Le 21 juillet 2024, Joe Biden a annoncé officiellement le retrait de sa candidature à la présidentielle américaine dans une lettre publiée sur le réseau social X. La candidature du Président américain âgé de 81 ans pour un second mandat faisait polémique depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et ce, même au sein du parti des démocrates. Ses problèmes de santé, son âge, son incapacité de battre son rival Donald Trump et sa maladresse lors d’interviews lui étaient vivement reprochés. Les inquiétudes concernant ses capacités physiques et mentales à tenir un second mandat ont atteint leur apogée en juin 2024, à la suite de son débat sur CNN avec Donald Trump. Sa performance avait été vivement critiquée.
L’annonce du retrait de Joe Biden
Joe Biden a étonnamment annoncé le retrait de sa candidature dans sa lettre destinée aux Américains, puis il en a expliqué les raisons lors d’un discours quelques jours plus tard. Pour lui, il était devenu nécessaire de se retirer de cette course pour protéger la démocratie (sous-entendant qu’elle serait menacée par Donald Trump) et pour laisser la place à des générations plus jeunes, même si ça allait à l’encontre de ses ambitions personnelles et que c’était assez tard dans les campagnes présidentielles.
Joe Biden ne sera alors pas le candidat aux élections présidentielles et cette décision marque un tournant inattendu dans la politique américaine. Il est le premier Président sortant à se retirer de la course après avoir déjà remporté les primaires.
Les conséquences au sein du Parti démocrate
Ce retrait inattendu a eu d’importantes conséquences sur le Parti démocrate. Au moment de son retrait, Joe Biden a naturellement provoqué une recomposition du leadership au sein du parti : Kamala Harris, en tant que vice-présidente et ancienne procureure générale de Californie, a été propulsée à la tête du parti pour les élections présidentielles avec le soutien de Biden. Kamala Harris avait une base de soutiens assez solide dès qu’elle a annoncé sa candidature, notamment auprès des femmes et des minorités, mais son arrivée en tant que candidate principale n’a pas été sans difficulté.
Le Parti démocrate est en effet assez fracturé entre l’aile progressiste (Alexandria Ocasio-Cortez, Bernie Sanders) et l’aile modérée favorable à une gouvernance centriste. Bien que le parti l’ait choisie comme candidate officielle à la présidentielle le 3 août 2024, Kamala Harris est une figure plus clivante que Biden, qui bénéficiait d’une grande crédibilité avec sa longue carrière politique. En effet, les centristes lui reprochent ses prises de positions radicales sur des sujets comme le droit des femmes et l’avortement et la justice sociale, tandis que les progressistes lui reprochent de manquer d’audace.
Le défi pour Kamala Harris était de montrer qu’elle pouvait fédérer les démocrates autour d’elle et surtout d’attirer les démocrates modérés et les électeurs indépendants qui avaient soutenu Joe Biden en 2020. Bien qu’elle soit très engagée sur les questions sociales et environnementales, cela n’a pas suffi pour gagner contre Donald Trump.
Des conséquences importantes dans la dynamique globale de la campagne américaine
Le retrait de Joe Biden de la course présidentielle a eu des conséquences majeures sur la campagne et la popularité de Donald Trump. Ce dernier jouissait d’une promesse de réélection face à Joe Biden, surtout à la suite de sa tentative d’assassinat le 13 juillet 2024. Sa réaction face à cette attaque était forte symboliquement avec son poing levé, et cela s’est répercuté dans les sondages en sa faveur. Il a en effet utilisé cette attaque comme argument électoral et avait le vent en poupe dans les sondages. Il recueillait 47,5 % des intentions de vote au niveau national, contre 44 % pour Biden en juillet, selon un sondage fait par RealClearPolling. Mais le retrait de Joe Biden, le rival parfait de Donald Trump, a tout changé pour le candidat républicain. Il a été en effet amené à changer sa stratégie.
Face à Joe Biden, Trump avait les armes pour le déstabiliser pendant les débats. Le débat de juin entre les deux a montré la force communicationnelle de Trump par rapport à son concurrent. Cette force n’a plus eu la même ampleur face à Kamala Harris et cela s’est ressenti pendant leur premier face-à-face le 10 septembre 2024. Bien préparée, Harris a réussi à déstabiliser le candidat républicain comme il ne l’avait jamais été depuis des mois. Elle a réussi à souligner ses contradictions et son incapacité à gérer le pays. Elle s’est positionnée comme un nouvel espoir pour les États-Unis et Donald Trump en a eu conscience. Il est même allé se défendre auprès de la presse après leur débat et a annoncé deux jours plus tard qu’il n’y en aura pas un autre. Ce refus de débattre avec Kamala Harris a soulevé le renversement de forces dans cette campagne électorale américaine.
Les prises de position de Kamala Harris, sa détermination face à son adversaire et sa redéfinition politique comme espoir pour la nation ont fait qu’elle avait pris les devants dans les sondages. Selon RealClearPolling, Harris recueillait 49,1 % des intentions de vote, contre 46,9 % pour Donald Trump.
Des conséquences externes aux États-Unis
Le retrait de Joe Biden de la course présidentielle de 2024 n’a pas seulement eu des conséquences sur la politique interne américaine, il a également affecté la scène internationale. En effet, le retrait de Biden pourrait avoir des conséquences sur le long terme sur plusieurs sujets internationaux : les relations des États-Unis avec leurs alliés et leurs rivaux et la question environnementale.
Le retrait inattendu de Biden pourrait d’abord causer de l’incertitude parmi les alliés traditionnels des États-Unis, comme en Europe ou en Asie. Biden avait joué un rôle important dans la gestion de la guerre en Ukraine et de l’OTAN, et la présidence de Kamala Harris aurait pu continuer cette politique, mais son manque d’expérience en politique étrangère aurait pu créer une rupture avec cette gestion de crise. Cela aurait pu aussi avoir des conséquences avec les rivaux comme la Russie. Vladimir Poutine aurait pu voir la nouvelle administration de Harris comme l’opportunité de se réimposer en Europe en affaiblissant la position des États-Unis.
Enfin, sur la question climatique, bien que Harris partage les engagements de Joe Biden, elle aurait pu avoir du mal à maintenir le niveau de leadership dont a fait preuve Joe Biden pendant son mandat, avec notamment la réintégration du pays dans l’Accord de Paris. Globalement, c’est la perception d’une présidente moins expérimentée qui aurait pu créer des incertitudes sur la scène internationale, en particulier en matière de sécurité, de politique climatique et de gestions des relations bilatérales avec les puissances rivales.
J’espère que cet article t’a aidé(e) à mieux comprendre les enjeux autour du retrait de Joe Biden dans la course présidentielle américaine. Si tu veux en savoir plus sur le premier mandat de Biden, n’hésite pas à consulter cet article.
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