Major Prépa > Grandes Écoles > Écoles de commerce > Frais de scolarité : « Je serais prêt à payer 150 000 euros pour HEC ! »

Toujours plus chères ? Oui, les tarifs des écoles de commerce post-prépa augmentent encore en 2023. Si elles mettent en place des dispositifs de modulation/réduction des frais pour certains profils et proposent des solutions (bourses…) pour financer la scolarité, tout le monde ne peut évidemment pas en être bénéficiaire et l’inflation des frais de scolarité demeure un véritable sujet pour les étudiants et leurs familles. Comment vous sentez-vous face à trois années d’études post-prépa s’élevant à plus de 40 000 ou 50 000 euros ? Quatre étudiants ont répondu à nos questions…
Laura, Ninon, Yohann et Hugo sont tous les quatre étudiants en école de management après être passés par une classe préparatoire. Sauf exception, le tarif qu’ils payent jusqu’à leur diplomation est normalement fixé depuis leur intégration. Mais de quel œil voient-ils l’augmentation des frais de scolarité pratiqués par les business schools ? La question du financement les a-t-elle stressés durant leur prépa ? Combien seraient-ils prêts à payer pour HEC ? Ils répondent sans tabou à nos questions parfois indiscrètes !
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Origine sociale : quand la famille peut financer l’école
Peux-tu nous décrire le milieu social dans lequel tu as grandi ? Une famille “moyenne”, “plutôt aisée”… autre ?
Laura : J’ai grandi au sein d’une famille de classe moyenne et j’ai toujours étudié dans des établissements publics. Je ne suis tout de même pas éligible à la bourse Crous.
Ninon : J’ai grandi dans une famille “moyenne basse”. Mes parents ont pu subvenir à mes besoins jusqu’à ce que je rentre en école de commerce.
Yohann : Je viens d’un milieu plutôt modeste. Disons que je savais que, quand je serai à l’école, j’allais devoir travailler pour payer mes frais de vie car ma famille n’a pas forcément les moyens de m’aider.
Hugo : J’ai grandi dans une famille pas très riche, soutenue par le seul (certes gros) salaire de ma mère, mais qui ne m’a jamais posé de problème pour mon éducation, étant donné que beaucoup de dépenses étaient réservées à ce sujet (peu de vacances, jamais de voyages à l’étranger, etc…). Donc, d’un point de vue de l’éducation, je dirais : “famille très aisée”.
Ta famille était-elle aussi mobilisée sur le sujet ? Et prête à t’aider ?
Laura : Ma famille a toujours été prête à m’aider, dans la mesure du possible, voyant les études comme un investissement pour mon futur.
Ninon : Ma famille n’est pas intervenue à ce sujet, j’ai géré moi même l’estimation de mon budget et la négociation de mon prêt étudiant.
Yohann : Pas spécialement, j’ai dû faire les démarches seul car ma famille, non issue de ce milieu, ne comprend pas du tout ce système de grandes écoles. Il leur paraît inconcevable de payer pour aller à l’école.
Hugo : Oui, complètement, j’ai eu cette chance. Ma mère et mes grands-parents m’ont beaucoup soutenu, et ma mère me répétait que si le problème était d’origine financière, ça n’était pas vraiment un problème.
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Le financement des études en école : cause de stress important
À quel moment de ta prépa as-tu commencé à penser au coût de ta future école ?
Laura : En m’engageant dans une classe préparatoire, mes parents et moi étions conscients du niveau élevé des frais de scolarité en école de commerce. Nous comptions naturellement sur un prêt étudiant pour financer mes études.
Ninon : J’ai commencé à m’inquiéter des frais de scolarité et du coût de la vie étudiante pendant mon année de cube, mais c’est devenu une vraie préoccupation pour moi après les oraux, au moment des résultats et des inscriptions, lorsque nous avons été confrontés à la réalité des montants des frais.
Yohann : Je n’y ai pas forcément pensé car toutes les écoles ont, à peu de choses près, les mêmes frais de scolarité. J’ai commencé à m’y intéresser pour préparer ma première année, à la fin des concours.
Hugo : Dès le début ! J’ai toujours eu cette culpabilité de trop coûter à ma mère, et que le coût de mes études devait être “rentabilisé”.
Le montant des frais de scolarité était-il un facteur de stress pour toi ?
Laura : D’un côté, le niveau des frais de scolarité étant très élevé, j’avais surtout peur de ne pas obtenir de prêt étudiant couvrant l’ensemble des frais. D’un autre côté, j’espérais, par la qualité de ma formation et à l’issue de celle-ci, rentabiliser assez rapidement l’investissement. Je savais aussi que de nombreuses écoles de commerce proposent une alternative qu’est la formation en alternance, permettant de ne pas payer de frais de scolarité.
Ninon : C’était un énorme facteur de stress, j’ai eu très peur de devoir abandonner l’idée d’intégrer une école de commerce à cause des frais de scolarité car j’ai rencontré des difficultés pour souscrire un prêt étudiant et ma famille n’était pas en mesure de m’aider à payer. C’est d’ailleurs toujours un problème pour moi actuellement, étant donné que le montant de mon prêt étudiant ne va pas pouvoir couvrir toutes mes années d’études.
Yohann : Énormément, car j’ai calculé que je ne paierai plus les frais de scolarité à partir de la 2e année en anticipant une augmentation de mon échelon de bourse, ce qui est finalement loin d’être sur. Par conséquent, cela provoque un stress important…
Hugo : Oui, dans le sens où je refusais de faire payer 50k à ma famille pour un diplôme que je considérais comme “mauvais”.
As-tu fait un calcul en fonction des frais de scolarité avant de choisir ton école ?
Laura : Globalement, les écoles de commerce ont des frais de scolarité plus ou moins similaires, donc le prix de la scolarité n’était pas un critère de choix de l’école pour moi.
Ninon : Non car les écoles que j’avais obtenues se valaient toutes au niveau des frais de scolarité. J’ai choisi celle qui me convenait le mieux en sachant que j’aurai des difficultés avec les frais de scolarité quelle que soit l’école.
Yohann : Comme l’école dans laquelle je suis accorde des réductions sur les frais de scolarité en fonction de l’échelon Crous auquel l’élève est situé, j’ai évidemment fait le calcul pour savoir combien ça allait me couter sur les 3 ans afin de contracter un prêt.
Hugo : Oui, bien que cela n’aurait pas eu d’influence sur mon choix d’école.
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Réduction, modulation, bourse, prêt… trouver la solution pour financer sa scolarité
As-tu pris le temps de te renseigner sur les aides financières proposées par chaque école ou pas forcément ?
Laura : Oui, tout à fait ! Dans mon école, il existe une exonération totale ou partielle des frais de scolarité pour les élèves boursiers, selon l’échelon de bourse. N’étant pas concernée par cette mesure, je savais néanmoins que je pouvais compter sur la formation en apprentissage dès la deuxième année.
Ninon : Je me suis renseignée sur les aides proposées par Audencia au moment de l’inscription. Pour les autres écoles non, car j’étais convaincue que j’irai à Audencia.
Yohann : Je me suis renseigné sur les frais de scolarité de mon école et les aides accordées, mais honnêtement, les écoles ne font pas d’humanitaire et les conditions pour bénéficier de ces aides sont très strictes.
Hugo : Je ne suis pas éligible à la bourse.
Que penses-tu des mesures d’exonération partielle ou totale des frais de scolarité ?
Laura : Ces mesures d’aides pour les boursiers sont nécessaires afin de favoriser l’égalité des chances. Mais, prendre uniquement comme critère la bourse du Crous me semble réducteur, il serait intéressant d’élargir les critères.
Ninon : Selon moi, ces mesures sont nécessaires pour favoriser l’égalité des chances et permettre à tous les étudiants qui le souhaitent de suivre le parcours qui leur plait. Je pense que l’exonération des frais sur étude de dossier est très intéressante, notamment pour les étudiants non boursiers qui peuvent avoir besoin eux aussi d’aide. L’exonération fondée sur l’échelon Crous est aussi intéressante, mais cette une mesure qui n’est pas proposée dans toutes les écoles, ou qui n’est pas très bien pensée (par exemple, exonération d’une partie des frais des scolarités à partir de l’échelon 5, mais rien pour les échelons inférieurs).
Yohann : Ces aides me sont précieuses, car j’en bénéficie, mais objectivement, il faudrait mieux les échelonner car cela crée de grandes disparités. Par exemple, un boursier échelon 3 à l’ESCP paye 11 100€ alors qu’un boursier échelon 4 ne paye rien. Cela prend en compte uniquement l’aspect financier et non social, familial.
Hugo : C’est une bonne initiative.
As-tu contracté un prêt pour financer ton école ?
Laura : J’ai contracté un prêt. Pour diverses raisons il n’est pas à hauteur de l’ensemble des frais de scolarité de mon école. J’ai alors opté pour la formation en alternance.
Ninon : Oui, j’ai contracté un prêt avec une banque partenaire d’Audencia, le CIC Ouest.
Yohann : J’ai contracté un prêt de 13k€ auprès de quelqu’un de ma famille qui a un peu d’argent pour payer ma première année à ESCP.
Hugo : Ma mère a décidé de tout payer, parce qu’elle voulait que mon premier emprunt soit “un emprunt d’investissement et pas de dette”. Je lui dois beaucoup, elle sacrifie beaucoup pour mon frère et moi. Avec 10 à 20% de coût en plus, j’aurais probablement demandé un emprunt. C’est vraiment ric-rac.
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Les Grandes Écoles de management jugées par certains “hors de prix”
Trouves-tu que les écoles sont hors de prix aujourd’hui ? Penses-tu que leurs tarifs sont justifiés ?
Laura : Certes, les écoles proposent une formation d’excellence, permettant a priori à l’étudiant(e) de pouvoir par la suite rembourser les frais de scolarité, mais les prix restent très élevés et augmentent chaque année, ce qui pose un problème d’ordre social.
Ninon : Je trouve qu’au vu des prestations offertes par les écoles (réseau, conférences, outils de travail, cadre…), le prix est plutôt justifié. Je pense cependant que ces tarifs sont un vrai frein pour les étudiants qui rencontrent des difficultés financières.
Yohann : Les écoles sont absolument hors de prix, surtout pour la qualité (pas toujours au rendez-vous) des cours qui sont proposés, le manque de choix concernant les cours si nous n’obtenons pas les notes nécessaires etc… À partir du moment où nous payons, nous sommes censés avoir le droit à un “service”, or dans les écoles, nous payons parfois pour être encore restreints dans nos choix.
Hugo : “Très chères”, assurément, “hors de prix”, je ne sais pas… C’est une somme que je n’aurais jamais hésité à débourser, quitte à m’endetter. La plus value des très bonnes écoles est quand même bien supérieure à 55k. Maintenant, c’est tout de même extrêmement cher, et j’aimerais bien voir le détail des dépenses.
Penses-tu qu’une scolarité en école de management est un investissement rentable ?
Laura : Selon l’école, celle-ci peut apporter de belles opportunités de carrière et un réseau important, mais tout dépend quand même de ce que l’étudiant souhaite faire à la sortie.
Ninon : Je pense que c’est un investissement rentable sur le long terme. Mais c’est un investissement qui peut être difficile à faire pour certains et qui peut freiner les étudiants.
Yohann : À ce qu’il parait, ils le sont car nous pouvons les rembourser avec le salaire proposé aux postes que nous sommes censés atteindre une fois diplômés. Néanmoins, je ne suis pas sûr que l’on ne puisse pas accéder à ces postes en faisant une bonne fac publique ou autre. Je pense donc qu’ils ne sont pas rentables.
Hugo : Ça dépend de la scolarité. À HEC, oui. Mais pas partout.
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Tu penses qu’ils vont grimper jusqu’à combien ?
Laura : Je n’ai pas un montant précis en tête mais je pense qu’ils vont continuer d’augmenter considérablement chaque année.
Ninon : Jusqu’à 20 000€ par année au moins pour les écoles du top 3.
Yohann : Autant que les étudiants sont prêts à payer. Les grandes écoles, c’est le prestige, et comme on peut contracter un prêt, nous n’avons même pas l’impression de payer réellement, ce qui contribue à faire grimper les frais.
Hugo : Trop. À voir si ce système survivra, ou s’il subira une refonte.
Tu serais prêt à payer combien pour une scolarité à HEC ? Si tu avais tout l’argent que tu veux et que ton admission n’était pas conditionnée par la réussite à un concours ?
Laura : Selon cette hypothèse, je pourrais payer jusqu’au montant maximal permettant de rentabiliser l’investissement à la suite de la formation.
Ninon : 15 000€, comme ce que je paye à Audencia. Comme je l’expliquais précédemment, je trouve que c’est un montant relativement justifié pour une école de commerce qui offre de nombreux avantages, en sachant que c’est une école privée.
Yohann : Avec argent illimité, je pourrais mettre des centaines de milliers d’euros dans une scolarité à HEC ou n’importe où d’ailleurs. Le fait est qu’il existe la contrainte financière.
Hugo : 150k, voire plus. C’est là tout le vice, il savent que l’on payera, quoi qu’il arrive, donc ils montent…
(Cette vidéo ne date pas d’hier, mais sur le fond, elle reste d’actualité !)