L’éducation en Chine connaît aujourd’hui un tournant majeur, reflétant les profondes transformations économiques, sociales et culturelles du pays. Cet article ne traitera pas du système éducatif chinois en tant que tel. Le thème de l’éducation est intimement lié aux enjeux démographiques du pays. Cet article examine les tendances actuelles et les perspectives de l’éducation en Chine.
Les écoles maternelles (幼儿园) continuent de fermer
L’inexorable baisse de la démographie que connaît la Chine conduit à la fermeture de milliers de maternelles. Selon le ministère de l’Éducation chinois (中国教育部), le nombre d’élèves inscrits à la maternelle a chuté de 11,47 % (下降了11.47%) en 2023. Une tendance (趋势) semble donc se dessiner au sein des salles de classe chinoises. En effet, une étude de l’École normale de Pékin prévoit 30 millions d’élèves en moins dans le primaire et le secondaire d’ici 2030.
La chute de la natalité impacte plus fortement les écoles des régions rurales (农村地区) qu’urbaines. Selon la revue économique chinoise Caixin, 60 % des écoles de la province du Heilongjiang ont fermé entre 2013 et 2022.
Ces fermetures poussent la Chine à réfléchir sur un nouveau système éducatif à adopter, notamment avec la suppression de postes des enseignants. Selon Franceinfo, plusieurs députés chinois ont proposé de conserver tous les postes d’enseignants et de former de plus petites classes pour améliorer la qualité de l’enseignement (教育质量).
Cependant, certains groupes éducatifs se réorientent vers les services destinés aux personnes âgées. Cette réorientation est devenue un moyen de ne pas mettre la clé sous la porte et de mettre de nombreux enseignants à pied.
Les cours privés interdits ou la politique de « double réduction » (双减政策)
En juillet 2021, le gouvernement annonce l’interdiction du tutorat (补习) aux jeunes élèves. Appelée la politique de « double réduction », elle vise à réduire la pression scolaire ressentie par les enfants et les parents avec un allégement des devoirs excessifs et des heures de tutorat hors de l’école. Le système éducatif ultra-compétitif en Chine avait poussé les parents à inscrire leurs enfants à des cours de soutien (补习班) afin de préparer le fameux Gaokao (高考). Au point où les cours particuliers sont devenus la norme (普遍) et ont fini par établir une « ligne de départ » (起跑线). Les cours privés constituent un véritable avantage, ils permettent aux enfants de partir « en avance ».
Cette réforme vise à améliorer l’équilibre entre éducation et bien-être des élèves et à alléger l’emploi du temps (课表). Les élèves peuvent ainsi se développer socialement et consacrer du temps à leurs loisirs (爱好). Les parents peuvent également souffler et sont moins derrière leur enfant à veiller que les devoirs sont faits et terminés. Des « services après les cours » (课后服务) ont également été mis en place pour garder les élèves jusqu’à ce que leurs parents puissent venir les chercher après le travail. Ces services proposent des activités extrascolaires (课外活动), comme le sport et la musique, après la fin des cours. Il y a également de l’aide aux devoirs encadrée par des enseignants.
Cette réforme a impacté deux géants du secteur, New Oriental (新东方) et TAL Education Group (好未来), qui ont dû revoir leurs activités. New Oriental s’est réorienté vers l’e-commerce (电子商务).
L’ouverture d’écoles chinoises internationales
La Chine souhaite multiplier les ouvertures d’écoles chinoises internationales (中国国际学校) à l’étranger. Dédiées avant tout aux membres de la diaspora et aux expatriés chinois, ces écoles ont pour but d’inciter les Chinois à accepter des postes à l’étranger. Selon le ministère de l’Éducation, il y avait 60 millions de Chinois à l’étranger (华侨) et d’étrangers d’origine chinoise (华裔) en 2019. Toutefois, ces écoles accueillent des expatriés de nationalité différente.
Des écoles chinoises internationales ont été ouvertes aux États-Unis (美国), au Canada (加拿大) et même à Dubaï (迪拜). Ces ouvertures témoignent également de la volonté de la Chine de renforcer son soft power (软实力) à travers l’éducation dans le monde.
La numérisation de l’éducation
Depuis ces dernières années, les écoles chinoises voient une amélioration continue des équipements éducatifs numériques (数字教育设备). Selon le journal en ligne Renmin Ribao (人民网), « plus des trois quarts des écoles chinoises ont accès aux réseaux sans fil et environ 99,5 % des écoles ont des salles de classe multimédias. »
Cet investissement dans le numérique s’explique par la volonté de rendre l’éducation plus efficace et plus attractive. Dans une école de Nanchang, une plateforme en ligne (线上平台) corrige les devoirs des élèves et génère un cahier d’erreurs personnalisé. Selon les erreurs commises, la plateforme propose plusieurs exercices pour que l’élève puisse travailler sur ses lacunes.
Des équipements de réalité virtuelle (虚拟现实(技术)) sont également fournis pour permettre une expérience éducative plus intéressante (更有趣) et rendre des « scénarios plus réels et opérationnels pour les étudiants ».
Outre l’utilisation d’appareils, la Chine compte également renforcer l’enseignement de l’intelligence artificielle (人工智能) dans les écoles primaires et secondaires.
Conclusion
La Chine doit relever de nombreux défis (难题) au regard de l’éducation, signe d’une société en transition. Entre les réformes visant à moderniser le système éducatif et à recentrer l’apprentissage sur la qualité, et l’intégration des nouvelles technologies (新技术), le chemin reste semé d’embûches tant qu’elle fera face à ses défis démographiques !