Le mot touriste vient du terme anglais tourist issu de la tradition britannique du grand tour d’Europe. En effet, au XVIIIe siècle, les gentlemen achevaient leur éducation par un voyage sur le continent, ce sont les premiers touristes. Mais aujourd’hui, le tourisme existe sous plusieurs formes. Une de ces formes récentes est le tourisme vert qui se veut plus respectueux de l’environnement et compatible avec l’enjeu écologique actuel. Dans cet article, Major Prépa te propose de comprendre les réalités du tourisme vert.
Le tourisme actuel, un secteur trop polluant
Si le tourisme actuel est un réel pilier de l’économie mondiale, car il représentait environ 3 500 milliards de dollars en 2019, c’est aussi un secteur beaucoup trop polluant. En effet, les 1,5 milliard de voyageurs, chaque année, sont responsables de 8 % des émissions de CO2, selon une étude de la revue scientifique Nature Climate Change. D’après les experts, les principaux pôles de pollution seraient les trajets et les séjours intérieurs.
Or, le tourisme est un secteur en pleine expansion, de ce fait, il pollue de plus en plus. En 2009, le tourisme représentait une émission de 3,9 milliards de tonnes de CO2, tandis qu’en 2013, ce chiffre avait déjà grimpé à 4,5 milliards de tonnes.
Dans des villes touchées par le tourisme de masse, comme à Venise, l’activité touristique est réellement destructrice. En effet, en 2021, la ville a été obligée d’interdire les bateaux de croisière pour se protéger de l’érosion et de la pollution.
Avant d’aller plus loin, je te conseille vivement d’aller lire le début de cet article sur le tourisme pour connaître les principaux flux et chiffres du tourisme international.
Le tourisme vert, une potentialité certaine
Définition et origine du tourisme vert
L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) définit l’écotourisme comme une forme de voyage responsable visant à préserver la biodiversité et les ressources culturelles d’une zone naturelle. Cette forme de tourisme s’est développée au Costa Rica dans les années 1980 après la crise de ses ressources traditionnelles.
Ce tourisme développe l’emploi local en plus de minimiser l’empreinte écologique des touristes. Dès lors, l’écotourisme aide notamment les populations autochtones. De plus, il pousse à la création d’espaces protégés. Alors, le tourisme vert respecte clairement les objectifs du développement durable. En effet, il est supportable écologiquement à long terme, mais économiquement et socialement viable.
La réussite du tourisme vert au Costa Rica
Comme expliqué précédemment, après la crise touchant ses ressources comme le café et la banane, le Costa Rica décide de se lancer dans le tourisme vert. Aujourd’hui, c’est un exemple parfait de réussite dans cette activité. Le pays est la première destination touristique d’Amérique centrale. C’est d’ailleurs l’État qui est derrière la mise en place de l’écotourisme.
Aujourd’hui, 22,74 % de son territoire terrestre et maritime est protégé, avec 20 parcs naturels et huit réserves biologiques. Le pays reboise son territoire et s’est fixé l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050. Le secteur touristique est l’activité principale du pays devant l’agriculture.
Le Costa Rica a montré que choisir l’écotourisme est un choix pertinent d’un point de vue économique comme écologique, mais qu’en est-il dans le reste du monde ?
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Le tourisme vert dans le monde, une activité minime mais en progression
Si dans certains pays, le tourisme vert est une activité fortement développée à l’échelle mondiale, en comparaison avec les formes de tourismes classiques, l’écotourisme reste encore trop peu développé. D’un point de vue écologique, seulement 1 % des hôtels dans le monde sont dits « responsables ». La France, l’Espagne et les États-Unis sont les principaux pôles récepteurs du tourisme. Néanmoins, ces trois destinations ne sont pas connues pour la mise en avant du tourisme vert. Cependant, en France, ce secteur augmente d’environ 10 % par an.
Mais c’est surtout dans les pays en développement que le tourisme durable est en croissance. En effet, un pays comme Madagascar (qui possède une grande diversité) favorise le tourisme vert comme mode de développement. Par exemple, le pays développe un plan national d’action environnemental (PNAE) depuis 1990. Dans ce plan, le tourisme vert occupe une grande partie des objectifs avec la création, par exemple, de l’Association nationale pour la gestion des aires protégées (ANGAP).
L’écotourisme, dans les pays du sud, est donc un outil pour concilier les nécessités du développement local, la réduction de la pauvreté et la conservation des écosystèmes et de la biodiversité.
Le tourisme vert, une activité comportant des défauts
L’écotourisme est certes moins néfaste que le tourisme de masse. Néanmoins, il reste vivement critiqué. En 2022, Henri Mora dans Désastres touristiques, explique que le tourisme écologique n’existe pas, qu’il soit alternatif ou pas. Mora critique aussi le mythe de l’avion vert. Il explique que l’industrie touristique détruit un territoire et ses rapports sociaux. Il est donc opposé à toute forme de tourisme.
Rappelons aussi que pour faire du tourisme vert, il faut souvent voyager. Cela implique donc de prendre l’avion. Néanmoins, un vol Paris-San José correspond à environ 11 heures de vol, une pollution conséquente. En effet, l’avion est un moyen de transport qui pollue énormément. En 2022, l’ingénieur Jean-Marc Jancovici plaide pour quatre vols maximum dans une vie pour limiter son empreinte carbone. Dès lors, le tourisme vert ne peut être écologique que si on le pratique dans son pays. Ce qui est encore trop rarement le cas.
À cela s’ajoutent les problèmes de greenwashing par des entreprises très polluantes. En effet, certaines compagnies aériennes, comme Air France, proposent des programmes de reforestation. Un autre exemple, l’entreprise Tanganyika qui organise des expéditions en Tanzanie, se vante d’organiser ses safaris avec des voitures électriques afin de faire moins de bruit pour approcher les animaux de plus près.
Conclusion
Le tourisme vert est incontestablement moins néfaste que le tourisme de masse. Il est certes mieux de privilégier un développement touristique à l’image du Costa Rica plutôt que celui de Dubaï d’un point de vue écologique et social. Néanmoins, il ne faut pas négliger l’impact environnemental du tourisme vert.
Paradoxalement, il ne faut pas oublier que certains pays ne vivent que du tourisme de masse et que l’arrêt de l’activité pourrait être une catastrophe pour la population.
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