histoire

Cet article s’adresse aux optionnaires d’histoire, en particulier en khâgne A/L, qui souhaitent comprendre par quel miracle on peut obtenir plus de 15 à l’épreuve de commentaire de document historique à l’ENS ! Tu trouveras dans cet article une méthode qui a fait ses preuves à l’ENS, même si ce n’est évidemment pas la seule.

Si tu es prêt·e à connaître la vérité ultime, c’est parti !

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Faire le commentaire d’un document historique

Préparation

Premièrement, il est important de lire le texte au moins deux fois, sans crayon, sans prise de notes, pour se l’approprier. Dans un second temps, on va chercher dans le texte tous les éléments qui peuvent être rassemblés en deux ou trois groupes, avec des surligneurs par exemple. Ainsi, on a à présent trois blocs distincts, qui constituent des axes de commentaire.

Il est conseillé d’aller du général vers le particulier. En effet, le commentaire de document se base sur une maîtrise des connaissances historiques. Tu devras obligatoirement employer celles-ci pour expliquer pourquoi ce document traite de ces sujets. On essaie de comprendre les raisons de sa rédaction et sa pertinence en termes historiques.

Histoire et historiographie

L’historiographie est essentielle dans un commentaire de carte. En effet, il faut quasi impérativement inclure des thèses d’historiens. Elles apportent un poids à ce que tu avances et, accessoirement, cela te donne une idée de ce que tu peux dire à propos de l’article.

Tu peux mentionner une thèse dans ta problématique, dans le titre d’une de tes parties ou dans un paragraphe. En revanche, il ne faut pas mentionner dans ta conclusion une théorie que tu n’as pas abordée dans ton développement ! Cela tend au contraire à décrédibiliser ton propos.

Connaissances

Enfin, c’est évident, mais il faut maîtriser à fond la période historique abordée par le document ! La connaissance de la chronologie, que tu incluras dans ton développement, est essentielle. En effet, elle te permet de situer le document dans une économie d’ensemble et de dépasser le stade du simple commentaire de faits.

Pour une révision efficace tout au long de l’année, il est conseillé de faire une grande frise chronologique (à afficher dans ses toilettes, par exemple) et de la compléter par des fiches personnages, événements et situations. 

Avoir un commentaire avec une forme irréprochable

Découpage du devoir

Tous les bons commentaires ont une forme irréprochable. Ainsi, il faut veiller à rendre une copie bien organisée, bien rédigée et lisible. Elle sera ainsi plus claire.

Premièrement, il est essentiel de suivre l’ordre bien établi des parties de la copie. À savoir, l’introduction, la transition, la première partie, la transition, la deuxième partie, la transition, la troisième partie et la conclusion (pour rappel).

Finalement, si le sujet s’y prête, tu peux terminer ton commentaire par une production graphique (croquis, carte, schéma explicatif…).

Détail des parties

L’introduction, découpée en trois blocs

Une première sous-partie doit exposer le contexte de rédaction du document. Par exemple, si l’on commente l’Édit de Nantes du 30 avril 1598, on explique que huit guerres de religion firent rage en France entre 1562 et 1598, entre protestants et catholiques. On explique également que diverses tentatives de paix ont été formulées, mais qu’aucune n’a réussi. On peut aussi dire que l’Édit de Nantes fut signé par le roi de France Henri IV, qui autorisa la pratique de la religion protestante au sein d’une France catholique.

Une deuxième sous-partie doit présenter l’auteur et son œuvre, pour comprendre dans quel cadre il est venu à écrire cet ouvrage.

Enfin, dans une troisième sous-partie, on va présenter l’œuvre ou le texte. Ce qui permettra de définir le sujet du commentaire. Petit conseil : si tu mets le plan avant la problématique, elle va naturellement en découler.

Les transitions

Elles doivent être présentes entre chaque partie du sujet, de l’introduction à la conclusion. Elles doivent être très claires (on n’a pas le temps de faire mieux). Par exemple : « Titre de la partie : première sous-partie, puis deuxième sous-partie, après quoi, troisième sous-partie ». Il est important d’éviter le langage oral et l’utilisation du nous (« nous verrons », « nous aborderons », etc.) et de privilégier l’exposition directe des faits, tels quels.

Le développement

Le développement, de deux ou trois parties, se constitue donc de deux ou trois blocs écrits. Chacun de ces blocs se divise en sous-parties, au nombre de trois (deux si l’on n’a vraiment pas d’idée, mais privilégions les trois sous-parties pour plus de pertinence). On recommande des paragraphes d’environ 250 mots. Le temps est précieux, il faut éviter le verbiage !

Afin d’adopter cette rapidité dans l’expression et la rédaction, il est conseillé de constituer ses paragraphes comme suit : citation du document historique, en précisant la ligne, énonciation des faits, explication des faits et critique de ce qui est formulé.

Voici un exemple (extrait d’une copie de concours blanc sur le concile du Latran IV) : « Le décret de l’institution des prédicateurs explique que les évêques subissent des “attaques ennemies ” (l.19). Ces attaques les empêcheraient de mener à bien leur mission. Ces attaques ennemies peuvent être comprises comme la montée des hérésies, très sensible au XIIIᵉ siècle, qui s’attaquent au modèle catholique. En effet, le souvenir de la croisade contre les Albigeois en 1208 est encore tangible. D’autre part, ces attaques ennemies font référence à l’œuvre du diable, qui détournerait le clergé de ses prérogatives et les empêcherait de devenir des modèles pour la communauté. »

La conclusion

Il est important de la présenter, comme l’introduction, en un bloc qui comporte trois sous-parties.

La première sous-partie constitue un rappel de ce qui a été abordé dans la copie. Pour ne pas te casser la tête, on te conseille tout simplement de reprendre le titre de tes sous-parties et de les exposer en deux ou trois phrases.

La deuxième sous-partie répond à la problématique et énonce une solution claire. On peut éventuellement se servir de la thèse d’un auteur pour répondre à la question, mais il faut l’avoir abordée précédemment dans sa copie.

Enfin, la troisième sous-partie évoque la pertinence du document historique que tu viens de commenter. Attention, il ne s’agit pas de remettre en question le choix du document par le jury ! Il faut plutôt expliquer pourquoi ce document a été choisi, d’un point de vue historiographique. 

Peut-être un schéma ?

Si jamais le sujet s’y prête, tu peux faire une production graphique. Pour cela, prends une nouvelle page, effectue proprement ta production, peut-être en premier sur une copie à part. Et n’oublie pas la légende, l’orientation et si possible l’échelle si c’est une carte. Il convient de lui donner un nom, que ce soit Carte, Croquis de ou Annexe 1, afin de pouvoir y faire référence dans ton devoir. 

Que ne faut-il pas faire lors de l’épreuve de commentaire ?

Erreurs communes à éviter

En premier lieu, et c’est essentiel, il ne faut pas faire de commentaire littéraire du texte ! C’est tentant, mais on n’évalue pas le ton du texte, la présence ou non de figures de style, sauf si c’est en lien avec un fait historique. Exemple : Polybe, auteur grec, maîtrisait parfaitement le latin, comme on peut le constater à telle figure de style, puisqu’il fut capturé par les Scipion, famille romaine, en 167 av. J.-C.

Il faut éviter la dissertation et la récitation de cours. Pour éviter ce travers, il faut faire régulièrement des retours au texte en citant beaucoup et en s’en tenant à la règle d’or : citation – faits – explication – critique !

D’autre part, la critique doit être appuyée par une thèse, une théorie historiographique ou une contradiction évidente dans le texte. Il vaut mieux éviter de formuler une critique basée sur son propre ressenti du texte. On préfère ne pas formuler de critique si on n’a pas un point d’appui historiographique, ça évite de se contredire.

Gestion des trois heures

Le temps est ton ennemi ! Tu n’as que trois heures pour réaliser ton commentaire. Autant dire que le temps de rédaction s’en trouve bien raccourci…

Pour éviter toute mauvaise surprise, tu peux diviser ton temps. Par exemple, en passant 20 minutes au brouillon, quinze minutes sur l’intro et quinze minutes sur la conclusion, deux heures de rédaction et dix minutes de relecture. Évidemment, cette répartition est indicative et tu peux la modifier à ta convenance. 

Félicitations, ton commentaire est achevé ! Il est important de t’accorder dix minutes pour la relecture minutieuse de ton commentaire. Tu dois traquer les fautes d’orthographe, surveiller la syntaxe et surtout vérifier la concordance des temps et l’utilisation du passé simple ou du présent, selon ton choix ! C’est une erreur commune, mais si, pressé·e par le temps, tu alternes sans cesse entre passé simple et présent, ta copie devient vite illisible !

À la relecture, il faut aussi vérifier les dates, les faits historiques et les noms des auteurs que tu utilises pour appuyer ton propos ! Certains d’entre eux sont peut-être jurés de l’ENS et peuvent lire ta copie…

Voilà ! Tu es à présent armé(e) pour affronter cette épreuve qu’est le commentaire de document historique ! Pas de panique, c’est tout à fait surmontable. Et en réalité, si tu suis bien la méthodologie et que tu abordes l’épreuve sereinement, tout se passera bien ! Bon courage, on croit en toi !