On le sait, les langues anciennes sont souvent l’un des plus grands défis de la khâgne, surtout pour les débutants. C’est une épreuve qui peut sembler effrayante, surtout face à des élèves dont le niveau paraît indétrônable. Mais une option existe pour davantage répartir les difficultés des langues anciennes : le commentaire et la traduction d’un texte grec ou latin.
Cet article a ainsi pour but de t’aider dans ton choix et de te présenter tout ce qu’il y a à savoir sur cette épreuve. Attention, cette dernière n’est disponible que pour les préparationnaires A/L de l’ENS Ulm ne faisant pas l’option Lettres Classiques ! Si tu n’en es qu’à tes débuts en latin et que tu ne sais pas par où commencer, nous te proposons en premier lieu de consulter notre article sur la façon d’aborder cette langue juste ici !
La structure de l’épreuve
Les candidats qui étudient les langues anciennes sont libres de choisir entre la version en quatre heures ou l’épreuve de traduction et commentaire qui, elle, a lieu en six heures. Ce choix a lieu lors de l’inscription à la BEL. Le Journal officiel définit l’épreuve de la façon suivante :
« Épreuve de langue et culture ancienne […] : Traduction et commentaire (durée six heures), liés à la thématique du programme, d’un texte latin ou grec d’une page environ, accompagné d’une traduction partielle en français. L’épreuve comprend une version portant sur la partie du texte non traduite et un commentaire. »
Si tu te poses la question, ne t’inquiète pas, le commentaire se fait bien en français !
Traditionnellement, la copie se présente de la façon suivante
Une introduction générale de l’époque, de l’auteur et du contexte de l’œuvre, suivie de la traduction de la portion du texte choisie par le jury. Le candidat devra ensuite développer une problématique et un commentaire de texte reprenant la structure d’un commentaire de texte français.
Il est néanmoins important d’orienter son commentaire autour de l’axe du programme qui pour l’édition 2023 sera « L’homme et l’animal ». Le but est de savoir développer un commentaire littéraire autant qu’une appréciation et une explication contextuelle de l’œuvre tant dans son époque que dans sa tradition littéraire antique.
Le type de commentaire peut être linéaire comme thématique. L’épreuve étant assez récente, les règles y sont moins strictes. Certains textes, notamment poétiques, se portent particulièrement bien à une lecture linéaire. À toi de voir ce qui correspond le mieux au texte et ce qui te fait perdre le moins de temps !
Si tu souhaites davantage d’informations, notamment sur les avis du jury, tu peux les trouver dans les rapports suivants :
– rapport d’épreuve de traduction et commentaire d’un texte grec, 2019 ;
– rapport d’épreuve de traduction et commentaire d’un texte latin, 2017.
Quels sont les avantages de cette épreuve ?
Comme nous le disions, l’épreuve est assez récente. Elle n’a été introduite par l’ENS qu’en 2009 et reste peu appréciée des candidats. Sur quelque 2 000 préparationnaires, les rapports de l’ENS comptent chaque année près de 350 candidats à l’épreuve de traduction et commentaire d’un texte latin et moins de 150 pour cette même épreuve en grec. La moyenne tourne régulièrement autour du huit ou neuf, avec des notes s’échelonnant de 0 à 19,5.
Il s’agit souvent d’une épreuve choisie par des candidats qui estiment n’avoir pas les moyens de se défendre en pure version de langue ancienne. En clair, tu auras moins d’adversaires et surtout moins de candidats de haut niveau à affronter dans cette catégorie. Et pour cause ! Elle est plus longue et signifie que ta semaine de concours sera plus éprouvante que celle de la majorité des candidats. Il faut donc être sûr d’avoir les épaules assez solides pour tout enchaîner.
Ensuite, elle demande une plus grande culture antique que les autres candidats. Cette culture te sera par contre très utile en oral, que ce soit à l’ENS ou aux oraux de LV2 d’école de commerce si tu as choisi de les passer. L’exercice oral est foncièrement le même que celui que tu pourras effectuer à l’écrit, tu partiras donc avantagé·e pour les épreuves orales étant donné que tu auras déjà la culture nécessaire à cet exercice.
Enfin, le grand avantage de cette matière est qu’elle permet de diversifier les difficultés et donc de rattraper des lacunes en grammaire et traduction par une capacité d’analyse et une utilisation de connaissances en commentaire. De fait, le barème prévisionnel utilisé est souvent le suivant : 8 points pour la traduction, 12 points pour le commentaire (attention, ce barème n’est pas fixé par l’ENS, il n’est qu’indicatif).
Les grandes difficultés
Comme toujours, le grand problème reste le temps. En réalité, six heures, cela reste court pour faire deux exercices complets. On te préconise de diviser ton temps en deux heures de traduction et quatre heures de commentaire. Mais garde en tête que le commentaire peut être rédigé et construit plus rapidement et que la traduction du passage choisi par le sujet est essentielle à la compréhension et l’analyse globale du texte.
Il faudrait donc au besoin davantage tendre à une division de trois heures et trois heures. Tout dépend de ta vitesse de traduction ! Souviens-toi simplement que ton commentaire dépend de ta traduction et non l’inverse. Tu devras donc toujours commencer par cette dernière.
Le jury est conscient de la difficulté de concilier deux exercices en six heures, il n’aura donc pas des exigences très élevées sur la longueur de ta copie. Cette dernière est évidemment variable selon chaque sujet et chaque élève, mais une copie de huit ou dix pages bien analysée aura toutes ses chances au concours. Pas la peine de te précipiter sur le commentaire, une bonne traduction reste au cœur de l’exercice.
L’autre difficulté serait une exigence accrue de la part du jury. Cette épreuve pouvant être perçue comme une « échappatoire » à l’exercice de version. Les correcteurs peuvent être sévères quant aux exigences de traduction et redoubleront d’attention à la contextualisation du texte et son analyse tant littéraire que culturelle.
En bref, tout cela peut faire peur, mais avec un peu de préparation, c’est très faisable ! Les résultats sont payants et souvent bien plus élevés que ceux qu’on aurait pu s’attendre à recevoir en version simple.
Comment s’y préparer ?
En dehors d’un nécessaire travail d’apprentissage de grammaire et de vocabulaire pour la traduction, tout l’enjeu de cette matière est le travail de la culture latine. Il est absolument essentiel d’étudier les grands auteurs antiques, une présentation rapide de l’auteur en introduction est attendue des correcteurs !
Il faudra donc te renseigner sur les auteurs, leurs œuvres principales, leur genre, leur appartenance politique et philosophique, etc. Ne t’inquiète pas, des fiches à ce sujet sortiront vite sur Major-Prépa pour t’aider là-dessus. Tu peux déjà en trouver une juste ici, sur le célèbre Cicéron.
En plus des auteurs, renseigne-toi sur l’histoire romaine ou grecque, sa morale, ses religions et, plus important encore, ses genres littéraires. Attention, contrairement à un texte contemporain qui peut relever ou s’inspirer de plusieurs genres, les genres latins ou grecs sont des structures très fermées. Aussi, un poème ne pourra donc jamais être « philosophique », il ne pourra au mieux que « s’inspirer de la forme d’un essai philosophique ».
De la même façon, un extrait de pièce de théâtre ne pourra jamais être poétique et le genre « lyrique » n’existe de fait pas. Le lyrisme ne peut s’appliquer à cette époque qu’au fait de déclamer un poème en accompagnement d’une lyre, ce n’est en aucun cas un genre littéraire exploitable. Attention au vocabulaire d’analyse que tu exploites !
Tu peux retrouver les manuels que nous pouvons te conseiller pour réussir cette épreuve et approfondir ta culture latine dans cet article. Tu y trouveras une liste de quelques manuels essentiels pour te donner les clés d’analyse des genres littéraires et des contextes des textes étudiés. Enfin, n’hésite pas à consulter notre article qui te permettra de réussir avec brio ta version latine en prépa littéraire !
Bonne lecture et bon courage !