Cette semaine, Stéphan Bourcieu, Directeur Général de BSB, s’attaque à deux sujets bien différents : l’énergie nucléraire au Japon et le Black Friday !

Le Japon va redémarrer ses centrales nucléaires

Il y a bientôt dix ans, l’accident de Fukushima mettait un coup d’arrêt à la production d’électricité nucléaire au Japon. Depuis, chaque réouverture de centrale nucléaire fait immanquablement l’objet de débats au pays du soleil levant. Ainsi – la polémique enfle actuellement – après la décision des autorités japonaises de redémarrer la centrale nucléaire d’Onugawa. Cette décision fait débat dans un pays qui a évidemment un rapport terrible à l’atome depuis 1945 : la majorité au pouvoir défend la réouverture des centrales, arguant que les contrôles n’ont jamais été aussi sévères et que le pays a un réel besoin d’électricité, tandis que l’opposition, s’appuyant sur un sondage selon lequel seuls 6 % des japonais seraient favorables au développement de la filière nucléaire, défend un plan massif d’investissement dans les énergies renouvelables.

Pro et anti-nucléaire : le débat des chiffres
En écoutant Europe 1 (la revue de presse internationale) en me rasant mercredi 18 novembre, je suis resté abasourdi face au commentaire du journaliste qui indique que « ce redémarrage se ferait malgré les 18 000 morts de Fukushima ». Abasourdi car ce journaliste omet (sciemment ou pas ?) de préciser que ces morts ne sont pas dus à l’accident nucléaire, mais au tsunami… qui l’a précédé. Mais qu’en est-il des morts directs de l’accident nucléaire de Fukushima ? Pour se forger une opinion sur ce sujet sensible, je vous invite à lire cet article de Libé, qui tente, avec rigueur et difficultés méthodologiques, d’identifier les décès liés à l’accident nucléaire. Il en ressort qu’il n’y aurait eu aucun décès directement causé par les radiations. Bilan sans doute à nuancer, car une étude montre que les évacuations imposées par la zone d’exclusion seraient à l’origine de plus de 2 000 suicides et morts par dégradation des conditions de santé. Comme toujours, tout dépend de la manière dont on compte.

Ce récent feu vert des autorités pour le redémarrage de la centrale d’Onugawa et le débat qui s’ensuit ne doivent pas occulter le fait que le Japon a engagé un processus de démantèlement de sa filière nucléaire, avec 21 réacteurs définitivement arrêtés depuis 2011. Pour autant, le maintien du nucléaire dans le mix énergétique japonais apparaît comme indispensable pour atteindre la neutralité carbone en 2050, objectif que s’est officiellement fixé le Japon. En effet, la période post-Fukushima s’est traduite par un recours massif aux énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon), le développement des renouvelables ne suffisant pas à compenser la baisse de production.

L’objectif de neutralité carbone peut-il s’affranchir de la production d’électricité d’origine nucléaire ? Pour son Premier ministre, Yoshihide Suga, la voie est claire : le Japon va promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables et de l’énergie nucléaire avec la construction de petits réacteurs et/ou des réacteurs offshore afin de rassurer la population. Mais elle est loin de faire consensus.

Il n’y a donc pas qu’à Fessenheim que cette question se pose avec acuité (je vous invite à suivre le Fessenheim Bot qui calcule les émissions de CO2 en fonction des sources énergétiques utilisées). Et au Japon comme en France, le débat reste électrique 😉.

Black Friday contre Giving Tuesday

C’est un lieu commun d’affirmer que les modes de consommation viennent souvent d’outre-Atlantique. Ainsi, Halloween, à l’origine célébration païenne anglo-celte, s’est largement diffusée aux États-Unis à partir du 19ème siècle où elle a pris une dimension folklorique et commerciale. Dans les années 2000, cette fête a déferlé sur l’Europe et, désormais, les petits français passent de porte en porte déguisés en fantôme ou en sorcière pour récolter des friandises.

Dans le même esprit, le Black Friday s’est imposé dans les années 2010, porté par le succès grandissant des sites marchands, à commencer par Amazon. Événement commercial se déroulant le vendredi suivant la fête de Thanksgiving (autre fête américaine qui n’a pas encore pris pied en Europe – ouf !), le Black Friday marque le coup d’envoi de la période des achats de Noël. En France, c’est en 2016 que le Black Friday est devenu un événement médiatique aussi incontournable qu’insupportable : incontournable en raison du matraquage médiatique qui l’accompagne et insupportable par les concepts marketing à la sémantique improbable qu’il véhicule, à l’exemple de « la semaine du Black Friday » 🤔. Qu’on soit pour ou contre, le Black Friday s’est imposé comme un événement commercial majeur en France, ce que confirment les chiffres de 2019 : sur la seule journée du 29 novembre 2019, 56 611 084 transactions par carte bancaire ont été enregistrées (+12,5% par rapport à 2018 !).

Parfois, les traditions consuméristes nord-américaines prennent un tour singulier : celui de la générosité. En réaction au poids grandissant du Black Friday, la communauté newyorkaise 92nd Street Y et la Fondation des Nations Unies ont créé le Giving Tuesday en 2012. Cette campagne mondiale encourage le don sous toutes ses formes : argent, nature, compétences. En 2018, le Giving Tuesday a eu lieu dans plus de 150 pays et a permis de récolter un milliard de dollars pour le secteur associatif.

Cet événement a été lancé en France en novembre 2018. Depuis, les dons financiers aux œuvres connaissent ce jour-là une réelle progression mais cet événement se heurte aussi à la culture française, marquée par deux traditions fortement ancrées :

  • La générosité par l’engagement associatif ; près de 12 millions de bénévoles œuvrent en effet en France dans des associations (pas simplement un mardi, mais toute l’année) ;
  • La solidarité par l’impôt et les cotisations sociales qui contraste avec le modèle nord-américain où le faible niveau de prélèvements stimule la générosité par le don. De Joseph Caillaux (inventeur de l’impôt progressif sur le revenu en 1907) à Bruno Lemaire, il faut dire que nos ministres des Finances n‘ont jamais été à court d’idées pour stimuler la « générosité » des Français !

Face à la tempête médiatique sur le décalage du Black Friday pour cause de confinementespérons que le Giving Tuesday trouvera un certain écho dans les médias. Et quitte à faire chauffer la CB cette année, choisissez le mardi plutôt que le vendredi !

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