Dans le rush de fin d’année, on était à deux doigts de craquer… Pour nous aider à sortir la tête du guidon, il nous a suffi d’un seul coup de fil à passer : celui qui nous a permis d’avoir des nouvelles de SKEMA. Parler avec Denis Boissin, directeur du PGE de la business school, c’est prendre une grande bouffée d’air frais et se souvenir des raisons qui font tenir en prépa. On partage l’essentiel de notre entretien avec un directeur passionné et passionnant.

Denis Boissin, directeur du PGE de SKEMA

Si on vous dit SKEMA = « campus internationaux » ! On a retenu l’essentiel de l’école à vos yeux ?

Denis Boissin. Nos campus à l’international constituent l’élément le plus “visible” de l’école, et nous sommes ravis qu’ils soient parfaitement repérés par les prépas. Travailler la dimension internationale de SKEMA fait partie de notre stratégie depuis l’origine. Nous l’avons fait en implantant sur chacun de nos campus à l’étranger tous les services accessibles aux étudiants sur nos sites français et avons tenu à proposer des expatriations sans aucun frais supplémentaires.

Un étudiant peut partir successivement à Raleigh (États-Unis), Belo Horizonte (Brésil), Suzhou (Chine), Stellenboch (Afrique du Sud) ou bien « seulement » sur 1, 2 ou 3 de ces campus : la mobilité internationale à SKEMA est garantie sans aucun frais supplémentaires. Je précise l’emploi du terme « garantie » : tout étudiant a une place sur les campus internationaux de l’école pour peu qu’il/elle en fasse la demande.

Ce qui est moins connu des prépas, c’est que SKEMA opère en propre sur ses campus. À l’inverse des accords d’échanges traditionnels (que nous proposons par ailleurs nombreux et de grande qualité à SKEMA !), nous ne confions pas au partenaire le volet académique de l’expérience. Nous avons au contraire pleinement la main sur le contenu des cours, les méthodes d’enseignement ou encore le format des évaluations organisées par le corps professoral. Il y a une vraie continuité entre la richesse et la profondeur de la vie académique et étudiante en France (à Paris, Lille et Sophia-Antipolis) et celle de nos campus à l’étranger. J’en profite pour glisser à ceux qui auraient manqué l’info que la localisation de nos prochaines implantations est désormais connue…

Think Forward : un PGE déjà dans le futur !

Nous allons y revenir ! Mais d’abord, quel est le principe qui guide le programme Grande École de SKEMA ?

Denis Boissin. Le vrai fil directeur du PGE est résumé dans sa signature : Think Forward. Les élèves de CPGE sont souvent concentrés sur le concours, qu’ils envisagent comme une fin en soi, et je le comprends. C’est assez difficile, en pleine préparation, d’arriver à voir au-delà de l’épreuve/des épreuves pour laquelle/lesquelles on travaille. Une fois à SKEMA, nos étudiants ont aussi tendance à limiter leur projection au « bac+5 » qu’ils vont obtenir. Mais c’est une erreur d’imaginer que l’on est « arrivé(e) » une fois le diplôme décroché.

À SKEMA, notre mission, c’est bien entendu de conduire les étudiants au diplôme, mais aussi d’accompagner leurs débuts de carrière. Les trois à cinq premières années d’un(e) jeune diplômé(e) sont essentielles.

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Il faut se former en pensant à quel horizon alors ?

Denis Boissin. Une business school doit anticiper les besoins du marché à 5, 10 ou 15 ans. SKEMA est pleinement dans cette logique de projection. Attention : nous ne sommes pas des auteurs de science-fiction ! Il existe des méthodes et des outils pour guider cette projection : repérer les signaux faibles, rechercher les tendances, analyser les données sont des pratiques auxquelles les équipes du corps professoral sont formées.

Les enseignants-chercheurs sont l’une des grandes forces de SKEMA. Nous avons mis sur pied il y a plusieurs années avec eux des cours de prospective qui sortent les étudiants des manuels à compulser ou des théories à apprendre par cœur. On dépasse les savoirs ! C’est évidemment moins confortable que de trouver la réponse à une problématique « page 12, chapitre 4, paragraphe 7, du livre x », mais c’est passionnant à partager ! Nos étudiants adorent. Ils voient le travail de recherche de leurs enseignants à l’œuvre : une pensée se construire, des scénarios s’élaborer, une hypothèse se vérifier… et c’est un bonheur de voir « juste ». Sans avoir à craindre l’erreur, car ce n’est pas un « futur unique » que nous tentons de déterminer, mais une série d’hypothèses basses/médianes/hautes que nous explorons avec nos étudiants concernant l’avenir d’un secteur, d’un produit, d’un besoin, d’un métier…

Des outils pour anticiper les futurs possibles

Pouvez-vous expliciter ?

Denis Boissin. Je vous donne deux exemples, très parlants pour qui s’intéresse à la veille juridique : l’annonce de la fin des véhicules à moteur thermique à horizon 2035 en Europe va avoir des conséquences à différents niveaux marché/métier qu’il est tout à fait possible d’anticiper dès maintenant. Quand Emmanuel Macron reconnait le statut d’e-sportif en 2016, beaucoup de nouveaux métiers font leur apparition dans les mois qui suivent pour encadrer la pratique (gestion des arènes de jeux vidéo, sponsoring d’e-événements, gestion du droit à l’image…).

Ce ne sont pas des métiers tombés du ciel : une veille attentive permet d’anticiper ces évolutions de fond. Cela signifie une chose essentielle pour nos étudiants : s’ils ont regardé les tendances et travaillé la manière dont ils se projettent dans le monde du travail, ce qu’ils font avec nous, à SKEMA, ils vont comprendre qu’ils ont la main sur leur futur métier et la façon dont ils pourront l’exercer.

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Comment SKEMA évalue ses étudiants sur leurs capacités à « anticiper » ? C’est difficile/impossible, non ?

Denis Boissin. À partir du moment où l’on demande aux étudiants d’exprimer des opinions ou visions prospectives, le professeur évalue sans jugement de valeur pour porter son attention sur l’argumentation, la réflexion, les données sollicitées…

Cette année, dans mes cours, j’ai ajouté une slide inspirée par le travail réalisé l’an dernier par un étudiant. Il m’a tellement surpris par sa vision et l’exposé d’idées auxquelles je n’avais pas pensé que je partage désormais cela avec mes « nouveaux » étudiants, dans une logique de co-construction à laquelle je tiens beaucoup. J’estime qu’à ce stade de leur parcours, les étudiants n’ont plus à apprendre par cœur et à être salués pour parvenir à restituer leurs connaissances avec brio. Mais ils ont le droit, et peut-être même le devoir, de penser par eux même, d’avoir leur propre vision, de défendre leurs idées. En somme, d’être les auteurs de leurs études.

Des cours inédits sur les grands enjeux

Qu’est-ce qui existe à SKEMA et nulle part ailleurs ?

Denis Boissin. Les cours que nous appelons « signature ». Ce sont des cours dédiés aux grands enjeux qui sont uniques chez nous. Ils sont co-construits par des enseignants de l’école en collaboration avec des professeurs de classes préparatoires. Les sujets traités (économie, géopolitique, sociologie, « transitions »…) sont en lien direct avec les programmes de prépa. Il y a une ambiance très différente au sein de ces cours. Les étudiants ressortent souvent lessivés de ces sessions de 3 heures, très intenses, durant lesquelles ils sont très sollicités. Je les vois hyper attentifs, engagés, étonnés. Ils réagissent et participent beaucoup. J’y assiste moi-même régulièrement et je vois à quel point ils sont intellectuellement très challengeants. Ce sont vraiment des cours à vivre !

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Le compliment de la part de vos étudiants qui vous fait le plus d’effet ?

Denis Boissin. Il concerne la qualité de notre accompagnement. J’ai en tête l’exemple récent d’une étudiante rencontrant une situation financière difficile qui nous a remerciés pour notre soutien. Souvent, de jeunes diplômés, au moment du bilan, reviennent nous dire à quel point l’école a été présente dans les moments plus difficiles qu’ils ont pu traverser, et combien cela a compté pour eux. Ce sont des messages qui me touchent particulièrement, car ils résonnent avec ma vision du métier : l’enseignement supérieur n’est pas une industrie comme les autres. On travaille au quotidien sur/avec/pour (de) l’humain. Ma priorité, et celle de toutes les équipes de SKEMA, reste dans tous les cas d’être présent pour les étudiants.

Des tracks pour accompagner les choix d’orientation

Que manque-t-il à SKEMA pour que vous soyez comblé ?

Denis Boissin. Peut-être une seule chose… mais à laquelle nous travaillons ! Après avoir aboli les frontières entre les cours (supprimé la pensée en silo), j’aimerais abolir l’idée des étudiants que leur progression académique (en cours) est distincte de la courbe « professionnalisation » (stages, alternance…), elle-même sans lien avec la conduite de projets plus personnels. Les compétences s’acquièrent partout, tout le temps et je souhaite, à travers la mise en place d’un référentiel, aider les étudiants à visualiser la variété des sources, des formes et des usages des compétences.

Le track qui a le plus de succès à SKEMA ?

Denis Boissin. La Finance est le track le plus populaire chez nos étudiants de L3. Il joue d’ailleurs pleinement son rôle d’aide à l’orientation en permettant de confronter une idée à la réalité de ce secteur. Certains étudiants réalisent que ce n’est pas pour eux et d’autres voient leur préférence confirmée.  Le track en droit est par ailleurs de plus en plus demandé. Celui en intelligence artificielle est aussi bien identifié, tout comme celui que je pilote sur les sujets de développement durable et RSE. À chaque fois, ce sont des compétences transversales que les étudiants acquièrent. Qu’ils poursuivent ou non dans ce domaine, les connaissances acquises leur seront utiles partout.

Un nouveau campus à Los Angeles pour SKEMA

Vous l’évoquiez en réponse à la première question : il nous faut maintenant des précisions sur le futur campus de SKEMA !

Denis Boissin. Nous devrions pouvoir prochainement nous installer sur la côte Ouest des États-Unis, à Los Angeles. Nous attendons la confirmation début 2024. Je reste prudent, car nous procédons d’une manière encore inédite pour SKEMA. Jusqu’à présent, l’école s’est installée ex nihilo à l’international. À Los Angeles, nous avons racheté une école américaine pour opérer comme un acteur historique sur place. C’est un mouvement très disruptif qui nous fait aujourd’hui travailler en direct avec les équipes sur place à la gestion des différents programmes et des étudiants américains.

Cette école, spécialisée dans le luxe et le design, est aussi implantée au cœur de l’écosystème de référence en matière d’entrepreneuriat à l’échelle mondiale. Des thématiques sur lesquelles SKEMA est très bien positionnée. Il nous reste deux paliers d’accréditations à valider avant de pouvoir annoncer l’ouverture de ce campus à Los Angeles… qui interviendra peut-être la même année que celle d’un 6e campus à l’international dont la localisation sera prochainement révélée. Deux nouveaux campus à l’étranger en 2024, ce serait totalement inédit !

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SIGEM, classements… de quoi êtes-vous le plus fier ?

Denis Boissin. Les classements n’ont jamais guidé la stratégie de SKEMA. En revanche, ils sont un « marqueur » intéressant. Dès le départ, nous avons cru dans notre modèle, mais notre rang dans les classements ne bougeait pas. Nous avons tenu bon sans particulièrement nous en soucier et la hiérarchie est aujourd’hui très différente. Mais je tire plutôt ma fierté de voir des candidats admis dans des écoles encore mieux classées faire le choix de SKEMA.

De voir aussi des diplômés que les recruteurs nous remercient d’avoir formés à l’IA pour la transformation des entreprises ou à la finance durable, pour donner deux exemples de spécialisations ouvertes il y a quelques années. Nous avions parfaitement réussi à anticiper les besoins du marché. Quand des maîtres de stage ou d’apprentissage me rappellent pour embaucher d’autres étudiants SKEMA car ils ont apprécié leurs compétences, leurs capacités de travail, leur esprit collaboratif… Tout ce qui valide la pertinence et le professionnalisme de nos diplômés est source, pour moi, de grande fierté.