Comme chaque semaine, Stéphan Bourcieu, Directeur Général de BSB, décrypte une actualité internationale marquante. Cette fois-ci, il a décidé de s’intéresser aux États-Unis et d’analyser comment le commerce mondial va évoluer, suite à l’élection présidentielle.
Joe Biden et le commerce mondial
On le sait, les élections présidentielles américaines passionnent la terre entière : pas seulement à cause du suspens que génère le mode de scrutin, mais également car les États-Unis jouent toujours un rôle central dans la marche du monde.
Dans ce domaine, que peut-on attendre du futur Président après les quatre années de rupture de la Présidence Trump ? La longue histoire de Joe Biden dans les arcanes du pouvoir à Washington (il a notamment présidé la commission des Affaires étrangères du Sénat) et ses premières nominations permettent de dessiner assez clairement la politique internationale de l’Amérique pour les quatre années à venir. On le sait, Joe Biden est depuis longtemps un partisan de la libéralisation des échanges. Très critique de la politique protectionniste de son prédécesseur, il souhaite également que les États-Unis reprennent l’initiative dans l’animation du commerce mondial. Il a déclaré au CFR (Council of Foreign Relations) que les États-Unis doivent « rédiger les règles de conduite pour le monde » afin de créer des conditions de concurrence équitables et de protéger l’environnement.
Ce qui est d’ores et déjà certain, c’est que les années « America First » de Donald Trump touchent à leur fin et que les changements pourraient être considérables dans quatre domaines :
- La guerre commerciale avec la Chine n’est pas forcément terminée, mais elle risque de changer de nature. D’une part, Joe Biden prône un front uni contre la Chine, en renouant les fils de la coopération avec le Japon et l’Union Européenne. D’autre part, il est probable que les pressions exercées sur la Chine seront moins agressives : la réduction de certains droits de douane vis-à-vis de Pékin pourrait être utilisée pour faire avancer d’autres dossiers tels que l’Iran ou le climat. Et n’oublions pas que Joe Biden avait soutenu la normalisation des relations commerciales avec la Chine en 2000.
- L’OMC pourrait à nouveau fonctionner convenablement : l’organe d’appel de cette institution de régulation du commerce mondial est en effet bloqué depuis 2017 par le refus des États-Unis de nommer de nouveaux juges. Le futur Président a promis qu’il mettrait fin à ce blocage.
- Joe Biden a également annoncé vouloir renouer les liens avec l’Union Européenne. Les pays européens devraient à nouveau être traités comme des alliés et non plus comme des adversaires. Toutefois, la levée des droits de douanes américains sur l’acier européen risque d’être un point d’achoppement : d’un côté, les européens en font un pré-requis et de l’autre les syndicats de l’acier, soutien de Biden, défendent le maintien de ces droits de douane. Quant au TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) qui a beaucoup échauffé les esprits en France, il devrait rester dans le congélateur où il a été placé depuis fin 2016.
- Enfin, le nouveau Président compte réinvestir dans le multilatéralisme honni de son prédécesseur. On devrait assister au retour de l’Amérique dans les grandes organisations et traités internationaux desquels l’administration Trump s’était désengagée : le retour dans l’accord de Paris sur le climat est d’ores et déjà annoncé et le TPP (Trans Pacific Partnership) devrait être réactivé. A l’heure de la crise du COVID, le ré-engagement des États-Unis dans l’OMS est également d’actualité.
Les premières nominations aux postes clés de l’administration Biden marquent le retour en force de l’establishment de Washington. Elles sont cohérentes avec les orientations annoncées.
La désignation de John Kerry au poste d’envoyé spécial pour le climat est un signal fort et devrait marquer le retour des États-Unis dans les accords de Paris, qu’il avait lui-même négociés. Ses premières déclarations vont dans ce sens : « je reviens dans le gouvernement pour ramener l’Amérique sur la voie du plus grand défi de cette génération et de celles qui suivront ».
Quant au nouveau Secrétaire d’État, Antony Blinken, c’est un diplomate de carrière, francophone et francophile, ouvert au dialogue, à la coopération et au multilatéralisme : « On a bien plus de chances d’être efficace en étant à l’intérieur. Si l’on reste en dehors, on perd son « standing » et l’on cède son influence » a-t-il déclaré au Wall Street Journal. Mais soyons lucide, ce n’est pas un ange pour autant. Sous des dehors nettement plus affables, c’est un faucon qui défendra le leadership des États-Unis sur la marche du monde.
Le monde entier est dans l’attente des annonces de la future administration américaine. Joe Biden entrera en fonction le 20 janvier et a indiqué qu’il présentera dès le 21 janvier son plan sur le commerce mondial. C’est un signe fort de l’intérêt qu’il porte à ce dossier. Rendez-vous le 21 janvier 2021.
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