L’heure du choix est arrivée, tandis que les premières réponses aux vœux d’orientation formulés sur Parcoursup sont tombées. L’occasion pour Major Prépa de te proposer une interview réalisée par G. Jouanne, professeur principale ECT1 de ses étudiants, Matéo et Iles, du Lycée Le Rebours (Paris 13). Ensemble, ils abordent le choix d’une prépa au détriment du BUT, qu’ils avaient initialement plébiscité après le bac. Parcoursup en a décidé autrement. Ont-ils des regrets après un an de prépa ? ENTRETIEN.

G. Jouanne : Quel lycéen étais-tu en terminale STMG ?

Matéo : J’étais en milieu de classe en termes de notes, je faisais le strict minimum en travaillant les cours avant les contrôles sans aller plus loin, je n’étais pas très attentif en classe et je n’étais pas très intéressé par les matières enseignées.

Iles : J’étais un élève « lambda » de STMG avec des capacités mais qui ne travaillait pas, je faisais le strict minimum et j’arrivais à environ 13 de moyenne avec des facilités en maths. J’aimais bien l’économie et le management mais j’étais peu intéressé par les autres matières.

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G. Jouanne : Quelle est la question que tu aurais aimé poser pour t’aider à faire ton choix avant Parcoursup ? Quelles informations t’ont manqué pour t’aider à faire ton choix ?

Matéo : Quelles sont les possibilités offertes après une CPGE et un BUT ? J’aurais voulu mieux connaître ces possibilités pour casser certains clichés ou idées reçues que j’avais sur la prépa et le BUT. En fait je n’avais pas du tout conscience qu’il est très compliqué d’avoir une école de management en sortant d’un BUT, je pensais que c’était la même chose avec une différence sur la charge de travail : plus de travail en prépa et moins de travail en BUT.

Du coup je pensais sincèrement qu’on pouvait avoir les mêmes débouchés en fin de parcours si on travaillait en prépa sans trop s’investir avec des résultats moyens et si on travaillait bien en BUT avec de bons résultats, qu’au final ça reviendrait au même en se moyennant. En fait ce n’est pas possible du tout, je ne me rendais pas compte que c’est impossible du fait-même de la charge de travail différente : ce ne sont en fait pas les mêmes parcours et pas les mêmes objectifs.

G. Jouanne : Qu’est-ce qui te plaisait dans les BUT ? Qu’est-ce que tu n’aimais pas en CPGE ?

Iles : La charge de travail en prépa ne me tentait pas du tout et le BUT semblait beaucoup plus concret que la CPGE.

Matéo : Les horaires plus proches de l’université en BUT correspondaient davantage à mon profil d’élève en Terminale, j’avais aussi en tête les échanges possibles à l’étranger en BUT. En fait, je voyais un peu les BUT comme des CPGE en mode plus cool avec tous les avantages d’une école de management à la clé sans les inconvénients de la charge de travail et des concours en CPGE.

J’ai découvert aux portes ouvertes des BUT que ces échanges étaient très sélectifs : si je voulais être pris il fallait en fait travailler autant qu’en CPGE pour faire partie des meilleurs. J’ai aussi compris que si mon envie était vraiment tournée vers des études à l’international, j’aurais davantage de possibilités d’échanges en écoles de management.

G. Jouanne : Connais-tu des gens qui ont choisi une filière BUT ?

Matéo : L’un de mes meilleurs amis était en BUT TC à Créteil à la rentrée 2023 et il a arrêté au bout d’un mois : il a un profil peu « bosseur », il était très intéressé par le cours sur les négociations mais moins par le reste et il n’a pas réussi à rester mobilisé. Les BUT semblent correspondre davantage à un profil d’étudiant autonome capable de s’investir de lui-même sur la durée.

G. Jouanne : Qu’est-ce qui fait que tu es content d’avoir choisi la prépa ECT alors que ton 1er choix était une filière BUT ?

Matéo : Je n’ai pas vraiment choisi la prépa ECT au départ, c’était mon dernier choix Parcoursup ! Je voulais vraiment faire un BUT mais je n’ai pas été pris car il y a beaucoup de demandes. Aujourd’hui je n’ai aucun regret et ce qui me plaît le plus au-delà des disciplines enseignées c’est l’effectif de la prépa où je suis : nous ne sommes pas trop nombreux, ça me correspond bien car j’ai besoin d’être suivi et encadré de près.

Matéo et Iles : On est en train de relever un défi qu’on s’est lancé en début d’ECT1 et de dépasser des limites qu’on pensait ne jamais réussir, on a appris à travailler et on a découvert le plaisir de travailler. On réussit bien en CPGE et on est fier de ce qu’on accomplit.

G. Jouanne : Presque 1 an en ECT quel est ton bilan de cette année ?

Iles et Matéo : On s’est adapté rapidement car on était déjà en Terminale à Le Rebours donc on avait un cadre rassurant, on connaissait d’autres étudiants venus du lycée et on croise des professeurs du lycée qui prennent de nos nouvelles. On s’est rendu compte que c’était important pour nous comme facteur de réussite alors qu’à la base on n’avait pas forcément envie de rester dans le même établissement, on voulait changer d’air. En fait on a changé d’air car le bâtiment est différent, les enseignants sont différents, les matières sont abordées différemment mais on a aussi gardé des repères qui nous ont été utiles pour réussir cette année.

Iles : Le plus difficile pour moi c’est la charge de travail en maths comparé à la Terminale.

Matéo : Le plus difficile pour moi a été d’allier les cours et le travail à la maison avec l’emploi du temps et la charge de travail demandée en dehors des cours.

G. Jouanne : Est-ce que tu as le sentiment d’avoir perdu un an de ta vie en prépa ?

Matéo : Absolument pas, il y a en effet énormément de travail mais je me rends bien compte aussi que j’ai appris énormément de choses intellectuellement, j’ai discuté avec d’anciens étudiants de prépa et c’est l’une des périodes de notre vie où on apprend le plus sur tout : sur soi-même et sur le monde en lien avec toutes les disciplines travaillées en cours, on découvre ce dont on est capable, on prend du recul sur le monde, la politique, on a développé notre esprit critique fois mille !

Iles : Totalement d’accord !