1986. Alors que le chant du cygne soviétique annonce la fin imminente de la Guerre Froide (GF), sort un film qui bouleverse le paysage cinématographique mondial et l’imaginaire collectif : Top Gun. Une superproduction qui, en plus de glorifier la puissance militaire américaine, a agi comme un outil de soft power en démultipliant les inscriptions volontaires dans l’armée américaine.

Les industries culturelles peuvent se trouver au centre du jeu géopolitique de la GF. Par industries culturelles, nous entendrons l’ens des industries regroupant les producteurs de contenu culturel, à savoir films, comics, documentaires, émissions radio ou télévisées, monde de l’art. Ces industries ont acquis une importance particulière au cours du XXI siècle, importance que la GF a profondément renforcé.

Ce terme de Guerre Froide est forgé par Walter Lippmann qui l’emprunte au grand George Orwell pour désigner la période d’extension des tensions entre EU et URSS dès la fin de la 2GM et en particulier à partir de 1947 jusqu’à 1991. Alors que la « paix semble impossible et la guerre improbable » selon la formule de Raymond Aron, les rivalités se déplacent sur d’autres front. Est-ce assez pour en conclure que les industries culturelles états-uniennes ont été la carte maîtresse de la victoire américaine dans la guerre froide ? Nous verrons que les industries culturelles occupent une place centrale dans la guerre froide qui en fait des facteurs d’influence pour plusieurs raisons.

Ainsi les industries culturelles étasuniennes sont au cœur de la guerre froide en tant que facteur de puissance mais aussi reflet des rivalités et des inflexions de la guerre froide. Pourtant les industries culturelles états-uniennes ne sont pas l’élément central de la victoire américaine et ont même pu parfois desservir les États-Unis.

Plusieurs raisons font des industries culturelles étasunienne un élément central de la guerre froide

Pour commencer la guerre froide d’une guerre d’idéologie plutôt que de division militaire. La guerre froide ne se déroule pas sur un champ de bataille mais vois plutôt s’opposer 2 vision politiques et géopolitiques. C’est ce dont témoigne l’opposition entre la doctrine Truman et la doctrine Jdanov. En tant que la guerre froide repose sur la volonté de chaque bloc de convaincre de la supériorité de son système idéologique il s’avère que les industries culturelles se font l’outil central du combat.

Plus encore l’entrée poste 2nde guerre mondiale dans une société de consommation de masse aux États-Unis et en Europe développe le potentiel des industries culturelles. La radio a été un élément central de la communication alliée pendant la 2GM et se trouve investie sans surprise comme terrain de combat idéologique du fait de sa force de frappe, comme en témoigne le financement de la radio Free Europe par la CIA en 1949. Pour les plus jeunes, l’essor des comics books tels que les fameuses aventures de Captain America glorifient la force militaire américaine et diffusent la propagande anti-communiste.

Enfin, le développement spectaculaire du 7ème art et l’essor d’Hollywood ouvrent la voie à de nouvelles figures de star qui peuvent être mobilisées dans la lutte idéologique du fait de leur influence. Plus encore c’est l’industrie culturelle américaine qui connaît un développement fulgurant. Hollywood inonde le monde occidental alors qu’en parallèle les accords Bloom Byrnes de 1946 mettent fin aux quotas limitant la diffusion de films américains dans les cinémas français. Les industries culturelles us et particulièrement le cinéma deviennent une sorte de CMI régulé par le gouvernement fédéral qui édicte des règles strictes sur les scénarii et les choix artistiques.

Les industries culturelles étasuniennes sont au cœur de la guerre froide en tant que facteur de puissance mais aussi reflet des rivalités et des inflexions de la guerre froide

Les industries culturelles sont mises au service de la propagande américaine. Et cela se sent dans les comics qui font de Captain America le symbole du gendarme occidental dans un manichéisme entre bien et mal qui n’est pas sans rappeler la distinction faite à cet égard par le président Ronald Reagan lorsqu’il surnomme les ennemis des Etats-Unis l’axe du mal. Les industries culturelles étasuniennes doivent également véhiculer l’image de réussite du capitalisme américain en vantant la consommation de masse, le confort, le libéralisme ainsi que l’idéal de l’American Dream.

En outre les industries culturelles accompagnent et amplifient les victoires dans le cadre de la guerre froide. Elles donnent une caisse de résonance aux réussites idéologiques de la guerre froide comme en témoigne la diffusion en direct et dans le monde entier en 1969 des premiers pas de Neil Armstrong sur la lune, une véritable victoire contre le complexe militaro-industriel soviétique.

Enfin les industries culturelles sont de véritables champs de bataille en cela qu’elles sont le support de la bataille idéologique contre l’URSS. C’est ce dont témoigne le maccarthysme qui sévit au sein des industries cinématographiques mais également dans le monde de l’édition. De nombreux films en ont fait les frais à l’instar du western subversif le train sifflera 3 fois accusé de remettre en cause l’idéal du gendarme américain dans la critique de la figure d’un shérif injuste.

 

Pourtant les industries culturelles étasuniennes ont parfois pu desservir les États-Unis

La fin de la guerre froide et la victoire américaine sont consacrés avant tout par l’effondrement de l’URSS sur le plan économique. L’ initiative de défense stratégique de Reagan est un pas impossible à suivre pour l’URSS dont le complexe militaro-industriel est déjà hypertrophié. L’immobilisme brejnévien porte un coup au dynamisme éco soviétique que les réformes économiques de Gorbatchev (pérestroïka et glasnost) ne parvienne pas à rétablir, alors que les tensions se réveillent au sein du bloc de l’Est.

À cet égard si ce ne sont pas les industries culturelles américaines qui ont été décisives dans la victoire au cours de la guerre froide il s’avère même qu’elles ont parfois pu échapper au contrôle gouvernemental et devenir des armes de contestation. Le festival de musique de Woodstock en 1969 est un symbole de l’utilisation de l’industrie musicale comme symbole de l’opposition à la guerre du Vietnam.

Les industries culturelles américaines ont surtout réussi en définitive à forger un mythe américain moins décisif dans la guerre froide à proprement parler que dans l’image laissée aux générations futures de la puissance américaine dans la GF. Les industries culturelles états-uniennes semblent avoir gagné comme en témoigne la participation de Michael Gorbatchev à une publicité pizza hut en 1997, mais c’est aussi l’image d’une réconciliation forgée à l’avantage des US qui domine.

Conclusion 

Les industries culturelles étasuniennes ont été au cœur de la guerre froide car celle-ci a donné une large place au soft power en tant que guerre d’idéologie. Les industries culturelles ont ainsi été facteurs de puissance d’influence mais également en reflet des rivalités de la guerre froide. Après 1991, peu à peu, l’heure vient de la critique du modèle américain.

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