L’EDHEC ouvre un Parcours Humanités à la rentrée prochaine. 45 de ses futurs étudiants de pré-Master pourront l’intégrer et suivre 20% de cours en lien direct avec les enseignements en sciences humaines dispensés en classes préparatoires. Quels en sont les contours et les ambitions pour les futurs diplômés ? Réponses avec le directeur du PGE de la business school, Tristan-Pierre Maury.
Pourquoi ouvrir un nouveau parcours consacré aux Humanités ?
Tristan-Pierre Maury. Nos étudiants sont de plus en plus nombreux à souhaiter prolonger le travail autour de disciplines qui les ont passionnés durant leurs années de classe préparatoire, et notamment les enseignements liés aux humanités. Les ex-khâgneux avec en tête leurs cours de lettres, de philosophie ou de sociologie ou les anciens préparationnaires des séries EC avec notamment leurs cours de culture générale ou de géopolitique. L’EDHEC proposait jusqu’à présent des électifs pouvant répondre à une partie de cette demande, mais nous avons estimé essentiel d’aller plus loin en ouvrant un parcours dédié, composé de cours obligatoires orientés vers les humanités faisant le lien avec la prépa.
Que vous disent les entreprises à propos de ce parcours ?
T.-P. M. Ce parcours est plébiscité par les entreprises partenaires auxquelles nous l’avons présenté. Entreprises et organisations recherchent de plus en plus de profils hybrides et, parmi eux, ceux associant de solides connaissances philosophiques et éthiques à des compétences approfondies dans le champ du management sont identifiés comme des talents précieux aux yeux des entreprises. Nous faisons face, de manière simultanée, à des défis environnementaux, sociaux et sociétaux d’une nature et d’une ampleur peut-être encore jamais rencontrées dans l’histoire de l’humanité. Il ne semble pas insensé de considérer que nous sommes arrivés au bout de certains business models. Pour accompagner leur transformation, il est nécessaire de tenir compte du fait que les modèles aujourd’hui dominants ne l’étaient pas hier, et qu’ils seront encore différents demain. Une lecture historique, sociologique ou encore philosophique des mouvements du monde éclaire les choix stratégiques des entreprises et organisations.
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Parcours Humanités : 45 places pour tous les profils d’étudiants, quelle que soit leur prépa d’origine
Les diplômés de l’EDHEC passés par le Parcours Humanités seront-ils destinés à exercer dans l’univers de la culture ?
T.-P. M. Les humanités permettent de porter un regard différent et novateur sur toutes les problématiques de l’entreprise et doivent concerner tous les secteurs et tous les métiers. Il n’y aurait pas eu de sens à créer un parcours « silo », qui mènerait par exemple automatiquement à des postes dans le management des institutions culturelles. Le nouveau Parcours Humanités combine aux fondamentaux de l’EDHEC des enseignements spécifiques pour former des profils hybrides, capables de proposer des approches innovantes dans tous les secteurs d’activité.
Pas un parcours “en silo”, entendu, mais un parcours qui concerne davantage les profils littéraires ?
T.-P. M. Nous recrutons nos étudiants de pré-Master au sein des classes préparatoires uniquement, toutes CPGE inclues. Les anciens préparationnaires des options économiques et commerciales côtoient des ex-khâgneux et des étudiants passés par les prépas scientifiques. Ces derniers, tout comme les EC de l’option mathématiques approfondies trouvent, pour beaucoup, matière à s’épanouir au sein de nos parcours en data et en finance, en particulier notre nouvelle filière « Data Science & AI for Business ». Mais le Parcours Humanités, s’il peut davantage se situer dans le prolongement des enseignements de khâgne, n’est pas fermé aux profils scientifiques ! L’hybridation concerne tous les profils : ils ont accès à une variété de parcours et de filières proposés dès l’année de pré-Master et tout au long du cursus à l’EDHEC.
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Un parcours pour étudier la place et le rôle des humanités dans la vie économique
Il sera possible de poursuivre ses études au sein du Parcours Humanités durant le cycle Master ?
T.-P. M. Un étudiant qui aura suivi le Parcours Humanités en pré-Master pourra continuer en M1. Il suivra une nouvelle série de cours obligatoires, s’engagera dans la réalisation d’un grand projet créatif en lien avec le monde des arts et de la culture, participera aux learning expeditions programmées… mais il pourra aussi choisir d’intégrer une autre filière. Celle en Finance reste accessible à tous les étudiants, pourvu qu’ils aient suivi les électifs fléchés pour la Finance. Notre double diplôme en Management des affaires publiques avec Sciences Po Lille, tout comme celui que nous proposons avec l’École Supérieure de Journalisme de Lille, sont également accessibles après une année de Pré-Master au sein du Parcours Humanités.
Comment s’articule le nouveau Parcours Humanités ?
T.-P. M. Pleinement intégré au PGE, il mêle 20% de cours associés au champ des humanités spécifiquement réservés aux 45 étudiants insérés dans ce parcours et 80% de cours fondamentaux obligatoires communs à tous les étudiants du Pré-Master. Nous écartons les disciplines les plus quantitatives d’une année de Pré-Master classique pour intégrer au Parcours Humanités des cours d’éthique, de philosophie politique, de sociologie des organisations, d’histoire ou encore orientés vers les arts. Nous gardons évidemment à l’esprit que l’EDHEC est une business school dont la mission est de former des futurs managers. Ces cours, supervisés par les enseignants-chercheurs de notre département Humanités, doivent guider les réflexions de nos étudiants sur la place et le rôle des humanités dans la vie économique et la réalité des entreprises.
« Les questions d’éthique et d’humanité vont se poser de manière impérieuse à l’échelle de toutes les sociétés »
Comment seront choisis les 45 étudiants ?
T.-P. M. Pour ce nouveau parcours, la sélection s’opère dans un premier lieu sur la base des notes obtenues au concours, essentiellement dans les matières liées aux humanités. Les candidats devront joindre à leur dossier une lettre de motivation à laquelle nous serons particulièrement attentifs pour nous assurer de la cohérence de cette orientation avec leur parcours et leurs aspirations.
On peut donc être profondément attaché aux Humanités et efficace dans le monde du business…
T.-P. M. Absolument. Nous pouvons prendre un exemple avec la data qui est aujourd’hui partout et les IA génératives qui sont en pleine évolution. Peu d’experts peuvent imaginer ce qu’il sera possible de faire avec dans les prochaines années, ni comment le monde de l’entreprise sera précisément impacté. Une certitude : les questions d’éthique et « d’humanité » vont se poser de manière impérieuse pour toutes les entreprises, sur l’ensemble de leurs activités. La littérature a traité la confrontation homme/machine dans des œuvres majeures et certaines des lectures classiques de notre enfance deviennent une réalité professionnelle. L’entreprise a besoin de profils qui, tout en comprenant techniquement l’IA, auront le bagage intellectuel leur permettant de faire un pas de côté pour comprendre où ces évolutions technologiques peuvent nous mener.
