« Le cinéma est pour nous, de tous les arts, le plus important », disait Lénine, rendant compte de l’importance du septième art dès son invention, autant dans la sphère artistique que politique. Si le cinéma russe demeure une œuvre artistique, il devient de même un moyen de communication, pour le meilleur et le pire.
Naissance et développement du cinéma en Russie
Début du XXe siècle : naissance du septième art
Le cinéma russe se développe dès la fin du XIXe siècle, au travers de projections dans les nombreuses salles de cinéma qui commencent à ouvrir à travers le territoire. Le premier film réalisé est Stenka Razine par Drankov, court-métrage relatant les aventures du héros cosaque, en 1908.
Dès 1914, l’industrie cinématographique joue un rôle clé dans l’économie : le territoire russe compte 1 400 salles et de nombreux films sont produits comme Anna Karénine (1914) de Vladimir Gardine. La plupart des films réalisés tirent leur inspiration de la littérature russe, au travers d’adaptations, ou de la culture populaire. Le pouvoir politique n’est pas en reste et utilise le cinéma pour produire des films de propagande.
Le cinéma soviétique, au service de la propagande
Les tourments politiques mettent en difficulté le cinéma. L’import de films étrangers est interdit, tandis que la pénurie de pellicules complique la production nationale. Au lendemain de la Révolution russe de 1917, sous l’égide de Lénine, la production et la distribution cinématographiques sont nationalisées par un décret de 1919.
C’est ainsi qu’émerge un cinéma d’État, au service du régime, car financé par ce dernier. La production augmente, atteignant près de 160 films en 1924, dix ans après la Première Guerre mondiale. La première école de cinéma mondiale, la VGIK, est fondée en 1919 par Vladimir Gardine, réalisateur et acteur russe.
Parmi les cinéastes qui émergent, on peut citer notamment Sergueï Eisenstein, sans doute le plus célèbre. Ce dernier réalise son premier film, intitulé La Grève en 1924, puis son chef-d’œuvre Le Cuirassé Potemkine l’année suivante. Il sera ensuite commissionné pour réaliser le film célébrant le dixième anniversaire de la révolution : Octobre , en 1927.
Néanmoins, le cinéma, tout comme les autres arts, est soumis à la dure censure du régime soviétique, qui s’illustre par une baisse significative des œuvres produites et pousse certains cinéastes à quitter le pays. Comme Andreï Tarkovski, qui décide de réaliser ses derniers films en Europe de l’Ouest, le gouvernement soviétique ayant refusé de les financer.
Aujourd’hui, un cinéma russe tiraillé entre expression artistique et censure
Un cinéma à la renommée internationale
Le cinéma soviétique avait déjà acquis une grande popularité, même du côté occidental, grâce à ses réalisateurs de renom, tel Andreï Tarkovski, qui reçoit un Lion d’Or à Venise en 1962 pour L’Enfance d’Ivan, ou encore Mikhail Kalatozov, Palme d’Or à Cannes en 1957 pour Quand passent les cigognes.
Ce goût pour le cinéma russe continue après la chute de l’URSS, avec sa présence dans de nombreux festivals internationaux et le développement de festivals du cinéma russe à l’étranger (en France, à Paris et Honfleur, par exemple). Moscou accueille de même le Festival international du film de Moscou, depuis sa création en 1935, dont la 46e édition a eu lieu du 19 au 26 avril 2024.
Mais qui rencontre des obstacles
Depuis la guerre en Ukraine, le cinéma russe traverse une période trouble autant sur son propre territoire qu’à l’étranger. Si la censure était déjà de mise avant la guerre, celle-ci s’est renforcée, notamment au travers du ministère de la Culture, qui contrôle les sujets abordés. Ainsi, les thèmes sociaux, comme les relations LGBT ou la corruption, sont difficiles à tourner.
Dès lors, certains réalisateurs décident de s’exiler, comme Kirill Serebrennikov (La Fièvre de Petrov, Leto) , ou encore Andreï Zviaguintsev, qui a pris position contre la guerre. Le public russe est aussi privé de nombreux films occidentaux qui sont interdits de projection en Russie, du fait des sanctions occidentales, même si leur visionnage est encore possible, si ce n’est pas officiellement.
Désormais, le gouvernement souhaite promouvoir la production de films, plus en accord avec leur vision de la Russie : promotion de valeurs traditionnelles, films sur la guerre démontrant l’héroïsme russe…
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