BRICS

À partir du 1er janvier 2024, nous assisterons à un élargissement des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), qui passeront de 5 à 11 pays membres. Cet été, le « club des cinq » a également présenté son projet de monnaie commune, visant à remplacer le dollar dans les échanges commerciaux. Assiste-t-on à un renouveau de la puissance des BRICS ? Quels vont être les nouveaux enjeux ? Voici donc un résumé de la situation.

Les nouveaux pays membres

Réunis à Johannesburg en août dernier, les pays membres se sont accordés sur l’adhésion de six nouveaux membres : l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Iran, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Égypte.

Si la Chine, pièce clé de l’organisation comptant pour 70 % de son PIB, a largement soutenu cette expansion, l’Inde de Narendra Modi a d’abord émis des réserves. Le président brésilien Lula a, quant à lui, expliqué que « les Brics continueront à s’ouvrir à de nouveaux membres et à être la force motrice d’un nouvel ordre international ».

Au total, c’est environ 40 pays qui avaient manifesté leur envie de rejoindre l’organisation. Cet enthousiasme est, pour les pays fondateurs, la manifestation d’une montée en puissance des pays émergents sur la scène internationale.

Carte élargissement des BRICS

Une définition commune, des positions hétérogènes

Un point important à saisir lorsqu’on parle des BRICS, d’autant plus lorsqu’on parle de leur expansion, est le fait qu’ils sont réunis par définition par la négative. En effet, cette organisation regroupe les pays qui ne sont pas occidentaux. Cette position a été réaffirmée au sommet de Johannesburg, où les BRICS ont rappelé leur non-alignement dans la crise ukrainienne.

Cette définition négative, si elle permet de fédérer, tend aussi à créer un groupe très hétérogène. Les intérêts stratégiques et économiques des pays membres sont donc régulièrement amenés à diverger. Ce qui pousse certains chercheurs à remettre en question le pouvoir d’influence des BRICS.

Pour Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS, « les BRICS sont un objet non identifié arrivé tardivement », qui est selon lui en passe de se restructurer à la suite de la guerre en Ukraine. Il explique aussi que la montée en puissance actuelle n’est pas suffisante pour ébranler l’hégémonie américaine, car « les BRICS n’ont pas de projet de substitution au système en vigueur actuellement ».

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Une nouvelle monnaie commune ?

« Chaque nuit, je me demande pourquoi tous les pays seraient obligés de réaliser leurs échanges en se basant sur le dollar ? », s’est interrogé Lula en avril dernier. Si l’on entend de plus en plus parler de « dédollarisation » liée au BRICS, l’idée n’est pas nouvelle. Régulièrement, des pays émergents critiquent le dollar et sa suprématie, ainsi que les avantages qu’ils confèrent aux États-Unis.

En particulier, les voix russes et chinoises s’élèvent. Les sanctions américaines mises en place en réaction à la guerre en Ukraine ont pu démontrer une énième fois le poids politique que peut avoir le dollar américain. La Chine et le Brésil effectuent déjà leurs transactions commerciales en yuans.

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Le projet de monnaie commune est donc pour les BRICS un moyen de s’affranchir de la domination américaine, tout en les privant de leurs avantages historiques. Cette nouvelle monnaie permettrait notamment d’espérer voir les marchés émergents moins assujettis aux décisions de Washington. Il paraît d’autant plus crédible que le système monétaire actuel connaît une grande instabilité, liée aux cryptomonnaies et au futur euro numérique, notamment.

Une nouvelle monnaie commune bouleverserait le système obligataire mondial (lié aux obligations émises par les États). Cela pousserait ses acteurs à acheter des obligations des pays des BRICS, représentant alors un groupement de pays puissants et donc un investissement rassurant. On a pu observer cette situation lors de la création de la monnaie commune européenne.

Conclusion

L’élargissement des BRICS pourrait conduire à une augmentation du poids du groupe sur la scène internationale et ses projets, comme la dédollarisation, peuvent remettre en question des systèmes préétablis. La montée en puissance des pays émergents est donc à suivre. Les BRICS peuvent-ils concurrencer le G20, où le poids des pays occidentaux est encore prépondérant ?

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