Major Prépa te propose une analyse à chaud du sujet tombé lors de l’épreuve ! Découvre les premières réflexions que nous avons menées avant d’assister au live de ce soir qui décryptera le sujet plus en profondeur ! En effet, cette année encore, Major-Prépa t’accompagne tous les jours pendant les concours : retrouve le Live Inside concours à 18h tout au long des concours ECRICOME.
Pour les sujets, c’est par ici.
Analyse sujet 1 – Géopolitique ECRICOME 2025
L’eau douce, enjeu de développement durable et de paix ?
I.Fait d’actualité
En octobre 2024, un accord-cadre sur la coopération dans le bassin du Nil a été ratifié par six pays, dont l’Éthiopie, mais pas par l’Égypte ni le Soudan. Cet accord vise à rééquilibrer l’accès aux eaux du Nil, une ressource essentielle pour l’Égypte, qui en dépend pour 97 % de ses besoins en eau. L’Égypte, invoquant des droits historiques fondés sur des traités datant de 1929 et 1959, s’oppose fermement à cet accord. Cette situation exacerbe les tensions géopolitiques dans la région, mettant en lumière les enjeux liés à la gestion des ressources en eau douce.
Ce contexte s’inscrit dans un phénomène global : selon un rapport de l’UNESCO publié en mars 2024, les tensions liées à l’eau exacerbent les conflits à l’échelle mondiale. Le stress hydrique croissant augmente les risques de conflits locaux ou régionaux. L’UNESCO souligne la nécessité de renforcer la coopération internationale et les accords transfrontaliers pour préserver la paix.
Ainsi, la gestion de l’eau douce devient un enjeu crucial non seulement pour le développement durable, mais aussi pour la stabilité géopolitique mondiale.
II. Analyse des termes du sujet
Eau douce : L’eau douce désigne l’eau disponible en quantité suffisante pour la consommation humaine et la production agricole. Elle représente seulement 2,5 % de l’eau présente sur Terre, et encore une grande partie de cette eau est difficile d’accès, principalement sous forme de glaciers ou de nappes phréatiques profondes. Son accessibilité est donc une problématique majeure pour de nombreux pays, en particulier dans des zones arides ou semi-arides.
Enjeu de développement durable : Le développement durable est un concept qui prend en compte les besoins des générations actuelles sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. Dans ce cadre, l’eau douce est primordiale pour garantir la sécurité alimentaire, la santé, l’agriculture durable et la gestion des écosystèmes. De plus, la gestion de l’eau doit se faire de manière équitable et responsable, en tenant compte des enjeux écologiques et économiques.
Enjeu de paix : L’eau douce est également un facteur de paix ou de conflit, notamment dans les régions où les ressources en eau sont partagées entre plusieurs pays ou communautés. L’accès à l’eau peut devenir une source de coopération ou de rivalité. Ainsi, des conflits peuvent émerger en raison de la gestion injuste ou de la pollution des ressources en eau. À l’inverse, une gestion partagée et équitable des ressources hydriques peut renforcer la coopération internationale et promouvoir la paix.
III. Bornes chronologiques
Bien que l’eau douce ait toujours été un enjeu important, son caractère stratégique s’est intensifié au fil du temps, notamment avec l’accélération du changement climatique au 21ème siècle. En effet, les problématiques de pénurie d’eau se sont globalement intensifiées depuis la fin du 20ème siècle, particulièrement après les années 1990 avec une pression croissante sur les ressources naturelles et la mondialisation des économies. Une borne chronologique importante est donc l’ère contemporaine, avec une intensification des conflits liés à l’eau depuis les années 2000. Cette période est marquée par la gestion des ressources en eau en lien avec la transition énergétique, les nouvelles technologies de purification, et les discussions sur la gestion transfrontalière des rivières et des nappes phréatiques.
IV. Problématiques possibles
Alors que l’eau douce est essentielle pour garantir le développement durable des sociétés, comment expliquer que cette ressource soit également un vecteur de fortes tensions géopolitiques et de conflits ? En effet, la gestion de l’eau, notamment dans les bassins fluviaux transfrontaliers ou dans des pays en situation de stress hydrique, est un défi majeur. Pourtant, face à ces tensions, des solutions coopératives et une gestion plus équitable semblent possibles. Alors, comment faire de l’eau douce un véritable levier de paix, et non un facteur de division ?
V. Plan suggéré
1) Oui, l’eau douce est un enjeu central pour le développement durable et la paix :
- Un bien nécessaire à la vie et à la prospérité : L’eau est essentielle pour la survie, la santé, l’agriculture et l’industrie. Son accès garantit une vie digne et permet de soutenir la croissance économique et sociale, particulièrement dans les régions pauvres ou en développement. La gestion durable de l’eau est donc un préalable pour atteindre des objectifs mondiaux comme ceux du développement durable de l’ONU.
- L’impact du changement climatique : Les phénomènes de sécheresse, de montée des eaux ou de dégradation des sols affectent directement l’approvisionnement en eau douce. Les enjeux écologiques liés à l’eau deviennent alors cruciaux pour la pérennité des systèmes agricoles et pour la lutte contre la pauvreté.
2) Mais, l’eau douce est également un facteur de conflit et de tension géopolitique :
- Les tensions internationales autour de l’eau : La gestion de l’eau dans les bassins fluviaux transfrontaliers (comme le Nil, l’Indus ou le Mékong) crée des conflits potentiels entre pays, parfois même des guerres. Ces ressources partagées peuvent devenir un catalyseur de rivalités, exacerbées par la pression démographique et les intérêts économiques divergents des nations concernées.
- La gestion inégale et inéquitable : A l’échelle nationale, les pays développés ont souvent plus de ressources en eau douce accessibles que les pays en développement, créant des inégalités d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Ces déséquilibres contribuent aux tensions sociales et aux inégalités socio-économiques.
3) Finalement, cette analyse peut être nuancée par les contextes locaux et globaux.
- Au niveau local (ville, région) : Certaines villes font face à des pénuries d’eau en raison de la croissance démographique rapide, de la pollution ou du gaspillage. À l’échelle urbaine, la gestion durable de l’eau devient une question de sécurité pour les populations locales. Des solutions locales comme la récupération des eaux de pluie ou l’irrigation plus efficace peuvent aider à apaiser les tensions.
- Au niveau national : Les politiques publiques jouent un rôle clé dans l’accès à l’eau douce. Les pays qui réussissent à instaurer une gestion durable et équitable des ressources en eau (par exemple, Israël ou Singapour) montrent que l’eau peut être un facteur de coopération interne et de développement, tandis que les pays mal gouvernés connaissent souvent des conflits internes liés à la gestion de l’eau.
- Au niveau mondial : La coopération internationale autour de l’eau reste essentielle, mais elle est souvent entravée par des intérêts économiques et géopolitiques. Les accords sur la gestion des ressources transfrontalières et l’augmentation de l’aide humanitaire pour l’accès à l’eau peuvent être des instruments puissants pour prévenir les conflits et promouvoir la paix. Cependant, ces solutions sont souvent fragiles et doivent être constamment réévaluées dans un contexte de changement climatique.
VI. Quelques concepts et/ou auteurs
- Le droit humain à l’eau (ONU) : reconnu comme fondamental pour la dignité et la vie humaine. « L’accès à l’eau potable salubre est un droit fondamental, essentiel au plein exercice au droit à la vie et à tous les droits de l’homme » précise l’ONU, texte voté en 2010.
- Les conflits liés aux ressources naturelles (Oxfam, 2007) : Les ressources en eau, parmi d’autres, sont souvent au cœur des conflits dans les régions pauvres.
- Hydropolitique : Discipline qui étudie la gestion politique et diplomatique de l’eau partagée entre plusieurs pays.
- La diplomatie de l’eau (M. F. Galtier) : Des exemples comme le partage des eaux du Nil, du Mekong et de l’Indus illustrent l’importance des accords internationaux.
- L’approche intégrée de la gestion des ressources en eau (ONU-Eau) : La gestion concertée et durable de l’eau sur des bases économiques, sociales et environnementales.
- La théorie des “guerres de l’eau” (Roger D. Smith) : Présente l’eau comme un facteur de tensions militaires, notamment en raison de la gestion inégale des ressources.
- Hydro-hégémonie : garde la majorité de ses ressources (ex : Israël qui maitrise l’eau dans le cadre du conflit israélo- palestinien. Un Israélien a accès à 4x plus d’eau douce qu’un Palestinien)
- Inégalités marquées : Un Américain à Las Vegas consomme 1200 litres par jours (hygiène, alimentation, loisirs). Un Israélien c’est 350 par jour, un Palestinien 80 litres.
- Minimum vital : L’OMS précise que le minimum vital est à 100 litres d’eau par jour et par habitant.
- La “diagonale de la soif” (Franck Galland) : Cette notion fait référence à la zone de la Terre où la pénurie d’eau douce est particulièrement aiguë. Pékin, la capitale chinoise, en est un exemple frappant. Afin de compenser son déficit en eau, la ville réutilise les eaux usées et a mis en place un projet ambitieux pour détourner l’eau des fleuves Yangtsé et Huanghe. Bien que ces canaux de déviation aient permis de répondre aux besoins en eau de la métropole, des risques environnementaux ont émergé. La perturbation des remontées d’eau salées dans l’estuaire du Fleuve Bleu menace l’approvisionnement en eau potable de Shanghai. Ce projet, achevé en 2014, soulève des questions sur la durabilité des solutions face à une demande croissante en eau dans les grandes métropoles.
- Le problème posé par le Great Anatolian Project (GAP) : Le Moyen-Orient offre plusieurs exemples de tensions liées à l’eau. La Turquie, située en amont des fleuves de l’Euphrate et du Tigre, contrôle une part importante des ressources en eau de la région. Le Great Anatolian Project (GAP), initié dans les années 1980, visait à réduire la dépendance énergétique du pays en construisant des barrages hydroélectriques, mais il a provoqué des tensions géopolitiques avec la Syrie et l’Irak. Ces pays se sont plaints de la réduction du débit des fleuves, ce qui a affecté les terres agricoles et les écosystèmes, notamment le marais mésopotamien au sud de l’Irak. Le projet a également entraîné des tensions internes en Turquie, en particulier autour du déplacement de populations kurdes et de la menace sur la ville d’Hasankeyf, un site touristique historique. Malgré le mécontentement de la communauté internationale et des citoyens, le gouvernement turc reste déterminé à mener à bien ce projet, ce qui renforce les préoccupations régionales et internationales quant à la gestion des ressources en eau.
Retrouve l’analyse du sujet 2 juste ici !
N’hésite pas à nous suivre en live dès 18h sur la chaîne Major Prépa.
Pour plus de matières, de sujets, d’analyses et de conseils, retrouve notre page Inside concours ECRICOME !