Major Prépa > Grandes Écoles > Écoles de commerce > Comment le métaverse va bouleverser la pédagogie dans les business schools. L’exemple d’Excelia Business School

NFT, metaverse… Depuis quelques mois, ces deux mots que beaucoup peinent encore à définir se sont retrouvés propulsés au cœur de l’actualité médiatique. Il ne se passe pas un jour sans que tel commentateur prophétise l’avènement d’un monde régi soit par l’un, soit par l’autre. Au point que l’une des sociétés les plus puissantes du monde, Facebook, a décidé fin octobre de se renommer Meta, annonçant par la même occasion son intention claire de devenir le leader de ce prolongement du monde en devenir.
Mais derrière ces “buzzwords”, quelles réalités concrètes peuvent réellement émerger ? Pour ce qui est du metaverse, l’un des champs d’application les plus immédiats pourrait être l’éducation. La manière dont on transmet le savoir, qui n’a fondamentalement pas trop changé depuis des décennies – voire des siècles – serait donc très fortement impactée par l’émergence de cette technologie.
Afin de mieux comprendre dans quelles mesures le metaverse pourrait bouleverser l’enseignement, nous avons rencontré Anthony Hié et Sébastien Chantelot, respectivement directeur de la transformation digitale du groupe Excelia et Dean à Excelia Business School. L’école compte en effet investir massivement dans cette technologie pour revoir en profondeur l’expérience pédagogique de ses étudiants.
Tout d’abord, quelle est exactement la réalité du metaverse aujourd’hui ?
Anthony Hié : Bien que la technologie du metaverse n’en soit qu’à ses balbutiements, nous avons la conviction que ce n’est pas qu’un effet de mode passager, mais bien une véritable révolution technologique qui s’amorce. Quelques chiffres pour étayer cette hypothèse : rien que depuis le début de l’année 2022, 120 milliards ont été investis par les entreprises dans le metaverse, principalement par Meta (ex-Facebook).
Par ailleurs, selon le cabinet McKinsey, d’ici 2030, le metaverse représentera un marché de 5000 milliards de dollars et, selon Gartner, dès 2026, 25% de la population passera au moins une heure par jour dans le metaverse. Toujours selon McKinsey, l’éducation sera le deuxième domaine qui sera le plus impacté par le metaverse, derrière le e-commerce.
Quels sont donc les enjeux que vous identifiez pour votre école ?
Anthony Hié : Il y a déjà un premier sujet évident : familiariser nos étudiants avec une technologie qui sera structurante dans l’économie de demain. Les étudiants qui auront des compétences et une aisance à évoluer dans le metaverse seront fortement valorisés sur le marché du travail.
Surtout, c’est un sujet qu’on ne peut ignorer car, côté pédagogique cette fois, il va bouleverser le monde de l’éducation et en particulier la neuroéducation. Désormais, il sera possible de mettre les étudiants dans des expériences d’apprentissage immersives. De cette manière, par la pédagogie qui devient non plus passive (comme pour des cours magistraux) mais bien active, on fixe plus durablement les notions apprises dans l’esprit des apprenants. Dans cette optique, Excelia a déposé un label pour garantir la qualité des expériences immersives présentées aux étudiants nommé ILE (Immersive Learning Experience©️) qui se base sur des critères et un référentiel pédagogique et technologique, en s’appuyant sur les principes de neuro-pédagogie.
L’intérêt du metaverse est de simuler dans un monde virtuel, avec une véritable impression de réel, des situations difficilement reproductibles dans la réalité. Un exemple concret : on crée dans le metaverse un gros incendie sur le campus, et on teste la capacité des étudiants à réagir dans une situation d’urgence et de stress, en donnant des consignes précises et pertinentes à leurs camarades.
Sébastien Chantelot : C’est d’ailleurs déjà utilisé par certaines entreprises dans leur process de recrutement, à l’image de Walmart qui est le plus gros employeur du monde. Ils ont reproduit le blackfriday dans le metaverse pour tester leurs candidats et ainsi affiner leur sélection.
Pour revenir à la pédagogie : d’après une étude réalisée par PwC, les étudiants apprennent 4 fois plus vite dans le metaverse et sont 3 fois plus confiants dans l’acquisition de leurs compétences. Il y a donc un véritable intérêt pour des écoles comme la nôtre, cela ne relève pas du gadget pour peu que l’on s’empare du sujet intelligemment.
En clair, il faut penser la pédagogie à l’aune de ce nouvel outil : quelles compétences sont intéressantes à assimiler dans le metaverse et de quelle manière ? Comment le metaverse s’articule avec l’expérience physique dans le campus ? Il n’est en effet pas question que cette technologie se substitue à l’expérience sur site. Enfin, la question de la formation des professeurs et de leur adhésion à cette nouvelle manière d’enseigner est également décisive.
Quelles sont les prochaines échéances pour Excelia en la matière ?
S.C et A.H : Nous allons véritablement commencer les tests dans les salles de cours dès l’année prochaine. Déjà, pendant les admissibles, nous proposions aux étudiants des petites simulations dans le metaverse (par exemple, il fallait réussir à arrêter un train qui était hors de contrôle).
Ensuite, nous sommes en train de nous équiper techniquement pour garantir la meilleure expérience aux étudiants. Nous sommes en train de créer notre propre metaverse afin d’être maître de nos données et de ne pas dépendre d’acteurs tiers, comme Meta par exemple. Nous souhaitons également proposer aux étudiants les casques qui assurent la meilleure immersion tout en réduisant l’effet d’inconfort qu’on peut ressentir lorsqu’on est plongé dans le metaverse. À terme, nous équiperons les étudiants de gilets et de gants qui permettent de ressentir la sensation de toucher dans le metaverse, ce qui permettra une expérience pleinement immersive. Enfin, nous travaillons avec un prestataire spécialisé pour créer les meilleurs scénarios en 3D réaliste pour coller avec l’objectif pédagogique affiché.
En somme, cette transition va se mettre en place progressivement au cours de l’année 2022-2023. Excelia souhaite ainsi figurer parmi les figures de proue du metaverse à des fins pédagogiques en France dans les années à venir, et se donne les moyens pour cela !