Major Prépa > Grandes Écoles > Témoignage : intégrer l’ENS de Lyon en anglais après une prépa A/L

Tu es lycéen(ne) et tu t’interroges sur les trajectoires possibles pour les passionnés d’anglais ? Ou étudiant(e) en classe prépa littéraire et tu souhaites en savoir plus sur le département de langues de l’ENS de Lyon ? Voici le témoignage d’une angliciste ayant intégré l’ENSL en spécialité anglais après trois ans de prépa.
Tout d’abord, peux-tu te présenter et nous détailler ton parcours scolaire ? (filières et options au lycée, idem pour la prépa)
Je m’appelle Bérénice, j’ai 23 ans, et je suis en troisième année en anglais à l’ENS de Lyon (ENSL). J’ai fait mon lycée à Jules Guesde, à Montpellier. J’étais en scientifique (ou « S » du temps où ça s’appelait encore comme ça) et je préparais le bac OIB en section internationale anglo-américaine. J’avais aussi pris l’option grec ancien et l’option théâtre. Après le bac, j’ai intégré la classe préparatoire littéraire A/L du lycée Joffre, toujours à Montpellier. Arrivée en khâgne, j’ai choisi de me spécialiser en anglais et de préparer les concours de l’ENSL plutôt que ceux d’Ulm pour pouvoir me débarrasser des langues anciennes. Après une troisième année de prépa, j’ai finalement réussi à intégrer l’ENSL.
Pourquoi avoir choisi d’effectuer ta prépa dans ce lycée ?
En fait, comme j’ai fait S, quand j’ai formulé mes vœux sur Parcoursup, j’ai surtout fait des vœux pour entrer en prépa B/L. Mais vu que je n’avais pas le niveau en maths, j’ai été refusée partout ! Il ne me restait que mon vœu de secours : mon vœu de prépa A/L, à Montpellier. Je n’ai jamais regretté ce concours de circonstances parce que m’éloigner de ma région, de ma famille et de mes amis m’effrayait beaucoup. Je n’avais pas du tout envie de partir faire une prépa à Lyon ou à Paris. Et même si mon ego en a pris un coup après ce refus en B/L, j’ai été très soulagée aussi parce qu’à dire vrai, je détestais les maths. La prépa du lycée Joffre était la meilleure de la région et elle n’était pas très loin de chez moi, c’est pour ça que j’ai choisi d’y faire ma prépa.
Envisageais-tu d’intégrer l’ENS de Lyon avant d’entrer en hypokhâgne/khâgne : était-ce un projet de longue date ou l’as-tu envisagé plus tardivement dans ta scolarité ?
Je n’avais jamais entendu parler des ENS avant d’entrer en prépa ! C’était une vraie découverte pour moi. J’avais choisi de faire une prépa pour me laisser le temps de décider dans quoi j’avais envie de m’engager comme études et pour continuer d’apprendre plein de choses très différentes. Quand j’ai appris que l’ENS permettait plus ou moins de faire la même chose mais en étant payé, je me suis dit que ça avait l’air super. J’ai commencé à m’y intéresser pendant mon hypokhâgne et c’est vraiment devenu mon objectif en khâgne.
Dans quelle série as-tu passé le concours ? Quelle était ta discipline de spécialité ?
J’ai passé les concours de la BEL dans la série langues vivantes. J’étais en spécialité anglais. J’ai un peu hésité au choix de la spécialité au début, parce que je n’étais pas fan de presse et de civilisation, et que j’étais tentée de faire lettres modernes. Mais c’était plus facile et stratégique de choisir l’anglais comme spécialité, et je n’ai pas regretté ce choix.
Penses-tu qu’avoir étudié dans le secondaire en classe de section internationale a été un atout ?
Je pense qu’avoir été en section internationale anglo-américaine au lycée a été un atout non négligeable. Je ne pense pas que ce soit absolument nécessaire pour intégrer une spécialité anglais, ou même faire des études d’anglais de manière générale, mais je pense que ça donne un sacré coup de pouce. Pour moi, ça a été un avantage énorme : grâce à la section, j’avais déjà de bonnes bases en grammaire, un vocabulaire conséquent et de bons instincts de traduction. En plus, pendant mes années dans la section internationale au lycée, j’ai eu l’occasion d’étudier des classiques de la littérature anglophone, dont certains que j’ai ensuite recroisés dans les programmes de la BEL et même ceux de l’agrégation !
Comment as-tu travaillé les épreuves d’admissibilité et d’admission en anglais ?
Pour l’admissibilité, tout se joue sur le thème, et pour réussir un thème, il n’y a rien de mieux que l’entraînement. Les préparationnaires le savent, en prépa, on a très peu de temps et très peu d’énergie, alors il faut aller tout de suite vers le plus efficace. Le plus efficace pour moi, c’était de m’entraîner aux épreuves très régulièrement. Pour le thème, par exemple, notre professeure nous en donnait un à faire tous les quinze jours. Ensuite, je prenais le temps de relire chacune de mes copies chez moi et de noter sur une petite fiche méthode ce qui allait et ce qui n’allait pas, ainsi que les conseils des profs, pour pouvoir me concentrer sur ces choses là plus précisément la fois suivante.
As-tu des conseils à donner aux préparationnaires en A/L qui prennent cette langue aux concours (en spécialité ou en LVA/LVB) ?
D’abord, amusez-vous ! Il n’y a rien de mieux pour réviser une langue que de la pratiquer en s’amusant : écoutez vos chansons préférées de Billie Eilish ou Taylor Swift en lisant les paroles, regardez vos séries préférées avec les sous-titres en anglais, lisez des webtoons en anglais, etc. Pour ce qui est du conseil pratique, je pense qu’il est nécessaire de se rappeler qu’en langues comme en littérature, le plus important, ce n’est pas vraiment la masse acquise de vocabulaire ou de connaissances, mais plutôt l’intelligence et la créativité avec lesquelles on les articule tout en maîtrisant la méthode.
Je m’explique : pour le thème, par exemple, l’angoisse qui revient souvent est celle de ne pas savoir traduire un mot, ou pire de ne pas le comprendre dans le texte de départ. Or, c’est quelque chose qui arrive très souvent. Sauf que quand on comprend comment fonctionne le barème du thème, on se rend compte que le vocabulaire, c’est quasiment le moins important ! Les fautes de grammaire, par exemple, sont bien plus coûteuses. Donc, l’essentiel n’est pas de s’épuiser à apprendre des pages et des pages de vocabulaire qu’on ne saura pas réutiliser plus tard, mais plutôt de se reposer et d’apprendre à faire de la gymnastique avec son cerveau. Faites-vous confiance, vous en êtes capables !
L’ENS de Lyon étant un établissement très sélectif, quelles étaient les autres options que tu envisageais pour la poursuite de ton parcours ? Quelles sont les autres écoles que tu as présentées (via la BEL ou la BCE), ou quelles sont les démarches que tu as effectuées auprès d’autres établissements ?
La première fois que j’ai passé les concours de la BEL, je les ai ratés à pas grand-chose. J’étais donc plutôt motivée à khûber. Lors de ma khûbe, j’étais sûre et certaine que, même si cela avait été possible, je ne voudrais pas faire de quatrième année de prépa. Du coup, j’ai passé les concours de l’ENS de Lyon, ceux de Paris-Saclay et j’ai aussi passé ceux de l’ESIT (École supérieure d’interprètes et de traducteurs), en me disant que je parviendrais bien à obtenir quelque chose et que, dans le cas contraire, j’irais faire un master quelque part.
Pourquoi avoir choisi de suivre ta scolarité à l’ENS de Lyon ?
À l’issue de ma khûbe, j’avais été acceptée à l’ENSL, à Paris-Saclay et à l’ESIT. Le choix de l’ENSL a été presque immédiat parce qu’à ce stade, je voulais vraiment intégrer une ENS pour poursuivre la pluridisciplinarité et m’émanciper financièrement de mes parents. Entre Lyon et Saclay, le choix était aisé aussi. Lyon était plus proche de chez moi que Paris, et en termes de spécialités, l’anglais à Lyon est plus littéraire qu’à Saclay, où l’anglais est très axé sur les sciences sociales, la linguistique et la presse. Pour avoir aussi visité les deux campus à l’occasion des oraux, j’ai préféré Lyon à Saclay.
Comment as-tu vécu tes années de prépa ?
Bien et mal ! Bien, parce que j’ai eu l’impression d’apprendre énormément de choses dans un laps de temps très court et que c’était vraiment passionnant de découvrir et d’approfondir autant de choses si différentes. J’ai aussi le sentiment que ça m’a permis de rencontrer de nombreuses très belles personnes avec qui je partageais beaucoup. Mal, parce que ça restait malgré tout des années vraiment intenses sur le plan du travail et que je me suis mis beaucoup de pression sur les épaules. C’était aussi très difficile de se construire sur le plan émotionnel et social quand on a aussi peu de temps et d’énergie pour soi qu’en prépa. La prépa, c’était un sacrifice, mais un sacrifice que je ne regrette pas d’avoir fait.
L’ambiance dans ton établissement était-elle agréable ?
L’ambiance à Joffre était vraiment super ! Les profs, pour la plupart, étaient vraiment accessibles, passionnants et passionnés ! Ces derniers nous encourageaient vraiment à collaborer au sein de la classe. On s’entraidait et on se tirait vers le haut. On se voyait un peu comme ensemble contre le reste du monde. Ma khûbe a été plus solitaire parce que je ne connaissais plus personne, mais la classe était tout de même très agréable.
Quel était ton rythme de travail pendant tes années d’hypokhâgne, puis de khâgne ?
Le rythme de travail est intense mais, on ne le répétera jamais assez, il faut absolument trouver du temps pour soi. Je me suis débrouillée pour me libérer mes week-ends au maximum pendant toute la prépa. Je travaillais autant que possible pendant la semaine, dès la fin des cours et jusqu’en fin de soirée (autour de 22 heures en général, parfois jusqu’à minuit ou 1 heure si j’avais un DS à réviser ou une khôlle à préparer) ; de sorte que j’avais la plupart de mes week-ends de libres. Pendant les vacances, j’essayais de répéter le même schéma (mais ça marchait beaucoup moins bien).
Comment as-tu préparé les écrits des concours ?
Je travaille quasi exclusivement avec le cours. Du coup, pour préparer les DS et les écrits des concours, j’ai fiché chacun de mes cours dans des petits carnets, puis j’ai fiché mes carnets sur Quizlet, avant d’apprendre mes fiches Quizlet par cœur (dates, vocabulaire, textes à trous, etc.). En khâgne, je révisais même après les épreuves et je m’épuisais. Ça m’a vraiment porté préjudice. Alors, en khûbe, j’ai axé ma préparation sur le repos. Plutôt que de commencer à réviser en sortant d’épreuve, je me forçais à déjeuner, puis à faire une sieste d’au moins quarante minutes à une heure avant de me mettre à réviser tranquillement.
Quelle a été ta « stratégie » pour réussir les oraux de l’ENS de Lyon ? Tu peux développer sur chacune des épreuves prises individuellement : commentaire en lettres, approche des sciences humaines, etc. Quel souvenir en gardes-tu ?
Je garde un très mauvais souvenir des oraux à Lyon (par rapport à Saclay où ça s’était super bien passé). Je n’ai pas vraiment eu de stratégie à proprement parler, j’ai juste essayé d’allier repos et révisions.
Tes débuts à l’ENS de Lyon te plaisent-ils ? Est-ce que tu t’y épanouis ? As-tu des engagements associatifs ou des activités extrascolaires que tu peux poursuivre, reprendre ou découvrir après la prépa ?
L’arrivée à l’ENS a été un peu compliquée pour moi. J’ai été très déçue par les cours proposés (et imposés) en anglais et l’emploi du temps assez chargé. On reste bien plus libres qu’en prépa et, en plus, on est payés donc ça c’est super, mais la première année à l’ENS en langues est assez chargée (surtout en L3) parce qu’on prépare déjà notre départ à l’étranger de l’année suivante. En revanche, j’ai adoré la résidence Bonamour et le site Descartes avec ses jardins, ses mouflons et surtout les gens qui sont globalement très chouettes !
De quelle manière se déroule ce cursus ?
Le diplôme de l’ENS se structure autour de « modalités » qu’il faut valider. Par exemple : obtenir un certain niveau dans un test de langue, valider des compétences informatiques, effectuer un séjour à l’étranger, etc. Il se fait en quatre ans avec la possibilité d’une césure. Les linguistes ont l’opportunité (et l’obligation dans le cadre du diplôme) d’effectuer un séjour à l’étranger d’une durée d’un an !
Quels sont selon toi les points forts de cette école ?
Le salaire, le cadre et les autres étudiants.
Comment envisages-tu les années qui viennent ? Quel est le parcours vers lequel tu te diriges cette année, voire les années qui suivent si tu le sais déjà ?
Il ne me reste plus qu’un an à l’école et, grâce aux partenariats de l’ENS, je pars en césure pour enseigner à l’étranger à la rentrée prochaine. Je pense revenir faire un doctorat, puis enseigner.
Que retiens-tu de tes années de classe préparatoire littéraire ?
Beaucoup de bien ! Même si ça a été une période difficile et vraiment intense, j’en ai gardé de belles amitiés et beaucoup de compétences très utiles, en plus d’un sacré bagage culturel et intellectuel.
Pour finir, quels conseils pourrais-tu adresser aux préparationnaires en A/L qui souhaitent intégrer l’ENS de Lyon ?
Reposez-vous, accrochez-vous et rappelez-vous qu’il n’y a pas que l’ENS dans la vie !
Pour en savoir plus, nous t’invitons à consulter le témoignage de Louise, qui est entrée à l’ENSL en spécialité espagnol.