Les épreuves orales de latin des ENS de Lyon et de Paris peuvent concerner tant les khâgnes A/L que les khâgnes B/L. Condition sine qua non pour les réussir : avoir en tête les éléments clés sur la vie et l’œuvre des grands auteurs latins. Après Ovide, Virgile et Cicéron, nous te proposons d’en apprendre davantage sur la vie de Martial !
Quelques éléments biographiques
L’enfance et les débuts difficiles
Martial, Marcus Valerius Martialis en latin, est né aux alentours de 40 apr. J.-C. dans une ville de Tarraconaise (nord de l’actuelle Espagne). Sa famille est plutôt aisée et il reçoit une bonne éducation qui lui permet d’achever ses études à Rome.
Arrivé dans la capitale de l’Empire, ses débuts en tant qu’écrivain s’avèrent compliqués. Il se lie d’amitié avec Sénèque et Lucain, eux aussi originaires d’Hispanie. Mais en 65, ils sont tous deux victimes de la colère de Néron du fait de leur participation à la conjuration de Pison qui visait l’empereur. Martial doit alors trouver de nouveaux protecteurs.
Un auteur reconnu
Il finit par se rapprocher d’autres grands écrivains de son époque comme Pline le Jeune, Juvénal ou Quintilien. Sa notoriété grandit petit à petit, notamment après la publication de son Liber spectaculorum en 80. Il y décrit les spectacles offerts à l’occasion de l’Amphithéâtre flavien.
Ce travail lui vaut de recevoir le privilège du jus trium liberorum. Traduit par « le droit des trois enfants », il accordait un ensemble d’avantages aux parents de familles nombreuses. Martial va en bénéficier alors même qu’il n’est pas père. Ces petites reconnaissances et son réseau de protecteurs permettent à Martial d’améliorer son train de vie. Il acquiert même une petite ferme dans la périphérie de Rome.
Martial ne ménage pas ses efforts pour s’attirer la faveur des empereurs. Une stratégie en partie payante puisque Domitien l’élève au rang de chevalier après avoir lu ses poèmes. Garder en tête la proximité de l’auteur avec le pouvoir est important pour comprendre l’œuvre de Martial : s’il n’hésite pas à moquer ses contemporains, il garde un ton mesuré, voire flatteur, quand il parle des empereurs comme Domitien.
La vie de Martial reste malgré tout modeste et monotone. Nostalgique de sa province natale, l’auteur part de Rome en 98. Il s’installe dans une propriété de sa ville de naissance acquise grâce à l’aide de Pline le Jeune et de Marcella, deux protecteurs riches qui lui prêtent l’argent nécessaire. Il s’éteint en 104, vers 65 ans.
L’œuvre de Martial
Les épigrammes
Nous disposons de 1 500 épigrammes écrits par Martial et répartis en quinze livres. Il s’agit de courtes pièces en vers qu’on inscrivait sur les tombeaux ou les monuments. Les sonorités y jouent un rôle important, de même que les répétitions de mots.
À une époque où l’épopée est le genre noble et à la mode, Martial se démarque par des épigrammes satiriques. Ils débutent par une exposition qui tient le lecteur en alerte et s’achèvent sur une plaisanterie parfois obscène appelée pointe.
Un style et un ton particuliers
Ce qui frappe chez Martial, c’est la justesse de ses descriptions et la richesse de son lexique qui font de son œuvre un document de premier ordre pour comprendre la société romaine du Ier siècle. Jean Malaplate, qui commente l’édition Gallimard des Épigrammes, écrit : « Martial sait donner, d’une plume vigoureuse, concise et élégante, avec une totale impudeur, une image à la fois cruelle et pittoresque de la Rome de son temps. »
L’auteur n’a pas peur d’évoquer tant le banal que des sujets graves, tantôt sur un ton sérieux, tantôt sur un ton comique, voire vulgaire. Il ne s’en cache pas et écrit d’ailleurs dans sa pièce 69 (livre III) : « Pour moi, les crudités ne manquent à aucune de mes pages. » Malaplate estime que c’est le caractère scandaleux des épigrammes qui explique leur succès immédiat et leur popularité après l’époque romaine et notamment au Moyen Âge.
Mais cette appétence pour le scandale ou la raillerie n’empêche pas Martial de se distinguer par un style très riche. S’il adopte parfois des formes et un lexique familiers et populaires, l’auteur est aussi capable d’en appeler à un registre plus élevé. Son travail sur le vocabulaire est par ailleurs exceptionnel. Martial a recours à des termes techniques rares, peu employés, et crée parfois carrément des mots en les transcrivant du grec.
Des thèmes variés
Comme nous l’avons vu plus haut, les Épigrammes sont répartis en quinze livres. Le premier correspond au Liber spectaculorum (livre des spectacles). Les deux derniers, Xenia et Apophoreta sont deux livres de distiques publiés à la fin de sa vie. Ils étaient désignés à accompagner les présents offerts lors des Saturnales (fêtes du solstice d’hiver).
Le reste des pièces évoquent la vie quotidienne, l’argent, la hiérarchie sociale, la nourriture et même le sexe. Martial se mêle parfois de politique sans jamais se montrer trop critique à l’égard des empereurs, dont il voulait obtenir la protection. Des passages sont en revanche consacrés à la critique des ennemis de ses protecteurs. L’occasion pour Martial de moquer l’ambition, l’hypocrisie et l’art de la dissimulation chez certains de ses contemporains.
Tu en sais à présent un peu plus sur l’œuvre et la vie de Martial. N’hésite pas à consulter le reste de nos biographies d’auteurs pour te préparer au mieux aux épreuves orales et écrites de latin. Tu peux également relire nos conseils pour bien aborder le latin en prépa ou notre méthode pour réussir l’exercice de la version latine !