Dans cet article, tu découvriras des références, citations et exemples sur l’Amérique latine et tu sauras dans quel contexte tu peux les utiliser. Important : il faut absolument que tu lises l’article de présentation des fiches références pour mieux comprendre ce nouveau format que nous te proposons.
Une Amérique latine retardée
Des dépendances géopolitiques
Christian Grataloup (géohistorien français), dans son livre intitulé Géohistoire de la mondialisation, publié en 2015, dans son chapitre « La capture de l’Amérique change la donne » explique que « L’Europe capture l’Amérique » dès la fin du XVème siècle. Le continent conserve un héritage européen (langues d’origine latine par exemple).
L’influence des États-Unis s’est ensuite ajoutée à l’influence européenne. En 1823, James Monroe (cinquième Président des États-Unis), énonce la doctrine qui porte son nom et qui fixe les fondements de la diplomatie des États-Unis : « L’Amérique aux Américains ». Il ajoute ensuite : « Nous verrons dans chaque intervention des européens sur le territoire américain une attaque envers les États-Unis ». Ainsi, le continent américain doit être dominé par les États-Unis.
Ces deux dépendances ont pendant longtemps conditionné le retard de développement du sous-continent. Eduardo Galeano (écrivain uruguayen), dans son ouvrage majeur intitulé Les Veines ouvertes de l’Amérique latine paru en 1971, use la métaphore d’un corps se vidant de son sang pour caractériser l’Amérique latine. Il affirme que « L’Amérique latine est le continent des veines ouvertes » dans la mesure où l’Amérique latine a perdu toutes ses richesses au profit de l’Europe puis des États-Unis.
Des difficultés économiques
Alain Rouquié (diplomate français spécialiste de l’Amérique Latine), dans son livre intitulé Amérique Latine, Introduction à l’extrême occident (1987), analyse les échecs de l’industrialisation des pays du sous-continent et explique que ceux-ci résultent de plusieurs manques. On peut citer un manque d’unité économique entre les pays, des marchés de consommation trop restreints, un manque de main d’oeuvre qualifiée qui empêche les remontées de filière ainsi qu’un manque d’infrastructures de qualité.
De plus, le continent latino-américain est gangrené par une corruption généralisée. On peut prendre l’exemple de l’entreprise brésilienne de BTP Odebrecht (fondée en 1940). Cette entreprise a un poids central en Amérique latine (elle employait 120.000 personnes et réalisait un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars en 2016). Toutefois, entre 2001 et 2016, près de 800 millions de dollars de pots-de-vin ont été distribués dans plus de 10 pays d’Amérique latine, en échange de l’obtention de marchés publics. De nombreux hommes politiques ont été touchés par cette affaire, dont certains présidents.
Retards de développement politique et social
Alain Rouquié, dans la deuxième partie de son livre intitulé Amérique Latine, Introduction à l’extrême occident (1987), explique qu’entre 1958 et 1997, seulement 4 États ont connu une succession régulière et ininterrompue de gouvernements légaux et démocratiques. Ce chiffre met en exergue la faiblesse politique des pays latino-américains. Tu peux ici évoquer plusieurs coup d’Etats : au Chili en 1973 ou encore en Uruguay en 1976 par exemple.
Ricardo Lagos (président du Chili de 2000 à 2006) a déclaré : « L’Amérique latine n’est pas le continent le plus pauvre, mais peut être bien le plus injuste ». En effet, l’Amérique latine est un continent qui concentre des inégalités très importantes à plusieurs échelles (régionale, nationale, locale). Par exemple, les coefficients de Gini sont particulièrement élevés et se situent en général au dessus de 0,4. Au Brésil, le coefficient de Gini est à 0,52 ou encore à 0,48 pour la Colombie (données 2022).
Le continent de l’anti monde
Roger Brunet (géographe français) dans son dictionnaire intitulé Les mots de la géographie et publié en 1992, développe le terme d’antimonde en le qualifiant ainsi : « L’antimonde est la partie du monde mal connue qui se présente à la fois comme le négatif du monde et comme son double indissociable ». Pour illustrer cette idée d’antimonde inhérente à l’Amérique latine, tu peux évoquer l’ampleur des trafics de drogue. Environ 90% de la cocaïne et 80% de la marijuana entrant aux États-Unis proviennent de l’Amérique latine. On peut identifier des zones de production (Colombie, Bolivie, Pérou) et des zones de transite (Amérique centrale, Mexique, Caraïbes).
La contrebande en Amérique Latine peut illustrer cette idée d’antimonde. On peut prendre l’exemple du trafic de carburant entre le Venezuela et la Colombie. En effet, le Venezuela subventionne massivement le carburant ce qui fait que les prix de l’essence se situent parmis les plus bas du monde. Par conséquent, un commerce illégal lucratif a été développé : le carburant est acheté à bas prix au Venezuela puis transporté et revendu en Colombie.
Une émergence réelle ?
Les difficultés d’intégration régionale
Sébastien Velut (professeur français) dans le livre qu’il dirige intitulé Amérique latine (2005), explique que si le Mercosur a suscité beaucoup d’espoirs, il a en réalité manqué d’une unité entre les pays avançant à plusieurs vitesses mais aussi de volonté, certains pays préférant jouer sur des alliances bilatérales extérieures. Tu peux évoquer les accords bilatéraux passés entre ces pays et la Chine qui s’impose de plus en plus dans le sous-continent. Le Pérou et la Chine ont à ce titre passé un accord permettant à Pékin de contrôler une partie du port de Chancay. En 2011, sur France Culture, Sébastien Velut affirme que « Le Mercosur fait du surplace ».
Émergence politique et le “latino-optimisme”
Georges Couffignal (politologue français) dans L’Amérique latine est bien partie (2011) affirme que : « L’Amérique latine est devenue prudente, solide, dynamique, inventive », mettant en exergue l’idée d’une émergence réelle du continent. Cette idée peut bien entendu être discutée.
Olivier Dabène dans son Atlas de l’Amérique latine, publié en 2009 et complété en 2012, conclut son livre en affirmant « La démocratie est le bien public le plus précieux dont l’Amérique latine s’est dotée. Aucun autre régime politique n’est en mesure d’apporter des progrès sociaux durables. L’Amérique latine est, cette fois, bien partie ». Pour lui, ce qui peut réellement impulser l’émergence durable et réelle de l’Amérique latine est son modèle social.
J’espère que cet article t’aura été utile. N’hésite pas à consulter toutes nos ressources en géopolitique.