puissance

En HGG, la notion de puissance est fondamentale dans l’analyse des relations internationales. C’est une notion qui revient très fréquemment dans les sujets et qui, même si elle n’est pas explicitement écrite dans l’intitulé du devoir ou de la colle, doit être mentionnée. Ainsi, dans cet article, nous allons revenir sur les définitions attribuées à la puissance par les grands géopoliticiens. Nous allons analyser les notions proches de la puissance, mais qui sont à différencier et à ne pas confondre et, enfin, finir sur les utilisations de ces analyses dans ton travail.

Des définitions multiples

La puissance selon Serge Sur

« La puissance est la capacité de faire, faire faire, refuser de faire et empêcher de faire. » Pour Serge Sur, la puissance est multidimensionnelle. Il analyse cette notion sous différents angles liés à l’action et à l’autorité :

  • Faire : la puissance implique une capacité d’agir. C’est cette force qui permet d’exercer une influence grâce à ses propres actions.
  • Faire faire : dans un deuxième temps, la puissance ne se limite pas seulement aux actions personnelles. Elle s’étend à la capacité d’imposer ou de persuader d’autres acteurs à agir selon ses propres intérêts ou objectifs.
  • Refuser de faire : ensuite, la puissance s’apparente comme une capacité de ne pas se soumettre à une demande. Cela implique une indépendance de décision et d’action, caractéristique des entités puissantes.
  • Empêcher de faire : enfin, sans doute la plus forte des qualités d’une entité puissante, c’est empêcher de faire. La puissance se manifeste dans la capacité d’entraver l’action d’autrui. Cela démontre un pouvoir coercitif, qui peut être utilisé pour bloquer ou limiter les initiatives adverses.

 

Cette citation est sans doute la plus connue et la plus énoncée par les étudiants pour définir la puissance. Elle est peut-être vue et revue, mais il n’empêche que si tu l’analyses correctement, elle te sera d’une grande utilité. Ici, pour l’auteur, la puissance est multidimensionnelle et complexe, car elle englobe des dimensions de coercition, d’influence et de résistance. Cette vision montre comment la puissance concerne non seulement la liberté d’action, mais aussi le contrôle exercé sur d’autres.

Prenons un exemple concret

« L’Union européenne face aux effets déstabilisateurs de la mondialisation. » ESCP 2017

Même si ce n’est pas explicitement dit, le sujet invite à questionner le statut de puissance de l’Union européenne. En effet, en reprenant la définition de Serge Sur, l’Union européenne fait (via des traités ou des accords), mais elle a du mal à refuser de faire (face aux États-Unis par exemple qui, eux, arrivent à empêcher de faire). De cette façon, on précise l’analyse de la puissance de l’Union européenne, ce qui nuance le propos.

Ainsi, Serge Sur offre une vision globale et nuancée de la puissance, essentielle pour comprendre les dynamiques de pouvoir dans différents contextes.

La puissance selon Fernand Braudel

« La puissance est la capacité d’une nation à créer une conjoncture qui lui semble favorable. » Pour cet auteur, la puissance d’une nation réside dans sa capacité à influencer et à façonner les événements mondiaux selon ses intérêts. Il ne s’agit pas seulement d’avoir des ressources matérielles, mais de savoir utiliser ces ressources pour orienter la situation internationale à son avantage, comme créer une conjoncture qui lui semble favorable. La force militaire ou la force économique sont certes des éléments essentiels pour une puissance mais, ici, ce qui compte est sa capacité à contrôler les cycles historiques.

C’est exactement cela qui définit la puissance pour lui. La puissance implique une anticipation et une manipulation des dynamiques globales pour que les circonstances lui deviennent favorables. La puissance ne subit pas passivement les circonstances extérieures. Elle les capte, les intègre et les transforme en opportunités afin de créer une bonne conjoncture. Elle s’adapte et réagit stratégiquement. De plus, cette capacité doit s’inscrire dans un temps long, avec une influence durable sur les structures économiques, politiques et culturelles.

Prenons deux exemples pour illustrer ce propos

  • Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont su créer un ordre mondial. C’est via des institutions comme l’ONU et le FMI qu’ils ont réussi à créer une conjoncture qui leur était favorable.
  • De nos jours, la Chine semble elle aussi modeler la conjoncture pour qu’elle lui soit favorable. Elle influence et façonne son environnement.

 

En résumé, Braudel associe la puissance à la capacité d’une nation à façonner son environnement et à contrôler la dynamique globale pour se maintenir en position favorable.

La puissance selon Hans Morgenthau

« La puissance se manifeste par une emprise sur les esprits et les actions. » Encore une fois, Hans Morgenthau a opté pour une approche multidimensionnelle. Il voit la puissance non seulement comme la force militaire ou économique, mais aussi comme une influence psychologique et idéologique.

Selon lui, la puissance s’exerce selon deux axes :

  • une emprise sur les esprits : cette dimension peut faire référence à ce qui est plus communément connu comme le « soft power ». La capacité à contrôler les perceptions et les croyances d’une population, à influencer l’opinion publique. C’est un élément clé de la puissance. Cela passe par la propagande, les médias, les films ou encore la musique ;
  • une emprise sur les actions : cette dimension peut faire référence à ce qui est plus communément connu comme le « hard power ». Au-delà des idées, la puissance s’exprime par la capacité à orienter les décisions politiques et militaires, la puissance doit mettre en place des alliances, et les comportements des États et des acteurs internationaux.

 

➔ La guerre froide illustre cette citation, avec les États-Unis et l’URSS utilisant à la fois des stratégies militaires et des outils idéologiques pour influencer le monde. Lors de cette période, Hollywood a été un outil important pour les États-Unis pour exercer une emprise sur les esprits, surtout en Europe. Morgenthau élargit ainsi la définition de la puissance en y intégrant l’influence sur les mentalités et les comportements humains.

Cette citation pour définir la puissance est beaucoup moins employée par les étudiants. Ainsi, elle peut te permettre de te distinguer le jour des concours.

La puissance selon Kenneth Waltz

« Un agent est d’autant plus puissant qu’il n’affecte les autres plus que cela ne l’affecte. » Selon Kenneth Waltz, la puissance se définit comme une relation où un acteur est plus puissant s’il peut influencer d’autres agents sans être affecté en retour. Il y a donc pour lui une asymétrie d’influence. Plus un acteur affecte les autres, sans subir de répercussions équivalentes, plus il est puissant.

Un acteur puissant impose ses choix aux autres via des décisions politiques, économiques, ou militaires, en façonnant leurs actions ou leur comportement. Cela peut passer par des sanctions, des alliances, des interventions militaires, ou la promotion de normes internationales. En revanche, un acteur moins puissant sera plus vulnérable aux contre-mesures des autres, ce qui réduit son influence et son autonomie d’action. La puissance implique donc une certaine indépendance.

Prenons un exemple

« La Chine est-elle une puissance fragile ? » Oraux HEC 2022

Ce sujet invite à questionner le statut de la puissance chinoise. Il faut donc nuancer le propos, puisqu’ici on parle de « puissance fragile ». Pour affirmer que la Chine est bien une puissance solide, il est possible de reprendre la citation de Kenneth Waltz. En 2021, lorsque la Chine a mis en place son confinement pour faire face au Coronavirus, elle a affecté les autres pays.

En effet, alors même que le Coronavirus n’était pas encore arrivé en Europe, les chaînes de production ont été stoppées dans toute l’Europe. Ainsi, la Chine a affecté l’Europe, plus que cela ne l’a affectée. C’est donc une caractéristique de puissance qui démontre de son caractère solide.

À utiliser intelligemment

À ne pas confondre avec…

La puissance est souvent confondue avec d’autres notions aussi importantes, certes, mais qui restent à différencier. Parmi elles, on compte :

  • le pouvoir : c’est la capacité d’un acteur à influencer, à contrôler ou à diriger le comportement d’autres acteurs. Il est souvent associé à l’autorité et à la légitimité. Tandis que la puissance est une notion plus large, incluant les ressources, les capacités et l’influence dans un contexte international. Elle prend en compte des dimensions économiques, militaires, idéologiques et culturelles ;
  • la domination : c’est la situation dans laquelle un acteur exerce un contrôle sur un autre acteur, souvent par des moyens coercitifs. L’acteur dominant est supérieur à l’acteur dominé. Tandis que la puissance peut être exercée de manière subtile et ne repose pas uniquement sur la coercition ;
  • l’influence : c’est la capacité à affecter les opinions, les comportements ou les décisions d’autres acteurs, sans recours à la force. Tandis que la puissance est un concept qui englobe l’influence, mais implique également un potentiel coercitif.

 

Il est important de distinguer ces notions, car elles peuvent mener à une incompréhension et à un manque de précision dans ton analyse. Ainsi, demande-toi ce que tu cherches à montrer, relis attentivement le sujet pour ne pas faire de hors sujet et sers-toi de cet article pour compléter ton apprentissage.

À utiliser dans ta copie ou ta colle

Enfin, voyons comment tu peux utiliser cet article dans ta copie.

Tout d’abord, le plus important est que cet article ait réussi à te faire comprendre que la puissance est une notion complexe et multidimensionnelle. Il ne faut pas la confondre avec d’autres notions. C’est grâce à une analyse précise que tu pourras te différencier.

Ainsi, tu peux utiliser les définitions vues dans la première partie de cet article de différentes façons. Si tu as un sujet qui porte directement sur la puissance, tu peux utiliser les définitions en introduction. Si ton sujet ne fait pas directement allusion à la puissance, mais semble être un axe important à analyser, alors, de même, tu peux utiliser les définitions dans tes parties. Enfin, comme on l’a vu dans la première partie de l’article, certaines définitions peuvent te permettre de nuancer ton propos, donc dans une troisième partie pour montrer les limites de la puissance d’un acteur.

Pense bien à citer l’auteur, mais aussi à expliquer en quelques lignes son analyse et en quoi elle s’applique au sujet.

Conclusion

C’est en croisant les définitions de la puissance, en adaptant ton analyse selon les sujets et les enjeux que tu parviendras à utiliser de façon intelligente ce concept clé de la géopolitique.

N’hésite pas à consulter toutes nos ressources de géopolitique !