Si tu es en khâgne A/L ou en khâgne B/L, tu passeras peut-être les épreuves orales de latin à la fin de l’année. Pour les réussir, il est indispensable de connaître des éléments sur la vie et l’œuvre des grands noms de la littérature latine. Comme nous l’avons fait pour Virgile, nous te proposons aujourd’hui de découvrir Horace, un des plus grands poètes romains !
Quelques éléments biographiques sur Horace
Jeunesse et arrivée à Rome
Quintus Horatius Flaccus naît à Vénouse dans le sud de l’Italie en 65 av. J.-C. Selon Jacques Perret, professeur honoraire à la Sorbonne, il s’agit d’ « une bourgade de petites gens économes et âpres au travail ». Le père d’Horace est un affranchi. Le poète grandit donc dans un milieu modeste, plutôt campagnard et assez sévère.
Sa famille émigre à Rome lorsque son père trouve un emploi dans l’administration. Même si son niveau de vie reste relativement faible, il permet à son fils d’étudier dans de bonnes écoles. Horace apprend la philosophie et le grec. Il achève même sa formation à Athènes.
Présent en Grèce au moment de l’assassinat de Jules César en –44, Horace rejoint le parti des républicains pompéiens mené par Brutus et Cassius. Le poète s’engage et prend part à des campagnes militaires, ce qui lui vaut le titre de chevalier.
À l’issue de la bataille de Philippes perdue par les républicains, il rejoint néanmoins Rome. Bénéficiant de l’amnistie accordée aux vaincus, il se range du côté d’Auguste. Horace devient alors Secrétaire du Trésor. Une fonction qui lui accorde un certain nombre de privilèges et le libère des soucis matériels.
Un poète proche du pouvoir
Horace ne peut prétendre à une carrière politique du fait de son origine sociale. Visiblement peu intéressé par les postes dans l’administration, il se fait poète.
Aux environs de –40, Horace a une vingtaine d’années, et le poète Virgile, un de ses amis, lui présente Mécène. Proche d’Auguste et protecteur des arts et des lettres, il devient un client d’Horace qui en fait le dédicataire des Satires, des Épodes et des Odes. Cette nouvelle relation permet par ailleurs au poète d’intégrer les cercles politiques et littéraires du Ier siècle.
Mécène offre à Horace une villa en Sabine, une région du centre de l’Italie. La situation économique du poète est plutôt stable et il est même juge de paix entre –35 et –30. Ses charges et ses ressources financières lui permettent de se consacrer pleinement à ses œuvres.
Le rapprochement d’Horace avec le régime impérial est manifeste, puisque certains de ses poèmes prennent une tournure politique. Il célèbre par exemple la réparation des temples par Auguste (–28), la mort de Cléopâtre et la défaite des partisans de Marc Antoine.
À la fin du premier siècle, Horace est très proche d’Auguste, qui est devenu Empereur. Ce dernier lui commande l’écriture de poèmes pour célébrer des victoires militaires ou à l’occasion de célébrations comme les Jeux séculaires de –17. D’après Suétone dans sa Vie d’Horace, le princeps lui propose même d’être son secrétaire, ce que le poète refuse.
L’œuvre d’Horace
Qu’est-ce que la satire à Rome ?
Une large partie de l’œuvre d’Horace est rattachée au genre proprement romain de la satire. Il désigne des textes échappant à tout plan et qui mêlent des thèmes variés. L’aspect général est souvent volontairement désordonné. On donne des conseils et on fait des constatations en « pêle-mêle ».
Horace se réclame de Lucilius, auteur du début du Ier siècle av. J.-C., connu pour son ton railleur et ironique. L’œuvre horacienne se distingue malgré tout par une volonté de s’appuyer sur la critique et le comique pour formuler une morale.
Comparé à d’autres auteurs de satires, Horace verse moins dans la passion. Si Juvénal adopte un ton indigné, l’auteur des Épodes et des Épîtres prône quant à lui l’autarkeia (nécessité de se contenter de ce qu’on a) et la metriotes (la juste mesure).
Les Épodes
Écrites pour partie en même temps que les Satires, les Épodes sont considérées comme le premier recueil d’Horace. Elles sont publiées en –30 dans un contexte de fortes tensions politiques entre Auguste et ses concurrents.
Le poète n’hésite pas à traiter de politique dans ses pièces qui témoignent d’une hantise de la guerre civile. Les Épodes proposent également des formes poétiques plus classiques (invectives contre un mauvais poète, contre une vieille coquette). Déjà dans ce premier recueil, l’auteur n’hésite pas à se montrer sarcastique et à critiquer certains de ses ennemis.
Les Satires
Parfois décrites comme des sermones (entretiens, libres propos), les pièces de ce recueil ont des formes et des sujets variés. Jacques Perret, que nous avons mentionné plus haut, dit des Satires qu’il faut les lire « comme on regarderait par des fenêtres encore ouvertes sur la vie quotidienne des Romains ».
Horace raconte un voyage en province, parle de querelles littéraires, de son père, de gastronomie, d’avarice, etc. En hexamètres dactyliques, les poèmes des deux livres parus en –35 et –29 sont tous différents et forment comme une mosaïque décrivant le quotidien des contemporains du poète. Certaines pièces sont dédiées à Mécène, ce qui témoigne de l’amitié d’Horace avec ce proche d’Auguste.
Les Épîtres
Parues en –18 ou en –19 (date incertaine), les Épîtres se composent de deux recueils. Écrites en hexamètres comme les Satires, il s’agit de lettres fictives adressées à des personnes précises.
Les textes sont donc beaucoup plus personnels et le style y est plus détendu.
Postérité d’Horace
Horace est un des poètes latins les plus célèbres. Déjà admiré de son vivant, il a continué d’influencer la poésie et les littératures modernes.
On peut citer le cas de l’Épître aux Pisons qui se démarque du reste des Épîtres horaciennes. Très longue lettre de 476 vers, elle a connu une grande postérité sous le nom d’Art poétique. Au départ adressée aux frères Pison sur les problèmes du théâtre romain, l’épître traite également de questions d’esthétique générale qui vont au-delà des enjeux théâtraux. Ce texte inspire au XVIIᵉ siècle Nicolas Boileau, qui publie son Art poétique en 1674.
Le travail d’Horace sur la strophe de quatre vers a également eu une influence importante sur les auteurs lyriques latins, mais aussi plus modernes. Au Moyen Âge, Pétrarque et Ronsard s’inspirent de la poésie horacienne dans leurs œuvres.
Tu es à présent incollable sur la vie et l’œuvre d’Horace ! N’hésite pas à relire cet article ou ceux sur Cicéron et Ovide pour préparer tes épreuves orales de latin. Tu peux aussi consulter nos méthodes pour réussir ta version ou pour bien aborder le latin en prépa A/L. Bonne lecture !