En novembre 1947, plus de 50 ans après l’organisation du premier Congrès sioniste à Bâle, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine. Quelques mois plus tard, l’État d’Israël est proclamé et la première guerre israélo-arabe éclate. C’est le début d’un conflit qui n’est aujourd’hui toujours pas achevé. Dans cet article, tu retrouveras une analyse des nombreux épisodes qui ont marqué les relations israélo-arabes.
La création de l’État d’Israël
Le Congrès sioniste à Bâle (1897)
En août 1897, Theodor Herzl organise un congrès juif à Bâle, qui donne naissance au mouvement sioniste. Ce congrès établit la formation d’un futur État d’Israël en Palestine (la Palestine étant à ce moment une province de l’Empire ottoman).
À la suite de ce congrès, l’Organisation sioniste est officiellement créée (et deviendra, en 1960, l’Organisation sioniste mondiale). Il est déclaré à cette occasion que : « Le sionisme vise à établir pour le peuple juif une patrie en Palestine qui soit garantie par le droit public. »
La Déclaration Balfour (1917)
En 1917, le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, Arthur Balfour, déclare dans une lettre adressée à Lord Lionel Walter Rothschild être en faveur de l’établissement « d’un foyer national pour le peuple juif » en Palestine. L’année suivante, la chute de l’Empire ottoman est actée et en 1920, la Société des Nations place la Palestine sous mandat britannique (mandat effectif en 1923).
Dès lors, les migrations juives en Palestine s’accélèrent (en particulier à cause de la xénophobie croissante en Europe). La part de la population juive en Palestine passe de 11 % en 1923 à 33 % en 1945.
Le plan de partage de la Palestine par l’ONU (1947)
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale en novembre 1947, le Comité spécial des Nations unies sur la Palestine (UNSCOP) propose un plan de partage de la Palestine.
Ce plan, validé par la résolution 181 à l’ONU, a pour objectif de diviser la Palestine (alors sous mandat britannique) en trois zones : un État juif, un État palestinien et la ville de Jérusalem, placée sous contrôle international (corpus separatum). Mais le plan de partage est vécu comme injuste aux yeux de la communauté arabe. 55 % du territoire est accordé aux populations juives (pour 600 000 personnes), tandis que 45 % du territoire est accordé aux populations arabes (pour 1 300 000 personnes).
Les trois principales guerres israélo-arabes
Première guerre israélo-arabe (1948-1949)
Dès le lendemain de la résolution 181, des affrontements ont lieu entre les populations juives et les populations arabes. Le 14 mai 1948, le mandat britannique sur la Palestine s’achève et l’État d’Israël est officiellement proclamé par David Ben Gourion. Les pays arabes voisins contestent la création de cet État et l’attaquent moins de 24 heures après. La première guerre israélo-arabe s’achève par la victoire d’Israël en mars 1949.
Le bilan humain est lourd : 5 800 morts du côté israélien (dont un quart de civils) et environ 15 000 morts du côté palestinien. Par ailleurs, les conséquences territoriales sont importantes. Israël annexe Jérusalem-Ouest ainsi que 77 % de l’ancienne Palestine mandataire. En conséquence, les Palestiniens sont chassés de leurs terres. Entre 1947 et 1949, près de 700 000 Palestiniens se sont exilés dans les pays voisins. Cet épisode est aussi connu sous le nom de la « Nakba », signifiant, en arabe, la « catastrophe ».
Guerre des Six Jours (1967)
Comme son nom l’indique, cette guerre s’est déroulée pendant six jours : du lundi 5 juin 1967 au samedi 10 juin 1967. Elle a opposé Israël à l’Égypte, la Jordanie et la Syrie. C’est Israël qui sort vainqueur de cette guerre et les conséquences territoriales sont une nouvelle fois importantes.
En effet, Israël annexe cinq territoires : la Cisjordanie, le plateau du Golan (territoire syrien), la bande de Gaza, Jérusalem-Est et le Sinaï (territoire égyptien). À la suite de cette guerre, la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies exige, en novembre 1967, « l’instauration d’une paix juste et durable au Proche-Orient ».
Un mois plus tôt, les pays arabes défaits adoptaient la résolution de Khartoum, établissant la règle des « trois non » : pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance de l’État d’Israël, pas de négociation avec Israël.
Guerre du Kippour (1973)
Le jour du jeûne de Yom Kippour (fête commémorative en Israël), une coalition militaire menée par l’Égypte et la Syrie attaque Israël. L’objectif principal de ces deux pays est de récupérer les deux territoires perdus lors de la guerre des Six Jours : le plateau du Golan (pour la Syrie) et le Sinaï (pour l’Égypte).
En octobre 1973, l’ONU adopte la résolution 338 afin de mettre fin au conflit. Le bilan humain est une nouvelle fois élevé. Environ 5 000 morts du côté israélien, plus de 20 000 morts du côté de la coalition arabe. Ce conflit est une des causes directes du premier choc pétrolier de 1973. Les pays arabes décident en octobre 1973 d’un embargo sur le pétrole à destination des États occidentaux pour contester le soutien américain à Israël.
Si tu veux plus d’informations sur l’OPEP et les chocs pétroliers, tu peux cliquer sur ce lien.
Un conflit qui s’intensifie et se pérennise
Les attentats de Munich (1972)
L’organisation Septembre noir fut créée en 1970 après des conflits intenses en Jordanie. Elle fonde son essence sur une idéologie radicale et sur un nationalisme palestinien. C’est une organisation qui figure toujours sur la liste officielle des organisations terroristes de l’Union européenne.
Ce groupe s’est notamment fait connaître en 1972 lors des Jeux olympiques de Munich. En effet, le groupe prend en otage 11 athlètes israéliens et exige des autorités palestiniennes la libération de plus de 200 prisonniers palestiniens. Finalement, les 11 athlètes israéliens sont assassinés par les terroristes de Septembre noir. En réaction, Israël lance l’opération appelée « Colère de Dieu » : tous les Palestiniens de l’organisation Septembre noir responsables de l’attentat de Munich sont tués.
Les intifadas (1987-1993 et 2000-2005)
Une intifada (soulèvement, en arabe), aussi appelée « guerre des pierres », est un terme utilisé pour désigner les deux grands mouvements d’opposition des Palestiniens contre l’armée israélienne. On dénombre deux intifadas.
La première intifada (1987-1993)
En décembre 1987, un Israélien est poignardé. Deux jours plus tard, un camion israélien percute une voiture palestinienne, tuant quatre Palestiniens. Si la piste de l’accident est évoquée, les Palestiniens voient dans cet acte une vengeance, un casus belli. Et dès le lendemain commencent les premiers jets de pierres et de cocktails Molotov sur les autorités israéliennes.
Le soulèvement s’étend par la suite à tous les territoires palestiniens occupés. Les femmes et enfants palestiniens participent au mouvement. En réaction, l’armée israélienne déploie pas moins de 80 000 hommes. La première intifada prend fin avec les Accords d’Oslo (1993). On dénombre 277 morts côté israélien et 1 962 morts côté palestinien, mettant en avant la violence du conflit.
La seconde intifada (2000-2005)
Les tensions croissantes entre l’État d’Israël et les territoires palestiniens débouchent en 2000 sur la seconde intifada. Elle apparaît comme un moyen pour les Palestiniens de se révolter face à l’occupation et à la colonisation israélienne. Les violences sont importantes : plusieurs attentats-suicides palestiniens sont perpétrés en Israël.
Ce sont en particulier les attentats-suicides qui ont conduit les autorités israéliennes à construire la barrière de séparation israélienne. En 2005, la seconde intifada prend fin : 1 010 Israéliens et 3 179 Palestiniens ont été tués.
La problématique bande de Gaza
En 2005, suite à la seconde intifada, l’armée israélienne retire ses forces de la bande de Gaza, après 38 ans d’occupation. Deux ans plus tard, le Hamas (branche de l’OLP considérée par l’Union européenne comme une organisation terroriste) prend le pouvoir à Gaza. En conséquence, Israël, avec le soutien de l’Égypte, impose un blocus (appelé le blocus de la bande de Gaza). Dès lors, les deux millions d’habitants de Gaza sont en grande difficulté et souffrent d’un manque d’eau, d’électricité et de nourriture.
Un rapport de l’ONU, publié en 2020, a estimé que ce blocus avait coûté 17 milliards de dollars à Gaza (six fois son PIB) et avait fait croître le chômage de 50 % entre 2008 et 2017. Par ailleurs, la bande de Gaza fait l’objet d’affrontements armés réguliers entre le Hamas palestinien et Israël : en 2008-2009, 2012, 2014, 2021 et 2023.
Les tentatives de résolution du conflit
Les accords de Camp David
En 1978, sous l’impulsion du président des États-Unis Jimmy Carter, les accords de Camp David sont signés par Menahem Begin (Premier ministre israélien) et Anouar el-Sadate (Président égyptien). Ces deux hommes reçoivent à ce titre le prix Nobel de la paix en 1978. Cela permet à l’Égypte de récupérer le Sinaï en 1982 et à l’État d’Israël d’être reconnu par l’Égypte et d’avoir l’assurance de ne plus être attaqué par son voisin.
Le processus d’Oslo (1991-1995)
En 1991, la Conférence de Madrid se tient et apparaît comme une importante tentative de résolution du conflit israélo-arabe par la communauté internationale. Ces négociations réunissent Israël, la Syrie, le Liban, la Jordanie, les territoires palestiniens, mais aussi les États-Unis ou encore l’URSS.
Cette conférence lance une série de rencontres qui aboutissent en 1993 aux accords d’Oslo. Sous l’égide du président des États-Unis Bill Clinton, Yitzhak Rabin (Premier ministre israélien) et Yasser Arafat (président du Comité exécutif de l’OLP) se serrent symboliquement la main et signent une « déclaration de principes ». Yasser Arafat reconnaît le droit d’Israël à une existence en paix et en sécurité, tandis que Yitzhak Rabin accepte l’OLP comme la représentante légitime du peuple palestinien.
Toutefois, cet accord ne fait pas l’unanimité : les mouvements de droite s’y opposent en Israël et le Hamas du côté de la Palestine.
Les accords d’Abraham
Les États-Unis ont toujours soutenu Israël, comme la mise en place du « dôme de fer » en 2011 pour protéger Israël des roquettes ennemies en témoigne. Pendant son mandat, Donald Trump n’a pas dérogé à la règle et n’a cessé d’affirmer son soutien à Israël. On peut par exemple penser au transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem.
Mais ce qu’il faut retenir est l’engagement de l’administration Trump dans le processus de normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes. En août 2020, les Émirats arabes unis et Israël d’une part, et Bahreïn et Israël d’autre part, normalisent leurs relations diplomatiques (c’est-à-dire que les deux pays arabes reconnaissent officiellement l’État d’Israël). Deux autres pays arabes ont suivi : le Soudan et le Maroc.
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Pour conclure, le conflit israélo-arabe est un conflit violent, ayant causé la mort de nombreuses personnes. C’est aussi un conflit qui s’éternise dans la mesure où les tentatives de résolutions des différends semblent épuisées. La conflit actuel entre le Hamas et Israël en témoigne.
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