L’intensification du transport aérien a été l’une des conséquences les plus fortes du phénomène de mondialisation. Les hommes se déplacent de plus en plus vite et pour aller de plus en plus loin. L’accès à ce moyen de transport a permis à un nombre grandissant de personnes de voyager à partir des années 1980. Il est aisé de l’illustrer avec quelques chiffres importants à retenir : 534 millions de passagers en 1975, 1,8 milliard en 2020 et 3,3 milliards en 2023, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale.
Introduction
Ce thème que semblent apprécier les concepteurs de sujets est tombé plusieurs fois aux oraux de HEC. En effet, il s’agit d’un élément majeur en matière de transports, qui a fondamentalement modifié le rapport aux voyages ainsi qu’aux distances parcourues.
Le transport aérien est également important d’un point de vue sanitaire. Si la peste, apparue vers 1331 en Chine, a gagné l’Europe en 1347, donc en l’espace de seize ans, la Covid n’aura eu besoin que de quelques semaines pour se propager dans le monde. Rappelle-toi de la première victime de la Covid-19 décédée en France en février 2020, un touriste chinois.
Ces dernières années, la question de la reprise du transport aérien dans un monde d’après Covid-19 se posait. La réponse semble être aujourd’hui claire : en 2022, le transport aérien aurait retrouvé 74 % de son niveau d’avant Covid. Certains pensaient pourtant que le trafic évoluerait en sens inverse.
En janvier 2022, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) publiait le communiqué suivant : « Augmentation du nombre total de passagers aériens dans le monde en 2021 : mieux qu’en 2020, mais toujours moitié moins qu’avant la pandémie. »
Dans quelles mesures l’essor du trafic aérien apparaît-il comme l’une des manifestations de la mondialisation des économies et des sociétés ? Quels sont les défis auxquels ce secteur est aujourd’hui confronté ?
Les acteurs et les structures du transport aérien
Le transport aérien a bénéficié de formidables progrès techniques dans les 30 dernières années
Ils ont permis d’augmenter la capacité et la vitesse des appareils. Par exemple, le Boeing 747, produit de 1968 à 2022, a effectué son premier vol commercial sur la ligne NY-Londres en 1970. Il peut transporter jusqu’à 115 tonnes et 500 passagers sur 9 200 km.
Une forte concurrence entre les deux constructeurs Airbus et Boeing s’est également accentuée dans les années 1990. Elle a poussé ces derniers à développer des technologies innovantes : les quadriréacteurs de l’A330 et de l’A340 pour Airbus et Boeing. Ce dernier a lancé en 1995 le plus gros biréacteur long-courrier du monde, le Boeing 777, parfois surnommé triple sept dans le milieu aérien.
Les deux compagnies ont développé des stratégies différentes durant ces dernières années
Airbus a cherché à développer des avions de plus grande capacité avec l’A380 par exemple, produit de 2004 à 2021, et avec une capacité de 500 à 850 passagers. Boeing a développé des avions plus légers, comme le Boeing 787 ou Dreamliner, avion de moyenne capacité fabriqué à partir de matériaux composites et donc plus légers.
Ce sont ces gros porteurs qui assurent la plus grosse part du trafic, car le supersonique franco-anglais Concorde (premiers vols commerciaux en 1976-77) n’a pas eu le succès escompté. Son exploitation commerciale a été abandonnée en 2003, à la suite de la catastrophe aérienne de Gonesse, le 25 juillet 2000.
Les grandes compagnies sont les principaux acteurs du transport aérien
Air France
La compagnie a été fondée en 1933 par la fusion de quatre compagnies principales du transport aérien français : Air Orient, Air Union, la CIDNA et SGTA Farman, sous forme d’une société anonyme dans laquelle l’État détenait au moins 25 % des actions.
Le 26 juin 1945 : nationalisation d’Air France, qui devient alors propriété de l’État. Le 10 février 1999, Air France fait l’objet d’une privatisation partielle. Elle fusionne avec KLM en 2004.
Lufthansa
La compagnie est née en 1962, à la suite de la fusion de deux compagnies allemandes : la Deutsche Aero Lloyd et la Junkers Luftverkehr.
Dans les années 1950, la compagnie est rétablie par la RFA et la RDA crée sa propre compagnie sous le nom de Interflug (qui cessera ses opérations en 1991 après la réunification). Entre 1992 et 1997, la compagnie est privatisée.
British Airways
Il s’agit d’une compagnie relativement jeune, puisque fondée en 1974 à la suite de la fusion entre l’entreprise publique British Overseas Airways Corporation (BOAC) et la British European Airways (BEA). La société est ensuite privatisée en 1987 par le gouvernement de Margaret Thatcher.
Ces compagnies nationales ont dû s’adapter à la dérégulation, qui a commencé aux États-Unis en 1978 avec l’Airline Deregulation Act, puis qui s’est étendue en Europe, c’est-à-dire à l’ouverture du marché aérien à la concurrence en 1993. Une véritable guerre des tarifs a alors vu le jour, entraînant une baisse des coûts pour les voyageurs. En même temps se sont développées les compagnies à bas coût, comme EasyJet (1995) ou Ryanair (1985).
De puissantes alliances se sont alors constituées, telles que Star Alliance qui contrôle 20 % du marché (United, Lufthansa, Air Canada…), Skyteam (Air France, Delta, Alitalia…), One World (American Airlines, British Airways, Iberia…).
Les structures ont dû s’adapter aux nouvelles conditions
Les hubs, plates-formes dans les aéroports réunissant des lignes en correspondance, traduisent cette adaptation.
Le transport aérien n’assure que peu de transport de marchandises. Il s’agit surtout de produits de valeur ou périssables, qui requièrent une livraison rapide. Il assure ainsi 1 % environ du transport de marchandises en tonnage, mais 40 % de la valeur des exportations de produits manufacturés dans le monde. Le trafic du fret reste assuré par des avions spécialisés, les avions-cargos et par les appareils de transport de passagers.
Le trafic aérien assure donc la plus grosse part du trafic international des voyageurs. Des régions du monde sont toutefois difficiles d’accès et parfois mal desservies, comme l’Afrique et l’Amérique latine. La concentration des plaques tournantes du trafic aérien international se traduit par des hubs importants en Europe, aux États-Unis, en Asie de l’Est, et plus récemment au Moyen-Orient.
Les aéroports internationaux
Voici un classement des aéroports internationaux en 2022, selon le Conseil international des aéroports (ACI) :
- Atlanta-Hartsfield Jackson (93,7 millions de passagers)
- Dallas-Fort Worth (73,4 millions de passagers)
- Denver (69,3 millions de passagers)
- Chicago-O’Hare (68,3 millions de passagers)
- Dubaï (66,1 millions de passagers)
- Los Angeles (65,9 millions de passagers, + 37,3 %)
- Istanbul (64,3 millions de passagers)
- Londres-Heathrow (61,6 millions de passagers)
- Delhi (59,4 millions de passagers)
- Paris-Charles de Gaulle (57,4 millions de passagers)
Il faut savoir que ces dix premiers aéroports représentent 10 % du trafic mondial et ont enregistré une hausse de trafic de 85,9 % en 2022 par rapport à leur niveau en 2019. Cinq d’entre eux sont situés aux États-Unis et comptent une part importante de passagers domestiques.
Le tourisme international est véritablement devenu une activité économique de premier ordre au cours des quarante dernières années. Il a généré en 2021 un chiffre d’affaires de 1 900 milliards d’USD, contre 463 milliards en 2001 et 18 en 1970.
En ce qui concerne la France, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a mis en place tendanCiel, un indicateur mensuel du trafic aérien commercial. Ce dernier indique qu’en juillet 2023, le trafic aérien aurait atteint 95,6 % de celui de 2019.
Ces statistiques sont disponibles en cliquant ici.
Les défis des années à venir
Les objectifs du transport aérien semblent incompatibles avec les impératifs climatiques de l’ère géologique de l’Anthropocène
Selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), un passager en avion émet 285 grammes de CO2 par kilomètre, contre 158 grammes en voiture et seulement 14 grammes en train. Et pourtant, le déplacement en train demeure largement moins subventionné que celui en avion. Voyager à Londres depuis Paris est hélas bien souvent plus rentable en avion qu’en train.
Prenons l’exemple de l’Airbus A320 : il peut contenir 180 personnes et peut parcourir 5 700 km. Il requiert ainsi 24 210 litres de carburant. Il s’agit alors d’environ 4,25 litres par kilomètre, ce qui génère une immense pollution et une grande menace pour l’équilibre du globe.
On pensait assister à un retournement de situation après la pandémie de Covid-19, mais les chiffres de 2022 et de 2023 prouvent que le transport aérien a connu une véritable reprise, égalant presque les niveaux de 2019, et ce, malgré une hausse significative des prix. Selon un rapport de la Direction générale de l’aviation civile publié en mars 2023, le prix moyen d’un billet d’avion au départ de la France entre mars 2022 et mars 2023 aurait augmenté de 24 % en moyenne, bien plus que l’inflation globale.
Les jets privés
Cette reprise du transport aérien a lieu dans un contexte de mise en avant de ce moyen de transport et de la multiplication des jets privés, extrêmement polluants.
Des célébrités telles que Drake se sont vantées de les utiliser. En juillet 2022, le rappeur a effectué un vol d’une durée de 14 minutes. Kylie Jenner aurait aussi utilisé un jet privé pour un trajet de trois minutes entre Camarillo et Van Nuys, en Californie.
La fréquentation de jets privés a augmenté de façon exponentielle au cours des dernières années. Selon Greenpeace, ils auraient émis plus de cinq millions de tonnes de CO2 depuis trois ans, soit une multiplication par six en 24 mois.
D’après Oxfam, les milliardaires sont responsables d’un million de fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que les citoyens moyens.
Conclusion
L’avion s’est toujours distingué par son côté pratique et révolutionnaire. Il a contribué au phénomène de « rétrécissement du monde » tel que le mentionnait Fernand Braudel au sujet de la mondialisation. Mais le transport aérien devra relever beaucoup de défis et trouver des solutions innovantes pour pallier les défis environnementaux auxquels le monde est confronté, avec des solutions innovantes telles que l’hydrogène.
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