Si dans le cadre de ton programme d’histoire de prépa, notamment en B/L, il te faut étudier le Royaume-Uni au lendemain de la Grande Guerre, nous te proposons aujourd’hui un article résumant ce sujet ! André Siegfried donne à son étude des problèmes du Royaume-Uni post-Première Guerre mondiale le titre suivant : La Crise britannique au XXᵉ siècle. Dès 1914, l’Angleterre était « une maison vénérable, solide et bien bâtie, mais dont on n’a pas, depuis des années, révisé la structure et le mobilier ».
I. Le Royaume-Uni est très affaibli économiquement au lendemain de la Grande Guerre
1) Des perturbations économiques conjoncturelles et structurelles
Si le Royaume-Uni sort de la guerre moins touché que la France et l’Allemagne, il doit tout de même faire face à des structures économiques vieillies. C’est particulièrement le cas de son appareil de production. À cela, s’ajoutent toutes les perturbations économiques dues à la guerre. Cela recouvre l’endettement de l’État, la perturbation du marché extérieur, la dépréciation de la livre et l’inflation.
Les 900 000 morts et 1,5 million de blessés, la génération perdue du poète T. S. Eliot, affectent la nation. La flotte commerciale étant en partie détruite, le Royaume-Uni a du mal à assurer le commerce avec ses colonies. Les États-Unis prennent la place de première puissance maritime. Le gouvernement abandonne les mesures dirigistes, propres au temps de guerre.
2) Des difficultés économiques qui touchent tous les secteurs au Royaume-Uni
C’est ce qui explique une crise des secteurs économiques et du commerce extérieur. C’est d’abord une crise de l’agriculture. La production agricole baisse considérablement, étant donné qu’elle n’est plus stimulée par la guerre et que la Grande-Bretagne préfère importer.
Il s’ensuit un abandon de l’activité agricole. De 8 % de la population active avant guerre, les agriculteurs passent à 6 % en 1931.
C’est ensuite une crise des industries traditionnelles. D’une part, le charbon est en déclin (30 % de chômeurs en 1928), du fait de la concurrence de nouvelles sources d’énergie et du charbon étranger moins cher.
D’autre part, c’est le déclin des industries traditionnelles de sidérurgie, de chantier naval, de construction mécanique, alors même qu’elles représentent 84 % de la production industrielle.
Enfin, c’est une crise du commerce extérieur. Le Royaume-Uni ne parvient pas à faire face à la concurrence de pays jeunes, comme le Japon et les États-Unis, ainsi qu’au protectionnisme généralisé suite à la ruine des pays européens.
3) Une crise financière importante
Le retour à l’étalon-or apparaît comme le sacrifice de la paix sociale et de l’économie britannique. Sous la pression des milieux financiers, le gouvernement mène une stricte politique de déflation et de restriction du crédit afin de retrouver la valeur de la livre sterling de 1914.
En 1925, le Golden Standart Act rétablit la parité de la livre avec le dollar comme en 1914. Mais, si cela permet un afflux de capitaux étrangers, cette mesure entraîne un effondrement des exportations. Les produits britanniques, déjà très chers, sont surévalués. Ce qui conduit à de graves difficultés pour les industries traditionnelles.
II. Des difficultés économiques qui s’accompagnent d’une agitation sociale grandissante
1) Des aspirations sociales opposées dans une société inégalitaire
La situation sociale d’avant 1914 explique les aspirations de différents groupes sociaux au sortir de la guerre. La société britannique est profondément hiérarchisée et inégalitaire. 85 % de la richesse nationale appartiennent à 5 % de la population.
La guerre a pu permettre une légère inversion des tendances. Ainsi, les ouvriers, par les grèves de 1917-1918, ont obtenu des augmentations de salaire, notamment pour les femmes et les unskilled. L’aristocratie foncière décline alors en influence du fait de lourdes charges fiscales, au bénéfice des grands industriels. Aussi, en 1919, les classes supérieures espèrent-elles un retour à l’âge victorien, alors que les ouvriers aspirent à plus d’égalité sociale.
2) Les mineurs à la tête d’un mouvement de revendication sociale en temps de difficultés économiques
Ce sont alors les ouvriers, et en particulier les mineurs, aidés des Trade Unions (huit millions d’adhérents en 1920) qui expriment le plus ces revendications. Les ouvriers se rendent compte que les hausses de salaire ne couvrent que la moitié des hausses de prix. Dès 1919, le gouvernement doit faire face à de nombreuses grèves, bloquant la production de charbon.
Cependant, face à l’augmentation du nombre de briseurs de grève, les syndicats rompent la grève et les mineurs se retrouvent seuls. Il en va de même en 1926 avec la grève générale : suite à la dévaluation de la livre, les salaires des ouvriers baissent considérablement, alors que leur journée passe de 7 heures à 8 heures. Mais le gouvernement répond fermement, ce qui incite les syndicats à négocier.
Ainsi, dès 1927, le gouvernement profite du déclin des syndicats pour limiter le droit de grève et les liens financiers avec le Labor Party.
3) Néanmoins, la société britannique n’est pas remise en question au lendemain de la guerre et les inégalités persistent
Ni les difficultés économiques ni l’agitation ouvrière ne remettent en cause la hiérarchie sociale, fondée principalement sur le revenu (mais aussi l’attache familiale ou l’éducation). En 1929, c’est encore 4 % de la population qui détient 1/3 de la production nationale, alors que le chômage prend de l’ampleur.
Apparaît alors la middle-class, composée de fonctionnaires ou de petits commerçants et professions libérales, manifestation de la tertiarisation de la population active. Malgré une taxe de 50 % sur les « super-bénéfices » de guerre en septembre 1915, les industriels s’enrichissent notablement.
III. Ces difficultés économiques et sociales ébranlent le pouvoir, alors que la stabilité politique est incertaine
1) L’élargissement de la vie politique britannique avec le suffrage universel et l’apparition d’un nouveau parti
Dès l’entrée du XXᵉ siècle, l’Angleterre accentue encore son caractère démocratique en diminuant l’influence de la Chambre des Lords par rapport à celle des Communes. Le pays élargit également le suffrage universel en l’accordant à tous les hommes en 1918 et aux femmes de plus de 30 ans, puis à toutes les femmes majeures en 1928.
Avec le système du scrutin uninominal majoritaire à un tour, la vie politique britannique était caractérisée par le bipartisme, entre les Whigs (libéraux) et les Tories (conservateurs). Mais ce système est remis en cause d’une part par l’émergence du Labour Party en 1906 et la scission des libéraux en 1916 entre les partisans de Lloyd George, nouveau Premier ministre, et ceux de Asquith, l’ancien.
2) Le pouvoir subit une forte instabilité alors que les Premiers ministres se succèdent au 10 Downing Street
Entre 1918 et 1924, la majorité politique fait défaut au Parlement. En 1918, la coalition de Lloyd George (conservateurs nationaux, libéraux et travaillistes dissidents) s’impose comme majorité au Parlement.
Mais dès 1922, alors que l’agitation sociale règne et que la question de l’Irlande n’est pas réglée, les libéraux suppriment leur soutien à Lloyd George. Il est alors remplacé par Bonar Law qui confirme, en octobre 1922, la majorité conservatrice au Parlement, alors que les libéraux sont en déclin.
Mais sa faveur portée au protectionnisme précipite sa chute en 1923. Les élections font alors du Labour le parti majoritaire. Pour gouverner, R. MacDonald ne peut se priver de l’appui libéral au Parlement. Cela le conduit à n’adopter que de timides réformes au détriment des grandes nationalisations. Très critiqué, il est renversé neuf mois plus tard.
3) 1924 annonce un tournant conservateur et la lutte contre l’agitation sociale
Ce n’est qu’en 1924 que les conservateurs s’imposent au pouvoir. Ils remportent la majorité à la Chambre en faisant campagne contre le péril bolchévique, alors que le parti libéral s’effondre. Baldwin forme un gouvernement qui s’empresse de satisfaire la City en rétablissant l’étalon-or en 1925.
Le gouvernement parvient à faire face à la grève générale de 1926, à coup de briseurs de grève, de recours aux forces de l’ordre et de propagande habile jouant sur l’inquiétude des syndicats face aux débordements. Cet échec permet à Baldwin de mener une politique antisyndicale et de rompre les relations diplomatiques avec l’URSS.
Mais le règne conservateur voit la désaffection progressive de l’opinion, notamment face au chômage persistant et à la répression. Dès lors, ce sont les travaillistes qui s’imposent au Parlement aux élections de 1929, faisant campagne contre le chômage et les lois syndicales de 1927.
C’est tout pour cette fiche, qui nous l’espérons t’aura permis d’y voir plus clair sur cet épisode de l’histoire au Royaume-Uni ! N’hésite pas à consulter nos autres articles destinés aux préparationnaires littéraires juste ici !