Pendant que tu bronzais paisiblement sous un soleil si brillant qu’il t’a presque fait oublier les douloureux devoirs de vacances, le monde lui, ne s’est pas arrêté. Encore moins le MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), où l’actualité est toujours très riche…

L’escalade des tensions en Iran

Dès le début de l’été 2019, les dirigeants iraniens ont annoncé ne plus se conformer à l’accord de 2015 sur le nucléaire, un an après le retrait des États-Unis du traité. Les dirigeants ont pris la décision de ne plus limiter les réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi. Les Européens, la Chine et la Russie avaient en effet maintenu leur engagement dans les accords, mais se sont montrés incapables de faire profiter l’Iran d’avantages économiques en contournant les sanctions américaines.

Les États-Unis n’ont pas tardé à réagir en indiquant que le pays ne sera jamais « otage du chantage nucléaire du régime iranien ». A suivi l’annonce de nouvelles sanctions économiques visant l’acier, l’aluminium, le cuivre et le fer qui procurent des devises étrangères à l’économie iranienne.

Les Européens, et la France en particulier, semblent toutefois attachés à cet accord, en témoigne la rencontre d’Emmanuel Macron avec les dirigeants du pays en marge du G7 de Biarritz à la rentrée 2019.

La volonté de l’Iran n’est pas de sortir purement et simplement du traité. Les décisions prises correspondent à un « droit » laissé aux parties en cas de manquement aux obligations selon le ministre des affaires étrangères iranien.

Cette décision accroît les tensions dans la région. Les États-Unis avaient précédemment annoncé le déploiement de Bombardiers B52 dans la région. Cet été, les Britanniques ont empêché un pétrolier de ravitailler la Syrie en pétrole iranien. En réponse, Téhéran a arraisonné un pétrolier britannique. Cette escalade alimente la hausse des cours de l’or noir.

Pour ne rien arranger, dans une logique de rivalité régionale avec son voisin, l’Arabie Saoudite a annoncé que des troupes américaines devraient s’installer sur son sol, une première depuis la guerre d’Irak en 2003.

L’offensive d’Idlib

Le 6 mai 2019 a été lancée l’offensive sur la région d’Idlib par l’armée syrienne et ses alliés contre des groupes djihadistes et rebelles. Elle intervient malgré un accord conclu en 2018 entre la Russie et la Turquie qui prévoyait l’instauration d’une zone démilitarisée dans la région. Les bombardements ont fait 900 victimes civiles depuis le début de l’offensive selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme. Et près de 370 000 depuis 2011. En tout, le régime a reconquis presque 60 % du territoire grâce à ses alliés, Moscou et Téhéran en tête.

Les problèmes liés aux réfugiés syriens

Installés depuis 2011 dans les pays voisins, ils font face à de sérieuses difficultés. Au Liban par exemple, ils sont un million pour une population nationale de six millions d’habitants. Le pays réclame aujourd’hui leur retour en Syrie. Craignant la déstabilisation de leur propre pays, le spectre des réfugiés palestiniens ayant déclenché la guerre civile dans les années 1970 s’agite.

En Turquie, ils seraient environ 3,5 millions dont 500 000 à Istanbul, ce qui génère de fortes tensions avec les Stambouliotes d’autant plus que la situation économique n’est plus aussi propice qu’elle l’était auparavant.

Les contestations politiques persistantes en Algérie

Après la démission du président Abdelaziz Bouteflika début avril 2019, les tensions politiques ne se sont pas apaisées dans le pays. Le système constitutionnel a maintenu en place les hommes clés du pouvoir de l’ancien président. Même si le président du Parlement Mouad Bouchareb a démissionné, les élections présidentielles prévues pour le 4 juillet n’ont pas eu lieu. Le 57e anniversaire de l’indépendance du pays a donné lieu à d’importantes manifestations. Ce mouvement, le « Hirak » en arabe, réclame le départ de l’exécutif en intérim après le départ de Bouteflika et l’instauration d’un État de droit.

Le Conseil constitutionnel a de son côté maintenu Abdelkader Bensalah à la tête du pays dans l’attente de nouvelles élections. Les incarcérations de manifestants anti-régime se poursuivent et la censure se durcit.

Les espoirs suscités par le départ de Bouteflika semblent désormais avoir du plomb dans l’aile. Le pays s’enfonce dans une crise politique toujours plus préoccupante.

De nouvelles élections à venir en Tunisie

Le président Béji Caïd Essebsi, en poste depuis 2011, est décédé à l’âge de 92 ans après la « révolution de Jasmin » et le printemps arabe.

Le fort mécontentement social et les désillusions politiques seront au cœur des nouvelles élections, alors que le pays est présenté comme une référence de stabilité politique dans la région. Il est en effet le seul pour lequel le printemps arabe est présenté comme positif.

L’enlisement de la guerre civile au Yémen

Les fronts se multiplient dans le pays entre les deux camps. D’un côté, la coalition internationale, emmenée par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis et soutenue par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, est aujourd’hui instable. De l’autre, les rebelles Houthis soutenus par l’Iran contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du territoire. Deux attaques durant l’été ont fait une cinquantaine de victimes civiles. Pour ne rien arranger, Al-Qaïda sévit également dans la région. Leur dernier attentat a fait 20 morts.

Pire, le pays fait face au risque d’une guerre civile dans la guerre civile. Le camp anti-Houthis est en effet divisé en deux entre les séparatistes du Sud et les unités du gouvernement qui s’entredéchirent à nouveau depuis le mois d’août.