Selon un proverbe arabe très connu et très ancien, « La femme est la moitié de la société ». Pourtant, la position de la femme dans le monde arabe semble aujourd’hui de plus en plus menacée, voire oubliée.
Dans cet article, nous verrons ensemble quelques éléments historiques liés à la position de la femme dans le monde arabe. Nous étudierons l’exemple de quelques femmes arabes qui ont pu se démarquer durant notamment le dernier siècle. Et nous analyserons la position de la femme dans le monde arabe actuellement.
La femme dans le monde arabe durant l’histoire
La situation des femmes dans le monde arabe a évolué tout au long de l’histoire, les amenant à leur réalité actuelle en termes de droits et libertés. On constate que la femme arabe durant l’histoire a fait face à des restrictions à ces droits d’une manière comparable à sa situation dans les autres parties du monde.
Pourtant, certaines de ces restrictions dans le monde arabe étaient fondées sur des croyances religieuses. Mais un bon nombre étaient fondées également sur la culture et découlent parfois davantage des coutumes et des traditions tribales que des croyances religieuses.
Malgré ces restrictions, plusieurs femmes arabes ont émergé durant l’histoire du monde arabe, notamment dans la politique. Parmi elles se trouvaient des reines qui exerçaient le pouvoir sur des vastes empires, telles que Shajar al-Durr (décédée en 1257).
Le rôle pivot de la femme arabe
Les femmes arabes avaient également un rôle pivot quant à la création des établissements d’éducation dans le monde arabe. On peut citer par exemple Fatima al-Fihriya qui a fondé l’Université Qarawiyyin en 859 (la plus ancienne université dans le monde arabe, mais aussi dans le monde entier !).
Dans le Machrek, et pendant le règne des Ayyoubides aux XIIᵉ et XIIIᵉ siècles, plus de 160 mosquées et écoles ont été construites à Damas, dont 26 ont été financées par des femmes grâce à des fondations caritatives. La moitié des inscrits dans ces écoles étaient des femmes de la classe royale.
Durant le XXᵉ siècle, plusieurs femmes arabes ont pu se démarquer et être connues et grandement respectées dans l’ensemble des pays arabes, notamment dans le domaine de la musique.
Dans le paragraphe suivant, nous traiterons l’exemple de deux femmes arabes que tu connais sans doute : Fairouz et Oum-Kalthoum.
Fairouz, la voix libanaise qui traverse le monde arabe chaque matin
Née en 1934 à Beyrouth, chanteuse et actrice libanaise. Elle est considérée comme l’une des artistes les plus anciennes du monde et l’une de la génération dorée du théâtre et de la musique au Liban. C’est l’une des voix arabes les plus célèbres. Ses œuvres ont acquis une grande popularité dans le monde arabe et sont même intégrées dans la culture arabe. Ses chansons sont désormais un pilier fondamental de chaque matin, notamment dans les pays du Machrek !
Les cafés, les maisons, les radios et même les écouteurs personnels dans les rues jouent les chansons de Fairouz, notamment durant les premières heures de chaque journée. Ceci est aujourd’hui une partie de la culture arabe. Fairouz est une femme qui fait briller l’image du Machrek dans le monde d’aujourd’hui. Elle a même eu l’occasion d’accueillir dans sa maison personnelle le président français Emmanuel Macron lors de sa visite au Liban en 2020.
Oum-Kalthoum : la Dame du chant arabe
Chanteuse et actrice égyptienne, née en Égypte en décembre 1898 et décédée au Caire en février 1975.
Oum-Kalthoum est considérée comme l’une des chanteuses arabes les plus connues et écoutées du XXᵉ siècle. Elle a commencé sa carrière artistique durant son enfance et est devenue célèbre en Égypte et dans l’intégralité du monde arabe.
Le 31 mai 1934, le jour de l’ouverture de la radio égyptienne, Oum-Kalthoum fut la première personne à y chanter dans l’histoire !
Oum-Kalthoum est une femme qui a reçu les plus hautes distinctions de la plupart des peuples arabes et des dirigeants des pays arabes de son temps pour ses contributions dans le domaine du chant et de la musique.
Elle a reçu la médaille Al-Rafidain du gouvernement irakien en 1946, la plus haute décoration décernée en Irak, l’Ordre du mérite du premier degré du président syrien Hachem al-Atassi, la médaille de la Renaissance du roi de Jordanie en 1975 et l’Ordre de la République du président Bourguiba de Tunisie en 1968.
La femme dans le monde arabe aujourd’hui : plan politique
La participation de la femme dans la vie politique du monde arabe aujourd’hui est inquiétante.
La plupart des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’attribuent pas de quotas aux femmes au Parlement. À l’heure actuelle, La Jordanie, l’Égypte et Djibouti attribuent légalement 10 % de leurs sièges parlementaires aux femmes, tandis que le Maroc en attribue 15 % et l’Irak 25 %.
Il est à noter que la nouvelle loi électorale tunisienne attribue 50 % des candidats sur les listes des partis politiques aux femmes. Récemment, Najla Bouden est devenue la première femme nommée à la tête du gouvernement en Tunisie, après avoir été nommée par le président Kaïs Saïed. Cela pourrait être le début d’un bel avenir pour les femmes en Tunisie au niveau politique.
La femme dans le monde arabe aujourd’hui : plan social
La situation de la femme arabe au niveau social aujourd’hui est inquiétante également.
Le Maroc et Djibouti sont les seuls pays arabes dans lesquels la loi impose l’égalité entre les femmes et les hommes en matière de rémunération et de travail, et la non-discrimination dans l’emploi fondée sur le sexe.
Plus inquiétant encore, il y a moins de lois protégeant les femmes contre la violence domestique dans la région que dans toute autre région du monde. Une exception à cela est le Liban, qui a adopté la seule loi de la région qui couvre les quatre formes de violence à l’égard des femmes (physique, sexuelle, émotionnelle et économique). Il s’agit de la loi 39 pour protéger les femmes et les autres membres de la famille contre la violence domestique.
En Irak, les femmes ne peuvent pas obtenir de passeport sans l’autorisation d’un tuteur ou d’un parent. Les femmes travailleuses ne représentent pas plus de 17 % de la main-d’œuvre totale.
Pour finir, la route vers l’amélioration de la situation de la femme dans le monde arabe est encore longue et sombre, mais plus nous tardons à relever les défis, plus la situation des femmes s’aggrave.
Quelle croissance, quel progrès et quelle stabilité seraient possibles si « la moitié de la société » reste marginalisée ?