Le jour du concours, chaque détail compte. Aujourd’hui, nous allons donc voir tout ce qui fait la différence le jour J. « Des détails ? J’ai déjà du mal à apprendre mon cours, pourquoi s’intéresser aux détails ? », me diras-tu sans doute. Pourtant, rendre une copie parfaite et se démarquer des autres candidats est un moyen simple et relativement rapide de gagner de précieux points. La dissertation est un exercice codifié et une préparation minutieuse en amont peut te permettre de faire la différence, sans avoir davantage de connaissances que les autres.
Aujourd’hui, j’ai épluché les rapports du jury des années précédentes pour tenter de te convaincre que ce sont bien les détails qui feront la différence le jour du concours. Nous parlerons ici uniquement de l’épreuve écrite, mais les différents points que nous verrons sont très souvent tout aussi vérifiés pour l’épreuve orale.
Pourquoi chercher à se démarquer des autres ?
Commençons d’emblée par préciser un point : « se démarquer », ce n’est pas rechercher l’originalité à tout prix. La dissertation de géopolitique a ses codes, qu’il faut respecter. Mais pourquoi ne pas profiter de ce cadre figé ? Tu sais d’ores et déjà quel type d’épreuve tu passeras au concours, alors autant en profiter pour maîtriser l’exercice de A à Z et te démarquer des autres candidats.
Pour cela, il faut cerner les attentes des correcteurs de concours. Que recherchent-ils dans une bonne copie ? Qu’est-ce qui leur déplaît ? Ces questions ont plus d’importance qu’il n’y paraît. En effet, disons-le franchement, ton correcteur n’aura probablement pas une heure à accorder à ta copie lorsqu’il la corrigera. Les délais de correction étant très courts, il parcourra ta copie assez rapidement. Tu comprends déjà qu’il vaut mieux éviter qu’il ne bute sur des détails qui lui déplaisent et dont il risquerait de se souvenir au moment d’attribuer la note.
Pour mieux comprendre les exigences des correcteurs, je te conseille de lire les rapports du jury des années précédentes. C’est ce que j’ai fait pour préparer cet article, mais c’est aussi ce que je faisais lorsque j’étais à ta place en prépa. En plus de te donner des pistes de réflexion sur le sujet qui était tombé, ils pointent du doigt les erreurs commises par les candidats sur le plan méthodologique. Si tu apprends à ne pas commettre ces erreurs, tu te démarqueras déjà de la majorité.
Tu retrouveras les rapports du jury des années passées sur les sites de la BCE et d’Ecricome. Tu peux d’ailleurs retrouver le rapport de jury de l’épreuve de géopo ESSEC 2020 ici.
Se démarquer des autres grâce à ses connaissances
« L’originalité des exemples choisis et leur pertinence ont, de ce fait, joué un rôle important dans la discrimination des copies. » C’est ce qu’indique le rapport du jury de l’épreuve de géopolitique ESCP 2019. Il est donc possible de se démarquer des autres grâce à ses connaissances.
Pour cela, il te faudra maîtriser à la perfection des exemples variés. Mise plutôt sur la qualité que sur la quantité dans un premier temps. Le correcteur appréciera que tu parles avec précision d’un fait au lieu de dire des banalités sur plusieurs sujets. Se constituer des fiches d’exemples est souvent un moyen efficace pour progresser. Tu peux choisir des exemples originaux, mais je te conseille de maîtriser les cas d’école dans un premier temps, car on pourrait te reprocher de ne pas les avoir mentionnés.
Il te faudra également être en mesure de mobiliser des références culturelles et scientifiques avec parcimonie (la copie ne doit pas être un étalage de références). Mais elles seront largement valorisées si tu es capable de les expliquer avec justesse.
Toutefois, tu le sais mieux que personne, il est difficile de se démarquer des autres avec ses connaissances uniquement. Puisque tous les préparationnaires ont cette idée derrière la tête, tu auras du mal à sortir du lot. Nous allons donc voir d’autres manières de se démarquer en dissertation de géopolitique.
Les détails qui font la différence pour se démarquer des autres candidats en géopolitique
La présentation de la copie
Le soin et l’orthographe dans la copie
Le jour du concours, la présentation de ta copie doit être parfaite. Cela te semble sûrement évident, mais, si tu es un peu pressé(e) par le temps, tu risques de sacrifier la propreté de ton travail pour terminer ta dissertation. Or, le correcteur s’attend à recevoir un « produit fini » et ne fera aucun effort s’il n’arrive pas à le relire. Si tu as des problèmes de graphie, il est encore temps de t’améliorer, alors, ne tarde pas.
Tu devras également porter une attention toute particulière à l’orthographe. Les correcteurs ont une sainte horreur des fautes en tous genres. Il semble que l’orthographe des candidats se soit dégradée. C’est donc un moyen facile de te démarquer des autres candidats en géopolitique. Voici ce que dit le rapport du jury de l’épreuve de HGGMC de Grenoble EM 2020 à ce sujet :
« Les copies trop courtes, déficientes du point de vue de la syntaxe et de l’orthographe, raturées, n’allaient pas au-delà de 8/20. »
Là encore, pas de panique, si tu as des soucis d’orthographe. Que tu sois en première, deuxième ou troisième année, tu as encore un certain nombre de dissertations d’entraînement à rédiger avant le jour J. À toi de prendre l’habitude de porter un grand soin à l’orthographe. N’hésite pas à relever les fautes que tu commets souvent pour éviter de les reproduire à l’avenir.
Le style et le choix de l’encre
Je te conseille aussi de travailler ton style. Je ne te demande pas d’écrire comme Victor Hugo non plus. Mais les correcteurs valorisent toujours un style fluide et clair, qui leur donnera une bonne image de ta copie. Cette astuce te permettra sans aucun doute de te démarquer des autres candidats en géopolitique.
Enfin, les rapports du jury des deux dernières années mettent en lumière un nouveau détail qui a son importance : l’encre ! Eh oui, depuis deux ans, les copies sont numérisées. Une encre trop claire sera tout bonnement illisible après numérisation.
La méthodologie
La structure et l’esprit de l’épreuve
Avoir une méthodologie irréprochable permet de faire la différence et de se démarquer des autres candidats en géopolitique, c’est évident. Et, bonne nouvelle, c’est un procédé qui se travaille et sur lequel tu peux facilement t’améliorer.
Les rapports du jury récents sont unanimes sur la forme de la dissertation. Elle doit comporter une introduction, puis un plan en trois (voire deux) parties et enfin une conclusion. Rien de neuf jusque-là. Mais ce qui fait vraiment la différence, ce sont les copies qui arrivent à se détacher de leur cours pour proposer une réelle démonstration, plutôt qu’un simple étalage de connaissances. En outre, les exemples donnés doivent être le plus précis possible.
Enfin, je te recommande de rédiger des transitions entre les parties. Une nouvelle fois, la majorité des candidats les oublie. Pourtant, cela sera toujours valorisé car les transitions étayent la logique de ta démonstration.
Les trois dimensions de la matière
Les correcteurs insistent aussi sur un point souvent négligé par bon nombre de candidats : le nom de la matière. « Histoire Géographie et Géopolitique du monde contemporain ». Il y a là trois dimensions, et toutes doivent être étudiées dans la copie. C’est impératif pour faire la différence. Quel que soit le sujet de concours, il aura toujours des composantes historiques, géoéconomiques et géopolitiques. Ne l’oublie pas.
À toi de proposer une approche territorialisée, d’être capable de raisonner à différentes échelles (aspect géographique), d’être capable d’expliquer la situation actuelle à l’aune de l’histoire récente et de dégager des moments de ruptures (aspect historique) et enfin d’approfondir ton analyse des relations entre États (dimension géopolitique).
La dimension historique est tout particulièrement importante, car souvent négligée par un certain nombre de candidats. Pourtant, elle est nécessaire à une bonne copie. Par exemple, voici ce que dit le rapport du jury de l’épreuve ESSEC 2020, qui portait sur les tensions et conflits en Méditerranée :
« La temporalité du sujet demande de porter l’attention sur la période qui suit la Guerre froide. Il peut être inclus des références à des périodes antérieures puisque les grandes dynamiques géopolitiques s’inscrivent généralement sur le temps long, en particulier lorsqu’il s’agit de l’un des berceaux de civilisations les plus anciens au monde. »
L’introduction
Comme je te l’ai expliqué, il peut arriver que le correcteur lise ta copie particulièrement rapidement. Mais s’il y a bien une partie qu’il scrutera toujours en détail, c’est l’introduction. Un bon début donne le ton d’une bonne copie. À l’inverse, une mauvaise introduction laissera une mauvaise impression dont le correcteur aura du mal à se défaire. Voilà donc un bon moyen de se démarquer des autres candidats en géopolitique. C’est pourquoi je te recommande vivement de travailler l’introduction. Tu retrouveras une méthodologie claire dans notre article. Il est crucial que ton introduction soit parfaite.
Ton introduction doit notamment comporter une analyse rigoureuse du sujet. En particulier, tous les termes doivent être définis. Il te faut aussi expliquer les liens entre eux. Tu dois montrer au correcteur que tu as compris l’intitulé et que tu sais pourquoi on te pose cette question. Tu montreras ainsi au correcteur que tu sais faire preuve d’une grande précision d’entrée de jeu.
La problématique
Qui dit introduction, dit problématique. C’est sans doute la phrase la plus importante de ton devoir. S’il est souvent conseillé de poser plusieurs questions dans l’introduction, on doit pouvoir identifier immédiatement la problématique. Il ne peut y en avoir qu’une seule. Elle renseigne souvent le correcteur sur la qualité de la copie qu’il va lire.
Une bonne problématique lui laisse penser qu’il va trouver une vraie démonstration. Une problématique plate donne plutôt l’impression que le candidat débite simplement des connaissances, sans réelle appropriation et analyse du sujet. Tu l’as compris, la problématique est très discriminante, à toi d’en profiter !
La conclusion
Enfin, tu dois également accorder un grand soin à ta conclusion. Là encore, tu peux être sûr(e) qu’elle sera lue avec attention et elle permettra de te démarquer des autres candidats en géopolitique.
Je te recommande donc de la préparer au brouillon avant même de rédiger ton devoir, dès que tu as trouvé ton plan. Cela implique évidemment que tu saches très vite où tu vas, c’est-à-dire ce que ta dissertation démontre.
La clarté
Selon moi, la clarté de la dissertation fait de grandes différences au concours, que ce soit en géopolitique ou même en culture générale. La clarté, c’est le fait d’amener le lecteur à te comprendre et à te suivre dans ta démonstration. Puisque le correcteur lira rapidement ta copie, il est impératif qu’il te comprenne bien. La dissertation reste un exercice de communication avec ton lecteur. Ainsi, pour te démarquer des autres candidats en géopolitique, il ne suffit pas que tes idées soient bonnes, il faut aussi savoir les transmettre.
Cela concerne, d’une part, ton style. Nous l’avons vu, pas besoin d’être poète, au contraire. Il faut viser la simplicité pour être bien compris. Privilégie des phrases courtes, surtout si tu n’es pas très à l’aise pour rédiger. N’hésite pas à expliquer davantage les passages les moins évidents de ton raisonnement, à utiliser un vocabulaire précis et à mettre en lumière les liens logiques de ta démonstration. C’est ce genre de détails qui fait vraiment la différence entre les copies de concours.
D’autre part, c’est la logique de ton plan qui doit sauter aux yeux de ton correcteur. Privilégie ici encore la simplicité. Prends garde à énoncer ton plan de manière claire et sans ambiguïté à la fin de ton introduction. Rappelle également les idées directrices de chacune de tes parties au début de chacune desdites parties.
La méthode des paradoxes
La méthode des paradoxes est la clé pour faire une réelle différence. Elle consiste en deux étapes. Tout d’abord, une problématique qui met en avant une contradiction, fondamentale dans la réflexion. Puis, dans le reste de la dissertation, différents arguments qui poursuivent cette tension, entre deux concepts a priori contradictoires. Le but est de mettre en avant les différentes échelles géographiques et historiques, ainsi que la complexité d’un pays et/ou d’une situation.
La problématique peut s’articuler selon le modèle suivant : « Comment expliquer ceci alors que [phénomène contradictoire]. » Cette méthode d’argumentation ressemble à celle utilisée en philosophie, à la différence qu’elle est souvent bien plus explicite, plus claire.
Pour penser à ces paradoxes, deux éléments peuvent mettre la puce à l’oreille. Premièrement, si un des termes présentés ci-dessous est présent dans l’intitulé du sujet, je te conseille de l’étudier de manière approfondie au brouillon, en cherchant toutes les possibilités de le comprendre selon le sujet. Dans un second temps, si aucun paradoxe « préparé » n’apparaît dans l’intitulé du sujet, teste les paradoxes « préparés » et vois s’il y en a qui peuvent être pertinents.
Petit conseil : une fois ta liste de paradoxes faite, n’hésite pas à chercher des synonymes et antonymes. Cette astuce te sert non seulement à consolider ton argumentation, mais aussi à éviter les répétitions dans le vocabulaire.
Exemples de paradoxes
Nature/forme
Il faut différencier la nature, qui est l’ensemble des caractères de quelque chose, de la forme, c’est-à-dire des aspects, des manières selon lesquelles se produit un événement, des modalités du caractère.
Exogène/endogène
Est exogène, ce qui est extérieur au phénomène. En revanche, est endogène, ce qui est produit par la structure elle-même, en dehors de tout apport extérieur.
Ce paradoxe est souvent utilisé pour des phénomènes économiques, comme l’inflation et le chômage.
Inéluctable/évitable
Il est souvent intéressant quand on aborde des thèmes comme la mondialisation, la délocalisation, les avancées technologiques, les migrations humaines, de chercher à comprendre si ce sont des phénomènes inéluctables, contre quoi on ne peut pas lutter, ou non.
Rupture/continuité
Ce binôme est très souvent utile dans les alliances diplomatiques, l’ouverture sur le monde, et globalement dans quasiment tous les concepts géopolitiques.
La rupture est la cessation soudaine et marquée de l’accord, de l’harmonie qui existait entre des éléments. Il s’agit de l’action de considérer comme nul un engagement. Pour des personnes, la rupture peut se définir par la fin des relations. Pense à l’arrêt, la cessation, la discontinuité comme synonymes.
Au contraire, la continuité désigne le caractère de ce qui dure sans interruption. Des synonymes comme la permanence, la résistance, la constance, la stabilité permettent de varier le vocabulaire.
Ouverture/fermeture
L’ouverture est l’attitude politique visant à des rapprochements avec d’autres partis, personnalités, pays, idéologies, etc. Pense à l’inauguration, le lancement, la réouverture et la clôture. À l’inverse, la fermeture est la cessation momentanée ou définitive de l’activité d’une entreprise, d’un État, d’une association. La fermeture peut s’élargir quant à elle à l’interdiction et la suspension.
Peut-être cela te semble-t-il encore flou. Voici un exemple concret d’une réflexion à partir d’un paradoxe préparé sur le sujet ESCP 2022 « Vers un retour des frontières ». Le couple auquel on pense immédiatement est ouverture/fermeture pour étudier tous les processus d’ouverture sur le monde liés aux frontières. Le paradoxe nature/forme peut être aussi utilisé pour appréhender la forme (physique, mentale, informationnelle, culturelle) que la frontière prend. Enfin, le paradoxe rupture/continuité est indispensable, tant sur le plan géographique qu’historique.
Néanmoins, ne tombe pas dans le piège de fermer la réflexion par les paradoxes. Les paradoxes visent tout au contraire à approfondir la réflexion, il faut chercher toute la singularité du sujet. C’est toujours la pertinence qui est à rechercher en premier lieu, non l’étalage de connaissances ou d’argumentations.
Ainsi, garde ton esprit critique, approfondis, argumente clairement et tu gagneras de précieux points !
Conclusion : la dissertation est un exercice qui se prépare en amont
J’espère maintenant t’avoir convaincu(e) qu’il est important de se démarquer des autres candidats en dissertation de géopolitique. Si cela te semblait impossible à première vue, nous avons vu que cela est, en fait, à la portée de tous.
Maintenant, c’est à toi de jouer. C’est à toi de repérer tes difficultés pour les surmonter. Un problème d’orthographe ? De méthode ? De logique ? D’argumentation ? Tu as encore le temps d’y remédier. N’hésite pas à t’entraîner à rédiger des introductions ou des paragraphes de dissertation pour t’exercer à mobiliser efficacement tes connaissances et à t’autocorriger.