L’espace saharo-sahélien fait l’objet de diverses actualités récentes. Son analyse peut donc ouvrir sur de nombreux exemples dans des copies ou encore sur des sujets de colle. Il est alors bon d’avoir quelques connaissances pour maîtriser cet espace.
De quoi parle-t-on ?
Tout d’abord, il est toujours bon de définir cet espace. L’espace saharo-sahélien peut être défini comme une zone charnière entre l’Afrique centrale et l’Afrique du Nord, où se rencontrent le Sahel et le Sahara.
Cet espace n’est pas réellement défini, ses frontières et les pays qu’il englobe sont par conséquent discutables.
Pourquoi s’intéresser à l’espace saharo-sahélien ?
Cet espace est l’objet d’une actualité mouvementée. En effet, le récent coup d’État au Niger rappelle l’instabilité de la région, avec les deux coups d’État en 2022 au Burkina Faso.
Des crises politiques se multiplient donc dans cette zone, mais pas seulement. Il existe également des crises économiques, sociales, sanitaires ou encore sécuritaires. L’idée vient alors d’un arc de crises dangereux pour définir cet espace.
Il est historiquement caractérisé par une relative unité culturelle et religieuse
Les pays de la zone sont marqués par une histoire commune. Certains ont été rassemblés dans ce qui a été l’Empire du Mali au XIIIe siècle. La religion est aussi un facteur d’unité dans la région avec un malékisme unificateur pour de nombreux pays.
Les populations partagent ainsi des modes de vie similaires. Cette unité est a priori d’autant plus renforcée par les potentialités de la région, qui sont normalement une source d’un développement pacificateur. En effet, l’espace saharo-sahélien est un carrefour d’échanges entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.
La population nombreuse représente une main-d’œuvre abondante et bon marché, a priori source d’une croissance et d’un développement stabilisateurs. Les ressources naturelles peuvent pour certains pays faire l’objet d’exportations qui sont une source de profits, avec l’uranium au Niger par exemple.
Un espace qui fait pourtant l’objet de crises permanentes
On retrouve paradoxalement de nombreuses crises politiques avec les coups d’État cités précédemment ou encore des pays faisant l’objet de différentes influences politiques, comme le Mali. Il s’agit aussi d’une des régions les plus pauvres du monde, fortement touchée par l’instabilité des marchés et en proie aux crises, avec les émeutes de la faim en 2008 notamment.
L’espace fait aussi l’objet de crises sociales et humanitaires qui ont pu justifier de nombreuses interventions. C’est pendant la guerre de Sécession du Biafra au Nigeria qu’est née l’organisation Médecins sans frontières.
Ces nombreuses crises sont d’abord dues à une géographie difficile. Certaines zones désertiques sont difficiles à contrôler. Des groupes délictueux s’y retranchent alors. La situation apparaît également instable aux frontières, qui sont l’objet de nombreux flux, illicites notamment, ou migratoires.
La pauvreté et les inégalités au sein des populations sont une source de tensions. Le taux d’extrême pauvreté est supérieur à 40 % au Mali, au Niger et au Burkina Faso. L’économie informelle, omniprésente, empêche le développement et alimente l’existence de groupes délictueux (trafics en tous genres : armes, hommes, drogue).
L’absence d’entité politique stable empêche un contrôle et une gestion pacificatrice de la zone avec une forte corruption et une démocratie souvent bafouée. Cette absence de gouvernance saine est complexifiée par la présence d’acteurs extérieurs déstabilisateurs, avec des groupes terroristes comme Boko Haram, des ingérences, avec la présence du groupe Wagner par exemple, ou la présence française pour des raisons historiques, mais dont le rôle est de plus en plus critiqué.
Des tentatives de coopérations pour apaiser ces crises
Face aux menaces de crises, les États s’organisent et tentent de mettre en place des coopérations. Des organisations régionales sont mises en place sur le plan économique, mais aussi politique. La CEDEAO fait notamment partie de ces organisations visant le développement de l’Afrique de l’Ouest.
Sur le plan sécuritaire, la Mauritanie, le Mali, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger s’étaient rassemblés autour du G5 Sahel pour la lutte contre le terrorisme. Les pays de la région développent aussi ensemble de grands projets pacificateurs en prévention de futures crises, comme celui de la grande muraille verte.
Des résultats limités et la peur d’une expansion des crises au-delà de la région
Les efforts de coopérations échouent souvent. En effet, face aux menaces de la CEDEAO d’intervenir après le coup d’État au Niger, les juntes militaires se sont alliées pour se protéger d’éventuelles interventions.
Les crises enlisent la région dans un cercle vicieux. Elles empêchent le développement, nourrissant ainsi les frustrations et les tensions. L’absence d’acteurs pacificateurs menace la région d’extension des crises, d’autant plus que les crises migratoires qui en découlent déstabilisent les pays voisins.
Dans une perspective rationnelle, il semble donc que ces crises de l’espace saharo-sahélien aient vocation à perdurer.
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