Europe

Une nouvelle série d’articles pour que tu aies en tête les personnalités importantes de chaque continent, et on commence par l’Europe ! C’est très important d’avoir des connaissances précises sur les personnes qui ont influencé l’histoire d’un pays, qui ont joué un rôle majeur dans tel ou tel évènement, ou qui se sont mobilisées pour telle ou telle cause. En dissertation, voire en accroche, il est indispensable de faire apparaître le nom des grands acteurs, si le sujet s’y prête évidemment (un sujet sur les indépendances ou sur la construction européenne, par exemple, requiert ces connaissances). Ces fiches te seront donc utiles pour tes colles et tes dissertations, mais surtout pour ta culture personnelle. 

Les pères fondateurs 

Jean Monnet (1888-1979)

« Il n’y a pas pour les peuples d’Europe d’autre avenir que dans l’union. »

« L’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises. »

  • À travers ses initiatives, et notamment la création de la CECA, Jean Monnet a posé les bases de la coopération européenne. Il est tout d’abord l’inspirateur de la déclaration Schuman, un projet de mise en commun de la production de charbon et d’acier entre la France et l’Allemagne. Ce projet a mené à la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), première étape vers l’intégration européenne. Son idée de mise en commun des productions de charbon et d’acier, soumise au ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, est rendue publique le 9 mai 1950.
  • Il devient président de la CECA de 1952 à 1955. Cependant, après l’échec du projet de Communauté européenne de défense (CED) en 1954, il démissionne de la Haute Autorité et fonde le Comité d’Action pour les États-Unis d’Europe. Ce mouvement, réunissant syndicats et responsables politiques des six pays membres, plaide pour une fédération européenne avec une dimension politique plus ambitieuse.
  • En 1957, Monnet, à l’origine du projet de coopération nucléaire Euratom, joue un rôle clé dans les négociations qui aboutissent à la signature du traité de Rome, le 25 mars. Il participe également activement au projet d’élargissement de la Communauté européenne au Royaume-Uni.

Robert Schuman (1886-1963)

« L’Europe ne se fera pas d’un coup ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. »

« L’Europe, avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit être une communauté culturelle dans le sens le plus élevé de ce terme. »

  • L’objectif ultime de l’Europe qu’envisage Robert Schuman est la concrétisation d’une communauté supranationale, administrée par une autorité suprême unique.
  • Schuman est entré au gouvernement français en 1946 comme ministre des Finances. En 1947, il devient président du Conseil (l’équivalent du Premier ministre sous la IVe République), puis ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1952 et garde des Sceaux en 1955. Son rôle le plus célèbre est sans doute la présentation de la Déclaration Schuman, le 9 mai 1950, qui proposait la mise en commun des productions de charbon et d’acier entre la France et l’Allemagne, sous une Haute Autorité commune. Il a exercé, de 1958 à 1960, les fonctions de président de l’Assemblée européenne, appelée à devenir par la suite le Parlement européen. À la fin de son mandat, il lui est décerné le titre de Père de l’Europe. De 1955 à 1961, il est élu Président du Mouvement européen international.
  • Robert Schuman est aujourd’hui commémoré comme « architecte de l’Europe moderne ». Le 9 mai, jour de la Déclaration Schuman, est célébré chaque année comme la Journée de l’Europe.

Konrad Adenauer (1876-1967)

« L’histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées. »

« Mon objectif est de rêver qu’un jour nous puissions applaudir les États-Unis de l’Europe. »

  • Après la Seconde Guerre mondiale, Adenauer devient le premier chancelier de la République fédérale d’Allemagne (RFA) en 1949, un poste qu’il occupera jusqu’en 1963. Il a également signé les traités créant la CECA et la Communauté économique européenne (CEE).
  • Son premier projet a été celui d’une Communauté européenne de défense (CED). Dès 1949, Konrad Adenauer juge l’Allemagne prête à une collaboration dans le domaine de la défense, au sein d’un cadre européen. Avec Jean Monnet, leur idée consistait à créer une armée européenne comprenant des contingents allemands, mais elle a été rejetée par la France en 1954.
  • Voyant dans l’unité européenne un moyen de relever son pays dans l’après-guerre, Adenauer a œuvré pour la réconciliation entre l’Allemagne et la France : l’entente avec la France lui apparaissant comme la clé de la paix en Europe. Cette amitié franco-allemande se concrétise par le traité de l’Élysée en 1963.
  • En tant que chancelier, Adenauer a mené une politique étrangère d’alignement sur l’Occident, favorisant l’intégration de l’Allemagne dans l’OTAN et l’économie de marché. Il a également travaillé à l’intégration de l’Allemagne dans les structures occidentales, affirmant son engagement envers la démocratie et les droits de l’homme.

Altiero Spinelli (1907-1986)

Altiero Spinelli est particulièrement connu pour son rôle dans la promotion de l’idée d’une Europe unie et fédérale après la Seconde Guerre mondiale. C’est une figure historique de la conception fédéraliste de l’Europe.

  • Spinelli était un militant communiste dans sa jeunesse, ce qui lui valut d’être emprisonné pendant 16 ans sous le régime fasciste de Benito Mussolini. C’est durant cette période de détention qu’il développa son engagement pour une Europe fédérale. En 1941, alors qu’il était en exil sur l’île de Ventotene, Spinelli, avec Ernesto Rossi, rédigea le Manifeste de Ventotene, un document clé appelant à une Europe unie et fédérale pour prévenir de futures guerres en Europe. Le manifeste est souvent considéré comme l’un des textes fondateurs du mouvement fédéraliste européen.
  • Dans les années 1970 et 1980, Spinelli devint député européen. En 1984, il fut l’un des principaux architectes du Projet de traité instituant l’Union européenne, souvent appelé Plan Spinelli, qui visait à transformer la Communauté économique européenne en une véritable union politique. Bien que ce projet n’ait pas été adopté dans son intégralité, il a fortement influencé les réformes ultérieures de l’UE.

Joseph Bech (1887-1975)

« Aujourd’hui, la belle idée d’une Europe unie – qui était, jusqu’à récemment, encore considérée comme utopique – n’est plus une aspiration, mais une idée qui se concrétise. »

  • Homme d’État luxembourgeois, Joseph Bech pensait, à l’instar de nombreux dirigeants politiques de l’époque, que des relations étroites et des liens contraignants entre les pays empêcheraient l’Europe de se déchirer à nouveau.
  • Il est connu pour avoir présidé la conférence de Messine, prélude au traité de Rome qui donna naissance à la Communauté économique européenne, à laquelle ont aussi participé Antoine Pinay pour la France, Walter Hallstein pour l’Allemagne, Paul-Henri Spaak pour la Belgique, Johan Willem Beyen pour les Pays-Bas et Gaetano Martino pour l’Italie. La « relance de Messine » débouche sur la signature du Traité de Rome en 1957 par les six États membres de la CECA.

Winston Churchill (1874-1965)

Ancien Premier ministre britannique, Churchill est notamment reconnu pour son discours prononcé à Zurich, le 19 septembre 1946, où il fut l’un des premiers à appeler à la formation des « États-Unis d’Europe », avec l’ambition de « reconstituer la famille européenne et de lui fournir une structure qui lui permette de vivre et de croître en paix, en sécurité et en liberté » .

Vaclav Havel (1936-2011)

  • Durant la période communiste, Vaclav Havel a été l’une des figures de l’opposition à la République socialiste tchécoslovaque. Il est un dissident très connu de l’opinion publique et est placé à la tête du mouvement Forum civique, une association des mouvements d’initiative démocratique. Le 1er janvier 1977, à la suite de l’arrestation d’un groupe de rock, il cosigne avec ses amis la Charte 77, un manifeste en faveur des libertés et des droits humains en Tchécoslovaquie. Cet acte de rébellion lui coûtera cinq années d’emprisonnement.
  • Avec la chute du communisme en Europe et la transition pacifique vers la démocratie dans son pays, appelée la « révolution de velours », il est élu président de la Tchécoslovaquie le 28 décembre 1989. Il a ainsi joué un rôle majeur dans la transition démocratique et était fortement engagé pour les droits de l’homme et la liberté, ce qui lui a valu d’être réélu à la présidence de la nouvelle République tchèque le 2 février 1993 et y restera jusqu’au 2 février 2003.

Les continuateurs

Walter Hallstein (1901-1982)

  • À partir de 1950, en tant que secrétaire d’État allemand aux affaires étrangères, il est amené à formuler la «  doctrine Hallstein » visant à ce que l’Allemagne de l’Ouest rompe ses relations diplomatiques avec les États qui reconnaîtraient l’Allemagne de l’Est. Cette doctrine lui aura valu la reconnaissance de la communauté internationale.
  • En 1957, Walter Hallstein devient, sur une proposition commune de la Belgique et de la France, le premier président de la Commission de la CEE, qu’il dirigera pendant près de dix ans, jusqu’à la fusion des trois communautés en 1967 (CECA, CEE, Euratom), date à laquelle il est remplacé par Jean Rey. Il devint un moteur du processus d’intégration : consolidation du droit européen, mise en place du marché unique et de la politique agricole commune (PAC). Il a également su surmonter les crises institutionnelles des années 1960.

Jacques Delors (1925-2023)

« Je refuse une Europe qui ne serait qu’un marché, qu’une zone de libre-échange sans âme, sans conscience, sans volonté politique, sans dimension sociale. »

  • Ancien ministre de l’Économie et des Finances, Jacques Delors est nommé à la tête de la Commission européenne en 1985, et le restera jusqu’en 1995. C’est en tant que président de la Commission européenne que Delors a acquis une renommée internationale. Pendant ses trois mandats consécutifs, il a transformé les institutions européennes et renforcé le marché unique, conduisant à l’Acte unique européen en 1986 et à la signature du Traité de Maastricht en 1992, pierre angulaire de l’Union européenne.
  • Delors estimait que l’Europe ne devait pas se limiter à un projet purement économique, mais inclure un modèle social garantissant des droits pour les travailleurs et les citoyens. En 1985, il a lancé une grande initiative pour inclure les partenaires sociaux (syndicats, employeurs) dans les décisions européennes, conduisant à des accords sur des questions telles que le temps de travail et les conditions de travail. Ce dialogue a conduit à des avancées majeures dans les droits des travailleurs au sein de l’UE et à la création de normes sociales européennes plus cohérentes.
  • En 1988, sous sa présidence, le budget européen a été réformé pour augmenter les fonds structurels destinés aux régions les plus pauvres de l’Europe. Delors a soutenu l’idée que la convergence économique entre les États membres était essentielle pour la stabilité et la prospérité de l’Union.
  • Après sa retraite de la politique active, Delors a continué à s’engager dans les débats publics sur l’avenir de l’Europe et a fondé le think tank « Notre Europe » en 1996, devenu depuis la Fondation Jacques Delors, une institution de réflexion influente sur les questions européennes.

Simone Veil (1927-2017)

« Pour relever les défis auxquels l’Europe est confrontée, c’est dans trois directions qu’il nous faudra l’orienter : l’Europe de la solidarité, l’Europe de l’indépendance, l’Europe de la coopération. »

  • Simone Veil est surtout connue pour son rôle central dans la légalisation de l’avortement en France en 1975 et pour son engagement en faveur de l’intégration européenne.
  • En 1979, Simone Veil est élue première présidente du Parlement européen, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste. Pendant son mandat, elle a travaillé pour renforcer le rôle du Parlement dans la construction de l’Europe et pour défendre les droits de l’homme, la démocratie et la paix en Europe. Sa présidence symbolise une avancée pour les femmes en politique européenne et a contribué à accroître la visibilité et l’importance du Parlement européen dans les institutions de l’Union européenne.
  • Elle est l’une des principales personnalités défendant le rapport Spinelli de 1984.

Louise Weiss (1893-1983)

Louise Weiss a marqué l’histoire en étant à la fois une militante féministe déterminée, une journaliste et une intellectuelle européenne visionnaire.

  • En 1918, Louise Weiss a fondé la revue L’Europe nouvelle, qu’elle a dirigée jusqu’en 1934. Cette revue, de portée internationale, visait à promouvoir des idées de coopération et de réconciliation entre les pays européens après la guerre. L’Europe nouvelle a été l’un des premiers forums intellectuels à promouvoir l’idée d’une Europe unie et pacifique.
  • Elle a été élue députée européenne en 1979 lors des premières élections au suffrage universel direct au Parlement européen. Elle était alors la doyenne de l’assemblée et s’est servie de cette position pour promouvoir une Europe unie et pacifique.
  • En 1999, le Parlement européen à Strasbourg a baptisé son bâtiment principal « Louise Weiss », rendant hommage à son rôle de pionnière dans la construction européenne.

Les acteurs d’aujourd’hui

Ursula von der Leyen (1958-)

Politicienne allemande de premier plan, actuellement présidente de la Commission européenne depuis décembre 2019 (et première femme à l’avoir été), Ursula Von der Leyen a contribué à façonner la politique européenne sur des questions clés, comme la transition écologique, la transformation numérique ou la réponse à la pandémie de Covid-19.

Trois exemples de ses réalisations : 

  • Dès le début de son mandat, Von der Leyen a présenté le Pacte vert pour l’Europe, un plan ambitieux pour faire de l’Union européenne le premier continent neutre en carbone d’ici 2050. Il a introduit des politiques clés, comme la loi européenne sur le climat adoptée en 2021, et des fonds substantiels pour soutenir la transition écologique, dont 1 000 milliards d’euros d’investissements sur dix ans pour stimuler la croissance verte et l’innovation durable en Europe.
  • Face à la récession provoquée par la pandémie, Von der Leyen a été l’initiatrice du plan de relance NextGenerationEU, afin de reconstruire une économie plus résiliente et plus durable. Elle a su convaincre les États membres de la nécessité d’une action coordonnée à travers un endettement commun. NextGenerationEU a renforcé la solidarité financière au sein de l’Union, ouvrant la voie à une approche plus intégrée pour soutenir les économies européennes et les rendre plus résilientes face aux crises futures.
  • La numérisation est l’une des priorités majeures de l’Union européenne pour rester compétitive. Sous l’impulsion de Von der Leyen, la Commission européenne a adopté le programme Digital Decade, qui vise à moderniser les infrastructures numériques européennes, promouvoir l’intelligence artificielle et garantir l’accès des citoyens et des entreprises à des réseaux et des compétences numériques. Il ambitionne d’atteindre des objectifs clairs d’ici 2030, tels que la connectivité 5G généralisée, la formation numérique pour les citoyens et une augmentation significative de la production technologique européenne.

Charles Michel (1975-)

Premier ministre de la Belgique de 2014 à 2019 et, depuis décembre 2019, président du Conseil européen, il joue un rôle central dans la gestion des affaires de l’Union européenne.

Il a (entre autres) dirigé les négociations pour le plan de relance NextGenerationEU, supervisé les négociations finales entourant la sortie du Royaume-Uni de l’UE, œuvré à renforcer l’unité des États membres pour répondre aux défis énergétiques et sécuritaires posés par la guerre, et a joué un rôle clé lors des sommets européens pour faire adopter des mesures ambitieuses en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Roberta Metsola (1979-)

Elle a été élue présidente du Parlement européen en janvier 2022.

  • En tant qu’eurodéputée représentant Malte, un pays en première ligne des crises migratoires en Méditerranée, Roberta Metsola a été au cœur des débats européens sur la gestion des migrations. Elle a plaidé pour une politique migratoire commune à l’échelle européenne, insistant sur une responsabilité partagée entre les États membres.
  • En 2017, le meurtre de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia a profondément secoué la scène politique, à la fois à Malte et dans toute l’Europe, révélant les dangers auxquels sont confrontés les journalistes dans l’exercice de leur métier. Après ce drame, Roberta Metsola s’est engagée dans la lutte contre les procédures-bâillons, appelées SLAPP (Strategic Lawsuits Against Public Participation), et a œuvré au Parlement pour protéger les journalistes des actions en justice abusives, utilisées pour les intimider ou les réduire au silence.

Josep Borrell (1947-)

Il occupe actuellement le poste de Représentant spécial de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ainsi que celui de Vice-président de la Commission européenne depuis décembre 2019. Il assume donc un rôle crucial dans la gestion de la politique étrangère de l’Union.

  • Conflit en Libye : Borrell a été actif dans les efforts pour établir un dialogue entre les factions libyennes, soutenant des initiatives de cessez-le-feu et la paix à travers des visites diplomatiques.
  • Relations avec la Chine : il a plaidé pour une correction des déséquilibres économiques entre l’UE et la Chine, en mettant en lumière la nécessité d’une relation plus équitable et moins asymétrique.
  • Engagement envers l’Ukraine : Borrell a soutenu l’intégration des pays de l’Est, comme l’Ukraine, dans l’UE et a joué un rôle actif dans la réponse de l’UE à l’agression russe.

 

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