Afrique

La corne de l’Afrique est un segment stratégique eurasiatique à l’est de l’Afrique. En deux décennies, cette aire a vu la naissance de plusieurs États : le Somaliland (proclamation d’indépendance de la Somalie en 1991), l’Érythrée et le Soudan du Sud (1993 et 2011) et le Puntland (est du Somaliland) qui se considère autonome depuis 1998. Les événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations) sont fréquents et le risque de famine concerne 20 millions de personnes. Finalement, la région compte aujourd’hui 20 % des réfugiés du monde.

Une dépression régionale

Un vent d’optimisme souffle sur la corne de l’Afrique en 2018 lors de la signature de la réconciliation Éthiopie-Érythrée. Mais les espoirs sont vite déçus en 2020, lorsque la guerre du Tigré éclate, déclenchée par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed contre l’État fédéré du Tigré, menaçant désormais toute la région. Cette opposition idéologique dépasse les frontières de l’Éthiopie, qui recueillait la majorité des investissements et des entreprises étrangères de la corne. C’est alors un risque économique pour la région.

Le Soudan en a profité pour avancer ses troupes dans le triangle d’Al-Fashaga. Cette crise politique de 15 mois paralyse ainsi la lutte contre le terrorisme islamiste, et les Shebabs sont parvenus à consolider leur présence.

Mais les organisations régionales défaillantes (conflits, expansion du djihadisme) sont le dénominateur commun des crises (UA + Autorité intergouvernementale pour le développement [IGAD en anglais]) qui sont en mal de leadership.

Un regain d’intérêt stratégique pour les acteurs extérieurs

Pendant les années 2000, les différents acteurs du monde se battent pour leurs intérêts dans la région.

  • Les États-Unis lancent une guerre contre le terrorisme et investissent à Djibouti.
  • La Chine est le premier partenaire économique depuis son investissement en 2013, mais produit un fort endettement.
  • La Turquie pénètre par la Somalie au sud du Sahara, mais se heurte à l’Arabie saoudite et place sa base militaire à Mogadiscio, Somalie.
  • La Russie multiplie les accords militaires (Soudan, Somalie, Éthiopie) et est redevenue un marchand d’armes central. Elle est à la recherche de facilité navale dans la mer Rouge avec appui des forces militaires au Moyen-Orient et en Afrique à Port-Soudan.
  • L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont les deux pétromonarchies qui voient un réservoir humain, militaire (base arrière du Yémen) et de denrées dans la corne de l’Afrique, et s’inquiètent de voir Ankara s’installer sur les rives de la mer Rouge.
  • L’Union européenne est guidée par des préoccupations sécuritaires, en particulier pour les migrations (Processus de Khartoum).
  • Djibouti a su tirer profit du contexte régional pour attirer les partenaires internationaux et générer la rente.

Thèse associée : B. Novel, « Somalie, pays de toutes les convoitises », Orient XXI, 2019

N’hésite pas à consulter toutes nos ressources de géopolitique.