Que ce soit pour préparer les entretiens de personnalité de multiples écoles, qui attendent des candidats une maîtrise parfaite de l’actualité internationale et de ses enjeux, ou approfondir ses cours d’HGG de deuxième année en vue des oraux d’HEC, cet article te permet de prendre du recul sur la situation actuelle du Soudan, en revenant sur l’histoire récente du pays et les grands enjeux qui l’ont traversé depuis le début du siècle.

Eléments de compréhension de l’histoire récente du Soudan

Domination coloniale du Soudan (1820-1956)

La situation du pays au cours des deux derniers siècles est particulière : le pays est d’abord envahi par l’Egypte au début du XIXe siècle (1820), avant que le Royaume-Uni  ne renverse le gouvernement égyptien à la fin du siècle (1882). S’ouvre alors une courte période de domination, suivie par une révolte religieuse (la révolte des mahdistes) matée conjointement par les forces égyptiennes et britanniques. Les britanniques insistent alors pour que leur rôle et leur domination du pays soient formalisés, en opposition à leur statut ambigu en Egypte. La période dite du condominium anglo-égyptien s’ouvre. Elle durera jusqu’en 1956, date d’obtention de l’indépendance du pays.

Indépendance et situation jusqu’en 1989

La fin du condominium anglo-égyptien se déroule en plusieurs étapes : l’indépendance du Royaume-Uni est d’abord obtenue en 1955, avant que la séparation avec l’Egypte ne soit formalisée un an plus tard en 1956. Les premiers tenants du pouvoir politique dans le Soudan libre sont les militaires. Les premiers éléments de la politique soudanaise qui ont déterminé l’histoire récente du pays et sont encore largement valables aujourd’hui sont posés : une dictature militaire forte tient le pouvoir mais se le voit repris lors des révolutions pacifiques récurrentes (1964, 1985) car la société civile du pays est elle aussi bien implantée (syndicats ou encore Parti Communiste comptent nombre d’adhérents engagés). C’est toutefois en 1989 que parvient au pouvoir Omar al-Bachir, dictateur sanglant et cruel à l’origine du chaos actuel dans le pays.

Situation entre 1989 et 2019

La dictature d’Omar al-Bachir

L’arrivée au pouvoir d’Omar al-Bachir marque le début de 30 ans de dictature militaro-islamiste. Le dictateur met en place une répression aveugle et généralisée qui cible tant l’opposition politique (poursuivie jusqu’au-delà des frontières du pays) ou les syndicats que les minorités ethniques qui peuplent certaines régions du pays. Dès 1995, des factions se constituent à travers le pays (au Darfour à l’ouest ainsi que dans ce qui deviendra le Soudan du Sud), factions qui seront regroupées en 2004 au sein du Mouvement de Libération du Soudan. De surcroît, il officialise le respect de la charia dans le pays et l’applique d’une manière violente et liberticide, alors même que le sud du pays n’est pas à majorité musulmane. Le tout est couplé à de graves problèmes économiques (la monnaie nationale ne tient pas bien le choc de la libéralisation généralisée des années 1990 et le gouvernement fait face à de nombreuses difficultés budgétaires).

Les guerres

La guerre du Darfour

A une gestion dictatoriale et peu respectueuse des libertés et des particularités régionales suivent un certain nombre de guerres tragiques et meurtrières .

La première, et probablement la plus connue, est celle du Darfour. La région, délaissée du pouvoir central qui peine à administrer son territoire, est peuplée d’une minorité ethnique, les Fours qui ont déjà été opposés à la majorité ethnique arabe entre 1987 et 1989. Entre temps, la population a doublé, la désertification du Sahel exerce une pression sur les ressources en eau et en terre et le gouvernement s’est encore plus détourné de la région. De surcroît, des ressources pétrolières sont découvertes dans la région quelques années avant le début de la guerre. Le conflit éclate en février 2003 autour d’une demande de répartition et de partage des richesses. Il oppose alors les forces soudanaises, alliées à des milices (dont celle des Janjawids), formées majoritairement de ressortissants d’une ethnie arabe à des factions Four et au bras armé du MLS. La mission conjointe des Nations Unies et de l’Union Africaine quitte la région en 2020, laissant entendre que si les affrontements directs ont baissé en intensité dès 2011, la situation sécuritaire est restée critique longtemps. La guerre aura fait entre 300 000 et plusieurs millions de morts (les Nations Unies évoquent un crime contre l’humanité commis par le gouvernement soudanais tandis que les Etats-Unis soupçonnent qu’un génocide a eu lieu dans la région).

La guerre d’indépendance du Sud

La seconde (qui s’étale en réalité sur près de 40 ans), déchire le Sud et le Nord du pays. Le Sud, particulièrement riche en pétrole, se voit dépouillé de ses ressources et imposer un culte qui n’est pas le sien alors même que le super-cycle des matières premières laisse entrevoir la possibilité d’une indépendance et un début de développement. Elle aurait fait 4 millions de réfugiés à travers le sous-continent et causé plus de 2 millions de morts au Sud (entre 1983 et 2005). La sécession est actée en 2011, privant le Soudan d’une rente et de ressources primordiales. Toutefois, des affrontements auraient continué à avoir lieu le long de la frontière bien après la déclaration d’indépendance.

La chute en 2019 et la situation depuis.

La fin du régime dictatorial d’Omar al-Bachir.

Depuis 2013, le régime d’austérité imposé par le FMI suite à la perte de la rente pétrolière du Sud couplée à des dépenses militaires exorbitantes pèse sur le budget du pays, et se fait sentir pour les habitants dont la monnaie se déprécie. Ils subissent de plein fouet la volatilité des cours mondiaux, et c’est ce qui provoque leur révolte, en 2019, après une année d’augmentation des prix du pain. Le pays entier descend dans la rue. Le mouvement a ceci de particulier qu’il est national et unitaire. Le gouvernement chute en avril 2019.

Depuis 2019

Un Conseil de la souveraineté chapeaute la transition dès la chute du gouvernement, et est composé de civils et de militaires. Il subit toutefois des assauts : d’abord en septembre 2021 (tentative de coup d’Etat des islamistes) puis en octobre de la même année, cette fois-ci de la part des militaires, qui parviennent à prendre le pouvoir. Ils enlèvent le premier ministre en charge de la transition, Abdallah Hamdok, avant de le libérer début 2022 afin qu’il démissionne. Le rejet est unanime du côté de la population et des troubles se font sentir dès les premières semaines. Durant les manifestations, on peut voir les militaires tirer sur la population civile.

La situation brûlante en avril 2023

L’armée régulière du général al-Bourhane affronte les troupes paramilitaires du général Dalgo, dit « Hemetti » pour le contrôle des points stratégiques dans la capitale, Khartoum, et notamment autour du palais présidentiel. Les combats sont d’une extrême violence, avec l’usage de forces aériennes et leur issue est très floue : début mai 2023, la guerre de communication menée par les deux camps, alors qu’ils viennent de refuser un cessez-le-feu, empêche d’établir un état des lieux des violences.

J’espère que cet article t’a intéressé. Tu peux retrouver toutes nos autres ressources en HGG ici.