Pour ce sujet, il est important de reposer un cadre historique et de passer par des explications des termes dans l’introduction. Nous verrons dans cet article comment analyser le ou les centre(s) du monde à l’heure d’une multipolarisation de la mondialisation.
Introduction
« Qui règne sur l’Europe orientale, règne sur le heartland. Qui règne sur le heartland règne sur l’ile mondiale. Qui règne sur l’ile mondiale, règne sur le monde ».Ainsi, dans son ouvrage Le pivot géographique de l’histoire, il apparait pour Mackinder que le Heartland, cet espace stratégique et primordial à la puissance dominante, est le centre du monde.
Toutefois, la mondialisation contemporaine lancée par le tournant néo-libérale dans les années 80s est la source d’une fragmentation de l’économie en multitudes de pôles mais aussi l’émergence de nouveaux centres dans le monde. Le centre se définit comme étant un pôle qui concentre les activités, émet et reçoit les flux, impulse les décisions dans le monde et influence le reste du monde, les périphéries. Il existe donc des centres économiques qui concentrent les activités ou des centres géopolitiques qui concentrent les conflits par exemple… Ainsi, le monde autrefois composé d’une unique centre européen se redessine et se complexifie. De nouveaux pays émergent et des nouveaux centres voient le jour. Il devient alors complexe de déterminer un centre unique.
Problématique : Dès lors on peut se demander – Dans quelle mesure la mondialisation a-t-elle favorisé l’émergence de nouveaux pôles, passant d’un unique centre européen à une multitudes de centres qui organisent les flux est composent l’espace mondial, menant ainsi à une complexification et une fragmentation du monde ?
I-Un monde qui a longtemps été structuré par un centre…
Sur le temps long, il apparait que le centre du monde soit européen. Le monde 1913 peut être analysé à l’aune d’un système centre-périphéries décrit par Roger Brunet comme : « Un système dans lequel un noyau donne des impulsions, draine des richesses des périphéries qu’il capitalise à son profit, et y exerce une surveillance politique et économique ». A cette époque, il apparait plutôt facile de caractériser le centre du monde.
Sur le temps moyen, il y a déjà l’émergence de nouveaux centres dominants dans l’économie. On peut évoquer les « late comer » de Grenschenkron qui sont le Japon, les Etats-Unis et l’Allemagne. Puis dans les années 90, le centre du monde est les Etats-Unis : ils organisent, impulsent et commandent. Ainsi, il reste assez aisé de caractériser les centres du monde.
II-… mais qui semble se complexifier et se fragmenter entre plusieurs centres…
La révolution néo-libérale a augmenté la complexité de la mondialisation, créant ainsi de nouveaux centres avec l’émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale qui rend moins lisible l’analyse des centers du monde. A l’échelle étatique avec l’émergence des BRICS de Jim O’Neill mais aussi à l’échelle non-étatique avec les firmes transnationales qui apparaissent comme de nouveaux centres de la mondialisation. Ainsi, on assiste à une multiplicité de centres du monde, conduisant plutôt à un monde multipolaire selon Michel Foucher.
III-… ce qui conduit à une forme de bi-mondialisation, avec un monde qui n’est pas centré mais plutôt multipolaire
Dès lors, cette multiplicité de centres semble mener à une bi-mondialisation selon Janet Yellen, secrétaire au Trésor des États-Unis. Ce concept désigne un monde où la mondialisation se divise en deux blocs distincts, principalement en raison des tensions entre les États-Unis et la Chine. Plutôt que de promouvoir une seule économie mondiale intégrée, la bi-mondialisation implique des blocs économiques rivaux qui limitent leurs échanges avec des partenaires stratégiques. Ainsi, il apparait des centres multiples que l’on peut analyser selon leur domaine : économique, géopolitique, culturels, environnementaux… Toutefois, il apparait l’émergence d’un nouveau centre du monde : l’indopacifique, espace crucial et stratégique dans le cadre du tournant énergétique.
Conclusion
En conclusion, la mondialisation contemporaine a re-dessiné la cartographie des centres du monde, en passant d’une domination européenne à un paysage multipolaire complexe. Si autrefois, l’Europe pouvait se revendiquer comme le cœur du pouvoir économique, politique et géopolitique, l’émergence de nouveaux acteurs comme les États-Unis, la Chine ou encore l’Inde a fragmenté cet équilibre. De plus, la montée en puissance de l’Asie, particulièrement l’Indopacifique, redéfinit aujourd’hui les flux stratégiques mondiaux. Face à cette diversification des pôles d’influence, il est désormais difficile de définir un centre unique, ce dernier variant en fonction des domaines d’analyse. En somme, nous assistons à un monde polycentrique où les centres de pouvoir sont pluriels et en constante reconfiguration.
Retrouve également toutes nos colles de géopo !