Vous venez de prendre la tête de l’ISG, quelles ont été les raisons de cette nomination ?

Une nomination c’est, tout d’abord, le choix d’une personne avec qui l’on partage de mêmes ambitions. Avec Marc Sellam, Président-fondateur du groupe IONIS, nous sommes convaincus que la dimension technologique et digitale doit venir irriguer nos parcours et donner aux futurs décideurs la culture « tech » nécessaire aux métiers de demain. Notre approche est transverse, pluridisciplinaire. Comment formerions-nous de bons managers, créatifs, entreprenants, agiles en omettant cela ?

Et puis, vous savez, je suis un enseignant et un universitaire de métier. Dans mes précédentes fonctions, je me suis beaucoup attaché à la valorisation de la recherche, à créer des ponts entre l’entreprise et le monde académique. Avec l’ensemble des membres de la Faculté de l’ISG, nous partageons aussi cette valeur qui nécessite de la plasticité intellectuelle. Objets connectés, blockchain, data sciences… Tous ces domaines appellent aujourd’hui une double-compétence. Nous voulons y travailler.

Enfin, la troisième raison de ma nomination tient au souhait de Marc Sellam et moi-même d’instiller de la créativité et de l’agilité dans les programmes afin d’avoir cette double casquette digital/techno et business. Et, de ce point de vue, la rentrée promet d’être riche !

L’an passé, l’ISG a fêté ses 50 ans avec l’édition d’un livre intitulé « Et si demain… ». Qu’avez-vous donc prévu pour l’avenir ?

Le livre « Et si demain… » retrace les parcours de 50 de nos Alumni et leurs intuitions créatives. Ces intuitions proviennent invariablement d’un bousculement des habitudes et modèles économiques. « Et si demain » les modèles économiques actuels devenaient caducs ? « Et si demain » les banques devaient vendre autre chose que de l’argent ? « Et si demain » on devait imaginer de nouvelles façons de travailler ?

Dans cette société connaissant de profondes mutations, nous prévoyons que l’école sera un « lab », un lieu où nous rencontrerons d’autres personnes, où nous entraînerons notre cerveau à la réflexion critique… Presque comme dans une salle de sport (intellectuelle) ! L’école doit être un moment fort où l’on retrouve ses amis de promo, où l’on partage les mêmes expériences et, pourquoi pas, celle de la création d’entreprise. On cherche à ce que les étudiants aient de bonnes idées, et cela passe par la quantité mais aussi la mise en situation d’idéation. Nous avons ainsi travaillé avec HP ou encore Happn dans le cadre de sprints design.

En étant des lieux de création et d’idéation, les écoles créent les métiers de demain, les secteurs de demain… En faisant fonctionner leur imagination, nos étudiants inventent les applications et solutions métiers de demain. C’était déjà le cas des étudiants ISG il y a 40 ans, c’est encore plus vrai aujourd’hui !

En termes de membres du Who’s Who, l’ISG est la quatrième école française derrière HEC, l’ESSEC et l’ESCP. Comment expliquer cette position inattendue ?

Dans votre propos, un mot me fait sursauter : « inattendue ». Pourquoi notre position serait-elle « inattendue » ? Je n’y vois rien d’inattendu. Nous sommes le 4ème « fournisseur » de personnalités du Who’s Who parce que nous laissons les passions et les ambitions s’exprimer. Nos étudiants ont du relief, du caractère et des projets. L’école leur donne les moyens de transformer ces passions en métiers… parfois en rêve. C’est comme cela que nous sommes là où on ne nous attend pas. Nos étudiants ne sont pas lisses, ils viennent avec leurs idées, leurs turbulences, quand ils croient en leurs projets, parce qu’ils osent rêver.

L’ISG dispose de très nombreux alumni célèbres, à l’instar de François Baroin, Stéphane Courbit (fondateur de Betclic et de Banijay – qui possède notamment les sociétés de production de Nagui et de Cyril Hanouna), Victor Robert (animateur sur Canal+) ou Anne-Sophie Pic (trois étoiles au guide Michelin). Comment expliquer cette capacité à produire des diplômés autodidactes aux incroyables carrières ? S’investissent-ils dans le réseau alumni ?

L’attachement au réseau des Anciens est très fort. Victor Robert a été le parrain de la promo 2016. Le président de Clarins, ancien ISG, est aussi fortement attaché à l’école. La réussite de nos étudiants n’est pas le fruit du hasard, ces parcours ne sont pas incroyables pour nous. Leurs parcours sont tracés dans leurs passions, leur volonté de soulever le monde. C’est ainsi que l’on crée les conditions d’un bouillonnement intellectuel et la capacité à convaincre et expliquer des projets.

La communauté des Alumni ISG est aussi structurée en 12 délégations. Celle de New York est la plus active et compte plusieurs centaines de membres, extrêmement désireux de contribuer à la vie de l’école. A Paris, le Directeur des Ateliers Van Cleef (ISG 1992) a ouvert à nos étudiants ses locaux. De quoi prendre un bain d’innovation et de nouvelles idées dans d’autres métiers et s’émerveiller de ce que le cerveau peut imaginer.

Historiquement, l’ISG a été la première école française à ouvrir en Chine (dès le début des années 1990) et est très présente aux Etats-Unis. Quelles sont vos activités à l’international ?

L’international est un point capital pour nous. Être une école internationale, c’est avoir des étudiants, des enseignants et une direction tous très internationaux. Notre recrutement d’enseignants chercheurs est toujours ouvert. La directrice déléguée à la Grande Ecole est anglaise. Parmi nos étudiants sur le campus de Paris, plus d’une trentaine de nationalités se côtoient. Vivre une expérience cosmopolite à Paris, here is the deal! Quel ennui de se retrouver entre Français à New York ou à Londres…

Et puis, nous avons des campus en Chine comme aux Etats-Unis, des bureaux de représentation auxquels il faut s’adresser lorsqu’on est étudiant. Grâce à ces réseaux, il est très facile de contacter le DG de L’Oréal Chine, Ancien ISG, ou le patron du groupe Puig (possédant Nina Ricci et Paco Rabbane) à New York, lui-même Ancien ISG. L’international, c’est non seulement être présent sur un campus, mais c’est aussi avoir envie d’y réaliser ses projets. C’est la conjonction des secteurs d’activité et des lieux qui donne tout leur sens à nos délégations locales.

L’ISG fait partie du groupe IONIS, l’un des leaders français de l’enseignement supérieur. Quelles sont les passerelles que vous développez avec les autres écoles ?

Aujourd’hui, nous avons des partenariats avec de nombreuses écoles du groupe. Ce qui fait la différence avec les autres écoles de commerce, c’est que nous sommes une école de commerce pour des managers digitaux, des innovateurs technologiques. Nous hybridons des parcours avec l’ESME-SUDRIA pour avoir une double compétence technique et managériale. Pour les professionnels en activité, nous avons un Executive MBA en partenariat avec l’EPITA, ce qui permet aux professionnels de s’aguerrir sur les problématiques de Big Data et de Data Science.

Au sein de nos propres programmes, nous mettons des doses de digital et de créativité que nous concevons avec e-artsup, Epitech ou EPITA. Cela permet à nos étudiants d’avoir une double-culture : managériale, business et surtout techno.

Où voyez-vous l’ISG dans 10 ans ?

Nous nous voyons encore plus tournés vers l’international, implantés dans les villes qui comptent pour nos étudiants et les grandes entreprises de demain ! Nous serons présents à New York, à Berlin, à Bruxelles en plus de Genève où nous sommes déjà aujourd’hui.

Dans 10 ans, nous nous imaginons forts d’une communauté de près de 50 000 Alumni sur les 5 continents (nous en comptons 21 000 aujourd’hui). Nous ambitionnons d’être l’école de l’excellence managériale, technologique et digitale, l’école des managers de la tech. C’est en faisant ce pari que nous pensons gagner encore quelques places dans le Who’s Who. Nous ne voulons pas simplement former des leaders, mais des personnalités qui, par leur talent, leur foi indéfectible dans leurs rêves, feront partie de cette communauté qui compte…