Major Prépa > Grandes Écoles > Écoles de commerce > Frais de scolarité 2025 : HEC explose la barre des 70K

Pour la dixième année consécutive, Major Prépa analyse et met en perspective l’évolution des frais de scolarité des écoles de commerce post-prépa. Si la tendance est largement haussière depuis le début de la décennie 2010, cette année est marquée par de véritables envolées pour bon nombre d’écoles dans un contexte de résurgence de la prépa (+ 400 candidats au concours cette année). Symboliquement, trois barres sont définitivement franchies : les 70 000€ pour le top 1, les 60 000€ pour le top 5 et les 50 000€ pour le top 11. Une manne salvatrice pour les business schools, mais une note de plus en plus douloureuse pour les étudiants ; au point de les détourner des Grandes Écoles à l’issue de leur prépa ?
Avant toute chose, il faut rappeler quelques fondamentaux pour bien appréhender ces chiffres, que je présente ici sous forme de FAQ.
Pourquoi les frais de scolarité ont explosé au sein des écoles de management ?
Les facteurs de cette augmentation sans précédent des frais de scolarité sont multiples, mais le premier d’entre eux est la fin des subventions de l’État (via les Chambres de Commerce et d’Industrie) pour soutenir le développement de ces écoles. Les business schools françaises ne sont pas plus chères que leurs voisines européennes et beaucoup moins que les nord-américaines. Pour autant, leur prix est souvent jugé disproportionné par les étudiants (et leurs familles !) par comparaison avec les autres types de formations présentes sur le sol français.
Et on ne peut pas vraiment leur donner tort. Héritage de la Révolution française, les Grandes Écoles comme modèle alternatif aux universités ont prospéré dans l’hexagone, tandis que cette dichotomie est absente hors de celui-ci. Il existe un premier clivage donc, avec des universités quasi gratuites d’une part et des Grandes Écoles payantes d’autre part. Or au sein de ce second groupe, seules les écoles de commerce ont été “lâchées” de la sorte par l’État. C’est ainsi qu’elles sont les écoles à afficher des frais de scolarité conséquents, là où les Écoles Normales Supérieures (ENS), les IEP, ou encore les écoles d’ingénieurs pratiquent des prix bien plus modérés. Un non-sens sans doute, à l’heure où ces écoles convergent en bien des points dans leur stratégie et dans leur volonté de décloisonner les savoirs. Ainsi, à poste et salaire égaux à la diplomation (dans le conseil par exemple, qui recrutent aussi bien des managers et que des ingénieurs), à niveau académique et mérite équivalents, l’ingénieur aura déboursé jusqu’à dix fois moins pour son école. Pour autant, les raisons de cet écart sont structurelles, et cela ne devrait pas changer à moyen terme.
L’autre raison tient au développement de ces écoles afin d’atteindre une certaine taille critique. Contraintes à une croissance des effectifs à marche forcée (tous programmes confondus), les Grandes Écoles n’ont d’autres choix que d’investir dans de nouveaux campus plus spacieux et plus attractifs, de s’implanter à Paris, de produire de la recherche de qualité pour bien figurer dans les classements internationaux, de s’aligner sur les standards des accréditations de prestige (EQUIS, AACSB, AMBA), etc. Tout ceci a un coût qui se répercute inévitablement sur le portefeuille des familles des étudiants.
Est-ce que c’est tout de même rentable de faire une Grande École de commerce ?
Oui, certainement. Mais moins qu’avant, indéniablement. Les frais de scolarité ont augmenté de 50% en dix ans, quand l’inflation sur la même période s’élève à 20%. La progression des salaires de sortie des managers n’atteint, quant à elle, que 17% (40 241€ brut hors prime en 2024 contre 34 160€ en 2015 selon l’enquête d’insertion de la Conférence des Grandes Écoles). Malgré tout, la progression de salaire dans les années à venir permet aux Grandes Écoles de rester très attractives auprès des étudiants. Quoi qu’il en soit, ces derniers semblent de plus en plus “ROIste” dans leur approche à l’issue de la prépa.
Est-ce que cette hausse des frais se poursuivra à moyen terme ?
Nombreux sont celles et ceux qui ont annoncé, au cours de la dernière décennie, un futur ras-le-bol des étudiants qui pourraient se détourner des Grandes Écoles le jour où leur prix sera considéré comme abusif. Dans les faits, cela n’est jamais arrivé. On peut même penser que le prix relatif supérieur d’une école par rapport à son groupe concurrentiel constitue un gage de qualité tacite dans l’esprit de nombre d’étudiants. En tout cas, les écoles structurellement moins chères (IMT Business School, publique, et EM Strasbourg, rattachée à l’université) n’ont pas vraiment tiré leur épingle du jeu depuis 10 ans dans la bataille annuelle du SIGEM. On le sait, dans le luxe, l’élasticité du prix est rarement négative !
Pour autant, la situation pourrait évoluer, mais pas de manière uniforme. Une sorte de cassure se produit aujourd’hui entre les écoles du haut du tableau et les autres. Où se situe cette limite ? Peut-être au niveau du top 8, ou bien du top 13… ce n’est pas tout à fait net. Néanmoins, les écoles au-delà de celles-ci vont probablement être contraintes de cesser les hausses annuelles presque systématiques à plus de 5%, au risque d’être boudées par les préparationnaires. Pour les autres, qui trouveront toujours des étudiants prêts à s’acquitter des frais, l’augmentation est évidemment pérenne.
Reste qu’il devient difficile pour certaines familles de s’acquitter de ces frais de scolarité. Certes, les écoles ont su appliquer de fortes remises pour les étudiants boursiers selon leurs échelons, au point de mettre en place une véritable politique de discrimination positive tarifaire, que j’appelais de mes vœux en 2018 dans cet article. Pour les étudiants issus de la classe moyenne en revanche, l’effet pervers est la quasi-obligation de se tourner vers les secteurs les plus rémunérateurs (la finance et le conseil pour ne pas les nommer) parfois au détriment de leurs réelles aspirations.
L’apprentissage est évidemment l’autre levier qui permet d’alléger considérablement la facture, mais l’instabilité politique et la volonté affichée par l’exécutif de tailler dans le vif les dépenses de l’État rendent le dispositif précaire. Par ailleurs, l’alternance dénature “l’expérience Grande École”. Indéniablement, l’affect n’est pas le même quand on ne passe plus qu’une semaine par mois sur le campus de son école, qui plus est sur une excroissance parisienne où la vie estudiantine est minime. Pour des écoles dont la valeur ajoutée réside en partie dans le réseau des anciens, la dégradation du sentiment d’appartenance est un risque à moyen terme à considérer sérieusement.
Les frais de scolarité 2025 des écoles de commerce post-prépa
École | TOTAL 2025 | PGE - année 1 | PGE - année 2 | PGE - année 3 | Césure | TOTAL 2024 | % augmentation 2024/2025 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
HEC | 71 750 € | 22 950 € | 22 950 € | 22 950 € | 2 900 € | 67 400 € | 6% |
ESSEC | 60 300 € | 20 100 € | 20 100 € | 20 100 € | - € | 57 900 € | 4% |
ESCP | 65 300 € | 21 300 € | 21 450 € | 21 550 € | 1 000 € | 62 140 € | 5% |
EDHEC | 60 880 € | 19 960 € | 19 960 € | 19 960 € | 1 000 € | 58 000 € | 5% |
emlyon | 61 100 € | 19 700 € | 19 700 € | 19 700 € | 2 000 € | 59 000 € | 4% |
SKEMA | 55 500 € | 18 500 € | 18 500 € | 18 500 € | - € | 52 000 € | 7% |
Audencia | 52 500 € | 16 100 € | 16 850 € | 17 600 € | 1 950 € | 49 250 € | 7% |
NEOMA | 53 000 € | 17 000 € | 17 500 € | 17 500 € | 1 000 € | 49 000 € | 8% |
GEM | 51 000 € | 16 000 € | 17 000 € | 17 000 € | 1 000 € | 48 350 € | 5% |
KEDGE | 49 375 € | 15 725 € | 16 825 € | 16 825 € | - € | 47 200 € | 5% |
TBS Education | 47 800 € | 15 600 € | 15 700 € | 15 700 € | 800€ | 46 375 € | 3% |
Rennes SB | 46 300 € | 14 900 € | 14 900 € | 15 400 € | 1 100 € | 44 400 € | 4% |
MBS | 45 100 € | 14 500 € | 15 300 € | 15 300 € | - € | 43 000 € | 5% |
ICN | 43 500 € | 14 500 € | 14 000 € | 14 000 € | 1 000 € | 41 620 € | 5% |
BSB | 44 800 € | 14 200 € | 14 600 € | 15 000 € | 1 000 € | 42 300 € | 6% |
IMT Business School | 28 100 € | 9 000 € | 9 000 € | 9 000 € | 1 100 € | 24 250 € | 16% |
Excelia | 46 000 € | 15 000 € | 15 000 € | 15 000 € | 1 000 € | 43 600 € | 6% |
INSEEC | 39 730 € | 12 950 € | 13 390 € | 13 390 € | - € | 39 600 € | 0% |
EM Strasbourg | 32 300 € | 10 500 € | 10 500 € | 10 500 € | 800€ | 32 300 € | 0% |
Clermont SB | 36 500 € | 11 900 € | 11 900 € | 11 900 € | 800€ | 33 500 € | 9% |
ISC Paris | 40 100 € | 10 500 € | 13 300 € | 13 300 € | 3 000 € | 38 910 € | 3% |
Brest BS | 35 500 € | 11 500 € | 11 500 € | 11 500 € | 1 000 € | 35 400 € | 0% |
SCBS | 33 000 € | 10 000 € | 11 000 € | 11 000 € | 1 000 € | 30 450 € | 8% |
Cette année 2025 est, comparativement aux autres années, marquée par de fortes hausses dans le top 15. Seules trois écoles choisissent de lever le pied (INSEEC, Excelia et, de manière plus anecdotique, Brest BS). On notera aussi la forte hausse du côté d’IMT Business School (+16%), couplée à la fin de la gratuité totale pour les boursiers. Pour autant, elle demeure l’école post-prépa la moins chère de France, avec un retour sur investissement (ratio salaire de sortie sur frais de scolarité) toujours très intéressant.
Cause ou conséquence, les frais de scolarité sont toujours aussi corrélés aux résultats SIGEM. Pour ne prendre qu’un seul exemple, SKEMA (55 500€) est loin derrière emlyon (61 100€) et l’EDHEC (60 880€) en termes de droits de scolarité, et relativement devant NEOMA (53 000€) et Audencia (52 500€). La tendance est rigoureusement la même au SIGEM : SKEMA perd 100/0 face à l’EDHEC et 99/1 face à emlyon, mais gagne 84/16 contre Audencia et 87/13 contre NEOMA.
L’évolution des frais de scolarité depuis dix ans
La moyenne pondérée, qui correspond aux frais moyens en fonction du nombre de places ouvertes par chaque école, bondit de plus de 3000€. Une augmentation réelle, mais qui est malgré tout exagérée par la fermeture de places structurellement non pourvues par des écoles au-delà du top 12, moins chères que la moyenne.

Trois barres symboliques tombent
HEC est la première école à passer les 70 000€ de droit de scolarité sur l’ensemble du cursus. Si le chiffre est suffisamment fort pour constituer le titre de cette enquête annuelle, deux autres seuils franchis sont tout aussi notables : désormais, tout le top 5 est à plus de 60 000€ et tout le top 10 est à plus de 50 000€. Derrière, les écarts ne sont pas abyssaux (ICN est à 43 500€, Excelia à 46 000€, etc.) ; l’avenir nous dira si ces écoles pourront se permettre de tenir la cadence.
22 millions d’euros de recettes supplémentaires potentielles pour le top 10
Après des années quelque peu compliquées, le regain des effectifs prépa est une excellente nouvelle pour toutes les écoles. Le top 10 ne s’est ainsi pas fait prier pour accroître la taille de leurs futures promotions, oscillant entre 10 et 15 places supplémentaires pour 2025. Conséquence immédiate : le potentiel de recettes de ces écoles croît de manière spectaculaire pour ce millésime 2025. Évidemment, le tableau ci-dessous ne donne qu’une tendance générale. Il ne tient pas compte des places qui seront in fine non pourvues (notamment pour les écoles hors top 10), du fait que les boursiers ne payent pas la totalité des frais, de la taxe d’apprentissage et de reste à charge pour les étudiants qui seront en alternance, etc.
Néanmoins, et au-delà du prestige que constitue le recrutement en classe préparatoire (et l’attractivité qu’il confère pour remplir les autres programmes), ces chiffres rendent compte de l’importance de la prépa pour des écoles dont le budget total annuel oscille entre 20 et 200 millions d’euros. Il est également à noter que, pour le seul top 10, les recettes potentielles flirtent avec les 300 millions d’euros… en augmentation de 8% par rapport à 2024 (+22 099 650€).