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Léon Trotski (1879-1940) est un révolutionnaire communiste et homme politique soviétique ayant connu une remarquable postérité, puisqu’il reste l’inspirateur dont se réclament toujours les divers groupes trotskistes à travers le monde. Orateur, théoricien, historien, homme d’action… Trotski multiplie les casquettes. C’est pourquoi il te faut connaître cette figure historique incontournable !

Introduction

Problématiques possibles :

  • Comment expliquer que ce haut personnage du Parti, alors qu’il contrôlait l’Armée rouge et qu’il proposait une forme de communisme plus proche de l’idéal de la révolution de 1917 (révolution mondiale, pluralisme interne au parti), soit évincé du pouvoir, puis oublié jusqu’en 1940 ? 
  • Comment expliquer que, malgré son rôle indiscutable dans la construction de la pieuvre totalitaire soviétique, Trotski bénéficie pourtant toujours d’une aura immaculée parmi de nombreux militants ? 

 

Ce plan détaillé te permettra d’y voir plus clair sur la vie de cette figure historique. Les informations qui suivent sont des éléments de sa vie à utiliser dans un plan pour illustrer des idées qui s’articulent entre elles en vue de répondre à la problématique, mais aussi faire vivre le personnage sur lequel ils te proposent de parler.

Plan détaillé

I. Trotski, le théoricien fidèle à l’idéal marxiste, se révèle également homme d’action pragmatique et efficace

Jeune, Trotski est déjà de tous les combats politiques : il évolue des idées populistes aux positions politiques sociales-démocrates, puis se tourne vers le marxisme (du menchévisme ou du bolchevisme), découvert grâce à celle avec qui il sera rapidement emprisonné et qui deviendra sa première femme : Alexandra Lvovna Sokolovskaïa.

Brillant intellectuel, il cherche toujours à théoriser ses idées politiques, et notamment celles inspirées d’Alexandre Parvus : la théorie de la révolution permanente (c’est la classe ouvrière qui devra prendre en main la destinée du pays pour passer directement du féodalisme au socialisme) et celle de la guerre révolutionnaire (la guerre concentre les conditions idéales pour mener la révolution).

Convaincu par cette dernière théorie, il devient le bras armé des bolcheviks et mène une véritable guerre dans son propre pays contre les partisans blancs et toute opposition au régime, semant la terreur s’il le faut.

II. Mais son influence croissante et son manque de stratégie politique expliquent l’exil dont il est victime

Trotski déteste les intrigues politiques et les corvées avilissantes qu’elles impliquent. Il exerce donc une des fonctions les plus éminentes du parti (chef des armées) de façon distante vis-à-vis de la stratégie politique, méprisant ouvertement ses collègues qui la pratiquent.

Or, il commence peu à peu à entrer en opposition avec Staline sur de nombreux points (socialisme dans un seul pays ou exportation du modèle, rester un État révolutionnaire ou se bureaucratiser), alors même que sa voix a du poids dans le pays.

Par conséquent, Staline le juge dangereux pour sa pratique personnelle du pouvoir. Il érige la pensée de Trotski en hérésie et l’exile alors au Mexique, où il sera tué (probablement à la demande de Staline) à coups de piolet.

III. L’absence lors de certaines compromissions du régime et son statut de révolutionnaire expliquent la postérité qu’il a connue

L’idéologie trotskiste qui naît après 1924 se distingue surtout par son opposition à la vision stalinienne du communisme, en contestant le règne de la bureaucratie (nom donné par Trotski à la nomenklatura) et en prônant la démocratie et la liberté de débat au sein du Parti communiste.

Aujourd’hui, les partis trotskistes sont ceux qui endossent la fonction tribunitienne lorsque le parti communiste déçoit. Ils restent fermes dans leur anticapitalisme et loin des compromissions faites par le Parti communiste soviétique.

Si des partis en Occident se revendiquent ainsi de Trotski, c’est aussi du fait de l’aura de cet intellectuel brillant (contrastant avec Staline, moins théorique), fermement révolutionnaire (l’engouement est sur ce point comparable à celui pour Che Guevara) et proche des avant-gardes (liaison amoureuse au Mexique avec Frida Kahlo).

Les informations éclairantes pour nourrir ce plan détaillé

Origines

Son vrai nom est Lev Davidovitch Bronstein, mais il l’a abandonné au profit de celui du gardien de la prison d’Odessa, qu’il avait emprunté pour s’enfuir en 1902. Cela lui permet de dissimuler ses origines juives.

Ukrainien et fils de propriétaires terriens d’un khoutor (hameau rural) aisés, il a plusieurs choses à faire oublier afin d’incarner l’idéal communiste qu’il défend.

Enfui de prison, son premier exil lui fait rencontrer Freud à Vienne, puis Lénine à Londres. Ils auront une influence notable sur l’évolution de ses idées.

Le bras armé des bolcheviks

Chef du Comité militaire révolutionnaire (organe militaire des Soviets), en octobre 1917, devenant l’un des principaux dirigeants bolcheviks de la révolution d’Octobre. La nuit du 11 au 12 avril 1918, il mène personnellement une action contre les anarchistes russes (dits « anarcho-bandits ») et dira : « Enfin, le pouvoir soviétique débarrasse, avec un balai de fer, la Russie de l’anarchisme ! »

Commissaire à la guerre de 1918 à 1925, durant la guerre civile. Il impulse les opérations militaires et intervient sur tous les fronts à bord de son train blindé. Il est parmi les dirigeants bolcheviques les plus prompts à utiliser la violence politique et la terreur, comme à les justifier au nom de la lutte pour la victoire de la révolution. Il fait partie des dirigeants qui ont engendré ce qui deviendra le Goulag, car il est de la ligne dure du parti.

Citations célèbres

« Les problèmes de morale révolutionnaire ne font qu’un avec les problèmes de stratégie et de tactique révolutionnaires » Leur morale et la nôtre, 1938

Dénonce la « monstrueuse dégénérescence bureaucratique » (aussi nommée termidorisation, en référence à la Révolution française). Selon lui, incarnée par Staline, elle est une couche sociale parasitaire qui étouffe le pays en prélevant une part des richesses.

« Dites à nos amis : je suis sûr de la victoire de la IVe Internationale. » Selon la légende, cette phrase aurait été la dernière prononcée la veille de son assassinat.

Conclusion

Ce sont des raisons de pure stratégie politique de la part de Staline qui expliquent l’éviction du pouvoir de Trotski, alors même qu’il était une des personnes les plus puissantes du pays et parmi les plus proches de l’idéal communiste défendu à l’origine.

Mais cet exil et cette mort prématurée sont peut-être ce qui a permis la postérité connue par Trotski, notamment avec l’apparition de partis trotskistes en Occident. Il est resté associé à l’image révolutionnaire des débuts de l’URSS et ne s’est pas retrouvé lié aux compromissions qui ont suivi.