Italie

L’Italie est souvent la grande oubliée lors des révisons, au profit d’autres pays comme l’Allemagne ou l’Angleterre. Cependant, l’histoire de l’Italie regorge d’exemples originaux et essentiels pour tes écrits comme pour tes oraux. Voici une fiche pour te familiariser avec les grands événements ayant structuré le pays après 1945 !

I. L’Italie de l’après-guerre est une Italie qui se démocratise, se rebâtit et s’intègre dans le monde occidental

1.1. L’Italie de l’après-guerre se démocratise

En dépit de son retournement contre Mussolini en 1943, la monarchie de Victor-Emmanuel III est largement compromise avec le fascisme. Le 2 juin 1946, elle n’est pourtant rejetée que de justesse. Le référendum donne ainsi 54 % des voix en faveur de la République. L’Italie s’oriente donc vers la Constitution en République parlementaire. Elle fonctionne autour des trois grands partis issus de la Résistance antifasciste : la Démocratie chrétienne (DC) majoritaire, issue des anciens « populaires », le Parti socialiste italien (PSI) et enfin le PC italien.

Faire amende honorable de son passé fasciste n’est cependant pas si facile. L’idéologie réapparaît dans le Mouvement social italien avec lequel le gouvernement doit parfois composer. De plus, la lenteur avec laquelle la nouvelle législation se déploie permet aux anciens codes fascistes de fonctionner jusqu’en 1956. 

1.2. L’Italie de l’après-guerre connaît un redressement économique sans précédent

L’Italie sort économiquement ruinée du conflit. Deux choix du gouvernement De Gasperi vont faciliter le redressement économique du pays. Tout d’abord, le choix de l’Atlantisme avec l’acceptation de l’aide américaine. Et ensuite, le choix de la construction européenne. L’État devient un acteur premier de la reconstruction.

Ainsi, il impulse l’industrialisation du pays via des holdings géants comme l’Institut pour la reconstruction industrielle qu’il contrôle en même temps que les chefs d’entreprise les plus dynamiques. Par exemple, Giovanni Agnelli, dit « l’Avvocato », est copropriétaire de la société Fiat. Ces automobiles deviennent, avec les Vespa, les symboles du « miracle » italien. Le résultat est impressionnant, car le revenu national de l’Italie triple sur 20 ans. 

1.3. L’Italie de l’après-guerre rompt avec ses contentieux géopolitiques et s’ouvre à l’ordre occidental nouveau

Il ne faut pas oublier que l’Italie est un pays perdant de la guerre, même si une partie de la population, les « partisans », se joint aux forces anglo-américaines pour mettre à bas la République sociale italienne « de Salo », mise en place par Mussolini réfugié au nord du pays, à la fin de la guerre.

L’armistice de Paris de 1947 est un armistice dur qui impose à l’Italie des clauses territoriales, financières et militaires lourdes. Elles sont allégées avec le début de la guerre froide et l’entrée de l’Italie dans le bloc de l’Ouest. Ainsi, elle adhère au Pacte de l’Atlantique dès 1949 et à la CECA dès 1951. Alcide De Gasperi est donc un des « Pères de l’Europe ». 

II. Mais c’est aussi une Italie qui accumule un retard socio-économique, aggravé par l’opposition entre Démocratie chrétienne et PCI

2.1. L’Italie reste un intermédiaire de développement entre pays du Sud et pays du Nord

Le « miracle » italien est à nuancer parce qu’il est surtout un redressement industriel du pays auquel manque un développement du secteur agricole. Tout particulièrement, la région rurale du Mezzogiorno au sud du pays accumule un retard qui pousse les gouvernements à planifier son développement dès 1950. Un fonds public est levé à cette occasion, la Cassa per il Mezzogiorno, pour financer les subventions.

La réussite de ce plan est mitigée. Elle fait entrer l’Italie du Sud dans le monde moderne et relance l’emploi dans la région. Cependant, beaucoup d’ouvrages (barrages, projets d’irrigation, aciéries) restent inachevés. Le père Sturzo les décrira dans une formule célèbre : les « cathédrales dans le désert ».

C’est la mauvaise gestion des fonds par les institutions locales (près d’un tiers gaspillé estime-t-on) qui explique cet échec. Dans l’après-guerre, le cinéma néoréaliste montre avec des chefs-d’œuvre mémorables l’état de délabrement du pays. Par exemple, Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica en 1948 l’illustre.

2.2. Surtout, c’est un pays au jeu politique bloqué par une opposition radicale entre communistes et démocrates

L’Italie connaît une instabilité ministérielle. On compte ainsi 30 gouvernements entre 1946 et 1974. Cela est dû à l’incapacité du pays à trouver un compromis politique entre les anciens groupes résistants. Si la DC domine sans conteste les urnes, elle ne peut pas gouverner sans former de coalition.

C’est en fait l’entrée de l’Italie dans le bloc de l’Ouest qui rejette le PCI dans l’opposition. Alors que le PCI prend ses distances vis-à-vis de Moscou dès 1956, l’impulsion de Palmiro Togliatti définit la « voie italienne vers le socialisme ». La DC, consciente de la scission politique qui s’installe, tente une « ouverture à gauche » en 1962, en formant un gouvernement avec le socialiste Pietro Nenni.

Cependant, la crise sociale provoque son échec et perpétue le malaise politique italien. En juillet 1948, des manifestations massives et une grève générale se produisent en réaction à la tentative d’assassinat de Togliatti. À Turin, les anciens résistants placent des mitrailleuses sur les toits et distribuent des armes aux ouvriers, qui occupent certaines usines. Finalement, la grève prend fin après quelques jours, alors que l’on compte 16 morts et 200 blessés.

2.3. Les années 1960 sont donc marquées par les contestations sociales d’une « seconde société communiste »

La société italienne se charge peu à peu d’inégalités qui viennent aggraver la crise politique. Les écarts de développement entre le Sud et le Nord provoquent un exode rural et des pénuries de logements terribles dans les villes. La société se divise entre les chanceux bénéficiaires de la croissance du Nord et les populations du Sud délaissées.

Ces dernières vont se constituer en véritable « seconde société », se rattachant au PCI contre « Rome la voleuse ». C’est cette guerre interne que décrivent les nouvelles Don Camillo de Guareschi, adaptées dans les films de Duvivier, où joue Fernandel en 1952. La situation devient critique à la fin des années 1960 : « l’automne chaud » de 1969, où les étudiants s’allient aux ouvriers dans une gigantesque vague de grèves contre les conditions de travail dérégulées, ouvre les dix ans du « Mai rampant », plus violent que le Mai 68 français. 

III. En accentuant ce retard, la stagflation des années 1970 ouvre une ère de crises politico-sociales, qui interrogent le succès de la démocratie italienne 

3.1. L’espoir du « compromis historique » de 1976 est balayé par l’enlisement politique des « années de plomb »

La montée en puissance du PCI, qui devient en 1976 la seconde grande formation italienne, équivalente à la DC, laisse espérer une stabilisation politique du pays. Le PCI appelle à une entente au pouvoir avec la DC, un « compromis historique » qui mettrait fin à la crise sociale. Il ne sera en réalité jamais vraiment accompli, les communistes n’obtenant jamais de ministère. L’éphémère stabilisation de la crise ministérielle prend rapidement fin.

Le pays est grevé par le climat de tensions politico-sociales du « Mai rampant ». Le mouvement se durcit (à l’inverse de la France) et aboutit au terrorisme urbain des Brigades rouges. Celles-ci assassinent le leader de la DC Aldo Moro en 1978. La décennie 70 des « années de plomb » aboutit donc à la déconstruction du tissu social italien au détriment de la classe politique, la DC, de plus en plus discréditée par des scandales politico-financiers, perdant la présidence du gouvernement pour la première fois en 1981. 

3.2. Dans le même temps, l’économie italienne s’enfonce dans une crise structurelle

L’économie italienne déjà endettée à la fin des années 1960, subit le choc pétrolier de 1973 et la crise économique qui le suit de plein fouet : la montée du prix des hydrocarbures ralentit l’activité industrielle. L’inflation endette davantage l’Italie auprès des autres pays en provoquant une dépréciation de la lire. Le chômage augmente en conséquence, alimentant la crise sociale.

La relance économique de la fin des années 1980, appelée parfois « second miracle », sera en fait insuffisante à faire sortir l’économie italienne de cette crise structurelle. En effet, l’endettement (110 % du revenu national) et l’inflation sont accentués dès 1990. Marquées par le choc pétrolier, les années 1970 signent le début d’une période de crise pour l’industrie lourde italienne.

Toutefois, les secteurs de la manufacture légère échappèrent à la crise et contribuèrent à relancer l’ensemble de l’économie, tout du moins sur le versant des exportations, en industrialisant des régions restées jusqu’alors en marge (centre, nord-est).

Ce développement fut impulsé par les performances remarquables d’une organisation productive typique de ces territoires apparue dès les années 1960 : activités traditionnelles (habillement, chaussure, joaillerie, agroalimentaire, etc.) ou plus modernes (petite mécanique, électrotechnique, machines-outils, biens électroménagers, etc.) dans une constellation de PME organisées en réseau autour de la production d’une famille de produits.

3.3. La crise structurelle qui se prolonge fait finalement basculer la société italienne dans les bras de la pègre

La déficience des services publics due à l’endettement et le discrédit croissant du pouvoir politique impuissant devant un chômage persistant achèvent de faire basculer la société italienne dans l’illégalité. Alors que le « système D » de l’économie informelle atténuait les rigueurs de la crise de 1973 (sous-traitance, fraude fiscale, travail au noir), cela finit par toucher les comportements extraéconomiques de la population, particulièrement des plus jeunes, et des Italiens du Sud.

Ainsi, la pègre finit par se substituer aux institutions sociopolitiques défaillantes, qui font face, après le terrorisme des Brigades rouges qui prend fin dans les années 1980, au défi spectaculairement tenace de la mafia qui lui tient tête. Par exemple, le général Dalla Chiesa en 1982, puis les juges Falcone et Borsellino sont assassinés en 1992. 

C’est tout pour cette fiche ! Nous espérons que celle-ci t’aura été utile. Il ne nous reste plus qu’à te souhaiter bon courage pour cette période d’oraux !