Sciences Po

Si tu es en prépa littéraire, et a fortiori en carré ou en khûbe, tu commences sûrement déjà à t’interroger sur ton orientation à l’issue de la prépa. Dans cette perspective, nous te livrons le témoignage d’Alice, qui présente son parcours avant d’intégrer Sciences Po Paris.

Bonjour Alice, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Alice, j’ai 21 ans. J’ai fait trois années de CPGE B/L au lycée Gabriel Guist’hau, à Nantes, et j’ai intégré cette année le master Stratégies territoriales et urbaines de Sciences Po Paris.

Quelles étaient tes motivations pour intégrer Sciences Po ?

J’étais attirée par le contenu du master Stratégies territoriales et urbaines, qui est une formation de qualité, réputée sur le marché du travail. J’étais aussi intéressée par la géographie, j’avais en effet suivi la spécialité Géographie en khâgne et en khûbe. Le fait que l’admission pour ce master soit sur dossier m’enlevait un poids pour les concours.

Quelle procédure as-tu suivie pour pouvoir intégrer le master ?

J’ai eu d’abord plus d’un mois pour constituer mon dossier. Le dossier se compose d’une lettre de motivation, d’un CV, de deux lettres de recommandation des professeurs et également du détail de tes activités et loisirs. Je pense qu’il n’est pas nécessaire de s’attarder davantage sur les activités et les loisirs, car ce n’est pas ce qui fait la différence pour l’admission en master. Il est possible de candidater seulement à un master en procédure française et un en double diplôme. Il faut bien choisir le master auquel on candidate et regarder comment est réalisé le recrutement. Par exemple, le master Affaires publiques est réputé pour être très demandé et il semble ne pas recruter beaucoup de khûbes B/L.

Peux-tu détailler davantage le contenu de l’oral d’admissibilité et comment tu t’y es préparée ?

Le déroulé de l’oral est assez classique. J’ai commencé par présenter mon parcours et mes motivations pendant trois minutes. Puis la présentation est suivie par un entretien où le jury pose des questions sur ta motivation et tes connaissances. Mon jury était constitué de la directrice pédagogique du master et d’un sociologue, semblant assez extérieur au master, mais qui était là pour tester mes connaissances. Ils m’ont posé des questions du type « Parlez-moi d’un projet urbain à côté de chez vous », « Citez-moi un article universitaire sur […] », « Où aimeriez-vous partir en voyage d’études ? »… Ils cherchaient à vérifier ma connaissance du master et de ses débouchés. J’étais aussi poussée à préciser mes réponses et mes connaissances.  Je n’ai pas eu de questions surprenantes. Je pense qu’il est valorisé de mettre en avant les lectures ou les travaux de chercheurs que l’on connaît sur des sujets précis.

Pour me préparer à l’oral, j’avais réalisé deux oraux blancs avec mes professeurs de prépa, et un avec une étudiante du master qui avait pu m’aiguiller sur des questions types que le jury posait.

J’ai ensuite reçu mes résultats d’admission le 23 mai. La particularité du recrutement à Sciences Po est qu’il n’y a pas de file d’attente. Ainsi, le nombre d’étudiants en master peut changer d’une année sur l’autre. Cette année, dans mon master, nous sommes 75.

Quel est le profil des autres étudiants ?

Cela dépend beaucoup des masters. Le principe est qu’il y a priorité aux étudiants du collège universitaire qui ont déjà fait leurs trois premières années à Sciences Po. Puis les places restantes sont ouvertes aux candidatures extérieures. Dans mon master, 40 % de la promotion vient du bachelor, ce qui est assez peu par rapport aux autres masters. Ensuite, les autres étudiants viennent majoritairement de facultés de géographie (Paris 1), de magistères de géographie, de doubles diplômes en écoles d’ingénieurs, de cubes d’A/L ou d’autres IEP.

Quel est le contenu de ta formation académique ?

J’ai 18 heures de cours par semaine. La formation académique est d’abord marquée par la présence de la formation académique commune. Nous devons en fait choisir un cours de culture générale de 2 heures par semaine parmi un ensemble de cours auxquels peuvent postuler tous les masters de Sciences Po Paris. Je suis donc un cours de géologie, mais il y a également des cours sur l’intersectionnalité, la démocratie en Europe, ou encore la politique en Amérique latine. Beaucoup de ces cours sont en anglais.

Puis, pour les cours de mon master, j’ai un cours intitulé Villes, territoires, écologie, pour connaître les dispositifs qui écologisent les villes ou les problèmes que pose la ville en écologie. C’est le seul cours que je suis obligée de valider pour avoir le semestre. Autrement, j’ai aussi des cours de langues, d’histoire urbaine, de droits des territoires, de statistiques et de sociologie de la ville. En sociologie de la ville, nous devons réaliser une enquête de terrain et j’ai aussi un mémoire à rendre. La plupart des cours sont des cours magistraux, à part les statistiques et l’anglais. Certains cours sont également communs avec les autres masters de l’École Urbaine, comme l’histoire urbaine.

Des conférences et un projet collectif ?

Des conférences facultatives, Les mercredis de l’École Urbaine, ont aussi lieu deux heures par semaine, où des anciens élèves ou des professeurs, tels que Nonna Mayer ou Jean Castex, interviennent pour parler de problématiques urbaines, comme la transition écologique dans les quartiers populaires, par exemple.

Mon master est aussi caractérisé par la présence d’un projet collectif prenant une partie du jeudi et du vendredi. C’est un projet de groupe sur un an avec une entreprise. Je réalise ce projet avec la Chaire Santé de Sciences Po. J’étudie alors comment les centres de lutte contre le cancer arrivent ou non à couvrir l’ensemble du territoire.

Quel est le volume de travail exigé en comparaison à la prépa B/L ?

Pour mon master, il existe une charge de travail importante. Le projet collectif demande tout d’abord beaucoup de temps. Pour les cours, j’ai de nombreuses notes de synthèse et de mémoires à réaliser qui sont assez chronophages. Il faut savoir que j’ai très peu de partiels, à part en droit et un galop d’essai en géologie. Mais chaque matière demande minimum un rendu individuel et collectif impliquant une charge de travail assez conséquente. Je pense que je travaille entre 15 heures et 30 heures par semaine en plus de mes cours.

Quelle est la plus-value de cette formation après une prépa B/L ?

Je pense que cela dépend de ce que tu veux faire par la suite. Le master permet de se spécialiser directement. En plus de Sciences Po et de la réputation de l’école, le projet collectif permet d’être en contact pendant un an avec des professionnels, ce qui permet d’acquérir des compétences opérationnelles et techniques, et d’appliquer concrètement les méthodes vues en cours.

Quel est ton projet professionnel pour la suite ?

Mon projet professionnel n’est pas encore clairement défini. J’aimerais d’abord réaliser une année de césure pour partir en échange l’année prochaine, peut-être au Danemark. Le secteur des politiques de la santé m’intéresse également. Domaine dans lequel j’ai pu notamment acquérir des compétences par le projet collectif.

Quelles sont les opportunités de stages et d’insertion dans le monde professionnel ?

En plus du projet collectif détaillé précédemment qui est très professionnalisant, il est possible de réaliser la deuxième année du master en alternance : deux jours en entreprise et trois jours de cours. Sinon, il y a également un stage obligatoire de six mois, soit en France ou à l’étranger, qui donne lieu à un rapport de stage ou à une professional dissertation. Il y a une bonne insertion professionnelle à la sortie du master. Le salaire moyen à la sortie est de 35 000 euros/an en France et de 48 000 euros/an à l’étranger.

Peux-tu nous parler de la vie étudiante à Sciences Po ?

Même si je m’attendais à quelque chose de plus dense, il y a beaucoup d’associations. Il faut bien suivre les newsletters des associations pour être au courant de tous les événements. Le Bureau des élèves organise beaucoup de soirées, même s’il y en a moins pour les étudiants en master. Cette année, je fais de la salsa avec l’association sportive.

Quelle différence dans l’enseignement de la géographie par rapport à la prépa ?

Il n’y a pas vraiment de géographie dans mon master. Le master ne nécessite pas véritablement de compétences précises, car tout est repris à zéro. Cela change beaucoup d’avoir des matières aussi spécialisées, comme la sociologie de la ville, et d’avoir des approches nouvelles et plus spécifiques, même si je retrouve des références déjà vues en prépa.

Finalement, es-tu satisfaite de ta formation ?

J’apprécie beaucoup le projet collectif que je dois faire dans mon master et l’esprit de Sciences Po. Cependant, je m’attendais à avoir une charge de travail moins importante et des cours un peu plus stimulants intellectuellement. J’ai espoir que cela s’améliore avec le deuxième semestre, où nous pouvons choisir des cours électifs.

Je pense que, pour le recrutement à Sciences Po, il n’est pas plus valorisé d’avoir fait une cube B/L qu’une L3 à l’université, et qu’il n’est pas forcément utile de cuber spécifiquement pour Sciences Po. Beaucoup d’étudiants font une L3 à la sortie de la prépa pour tenter Sciences Po, ce qui semble être autant apprécié par l’équipe de recrutement. Aussi, mon conseil est de ne pas se censurer ! Il faut bien cerner le master qui t’intéresse vraiment et ne pas aller à Sciences Po seulement pour le prestige.

 

C’est la fin de ce témoignage, dont l’objectif était de t’en dire plus sur Sciences Po Paris. Nous te conseillons de consulter notre répertoire d’articles spécial B/L pour bien aborder ton année.