agriculture

Le secteur de l’agriculture a subi de nombreuses réformes depuis la période pré-URSS. Aujourd’hui, il s’agit d’une arme géopolitique pour la Russie, même si le pays reste dépendant des échanges internationaux.

Retour historique

Période pré-URSS

Avant la période de collectivisation, l’agriculture russe était organisée sous un système de servage ou sur le système du mir. Ce dernier était construit sur une communauté paysanne régie par un conseil de familles qui décidait de la redistribution des récoltes selon les besoins de la population.

Ces systèmes de paysannerie subsistent jusqu’au XIXe siècle, où l’Empire russe entreprend un grand effort de modernisation, notamment grâce à l’initiative de Piotr Stolypine, Premier ministre de l’empereur Nicolas II. Ce dernier entreprend une réforme agraire, espérant améliorer la condition paysanne et créer de petites exploitations individuelles, après l’abolition du servage en 1861.

L’agriculture en Russie devient un pilier de l’économie impériale : la moitié des exportations de blé proviennent de l’Empire au milieu du XIXe siècle.

Période soviétique

Après la révolution communiste, une période de transition est mise en place au travers de la NEP, ou nouvelle politique économique, entre 1921 et 1929. L’agriculture est organisée sous forme de système de baux, autorisant la vente d’excédents agricoles sans retour à la propriété privée.

Cette politique mène à une forte augmentation de la production, encouragée par la possibilité de ventes. Néanmoins, dès 1929, la collectivisation agricole est instaurée par Staline sous forme de sovkhozes, des fermes d’État d’ouvriers agricoles, et de kolkhozes, des coopératives agricoles gérées par des paysans, qui sont propriétaires des instruments de production mais pas de la terre, qui appartient à l’État.

Cette réforme a cependant des conséquences drastiques sur la population. Une grande famine frappe les régions du Caucase et d’Ukraine, l’Holodomor, tandis que les koulaks, petits exploitants agricoles, sont frappés par la répression stalinienne, menant la dékoulakisation.

Agriculture en Russie, quelle est la situation aujourd’hui ?

Tableau de la situation actuelle

Aujourd’hui, la Russie compte 220 millions d’hectares exploités par l’agriculture. Pour comparer, la France compte 30 millions d’hectares exploités. Néanmoins, au vu du territoire immense de la Russie, il ne s’agit que d’une faible partie de celui-ci. Les zones fertiles se concentrent sur les terres noires, dont une partie se trouve en Ukraine jusqu’au nord du Caucase.

La production est plutôt considérée comme extensive, les rendements n’étant pas conséquents et les équipements vétustes. L’agriculture porte de même l’héritage du collectivisme : les exploitations individuelles restent peu nombreuses.

En 2000, Vladimir Poutine entreprend une reprise en main de ce secteur, notamment en mettant l’accent sur la culture du blé. Le développement agricole passe dès lors par une ouverture aux échanges internationaux, notamment grâce à l’adhésion à l’OMC en 2012. La production de blé double. Néanmoins, la Russie reste importatrice pour la viande ou les produits laitiers. Elle devient aussi la première productrice de betteraves à sucre.

L’agriculture comme arme géopolitique

L’agriculture est depuis longtemps devenue une arme géopolitique pour affaiblir ou déstabiliser son adversaire. La Russie a d’abord été une victime de ses sanctions alimentaires, notamment après 2014 et l’annexion de la Crimée. Néanmoins, elle a su renforcer son secteur agricole pour être moins dépendante de l’Europe et des États-Unis.

Avec la guerre en Ukraine, son rôle essentiel dans l’équilibre alimentaire mondial a été révélé. Elle représente près de 20 % des exportations de blé et est un des principaux producteurs d’engrais. Son refus de prolonger l’accord céréalier en juillet 2023 laisse présager une crise alimentaire sans précédent, notamment pour les pays africains qui dépendent des exportations de blé russe.

C’est ainsi que la Russie avait offert au dernier sommet Russie-Afrique un soutien alimentaire à quatre pays d’Afrique. Ce qui illustre le fait que l’arme alimentaire peut aussi se transformer en instrument d’influence.

Major-Prépa te propose également de découvrir l’importance des secteurs de l’énergie et du tourisme en Russie.