conflits

La géopolitique mondiale est marquée par des conflits mêlant des dynamiques historiques, économiques, sociales et culturelles. C’est pourquoi il est essentiel pour tout préparationnaire d’avoir dans son bagage une bonne connaissance des rivalités historiques. Cela te permettra non seulement de comprendre l’origine des tensions interétatiques actuelles, mais tu pourras aussi apporter une profondeur historique en première partie de ta dissertation de géopolitique. Aujourd’hui, nous explorons quatre conflits majeurs du XXe et du XXIe siècle : la guerre des sables, la guerre du Biafra, les guerres du Cachemire et la guerre de l’Ogaden. Nous examinerons ces conflits dans leur contexte historique, tout en les reliant aux enjeux géopolitiques contemporains.

La guerre des Sables (1963)

La guerre des Sables

Contexte historique et géopolitique

La guerre des Sables éclate en 1963, peu après l’indépendance de l’Algérie, entre celle-ci et le Maroc. Ce conflit prend place dans un contexte post-colonial, où les nouveaux États africains doivent redéfinir leurs frontières. L’enjeu principal de cette guerre concerne la région de Tindouf, riche en ressources naturelles, telles que le gaz et le fer. C’est d’ailleurs le principal motif de l’annexion de la zone par l’Algérie en 1952.

Sous la direction du président Ahmed Ben Bella, l’Algérie refuse toute négociation sur ce territoire avec le Maroc. De l’autre côté, le roi Hassan II du Maroc voit dans ce conflit une menace directe à la stabilité de la monarchie marocaine, contestée par des forces républicaines.

Déroulement du conflit

En août 1963, des populations civiles sont déplacées des deux côtés de la frontière. En septembre, les forces marocaines lancent une offensive sur le territoire algérien. Le Maroc se retrouve cependant isolé diplomatiquement et militairement, contrairement à l’Algérie qui reçoit un soutien militaire de Cuba et de l’Égypte.

Le conflit s’achève en novembre 1963 avec un cessez-le-feu qui aboutit à la démilitarisation de la zone concernée, mais les frontières ne seront véritablement délimitées qu’en 1972.

Enjeux géopolitiques contemporains

Ce conflit révèle des tensions profondes sur la délimitation des frontières issues de la colonisation. Ce conflit s’est toutefois déplacé au Sahara occidental, territoire non résolu entre le Maroc et le Front Polisario.

Tu peux utiliser cet exemple dans des sujets traitant de la colonisation, des ressources naturelles ou encore des frontières.

La guerre du Biafra (1967-1970)

Schéma de la guerre du Biafra

Contexte historique et géopolitique

Le Nigeria obtient son indépendance en 1960, mais le pays est marqué par des divisions ethniques profondes. Le Nord est peuplé principalement de musulmans haoussas et foulanis, tandis que l’Ouest est dominé par les Yoroubas, et l’Est par les Ibos, majoritairement chrétiens.

Si les Ibos sont minoritaires dans le pays, ils occupent une grande partie des hauts postes dans l’administration et l’économie, ce qui attise jalousie et convoitise.

Tu peux retrouver ici notre croquis de ce conflit ; l’intégrer dans tes copies est toujours un bon moyen de te démarquer.

Déroulement du conflit

En 1966, le général Ironsi, issu des Ibos, prend le pouvoir par un coup d’État, ce qui provoque la colère des ethnies du Nord. Le général Gowon organise alors un coup d’État, Ironsi est assassiné et une violente chasse aux Ibos débute, tuant environ 30 000 Ibos. Ces derniers se réfugient donc dans la région du Biafra, où se situe leur foyer ethnique. Cette région, riche en pétrole, est essentielle pour l’économie du pays. En mai 1967, le colonel Ojukwu (Ibos) proclame l’indépendance de la République du Biafra. Le général Gowon met alors en place un blocus contre cette nouvelle République sécessionniste.

La guerre éclate en juillet 1967 lorsque le gouvernement, soutenu par le Royaume-Uni qui cherche à sécuriser ses exploitations pétrolières, lance la première offensive générale pour récupérer le Biafra. Progressivement, les forces du général Gowon prennent du terrain : capture de la ville d’Enugu en octobre 1967, prise de Port Harcourt en 1968, seconde offensive générale en décembre 1969. Finalement, le général Ojukwu prend la fuite et Philip Effiong, qui lui succède, prononce la reddition du Biafra le 15 janvier 1970.

La situation humanitaire est une dimension particulièrement importante de ce conflit. La famine de l’été 1968 restera gravée dans l’histoire. Chaque jour, ce sont plus de 6 000 Ibos qui meurent de faim. C’est d’ailleurs à la suite de cette famine, en 1971, que l’association Médecins sans frontières fut créée.

Les puissances étrangères sont pointées du doigt dans ce conflit latent. La France a été accusée de faire durer le conflit en aidant militairement les Ibos. En effet, Jacques Foccart, aussi connu sous le nom de « Monsieur Afrique », organisait des convois de ravitaillement d’armes en les faisant passer pour de l’aide humanitaire.

Enjeux géopolitiques contemporains

La guerre du Biafra pose la question de la sécession et des droits des minorités ethniques au sein des États-nations. De plus, le rôle des puissances étrangères, notamment la France et le Royaume-Uni, montre comment les ressources naturelles peuvent attirer des intérêts géopolitiques majeurs dans des conflits internes.

C’est un bon exemple à mobiliser sur des sujets portant sur l’indépendance, la faim, l’ingérence des puissances étrangères ou encore les ressources naturelles.

Les guerres du Cachemire (depuis 1947)

Les frontières du Cachemire - Journal des Alternatives - une plateforme altermondialiste - JdA-PA

Contexte historique et géopolitique

Les guerres du Cachemire débutent au moment de la partition de l’Inde britannique en 1947, qui crée deux États : l’Inde et le Pakistan. Le Cachemire, bien que majoritairement musulman, est dirigé par un maharajah hindou, provoquant des tensions entre l’Inde et le Pakistan.

Déroulement des conflits

La première guerre indo-pakistanaise (1947-1948) se termine par la partition de la région en deux : le Jammu-et-Cachemire, sous contrôle indien au Sud, et l’Azad Cachemire, sous contrôle pakistanais, au Nord.

La deuxième guerre indo-pakistanaise éclate en 1965, cette fois sur fond de tentatives du Pakistan d’obtenir un soutien international pour sa cause cachemirie. Ce conflit ne fait que réitérer l’impasse géopolitique, chaque camp revendiquant la légitimité sur l’ensemble de la région sans succès militaire décisif. Ce qui ressort de ces guerres, c’est la politisation accrue du Cachemire et la militarisation de la région par l’Inde, qui considérait déjà le Cachemire comme un enjeu stratégique vital pour la stabilité de son État.

La troisième guerre indo-pakistanaise éclate en 1971, mais cette fois, elle n’est pas directement liée à la question du Cachemire. Elle découle d’une crise interne au Pakistan, où la région orientale, connue aujourd’hui sous le nom Bangladesh, cherche à faire sécession. L’Inde, soutenant les aspirations indépendantistes du Bangladesh, intervient militairement contre le Pakistan, ce qui conduit à une défaite cuisante de ce dernier et à la naissance d’un nouvel État à la suite des Accords de Simla de 1972 : le Bangladesh. La question du Cachemire reste toutefois irrésolue.

Dans les années 1980, les tensions dans le Jammu-et-Cachemire s’intensifient, avec la montée d’un mouvement séparatiste contre le gouvernement indien. La tension est à son paroxysme lorsqu’en août 2019, le Premier ministre indien, Narendra Modi, révoque l’article 370 de la Constitution indienne, qui accordait une autonomie spéciale à l’État du Jammu-et-Cachemire depuis son adhésion à l’Inde. L’abrogation de cet article, qui permettait à la région de maintenir une certaine indépendance, est perçue par de nombreux Cachemiris comme une trahison et une annexion déguisée. Immédiatement après l’annonce, le gouvernement indien impose un couvre-feu strict, coupe les communications dans toute la région et déploie des dizaines de milliers de soldats supplémentaires.

Enjeux géopolitiques contemporains

Le Cachemire reste une zone de frictions entre l’Inde et le Pakistan, avec des implications géopolitiques globales, étant donné que les deux pays sont des puissances nucléaires. Mais ce conflit est également une arène de rivalités entre la Chine, qui soutient le Pakistan, et l’Inde. En 1962 avait eu lieu une guerre entre l’Inde et la Chine, aboutissant à l’annexion par la Chine de la région de l’Aksai Chin à l’Est et de l’Arunachal Pradesh au Sud.

Ces conflits peuvent être mobilisés sur des sujets portant sur la guerre, le nucléaire ou encore la souveraineté territoriale.

La guerre de l’Ogaden (1977-1978)

La guerre de l'Ogaden

Contexte historique et géopolitique

Le conflit de l’Ogaden oppose l’Éthiopie et la Somalie sur le contrôle de la région de l’Ogaden, une vaste étendue désertique principalement habitée par des populations somalies. Depuis la fin du XIXe siècle, cette région est sous contrôle éthiopien, mais la Somalie ne reconnaît pas les frontières coloniales.

Déroulement du conflit

Les premières tensions débutent dès 1963 mais, lorsque l’URSS et les États-Unis s’en mêlent en 1974, le conflit prend une dimension géopolitique majeure. Il s’inscrit dans la guerre froide : l’URSS soutient d’abord la Somalie et les États-Unis l’Éthiopie, mais les deux blocs échangeront d’alliés à la suite de basculements politiques en Somalie et en Éthiopie.

En juillet 1977, la Somalie envahit l’Ogaden, dans le cadre de son projet d’unification des peuples somalis. Ce conflit prend une dimension géopolitique majeure.

Après une série de succès militaires somaliens, l’Éthiopie reprend le contrôle de l’Ogaden avec l’aide de l’Union soviétique et de troupes cubaines. La guerre s’achève en 1978 avec une victoire éthiopienne.

Enjeux géopolitiques contemporains

La guerre de l’Ogaden montre comment les conflits territoriaux peuvent être exacerbés par les rivalités entre superpuissances. La situation géopolitique de la Corne de l’Afrique, où l’Éthiopie joue un rôle de puissance régionale, est le foyer de mouvements séparatistes qui participent à l’instabilité de la région.

Cet exemple peut être mobilisé pour apporter une approche historique sur des sujets portant sur les frontières, ou bien pour les sujets de type « Nouvelle guerre froide ».

Conclusion

Ces quatre conflits, bien que différents dans leur origine et leur contexte, partagent des dynamiques géopolitiques similaires. Ils mettent en lumière des enjeux de souveraineté, de délimitation des frontières et d’identité nationale, tout en soulignant l’influence et l’ingérence des grandes puissances sur les conflits régionaux.

Il n’est pas nécessaire de connaître sur le bout des doigts chacun de ces conflits, mais les avoir à l’esprit permet de mieux saisir la complexité des rapports de forces interétatiques. S’imprégner de ces sujets permet aussi de comprendre certaines tensions actuelles qui trouvent leurs racines dans les stigmates belligènes du passé qui, la plupart du temps, ne cicatrisent jamais vraiment.

On a terminé la première partie de cette série, les quatre prochains conflits que nous étudierons arrivent rapidement. D’ici là, on te conseille d’apprendre en profondeur au moins deux de ces conflits pour alimenter tes dissertations de géopolitique.

 

N’hésite pas à consulter toutes nos ressources de géopolitique !