Pour ce sujet, il est important de reposer un cadre et de passer par des explications dans l’introduction. Nous verrons dans cet article comment aborder le sujet d’Europe-Puissance dans un contexte de guerre en Ukraine.

Introduction

En avril 2023, Emmanuel Macron évoque l’idée de « l’impensé stratégique » pour l’Union européenne (UE) à l’Élysée. Lors de ce discours, il a insisté sur la nécessité pour l’UE de développer une autonomie stratégique face aux défis géopolitiques mondiaux, critiquant l’absence d’une réflexion stratégique européenne suffisante dans des domaines clés comme la défense, l’économie et l’énergie.
Dès lors, cela relance le débat de l’Europe-puissance. Le concept d’Europe-puissance est une vision géopolitique qui vise à doter l’Union européenne d’une autonomie stratégique et d’une influence internationale plus affirmée. Cette notion repose sur l’idée que l’Europe doit dépasser sa simple fonction de marché économique et devenir un acteur géopolitique capable de défendre ses intérêts de manière autonome. Il faut que l’UE arrive à faire, faire faire, empêcher de faire et refuser de faire, selon la définition de puissance de Serge Sur.
Toutefois, l’UE a mis ce concept sous le tapis et la guerre en Ukraine du 22 février 2022 a mis un électrochoc aux pays membres. Certains pensent à une véritable prise de conscience, un éveil de cette puissance mais il ne semble pas être véritablement le cas.

Problématique : La réaffirmation de la Russie de Vladimir Poutine fait-elle prendre conscience à l’Union européenne l’importance de renforcer le concept d’Europe-puissance ou cet éveil provoqué par la guerre en Ukraine n’est-il que partiel ?

I-Un projet d’Europe-puissance mis de coté au profit d’une Union européenne douce…

Tout d’abord, l’Union européenne est une puissance douce, c’est-à-dire qu’elle n’inclut pas la dimension militaire de l’influence. De plus, elle ne s’appuie pas sur une vision réaliste des relations internationales comme les Etats-Unis mais sur une vision libérale, qui met l’accent sur le commerce pacificateur, qui reprend la théorie du commerce doux de Montesquieu. La sécurité et la défense sont confiées à l’OTAN et elles ne relève pas de la compétence de l’UE.
De plus, on assiste à des divergences internes : le projet d’Europe-Puissance est majoritairement porté par la France et rejeté par l’Allemagne, confortable dans sa situation de dépendance et de coopération avec l’OTAN et les Etats-Unis.
Enfin, la Russie de Vladimir Poutine ne considère même pas ce projet d’Europe-Puissance : le livre blanc russe n’évoque même pas l’UE. Poutine considère que UE vassal US, comme Brzezinski.

II-…toutefois l’UE est percutée par la guerre en Ukraine et cela se traduit par l’expression certaine des caractéristiques d’une Europe-puissance…

La guerre en Ukraine à faite émerger une prise de conscience certaine au sein de l’UE. Dès le 24 février 2022, le discours d’Olaf Scholz condamne l’agression de Poutine. Puis, il apparaît une volonté forte de coopérer entre les Etats européens pour soutenir l’Ukraine.
De plus, on assiste à la mise en place de stratégies et de politiques communes pour faire face à la Russie dans plusieurs domaines. Pour reprendre la définition de Serge Sur, « la puissance est la capacité de faire, faire faire, empêcher de faire et refuser de faire », l’UE apparait comme une puissance car elle fait et empêche de faire.
Enfin elle met en place des aides de soutient pour l’Ukraine avec des livraison d’armes, des aides financières, des missions EUAM et l’accueil des réfugiés.

III-… mais qui semble se heurter à des limites : il y a eu une inflexion mais pas une rupture.

Tout d’abord, les effets des sanctions de l’UE appliquées contre la Russie ont un faible impact, la puissance russe est résiliente. Il y a une absence de solution du conflit par la voie diplomatique.
De plus, les Etats ne se positionnent pas d’une seule et même voie. Encore une fois, c’est la France qui porte difficilement seule ce projet.
Et malheureusement, ce contexte de guerre froide entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie semble davantage démontrer la dépendance de l’Union européenne aux Etats-Unis plutôt qu’une véritable prise de distance de cette dépendance. Des pays à la base non-atlantistes et pacifistes se tournent vers l’OTAN pour assurer la sécurité de leur territoire, comme la Suède et la Finlande.

Conclusion

La guerre en Ukraine et la Russie de Vladimir Poutine ont semi-réveillés l’Union Européenne sur le sujet de la défense. Il reste cependant clair que l’on assied à une inflexion plutôt qu’a une rupture et un véritable éveil. ➔ pas empêcher de faire : toujours la guerre.

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