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Alice et Rafaël reviennent sur leurs années de prépa au lycée Fermat à Toulouse, un parcours qui les a menés à intégrer l’X (Polytechnique). Dans cette interview, ils partagent leurs méthodes de travail, leur organisation et leur préparation aux concours.

Parcours scolaire au lycée et motivation pour la prépa

Quel genre d’élèves étiez-vous pendant le lycée ?

Rafaël : Au lycée, j’ai eu la chance d’obtenir de bons résultats sans avoir à fournir beaucoup d’efforts. En terminale, j’ai choisi de suivre Maths Expertes en plus des maths et de la physique. J’ai toujours eu des facilités dans ces matières. J’étais dans les meilleurs de ma classe sans trop travailler. Pendant ces années, je n’étais pas du tout dans une logique de tryhard : je faisais beaucoup de sport, je sortais régulièrement, etc.

Alice : Au lycée, j’avais surtout des facilités en sciences, mais cela ne veut pas dire que je ne travaillais pas. J’ai commencé à vraiment travailler dès la première, car c’est à partir de là que les notes comptent pour Parcoursup. Ce qui m’inquiétait un peu, c’était d’entendre que, pour réussir en prépa, il fallait en avoir encore sous le pied. Heureusement, j’ai réalisé que j’avais encore la capacité à travailler plus. J’étais déjà assez organisée au lycée, ce qui a rendu la transition vers la prépa plus facile pour moi, surtout comparé à ceux qui n’avaient jamais réellement travaillé auparavant.

Avez-vous participé au Concours général en mathématiques ou physique, ou à des Olympiades pendant le lycée ?

Rafaël : Jusqu’en terminale, je n’avais jamais entendu parler de tout cela. C’est ma professeure de maths qui m’a parlé du Concours général de mathématiques et, avec quelques amis, on a décidé de tenter. On est restés une ou deux fois après les cours pour travailler sur des sujets. Finalement, ça ne s’est pas particulièrement bien passé. Mais, de toute façon, notre objectif était plus de découvrir que de performer. Il ne faut pas s’inquiéter, ce n’est pas parce qu’on ne réussit pas au Concours général qu’on échouera en prépa !

Alice : En première, j’ai participé aux Olympiades de maths, sans vraiment savoir ce que c’était et sans m’y préparer du tout. Résultat, je n’ai pas réussi ! 

Quels ont été vos résultats au baccalauréat ?

Rafaël : J’ai obtenu mon bac avec environ 17 de moyenne générale. Dans les détails, j’ai eu 19 en maths, 19,5 en physique, 16 en philosophie et autour de 15 dans les langues. Mes notes étaient assez équilibrées.

Alice : J’ai obtenu mon bac avec une moyenne de 18,3. J’ai eu 18,5 en maths, 19,5 en physique, et entre 15 et 16 dans les matières littéraires.

D’où vient votre motivation pour faire une prépa ?

Rafaël : C’est grâce à ma professeure de maths que j’ai découvert la prépa, car personne dans ma famille n’avait fait une prépa. En première, j’avais fait les portes ouvertes de Fermat, donc je savais déjà que cette voie existait. Je voulais poursuivre dans les sciences, et la prépa me semblait être la suite logique du lycée pour viser les meilleures écoles.

Alice : Au départ, la prépa ne m’attirait pas vraiment. Ma mère en avait commencé une, mais elle l’avait rapidement abandonnée, donc elle ne m’en parlait pas forcément en bien. En première, je pensais plutôt intégrer une école d’ingénieurs post-bac. Cependant, vers le milieu de la terminale, j’ai commencé à y réfléchir davantage, d’autant plus que mes professeurs m’encourageaient à envisager la prépa, estimant que cela pourrait bien me correspondre. Ce qui m’a finalement décidé, c’est que je voulais faire l’INSA Toulouse en post-bac, mais il n’y avait pas de spécialisation en aéronautique ou en spatial, des domaines qui m’intéressaient beaucoup. Donc, je pensais peut-être à faire SUPAERO, c’est pour ça que j’ai opté pour la prépa.

Comment s’est passé Parcoursup ?

Rafaël : J’ai été refusé d’office dans les prépas parisiennes en MPSI et PCSI. En revanche, j’ai été admis directement en PCSI au lycée Fermat, tandis qu’en MPSI, j’étais trop loin sur la liste d’attente. J’ai donc fait ma prépa PCSI à Fermat.

Alice : Sur Parcoursup, mon premier choix était Fermat, même si j’avais aussi mis des prépas parisiennes, comme Henri IV et Louis-le-Grand, où j’étais en liste d’attente en PCSI. De toute façon, j’aurais choisi Fermat, car je n’avais pas encore 17 ans et je ne me voyais pas quitter mes parents. J’ai opté pour PCSI car, même si j’étais à l’aise en maths, je n’étais pas passionnée au point de vouloir faire MPSI. J’aimais davantage la physique et je pensais qu’en PCSI, j’aurais un bon équilibre entre physique, chimie et maths. À un lycéen, je conseillerais PCSI s’il aime les maths, mais sans vouloir en faire trop. 

Avez-vous révisé avant de rentrer en prépa ?

Rafaël : Entre le lycée et la prépa, j’ai vraiment profité de mon été. Une ou deux semaines avant la rentrée, j’ai relu un peu mes cours de maths et de physique, et j’ai feuilleté le poly de Louis-le-Grand, mais sans y prêter une attention particulière. Pour les futurs préparationnaires, je vous conseille de vraiment profiter de vos vacances.

Alice : Pendant l’été, j’ai pensé que l’essentiel était de me reposer pour être en forme pour la rentrée. À la fin des vacances, j’ai repris un peu les maths, histoire de commencer à retrouver le rythme avant le début de la prépa. J’avais feuilleté le poly de Louis-le-Grand et essayé de faire les premiers exercices. Je les ai trouvés vraiment difficiles, alors j’ai vite abandonné. Aux lycéens, ne vous inquiétez pas si vous n’arrivez pas à faire ce poly. Même si on me le redonnait aujourd’hui, il y a plein d’exercices que je ne saurais toujours pas résoudre.

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Méthodes de travail en prépa

Quelle était votre répartition de temps entre les cours et les TD ?

Rafaël : Tous les soirs, j’essayais de réviser mes cours de la journée. Mais, surtout en SUP, je me concentrais sur la préparation du DS de la semaine. Je révisais le cours, les propriétés et les exemples, puis je refaisais les exercices du TD. Je passais assez rapidement sur les propriétés et le cours, et je consacrais plus de temps aux exercices. Au début de la SUP, je cherchais tous les TD, mais au fil du temps, le manque de temps m’a forcé à me concentrer sur l’essentiel. Si un exercice ne venait pas rapidement, je l’abandonnais, surtout s’il y avait d’autres matières à réviser.

Alice : Je mettais beaucoup l’accent sur le cours. Le soir, je le relisais de manière assez active, avec un brouillon à portée de main. En revanche, je passais moins de temps sur les TD. Si le professeur nous demandait de préparer un exercice pour le cours suivant, je l’essayais, mais je n’y consacrais pas un temps infini. Je me concentrais avant tout sur la maîtrise du cours, car je savais que, si je ne le connaissais pas bien, je n’arriverais pas à comprendre les exercices, ni même à suivre en cours le lendemain. Par contre, à mesure que le cours avançait et que le DS approchait, je faisais davantage de TD. Pour moi, l’essentiel était de rester régulière dans l’apprentissage du cours, et même si un DS de maths arrivait à la fin de la semaine, il était important de continuer à réviser les autres matières.

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Comment répartissiez-vous votre temps de travail entre les différentes matières scientifiques ?

Rafaël : En SUP, j’ai consacré beaucoup plus de temps aux maths qu’à la physique. En prépa, les maths sont totalement différentes des maths du lycée. On a l’impression de faire des choses complètement nouvelles ! Je pense qu’il est essentiel, surtout pour la deuxième année, de bien travailler les maths dès la première année et d’avoir des bases solides.

Alice : J’étais plutôt une personne équilibrée. Mon objectif était d’obtenir de bonnes notes dans toutes les matières, sans forcément être excellente dans l’une d’elles. Je consacrais presque autant de temps à la physique qu’aux maths. 

Quelle était votre façon de travailler les matières littéraires ?

Rafaël : En anglais, je n’avais pas besoin de trop travailler, car j’avais déjà un bon niveau en arrivant en prépa. En revanche, en français, c’était plus difficile pour moi et, comme je n’y arrivais pas, j’ai un peu laissé tomber la matière en SUP.

Alice : En SUP, je ne travaillais pas beaucoup le français, mais je restais attentive en cours, surtout pour la méthode de la dissertation, du résumé, etc. Il n’était pas nécessaire d’apprendre les citations, car elles ne servaient pas pour les concours. En revanche, en SPÉ, je consacrais beaucoup plus de temps au français, notamment pour apprendre environ 150 citations, en sachant à quel thème elles se rattachaient. Je préparais aussi des exemples pour les oraux Mines et X. Pour l’anglais, je lisais un peu la presse et l’actualité en anglais en dehors des cours.

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Consultiez-vous d’autres livres en complément des cours de vos professeurs ?

Rafaël : En physique, j’ai utilisé le Dunod pour avoir plus d’exercices et un peu pour le cours, surtout pendant la période de révisions. En maths, j’avais l’Ellipses, mais je ne l’utilisais pas beaucoup. En réalité, les cours et les exercices des professeurs suffisent généralement. Il est préférable de maîtriser ces ressources avant de chercher ailleurs.

Alice : Les ressources que mes professeurs me donnaient étaient amplement suffisantes. Parfois, j’allais à la bibliothèque chercher d’autres livres pour clarifier certains points du chapitre que je n’avais pas compris, mais c’était surtout en dépannage. Il n’est généralement pas nécessaire de chercher ailleurs. On a parfois l’impression qu’en ayant tel livre, on va tout comprendre, mais les profs couvrent largement ce dont on a besoin.

Avez-vous révisé entre la SUP et la SPÉ ?

Rafaël : J’ai pris un mois et demi de vraies vacances où je n’ai pas ouvert un cahier. Deux semaines avant la rentrée, j’ai commencé à revoir l’ensemble du programme de la SUP et tous les cours pour arriver confiant à la rentrée.

Alice : Je me suis principalement reposée. J’ai pris un mois complet sans rien faire, ce qui était vraiment nécessaire. En août, j’ai commencé à réviser un peu : relire mes cours et faire quelques exercices. J’ai aussi travaillé les œuvres de français, en faisant des fiches de citations. Le plus important pour moi, c’est vraiment de se reposer et d’arriver en forme pour la rentrée.

Vécu et méthodes d’organisation en prépa

Comment votre classement dans la classe a-t-il évolué, et comment l’avez-vous vécu ?

Rafaël : En SUP, je partais d’un classement moyen (entre la 15e et la 20e place) et j’ai progressé au fil de l’année. Vers le milieu de l’année, notamment en maths, j’étais entre le top 10 et le top 15. Puis j’ai eu un déclic et, au deuxième semestre, je faisais des top 2 et top 3. Je pense qu’il m’a fallu du temps pour m’adapter, mais, une fois que j’ai trouvé mon rythme et organisé mon travail, je suis devenu beaucoup plus efficace. En SPÉ, en PSI*, j’ai fait 32e sur 40 au premier semestre, c’était difficile. Mais, après un temps d’adaptation, j’ai progressé, atteignant le top 5-6 en maths au deuxième semestre. Par contre, en français, je n’ai pas vraiment progressé et je suis resté autour de la 35e place.

Alice : Il y a eu une vraie différence entre la SUP et la SPÉ. En SUP, tout s’est bien passé dès le début. J’étais à l’aise et j’ai majoré les deux semestres, ce qui m’étonnait un peu, surtout en maths. Quand je suis passée en PSI*, j’ai senti la différence. J’étais souvent dans les 20 premières en maths, mais ça a été compliqué. Je perdais confiance en moi, surtout quand je n’arrivais pas à résoudre certains exercices. Heureusement, les professeurs m’ont rassurée et m’ont donné des conseils, ce qui m’a permis de rebondir. Un conseil que je donnerais à tous : si vous êtes en difficulté, ne restez pas tout seuls. Demandez de l’aide à vos camarades et surtout à vos professeurs. C’est vraiment la meilleure chose à faire !

Préfériez-vous travailler en groupe ou en solo ?

Rafaël : J’étais plutôt un bosseur solitaire, sachant que j’étais efficace chez moi. Quand j’avais des questions, je demandais à des amis. 

Alice : Au lycée, je travaillais souvent seule, soit au CDI, soit dans une salle de classe. Après les cours, je mangeais au self et rentrais chez moi pour continuer. Bien que je travaillais seule, je trouvais motivant d’être entourée de gens au CDI, même sans travailler ensemble. Avoir quelqu’un à côté de soi qui est concentré peut vraiment pousser à travailler. Il ne faut pas hésiter à chercher du soutien quand c’est nécessaire.

Quel était votre état d’esprit pendant la prépa ?

Rafaël : En SUP et début de SPÉ, je n’avais pas d’objectif précis pour les concours. Je me disais simplement : « Tu n’as rien à perdre. » Mon objectif était juste de progresser et de donner le meilleur de moi-même. Je ne pensais pas à l’X, surtout que j’étais loin d’être le favori dans ma classe. À la fin des deux années, mes classements m’ont poussé à viser des écoles comme CentraleSupélec ou une grande Mines, mais je n’étais pas X ou rien. Je pense que c’est vraiment une mentalité qui peut te détruire.

Alice : Pendant ma prépa, je ne me suis pas mise en mode tryhard. En arrivant, je me disais que les concours étaient loin et que je me concentrais sur la prépa en elle-même. Je ne me mettais pas de pression, surtout en SUP. Je suis arrivée en me disant que, si jamais ça ne me plaisait pas, si jamais c’était trop dur, j’arrêterais. Cette mentalité m’a bien aidée, car la pression me fait perdre mes moyens. En SPÉ, les concours approchant, j’ai progressivement ressenti un peu plus de pression, mais je me suis toujours concentrée sur le travail de fond. 

Comment organisiez-vous votre semaine en prépa ?

Rafaël : En SUP, je faisais beaucoup de semaines à thème (que des maths, que de la physique, etc.), en fonction des DS à venir, ce que je ne recommande pas de faire et que j’ai fini par abandonner. J’ai aussi arrêté de stresser pour les khôlles et, au fur et à mesure, je les abordais de manière plus sereine. Cela m’a allégé mentalement et m’a permis de gagner du temps. Je pouvais donc bosser toutes les matières dans la semaine.

Alice : Je pense que c’est une erreur de se concentrer uniquement sur une matière quand on a un DS de cette matière à la fin de la semaine, au détriment des autres. En SUP, on a parfois du mal à ne pas privilégier la matière du DS, mais il faut absolument limiter le retard sur les autres matières. En SPÉ, j’ai compris l’importance de cet équilibre, car il était plus important pour moi de me préparer pour les concours que d’avoir une bonne note juste pour le DS.

Faisiez-vous des pauses pendant la journée ? Comment gériez-vous votre sommeil ?

Rafaël : Tous les soirs, je travaillais jusqu’à 22 h 30 ou 23 heures. J’avais vraiment besoin de sommeil, car si je n’avais pas mes 8 heures, j’étais décalé en cours le lendemain. Il m’arrivait même de faire des siestes après les cours pour être plus efficace ensuite. Pour moi, prendre une pause et faire une sieste si nécessaire est préférable à travailler sans être efficace.

Alice : En prépa, j’ai vite compris qu’un rythme régulier était essentiel : me lever et me coucher à la même heure tous les jours. Je m’assurais d’avoir mes 8 heures de sommeil chaque nuit, car être fatiguée nuirait à ma concentration en cours et, après, c’est un cercle vicieux. Le sommeil était ma priorité. Je ne négligeais pas les repas non plus, je prenais vraiment le temps de manger, soit avec mes amis au lycée, soit avec mes parents chez moi. Ensuite, je travaillais jusqu’à 22 heures, sans trop de pauses. 

Avez-vous traversé des périodes difficiles pendant votre prépa ?

Rafaël : En prépa, le stress s’est intensifié à l’approche de certaines échéances, comme l’acceptation en classe PSI*, mais, en SUP, je n’étais pas vraiment stressé. En deuxième année, le stress est monté un peu, surtout que j’avais envie de performer aux DS. Donc, avant les premiers DS, j’ai ressenti un peu de stress. Mais j’ai eu surtout du stress à l’approche des concours. Je pense que, comparé à d’autres, ça ne m’a pas paralysé. Un bon conseil pour gérer le stress en prépa : pratiquez du sport, entourez-vous de potes pour vous détendre et prenez du temps pour voir votre famille. 

Alice : J’ai bien sûr traversé des moments de stress et des coups de mou, mais ce qui m’a vraiment aidée, c’était de discuter avec les professeurs et de ne pas rester isolée.

Préparation aux concours

Quand avez-vous commencé à faire des annales ?

Rafaël : J’ai commencé à faire des annales dans les DS, qui incluaient des exercices de concours. Jusqu’à peu avant les concours, je me contentais de cela, sans chercher d’autres annales supplémentaires. Si vous voulez en faire plus, notre prof de maths nous disait que la meilleure préparation pour l’X-ENS était de se concentrer sur des sujets Mines/Centrale et d’être irréprochables dessus.

Alice : Contrairement à ce que certains pourraient penser, je n’ai pas fait d’annales pour m’entraîner aux concours. Je me concentrais sur refaire les DS et DM de l’année qui étaient des bouts de sujets de concours.

Avez-vous fait une préparation spécifique pour les concours ?

Rafaël : Avant les deux semaines de révisions, j’ai préparé un planning très détaillé. J’avais inscrit tous les thèmes et chapitres de chaque matière sur un tableau. J’avais planifié des blocs de deux heures et, le soir, je consacrais une heure à des matières comme le français ou l’anglais. Pendant la première semaine, je ne faisais que relire mes cours, refaire les TD et travailler sur les DM et DS associés à chaque chapitre.

J’ai travaillé du lundi au samedi, en commençant à 8 heures, avec des sessions de deux heures et des pauses à midi et le soir. Je travaillais de 8 heures à 12 heures, puis de 14 heures à 18 heures et, enfin, de 21 heures à 22 h 30. Cette semaine-là, j’ai révisé toute la SUP et la SPÉ. La deuxième semaine était consacrée aux annales. J’ai sélectionné trois ou quatre annales par matière principale (maths, physique, SI), en faisant des sujets Mines, Centrale et X-ENS. J’ai travaillé ces annales pendant des blocs de 4 heures, matin et après-midi. 

Alice : Mes révisions se sont organisées en deux phases : les vacances de février et les deux semaines avant les concours. Pendant les vacances de février, mon objectif était de revoir tout ce que j’avais fait depuis le début de la SPÉ : cours, exos, DM, DS. J’avais établi un planning ultra-précis pour chaque jour, en détaillant précisément ce que je devais faire (ex. : matin maths, tel TD, tel DM, etc.). Je me concentrais sur la consolidation de ce que j’avais déjà vu, en mettant l’accent sur les exos classiques et en faisant des fiches.

Avant les concours, j’avais déjà consolidé ces bases, donc je me suis concentrée sur les DM, TD et DS déjà faits, en consacrant moins de temps au cours. J’ai laissé quelques créneaux pour faire des sujets entiers. J’ai fait un ou deux sujets de Mines et Centrale, et en SI, j’ai réalisé trois sujets (un de Mines, un de Centrale et un d’X). L’idée était de ne pas faire trop de nouveaux sujets, mais de bien maîtriser ceux que j’avais déjà travaillés.

Comment avez-vous géré votre confiance en vous avant les épreuves ?

Rafaël : J’étais vraiment stressé, mais j’ai essayé de relâcher la pression juste avant les concours. Le week-end précédent, je n’ai pas du tout révisé, comme nous l’avait conseillé notre prof de maths : « Arrêtez de bosser, vous avez travaillé pendant deux ans, ça va bien se passer. » Quand je suis arrivé à X-ENS, je me suis dit : « Tu n’as rien à perdre, tu peux le faire. » Avant l’épreuve de maths, j’avais beaucoup de pression mais, une fois lancé, ça s’est bien passé. J’étais dans un état d’esprit du genre : « Tu vas gérer ce sujet, tu vas y arriver ! »

Alice : À la fin des révisions, je me sentais presque prête, ayant accompli tout ce que je voulais. J’étais motivée, mais pour moi, ce n’était jamais « X ou rien ». Donc, je suis arrivée à ce concours en me disant : « Fais de ton mieux, c’est une occasion unique. » J’avais un peu de stress, car je savais qu’il y avait de l’enjeu, mais je n’étais pas tétanisée.

Comment avez-vous vécu les concours, en particulier celui de l’X ?

Rafaël : C’était assez mitigé. Il y a des épreuves où je pensais avoir réussi le sujet et d’autres où j’avais un peu plus de mal à jauger.

Alice : J’ai trouvé les maths vraiment difficiles mais, comme c’était pareil pour tout le monde, je n’ai pas trop paniqué. Mon objectif était de rester concentrée pendant chaque épreuve. C’est important de ne pas se laisser distraire après une épreuve, surtout qu’on ne sait jamais comment les autres ont réussi. J’évitais de trop discuter avec les autres sur les épreuves, parce qu’entendre des gens dire qu’ils ont bien réussi, alors que tu sais que toi, tu n’as pas brillé, ça peut être stressant. Après l’épreuve de SI, je me suis sentie mal, pensant que je n’avais vraiment pas réussi, mais j’essayais de tout oublier et de me concentrer sur la prochaine épreuve. Ce n’est pas facile d’oublier une épreuve où on pense avoir échoué, mais l’important est de se focaliser sur la suite. 

Travailliez-vous le soir pendant les concours ou entre les concours ?

Rafaël : Ce que je faisais le soir d’avant, déjà je rentrais, je me reposais, je mangeais, et après je relisais les fiches pour le lendemain. Mais les fiches, je les avais tellement relues, que je passais dessus uniquement pour me rassurer. 

Alice : On m’avait conseillé d’arrêter de travailler une fois les concours commencés et de me coucher tôt, en faisant autre chose le soir. Les journées à l’X finissaient assez tard, vers 18 heures, donc après, je rentrais, je mangeais avec ma famille et je me couchais relativement tôt. Avant de dormir, je relisais quand même mes fiches. Je ne sais pas si c’était vraiment utile, mais c’était un moyen de me rassurer, au cas où je devrais me souvenir d’une formule le lendemain. Le soir avant les épreuves de français ou d’anglais, je révisais mes citations.

Comment avez-vous préparé vos oraux ?

Rafaël : Quand on est rentrés des concours, les profs ont vraiment enclenché la seconde pour préparer les oraux. On avait pas mal de kholles d’entraînement. En dehors de ça, on révisait et faisait des exercices. Au début, je me concentrais sur les annales des Mines et Centrale, puis en kholles, les profs nous faisaient passer sur des sujets X-ENS, ce qui nous permettait de monter en puissance. J’avais également fait un ADS avec mon prof de physique pour l’épreuve de l’X.

Alice : En PSI, les oraux de l’X arrivent rapidement, et après les résultats d’admissibilité, on n’avait qu’une semaine pour se préparer. J’étais motivée, donc je suis même allée courir pour me préparer aux épreuves de sport, en faisant un peu de footing et de la natation. Pour nous préparer, on travaillait sur des sujets d’années précédentes : X, Mines, Centrale, un peu de tout. Je pense que faire des kholles en conditions de concours était super utile. J’ai aussi beaucoup bossé en autonomie, en prenant des sujets d’années passées, en m’entraînant au tableau. Même après avoir été admissible, je manquais de confiance. J’avais peur des oraux et j’ai essayé de profiter de mes derniers moments au lycée, même si je peinais à travailler.

Comment se sont passés vos oraux à l’X ?

Rafaël : Je suis allé aux oraux en me disant que je pouvais y arriver. Pour les provinciaux, c’est un peu la galère, car on n’a pas vraiment de points d’ancrage. J’étais vraiment stressé mais, comme on était plusieurs de la classe à être admissibles, on s’est soutenus mutuellement. Certaines épreuves se sont bien passées, d’autres moins.

En maths, j’ai eu un kholleur sympa qui m’a bien aidé et guidé. J’ai réussi à avancer, même si le deuxième exercice était vraiment difficile, mais j’ai trouvé des pistes. En physique, ça a été plus compliqué. J’ai eu un exercice d’optique avec trois questions. La première question était déjà un casse-tête, et là, le stress est monté. Finalement, j’ai eu la même note en maths et en physique : 9/20. Ce qui montre qu’on ne peut jamais vraiment savoir si on a bien réussi ou non. Je me suis rattrapé avec de bonnes notes en anglais, en français, aux TP et à l’ADS.

Après les oraux de l’X, j’étais content de mon parcours et fier de ce que j’avais accompli. Et je pense que c’est un point important pour tous les concours : il faut être fier de ce qu’on a fait et du chemin parcouru. Au niveau de mes résultats, je ne m’y attendais pas du tout, donc j’étais super content !

Alice : Les oraux en eux-mêmes me stressaient beaucoup, surtout ceux de l’X, car je me mettais beaucoup de pression. Le problème, c’est qu’après chaque oral, on ne sait jamais si on a bien réussi ou pas, c’est impossible à savoir. Le mieux, c’est de l’oublier, mais c’est beaucoup plus difficile que pour les écrits. Parfois, on se sent un peu satisfaits de nous-mêmes, mais on sait que ça ne veut rien dire, car on peut toujours recevoir une mauvaise note.

Pour mon oral de maths, c’était un gros coefficient et, honnêtement, je ne l’ai pas très bien réussi. Mais je savais aussi que je n’aurais pas pu faire mieux. Les maths à l’X, c’est vraiment difficile. Sur le moment, je me suis dit que je n’avais pas trop mal réussi, et que ça allait le faire, mais au final, j’ai eu 9/20. Je n’étais pas trop déçue, car j’avais donné tout ce que je pouvais. Ce qui m’a sauvée, c’est que j’ai eu des bonnes notes dans les autres matières. C’est là que ma polyvalence a vraiment payé, car, si j’avais mis toutes mes chances sur les maths, par exemple, et que j’étais tombée sur un mauvais sujet, tout aurait pu s’effondrer. 

Quand j’ai vu mes points, j’étais complètement dans le flou. Au début, je me suis dit que c’était fini avec mon 9 en maths. Mais au fur et à mesure des jours, je ne pouvais pas accepter que, si proche du but, je ne sois pas admise.

Avez-vous un dernier conseil à donner aux élèves en prépa ou à des lycéens ?

Rafaël : Pour les lycéens qui ont des doutes, même s’ils ne sont pas premiers de leur classe, il faut savoir que tout peut changer en prépa. En prépa, les cartes sont rebattues. Même si vous n’arrivez pas à réussir votre prépa, vous gagnerez énormément en termes d’organisation, de méthode de travail et même de connaissance de vous-mêmes.

Pour les préparationnaires, même s’il y a des moments difficiles, il ne faut pas perdre de vue l’objectif final : les concours. Des mauvaises notes en DS ne déterminent pas votre réussite aux concours. Ce qui compte, c’est d’avoir l’envie de progresser et de rester motivés. Avec cette attitude, vous pouvez vraiment accomplir de grandes choses. Chacun a sa propre méthode de travail et il est important de trouver ce qui nous correspond le mieux pour être efficaces. Cela prend du temps, mais on finit toujours par trouver sa propre méthode.

Alice : Pour moi, les points essentiels sont, d’abord pour les lycéens, de bien se renseigner en amont et de s’assurer qu’on a réellement envie de s’engager en prépa. Il faut se rassurer, car la prépa n’est pas réservée uniquement aux « meilleurs des meilleurs ». Même sans avoir brillé au concours général de maths, on peut tout à fait réussir sa prépa. Chacun peut y trouver quelque chose de bénéfique, notamment sur la manière de travailler et d’acquérir de bonnes méthodes de travail.

Une fois en prépa, avoir un rythme de sommeil régulier est crucial, tout comme l’est la régularité dans le travail de chaque matière, sans en négliger aucune. La polyvalence est pour moi la clé. Même en cas de passage à vide, il ne faut surtout pas se décourager : tout le monde traverse des périodes plus difficiles et l’important est de persévérer.