas du commerce équitable.
3. L’avenir du commerce équitable apparaît plus trouble que jamais
La transparence et la confiance doivent être restaurées pour se rallier au projet d’origine. Un travail de fond est également nécessaire sur les prix, car le commerce équitable reste un marché de niche pour des populations favorisées issues des pays du Nord.
Le commerce équitable n’a pas su devenir une forme prépondérante des échanges capitalistes et renverser l’échiquier Nord/Sud. Le Fairtrade est aujourd’hui plus équitable pour répondre à un besoin de consommation des populations les plus aisées au Nord qu’aux aspirations des producteurs du Sud.
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