L’Allemagne est un sujet incontournable pour les B/L. Voici une fiche pour te familiariser avec l’histoire de l’Allemagne au début des années 1930. Ces années sont celles d’une montée au pouvoir d’Hitler ce qui s’est accompagné d’une marche à la guerre, sur fond de crise économique importée des États-Unis. N’hésite pas à regarder les fiches sur les périodes précédentes et suivantes. Bonne lecture !

I. La débâcle économique

1. Une crise « importée » ?

À la fin des années 1920s, la prospérité allemande est fragile. En effet, l’endettement extérieur, surtout auprès des États-Unis, est énorme (6,5$milliards, 300 000 millions d’intérêts/an). Les banques allemandes sont incapables de rapatrier leurs capitaux et doivent compter sur les maigres réserves de devises de la Reichbank et sur leurs créances extérieures. Les investissements industriels auxquels le pays a procédé sont à la limite des possibilités financières du pays. De ce fait, cela ne peut se poursuivre qu’au prix d’un accroissement des marchés extérieur. Ceci rend l’économie allemande vulnérable aux aléas du commerce extérieur.

Le progrès des partis extrémistes aux élections affaiblit la confiance des Allemands et favorise la fuite des capitaux. L’influence de la crise américaine joue à plusieurs niveaux. D’abord, les investissements s’affaiblissent (250 millions de dollars en 1928 pour 40 en 1929). C’est également le cas des exportations allemandes. Cela conduit à une diminution de 20% de la production industrielle. En 1931, commence le retrait massif des capitaux américains, britanniques et français d’Allemagne. De plus, cela crée dans le public un sentiment d’inquiétude et de panique avec la faillite du Kredit Anstalt, en mai 1931.

2. L’échec des politiques gouvernementales

La crise prend une ampleur soudaine en juin-juillet 1931, à un moment où les retraits de capitaux atteignent 2 milliards de Reichsmarks. Face aux faillites, le gouvernement Brüning décide la fermeture des banques et caisse d’épargnes. La chute des exportations et la diminution des importations décidée par le gouvernement pour limiter le déficit conduit à l’effondrement de la production industrielle. Pour tenter d’enrayer la crise, le gouvernement met en place une politique de déflation sévère. Ainsi, il baisse le traitement des fonctionnaires, réduit les allocations chômages… Ces mesures pèsent sur les classes moyennes qui avaient déjà fait les frais de l’inflation des années 1920.

L’Etat intervient également directement dans la vie économique. Il rachète des entreprises en difficulté,  subventionne, établit un contrôle des changes pour freiner la fuite des capitaux. Le monde des affaires, tout en sollicitant son aide, se préoccupe beaucoup de conserver la main sur un Etat qui tient désormais les leviers de l’économie. Le chômage est massif avec 6 millions de chômeurs en 1932. 

II. L’agonie du régime

1. La marée brune

Le parti ouvrier allemand est en 1919, un minuscule groupuscule d’extrême droite. Ses effectifs sont faibles (60 membres en 1919) et ses dirigeants sont Drexler, Röhm et Feder. Le talent d’orateur d’Hitler le place dès 1921 à la tête de l’organisation rebaptisée NSDAP. Le parti dispose alors de 3000 membres, une milice armée (SA) et un quotidien : le Völkischer Beobacher. La crise de 1923 offre une chance au parti qui recrute d’abord parmi les corps francs, anciens combattants, marginaux et masses déclassées. En novembre 1923, Hitler est emprisonné après son putsch raté. Alors, il dicte à son secrétaire Hess Mein Kampf qu’il publie en 1925.

À sa sortie, il réorganise le parti en créant sa propre milice, la SS. Celle-ci fait équilibre aux SA dont il redoute l’influence. Avec l’aide de ses fidèles- Goering, Himmler, Goebbels- il lutte contre l’aile gauche du parti incarnée par les frères Strasser. Il s’efforce également de rassurer le patronat en proclamant son respect de la propriété privé. Avec la crise, le NSDAP devient une force politique majeure, recrutant ses adhérents (200 000 en 1930) et ses électeurs parmi les plus touchées par la crise. Cela correspond à la petite et moyenne bourgeoisie qui redoute le péril communiste. Cela correspond également à la paysannerie qui souffre de la faiblesse des exportations. Enfin, chômeurs et marginaux à qui l’organisation nazie offre un refuge provisoire contre la misère, forment la dernière catégorie.

2. À l’assaut du pouvoir

Les élections de septembre 1930 donnent 6,5 millions de voix et 107 sièges aux nazis. Fort de ce succès, Hitler commet l’erreur de refuser la chancellerie offerte par Brüning. Il est sûr de battre Hindenburg à la présidence ; or, il perd en avril 1932.  Les derniers mois de Weimar sont marqués par une paralysie du système. En effet, Hitler diminue l’intensité de ses attaques en échange de la dissolution du Reichstag et de nouvelles élections qui en juillet 1932 donne au NSDAP 230/600.  Voulant exercer le pouvoir seul, ils refusent de s’associer et provoquent une nouvelle dissolution. En 1932, se succèdent 2 élections anticipées provoquées par le NSDAP qui marquent encore une fois son succès. Elles consacrent aussi le succès des communistes avec 6 millions de voix. Grâce à son rapprochement avec les grands patrons entamé en 1932, Hitler obtient la chancellerie le 30 janvier 1933.

3. Hitler et le national-socialisme

Le racisme hitlérien a plusieurs origines. D’abord, une tradition germanique remise à la mode en 1914 par des gens comme W. Marr, H. Class, Gobineau, Vacher de Lapouge. L’esprit Völkisch domine la pensée du nationalisme allemand durant la période de Weimar. Ensuite, une déformation des thèses de Darwin. Pour Hitler, l’hégémonie revient à la race blanche et surtout aux aryens. Hitler croit en une hiérarchie des peuples dominés par les Allemands, «  race des seigneurs ». Ensuite viennent les peuples « mêlés » comme les latins puis viennent les peuples inférieurs (Slaves, Noirs, et surtout Juifs).

L’antisémitisme se trouve placé au cœur du régime. La haine du capitalisme financier, auquel on assimile arbitrairement les Juifs et que l’on oppose au capitalisme industriel, fondé sur le travail, est une nouvelle base de l’antisémitisme. C’est également le cas du rejet du marxisme supposemment inventé par les Juifs. De ces postulats fumeux, les nazis justifient la mise en place d’un État totalitaire respectant une « aristocratie de nature » et une politique extérieure conquérante basée sur la notion « d’espace vital ».

III. L’établissement de la dictature

1. Une dictature légale

Minoritaires dans le gouvernement constitué en janvier 1933, les nazis s’appliquent à rassurer les forces traditionnelles et à donner à leurs alliés (droite conservatrice, extrême droite traditionnelle, armée, milieux d’affaire) l’illusion d’un retour proche à l’ancien régime. Il place son cabinet sous le signe du « redressement national » et multiplie les références légalistes et chrétiennes, il se présente comme celui qui va réconcilier l’héritage impérial du Reich avec les forces nouvelles de l’Allemagne. En réalité, il prépare la mise au pas de l’Allemagne et l’avènement d’une dictature.

Le Parti Communiste est interdit après l’incendie du Reichstag du 27 février, en réalité fomenté par Hitler. Cet incident lui permet de dicter le décret « pour la protection du peuple » qui suspend les libertés et permet l’arrestation de 4000 militants d’extrême gauche. Il obtient les pleins pouvoirs après les élections de mars 1933 (44% des suffrages) et la déchéance des députés communistes. La « révolution national-socialiste » s’opère en quelques mois.

Les partis sont supprimés et le 14 juillet 1933 le NSDAP est proclamé parti unique. Les syndicats sont dissous et remplacés par le Front du travail. La police secrète d’État -Gestapo- et les SA traquent les opposants dont certains sont envoyés dans des camps de concentration. Les Juifs sont persécutés (boycott des magasins). Fin 1933, le régime jouit néanmoins d’un consensus populaire que confirme le plébiscite consécutif à la rupture avec la SDN (95% de oui).

2. L’élimination des opposants

Les premiers mois de 1934 sont marqués par des difficultés économiques et sociales (baisse des exportations, persistance chômage) qui mécontentent salariés et milieux d’affaires et nourrissent des oppositions. Ainsi, la bourgeoisie incarnée par Von Papen dénonce l’évolution du régime et la menace d’une « Seconde Révolution » tout comme l’aile gauche du NSDAP qui, rassemblé autour de Gregor Strasser, entre en contact avec Von Schleicher. Les SA surtout, Ernst Röhm, proclament la nécessité de pousser plus en avant la « révolution national-socialiste ».

Pris entre l’aile gauchisante de son parti et les forces conservatrices soutenues par Hindenburg et l’armée, Hitler à tôt fait de choisir. Lors de la nuit des longs couteaux (juin 1934), il se rend à Munich et lance les SS de Himmler contre l’état major des SA. La répression frappe également à Berlin le « complot de gauche » (Strasser et Schleicher). Au total, plusieurs centaines d’opposants sont assassinés cette nuit. À la mort de Hindenburg, en août 1934, le gouvernement fusionne les fonctions de président et chancelier au profit d’Hitler, qui devient aussi chef de l’armée. La droite ne peut qu’enregistrer ce coup d’État constitutionnel, approuvé par 90% des électeurs lors du plébiscite d’août 1934 et par l’armée elle-même.

C’est la fin de cette série sur l’Allemagne à destination en particulier des khâgneux en B/L ! Nous espérons qu’elle t’a été utile. Pour consulter d’autres ressources en lien avec le programme de prépas littéraires, rendez-vous ici !