Les concours approchent à grands pas et tu cherches à te démarquer des autres copies de géopolitique ? Major-Prépa t’a concocté un programme tout-en-un pour faire la diff’ : neuf croquis avec la méthode pour les apprendre en un rien de temps et les astuces pour les intégrer judicieusement dans ta copie. On continue donc la série avec le huitième croquis de la liste : la péninsule coréenne.
- Titre : La péninsule coréenne : entre tensions et projets de paix
- Régions et thématiques liées : Asie, Guerre, Paix, Développement
- Temps de réalisation : 21 minutes
- Échelle : 1 cm = 40 km
Conseil : n’oublie pas de rajouter l’échelle et le nord, certains correcteurs sont très à cheval là-dessus.
Intro
Après plusieurs années de conflits (1950-1953), les deux Corées signent l’armistice de Panmunjeom le 27 juillet 1953, donnant naissance à la frontière que nous connaissons aujourd’hui comme le « 38e parallèle ».
Depuis, si la guerre est officiellement terminée, les deux pays se livrent une vraie guerre froide à grande échelle, où la rivalité économique et le différentiel idéologique sont palpables.
Un profond différentiel socioéconomique et idéologique
Le différentiel socioéconomique entre la Corée du Nord et la Corée du Sud est d’abord visible par leurs indices de développement humain (IDH) respectifs : 0,625 pour le Nord et 0,925 pour le Sud. Ces chiffres reflètent les écarts significatifs en matière d’éducation, de santé et de niveau de vie. La Corée du Nord connaît des périodes de famine récurrentes et, en 2023, elle a même échangé à la Russie des ogives contre des ressources alimentaires.
La Corée du Nord est principalement soutenue par la Chine et la Russie, qui agissent comme des alliées avant tout économiques. Mais cette relation est aussi teintée d’une dimension idéologique importante, ancrée dans les racines du communisme. La Joint Security Area (JSA), située à Panmunjeom, offre une rare enclave de neutralité, ce qui en fait un lieu de rencontre privilégié par les dirigeants politiques. En ce sens, c’est une réelle « isobare politique » (J. Ancel), où la pression est retenue et les tensions sont palpables.
La dimension idéologique est encore plus prononcée aujourd’hui. La Corée du Nord est isolée, sous les régimes de sanctions internationales, tandis que la Corée du Sud jouit d’une intégration réussie dans l’économie mondiale, leader dans de nombreux domaines technologiques comme les semi-conducteurs. Cet écart se manifeste concrètement dans les programmes nucléaires et les politiques de développement économique divergentes des deux nations.
D’incessantes tensions liées à de profonds stigmates
La DMZ (Demilitarized Zone), qui s’étend le long du 38e parallèle, est un vestige de la guerre froide et un symbole persistant de la division de la péninsule. La NLL (Northern Line Limit), quant à elle, est une source constante de conflits maritimes, exacerbant les tensions entre les deux Corées. La DMZ, conçue à l’origine comme une solution temporaire, est aujourd’hui la zone la plus militarisée au monde. On dénombre environ un million de mines antipersonnel enfouies et près de 1,1 million de soldats des deux côtés. La tendance n’est d’ailleurs pas à la démilitarisation, puisque des robots de surveillance autonomes, comme le SGR-A1 de Samsung, ont été installés le long de la frontière.
Au-delà de la zone frontalière, la tension n’est pas moins présente. Les tirs de missiles de plus en plus fréquents par la Corée du Nord sont un moyen pour le régime de Pyongyang de manifester son mécontentement et de tester la résilience de l’alliance entre la Corée du Sud et les États-Unis. Au cours des deux dernières années (2022-2023), 123 missiles ont été tirés par la Corée du Nord. Elle a aussi affirmé posséder des missiles hypersoniques, largement supérieurs d’un point de vue stratégique.
La NLL, frontière maritime contestée entre la Corée du Nord et la Corée du Sud dans la mer Jaune, est le théâtre d’incidents maritimes. Elle a été tracée unilatéralement par les forces des Nations unies commandées par les États-Unis en 1953 pour empêcher les incursions navales. C’est une zone riche en ressources halieutiques et en hydrocarbures. Ceci explique l’origine des affrontements navals sanglants dans la région, les incidents les plus notables survenant en 2002, 2009 et 2010. Ces affrontements sont parfois mortels et toujours porteurs d’un risque d’escalade, dans une région où la présence militaire est lourde et la méfiance mutuelle profonde.
Malgré diverses initiatives de paix et rapprochement
Les projets tels que la région touristique des monts Kumgang et la région industrielle de Kaesong sont des tentatives de rapprochement économique et culturel, s’efforçant de tisser des liens.
Inaugurée en 2005, la région industrielle de Kaesong symbolisait l’espoir d’une coopération économique intercoréenne. Située au nord de la DMZ, cette ZES a réuni des entreprises sud-coréennes et des travailleurs nord-coréens dans un rare espace de collaboration. Environ 50 000 travailleurs transfrontaliers étaient employés, injectant près de 1,5 million d’euros par an dans l’économie locale. Toutefois, elle a connu de nombreuses fermetures en période de tensions. La fermeture définitive a été annoncée en 2016, en réponse aux essais nucléaires du Nord.
Lancée en 1998 pendant la période de détente et dans le cadre de la politique du rayon de soleil sud-coréenne, la région touristique des monts Kumgang était un autre exemple de coopération économique et culturelle. Cette grande réserve naturelle a été transformée en un site touristique transfrontalier. Le fondateur de Hyundai, né en Corée du Nord mais de parents sud-coréens, a joué un rôle de premier plan dans ce projet de réconciliation. En raison des fortes tensions actuelles, le parc est cependant régulièrement fermé et très contrôlé.
Enfin, le rapprochement s’observe aussi à travers le projet de New Economic Map of the Korean Peninsula (2018) cherchant à exploiter les atouts géographiques de la péninsule au moyen de trois axes de développement. L’axe mer Jaune envisage de développer l’industrie et le transport, tandis que l’axe DMZ promeut le tourisme et la préservation de l’environnement, en transformant cette bande militarisée en un parc de paix, comme le suggère le chercheur John Delury. L’axe mer de l’Est, quant à lui, se concentre sur l’énergie et les ressources, capitalisant sur le potentiel énergétique maritime.
Conclusion
Ce croquis reflète donc une région déchirée par des disparités socioéconomiques et idéologiques profondes, mais aussi par un potentiel de coopération économique et de développement mutuel. Mais l’histoire semble montrer que la frontière perdure comme un stigmate belligène, témoignant des échecs répétés des tentatives de réunification.
Nous espérons que ce huitième croquis te sera utile dans tes révisions. Pour la prochaine fois, nous traiterons un croquis sur la rosiculture au Kenya. Alors, prépare-toi pour le dernier croquis de cette série !
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