Margaret Thatcher, Première ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990, est une figure politique contrastée. La « Dame de fer » est autant admirée que détestée pour ses réformes politiques, économiques et sociales radicales. Cette conservatrice arrive au pouvoir dans un contexte instable et délétère, et entreprend de réformer le pays au moyen de méthodes libérales.
N’hésite pas à consulter les fiches d’histoire sur les périodes précédentes du Royaume-Uni : voici ici la première de notre série portant sur le Royaume-Uni au lendemain de la Grande Guerre !
I. Thatcher incarne un néolibéralisme en rupture avec l’interventionnisme étatique
1) Ses réformes drastiques se veulent sans concession
Le gouvernement conservateur de Churchill (1951-1955) puis celui d’Eden (1955-1957) s’étaient livrés à quelques dénationalisations. De même, le cabinet Heath (1970-1974) avait essayé un retour au libéralisme.
Mais ces privatisations sont sans commune mesure avec la politique néolibérale de Thatcher. British Telecom, la British Gas Corporation et British Airways sont privatisées. En deux ans au pouvoir, Thatcher réduit de moitié l’inflation.
Cependant, le chômage augmente, atteignant 2,5 millions de personnes à l’été 1981.
2) La « Dame de fer » tient sa politique libérale malgré l’agitation sociale
Là où tous avaient été contraints de revenir au dirigisme face aux pressions syndicales, Thatcher fait face à la grande grève des mineurs en 1984. Elle ne modifie pas sa politique de restructuration industrielle et d’assainissement financier par réduction de la fonction publique.
Au prix d’une poussée du chômage et d’une lourde récession, le pouvoir thatchérien, à la fois ferme et libéral, parvient à vaincre l’inflation, à relancer la productivité par le marché et à rétablir la souveraineté de l’État.
Le succès du libéralisme mondial est tel, qu’à la fin des années 1980, les travaillistes finissent par s’y rallier au Congrès de Blackpool en octobre 1988.
3) Elle trouve l’inspiration dans les théories économiques outre-Atlantique
Thatcher déclare dans ses mémoires avoir été inspirée par les valeurs victoriennes d’ordre et de travail, mais également par les théories libérales de Karl Popper ou de Friedrich Hayek. Elle s’inspire des idées libérales des économistes américains de l’École monétariste de Chicago, comme Milton Friedman, ou encore des théories économiques d’Arthur Laffer.
Ainsi, elle met en application ces théories en réduisant les impôts directs, en luttant contre l’inflation par des taux d’intérêt élevés et en favorisant l’ouverture économique aux capitaux étrangers. Cela implique également la fin des subventions aux entreprises non rentables (fermeture des mines non rentables, par exemple).
II. Thatcher incarne un Royaume-Uni ferme sur le plan international
1) Elle incarne une politique sans concession sur la scène internationale
Le surnom de la « Dame de fer » lui vient également de sa posture ferme en termes de relations internationales.
Vis-à-vis de l’Europe, premièrement. Elle poursuit la renégociation du traité de Rome commencée en 1974 par les travaillistes. Elle obtient alors une réduction de la contribution britannique à la CEE grâce au célèbre slogan « I want my money back! ».
Thatcher parvient à redonner une place à la Grande-Bretagne dans l’ancien ordre impérial, en la rendant actrice majeure du règlement de l’affaire rhodésienne. Cette dernière se termine en 1980 par la création de l’État indépendant du Zimbabwe. Thatcher s’est opposée à l’imposition de sanctions économiques envers l’Afrique du Sud malgré l’Apartheid.
Enfin, elle affirme en 1982 l’intégrité du Royaume et de l’Empire lors de l’affrontement avec l’Argentine de Videla (1976-1983) au sujet des îles Malouines. Cette fermeté lui vaut d’être réélue en 1983 malgré le chômage élevé.
2) Elle incarne, avec Ronald Reagan, un renouveau de la « Special Relationship »
Thatcher incarne, aux côtés du président américain Ronald Reagan, élu en 1980, le renouveau du conservatisme et du libéralisme économique. La convergence de leurs idées permet de renouer la Special Relationship.
Thatcher soutient les positions américaines. Comme en 1986, lorsqu’elle autorise les Américains à utiliser les bases aériennes britanniques contre la Libye. Ou encore lorsqu’elle accueille des missiles américains Pershing lors de la crise des euromissiles.
Ses positions en politique internationale sont atlantistes et elle est souvent accusée de faire du Royaume-Uni un cheval de Troie des Américains au sein de l’Europe.
III. Thatcher incarne un conservatisme social qui divise la population britannique
1) Les tensions économiques et sociales se creusent sous son gouvernement
Bien que l’idéal conservateur de la société au travail permette de réduire le chômage sur la fin de la décennie, le malaise social semble se maintenir dans l’Angleterre thatchérienne. Le problème est que cette « révolution conservatrice » accroît les disparités sociales et régionales.
De nouveau, le « Pays noir » des mineurs s’oppose à « l’Angleterre verte » de la City londonienne. Les années 1980 sont donc aussi l’occasion d’un retour de la violence urbaine. Hooligans, Skinheads, mais aussi Redskins désormais, s’affrontent dans de grandes émeutes (match de foot de Heysel en 1985).
Les réformes de l’État-providence que mène Thatcher à la fin de la décennie, en aggravant la situation, lui valent sa place. En 1990, la poll tax (capitation), impôt locatif sans distinction de revenu, la fait tomber. Cette réforme, très impopulaire, permet à son ministre de la Défense, Heseltine, de la mettre en ballottage.
2) Elle incarne un redressement conservateur
Les politiques sociales de Thatcher marquent un retour au conservatisme moral. Elle donne une justification théologique à certaines de ses théories économiques sur le capitalisme et l’économie de marché. L’importance de la rigueur, du travail, de s’aider soi-même est au cœur du thatchérisme, qui puise ses idées dans la morale victorienne bourgeoise.
Malgré le fait qu’elle ait voté en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité et du droit à l’avortement dans les années 1960, son gouvernement impose une loi interdisant la promotion de l’homosexualité et de la normalité des familles homosexuelles.
3) Thatcher ne parvient pas à régler définitivement la question irlandaise
Thatcher doit également faire face au renouveau de la violence en Irlande. En 1979, Lord Mountbatten, membre de la famille royale, est assassiné par l’IRA, au cœur d’une vague d’assassinats. Thatcher soutient l’idée que les Unionistes doivent être ceux qui combattent l’ennemi républicain, allégeant ainsi le fardeau pour l’armée britannique.
En 1985, Thatcher signe l’Accord anglo-irlandais avec G. Fitzgerald. Cela vise à mettre fin aux troubles, tout en garantissant aux Unionistes le maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni. Cet accord ne satisfait néanmoins aucun des deux camps.
C’est tout pour cette fiche qui, nous l’espérons, t’aura permis d’y voir plus clair sur cet épisode de l’histoire au Royaume-Uni !
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